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peu probable. Quoi qu'il en soit, je crois qu'il m'est permis de rappeler que dès l'année 1845 M. l'abbé Chassay a commencé, dans les Annales de Philosophie chrétienne, une série d'articles contre le système du professeur de Tubingue sous le titre le docteur Strauss et ses adversaires en Allemagne. Depuis, dans un ouvrage spécial intitulé Le Christ et l'Evangile, le même auteur a combattu tous les principes généraux de l'école mythique, en attaquant ses représentants les plus distingués, soit en Allemagne, soit en France. Je suis tout disposé à reconnaître que ces travaux sont loin de renverser toutes les difficultés. Aussi savons-nous que l'auteur se propose de compléter les solutions déjà données dans des publications spéciales. En attendant, nous voudrions bien savoir si le rédacteur de la Revue des deux Mondes a rien à répondre de solide à la réfutation qui a été faite du système de Strauss, dans la deuxième partie du Christ et l'Evangile. Ce n'est pas d'aujourd'hui que les rédacteurs de la Revue des deux Mondes affectent de se mêler d'exégèse; ils en parlent comme de toutes les choses religieuses, en déguisant mal le sarcasme voltairien sous le sourire complaisant des disciples de l'éclectisme. Quand donc aura-t-on le courage de nous attaquer franchement si nous ne sommes pas des adversaires sérieux ? Pourquoi prendre à notre égard tant de précautions minutieuses?

On reproche au clergé de ne pas s'occuper d'exégèse! Or, dans un seul séminaire, au fond de la province, celui de Bayeux, nous pouvons citer la traduction de Tholuck, précédée d'une excellente introduction par M. l'abbé de Valroger, que M. Saisset, le collaborateur de M. Louandre, regarde comme un homme sérieux 1. Pourrai-je oublier encore la savante Apologie du Pentateuque que publie en ce moment, dans l'Université Catholique, M. l'abbé André, du même séminaire? Quels grands travaux ont donc donné à M. Louandre le droit de nous accuser d'impuissance ou d'oisiveté? Nos adversaires veulent-ils nous accabler du poids de leur silence ou dé leur dédain?

J'ai l'honneur d'être, etc.,

Revue des Deux Mondes, 15 juillet.

UN PROFESSEUR de PhilosopHIE.

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COMPTE RENDU A NOS ABONNÉS.

Nous allons, comme par le passé, offrir à nos Abonnés le résumé des matières contenues dans ce volume, et le résultat des principes qui y ont été développés.

M. l'abbé Jager, comme à son ordinaire, nous a donné deux leçons par cahier et a terminé ses Recherches sur la guerre des Albigeois et sur l'origine et la véritable nature de l'Inquisition, et, comme c'est son habitude aussi, il a jeté de vives clartés sur ces deux grandes questions. Dans celle des Albigeois, il a prouvé trois choses: 1° que la société, que l'Église étaient obligées de se défendre contre des sectaires qui attaquaient la base même de toute société civile et religieuse, qui s'étaient constitués en guerre ouverte contre les institutions, les lois, les biens et les personnes de leur époque; 2o que les Papes n'ont jamais voulu que leur conversion et la destruction de ces principes dualistes, anti-sociaux, qui auraient fait reculer la civilisation moderne jusqu'à l'état sauvage; 3° qu'ils ne sauraient être responsables et de leurs légats qui ont éludé ou abandonné leurs instructions et leurs ordres, et des chefs laïques qui, comme Simon de Montfort, songeaient bien plus à établir leur pouvoir temporel qu'à convertir ou changer les principes criminels qu'ils étaient chargés de poursuivre.

Quant à l'Inquisition, le docte professeur prouve pièces en mains, et par dates authentiques et avérées, que telle qu'il faut l'entendre, et telle que l'Église l'a voulue, elle ne date pas de la guerre des Albigeois, mais qu'elle a toujours existé dans toute société bien organisée, dans tout État, dans toute ville, dans toute association, qui toujours ont eu, ou censeurs, ou procureurs du roi, chargés de rechercher et de constater les atteintes portées à la loi, à la société, à l'association, quelle qu'elle soit. L'Église a dû avoir et a toujours eu des chefs chargés de rechercher ou de faire l'inquisition des atteintes portées à sa doctrine; et elle en avait d'autant plus le droit à une époque où les peuples et les rois l'avaient chargée de veiller spécialement à cette conservation. Celui qui étudie bien l'histoire, celui qui se souviendra de ces exécutions, de ces expulsions en masse, de ces personnes livrées et brûlées ou mas

sacrées par le peuple, sans forme de procès, reconnaîtra que l'intervention régulière de l'Église dans cette inquisition, a été plus favorable que nuisible aux accusés eux-mêmes. Il y avait au moins l'intervention d'un pouvoir régulier devant lequel on pouvait se défendre, et devant lequel la confession du crime était toujours suivie du pardon.

Il est vrai que l'Inquisition, surtout en Espagne, est devenue un pouvoir politique, sinistre, ténébreux et terrible; mais alors ce ne sont plus les papes qui la dirigent, c'est le pouvoir civil, le pouvoir politique, qui lui-même à peine délivré d'un ennemi contre lequel il avait combattu plus de 800 ans, voyait dans chaque hérétique un ennemi de l'État, un conspirateur permanent contre le pouvoir, contre le peuple et le roi. Telle a été l'Inquisition pour le fond, l'Inquisition vraie et telle qu'elle apparaît aux yeux de l'historien savant et intègre, aux yeux du lecteur intelligent et sans préjugés. M. l'abbé Jager va commencer, pour l'année 1848, l'Histoire du grand schisme d'Occident, cette lamentable histoire de la division qui fut introduite dans l'Église par la nomination de deux papes, et par la nécessité où se trouva le chef de l'Église d'abandonner Rome et de venir se réfugier à Avignon. Comme pour toutes les autres questions, l'histoire de cette triste époque n'a pas été écrite ou elle l'a été imparfaitement. On l'a écrite en France surtout avec des préjugés tout gallicans et sous l'influence d'une espèce d'apothéose du pouvoir royal. Il est temps de ramener l'attention de la génération actuelle à l'étude complète et importante des faits. C'est ce que va faire M. l'abbé Jager, qui rendra ainsi un vrai service à l'Église. C'est aux professeurs d'histoire, dans les grands et les petits séminaires, à répandre ces principes nouveaux, ces découvertes dans l'enseignement, en réformant la plupart des livres classiques que l'on met entre les mains des étudiants, à dissiper les erreurs historiques qui ont cours dans les études, et qui ainsi se fixent dans la mémoire des élèves, dont elles faussent le jugement. Tel doit être le but de toutes les études actuelles. Nous anrons gagné notre cause quand nous aurons rétabli la vérité dans l'histoire des rapports de Dieu avec les hommes, c'est-à-dire dans l'Église.

M. de Lahaye est un de ces hommes qui travaillent aussi à dé truire les opinions fausses et les principes erronés qui se sont glissés dans une des parties les plus importantes de l'enseignement, celle de la philosophie, ou plutôt encore de la méthode en philosophie. Les

catholiques se sont beaucoup trop mis à la suite de quelques hommes, Platon, Aristote, Descartes, etc.; ces hommes n'avaient pas inventé, ne pouvaient pas inventer la vérité; leur attribuer cette invention, c'est leur faire beaucoup trop d'honneur. Dans les choses de dogme et de morale obligatoires, l'obligation d'y croire ne peut venir que de Dieu. C'est Dieu qui nous a révélé extérieurement ce qu'il faut croire et ce qu'il faut faire. Les hommes qui ont reçu cet enseignement l'ont transmis à leurs enfants, et ainsi de suite, par tradition. Le jugement des hommes sur ces questions n'est sûr et infaillible qu'autant qu'il est d'accord avec cette révélation : c'est dans ce sens que le consentement commun est infaillible. Pour les vérités d'un autre ordre, et leurs conséquences, pour les arts, les sciences, que les hommes ont bien inventés ou déduits, ici le consentement commun est une des dernières preuves de la vérité, non pas que le consentement commun fasse la vérité, ce qui n'est pas au pouvoir de l'homme, mais en ce qu'il constate la vérité. Le génie qui invente est obligé de passer par ce criterium, ou de faire adopter ses inventions, adoption qui a toujours lieu à la longue quand l'invention est réelle.

M. de Lahaye fait l'application de ces principes à la plupart des branches de la science humaine. Il a traité dans ce volume des sciences naturelles, de la médecine, de la littérature et des beaux-arts, de l'histoire, du droit naturel et du droit politique, et sur chacun de ces sujets il a ouvert des points de vue lumineux, et jusqu'ici peu aperçus, peu mis en relief. Nous sommes assuré que ce travail aidera puissamment le mouvement de réformation et de reconstitution qui se fait en ce moment dans la philosophie catholi que. Car, on le sait, la méthode ancienne fait défaut de toutes parts; les agrandissements de l'erreur et les conquêtes de la vérité, les découvertes faites dans les religions anciennes, mettent chaque jour de plus en plus en relief ces défauts. Cette question a été précisée avec clarté dans une lettre écrite par un professeur de théologie et insérée dans les Annales de Philosophie chrétienne, qui s'occupent plus spécialement de cette question. Nous la publions ici parce qu'il est utile de faire connaître le plus possible le point précis où se trouve la polémique catholique contre le rationalisme et le panthéisme.

Lettre sur la direction à donner à la polémique actuelle.

Monsieur,

« J'ai entendu, pendant ces vacances, des personnes graves et éclairées faire votre excellent recueil uu reproche immérité, j'en ai la conviction, mais digne d'une courte réponse. A quoi bon, disent-elles, ces interminables articles de polémique catholique? On ne comprend plus rien dans ces lettres coupées ou interrompues à chaque alinéa par une assertion contradictoire.

» Ce reproche tombe devant l'exposé court, clair et précis des seuls termes de la controverse importante et compliquée qui, depuis plusieurs années, se poursuit dans les Annales.

» I. Le Rationalisme, pris comme synonyme d'usage de la raison, est admis de tout homme sensé. Car il est par trop évident que toute connaissance acquise passivement ou laborieusement, implique un acte rationnel, c'est-à-dire une appréciation de notre raison. Le sens commun dit : il ne faut rien affirmer, ni rien nier d'une manière positive, sans preuves convaincantes d'évidence ou d'autorité '.

» II. Le mot Rationalisme, pris comme système doctrinal, présente divers sens et a donné naissance à plusieurs écoles.

» L'école purement rationaliste pose les formules suivantes : Impossibilité d'une religion surnaturelle...; inutilité de la parole, soit divine, soit humaine, comme moyen préalable et externe pour connaître les vérités religieuses, dogmatiques et morales... Les notions fondamentales de la religion sont ou des idées innées, ou des illuminations soudaines et purement internes, ou des sensations transformées..... La raison individuelle, seule et sans l'aide d'aucun enseignement oral, perçoit, découvre, développe et démontre les vérités religieuses *.

» D'après cette formule du pur Rationalisme, on voit que ses partisans ne sont pas d'accord touchant l'origine des idées religieuses les uns sont innéistes, les autres illuministes ou mystiques, les autres sensualistes.

» III. L'école mixte, ou semi-rationaliste, professe l'existence d'une religion surnaturelle, et partant nécessairement révélée de Dieu. Car cette religion étant une destination purement gratuite et contingente de l'homme à la vision intuitive et aux moyens d'y parvenir, est un fait libre de la part de Dieu. Or, un tel fait ne peut être connu que par révélation divine. Mais quant aux vérités fondamentales de la religion naturelle, l'école mixte admet: 1o les idées innées; 2o l'existence, imò la nécessité d'une révélation primitive et externe pour avoir conscience de ces idées. Suivant cette opinion, ia parole ou l'enseignement oral est au développement des idées innées ce que la lumière et la chaleur sont au développement de la semence enfouie dans le sillon.

» M. Bonnetty a fait à l'école mixte des réponses péremptoires à mon avis : « Une » idée dont on n'a pas conscience réfléchie n'est pas une idée proprement dite. Une » idée une fois acquise d'une manière quelconque se développe plus ou moins par la >> seule activité de notre raison, et sans l'aide d'un enseignement oral; donc cet en

M. de Bonald dit quelque part : « Il ne faut rien admettre que sur l'autorité de » l'évidence ou sur l'évidence de l'autorité. »

⚫ Quelques théologiens admettent implicitement cette dernière proposition, en définissant la philosophie: Collectio cognitionum rectè deductarum ex principiis per solam rationem cognitis.

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