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on aperçoit clairement la distinction des deux puissances et la différence de leurs attributions.

L'action de la société spirituelle sur les sociétés civiles devient tout autrement puissante lorsque les peuples du Nord, convertis au Christianisme, entrent dans l'Eglise en corps de nation : les deux sociétés ne se confondent pas, mais s'unissent étroitement; le Catholicisme devient la loi fondamentale de tous les États qui s'élèvent sur les débris de l'empire romain; il faut appartenir à la société spirituelle pour jouir des droits civils et politiques. Dans toute l'Europe, la force est soumise à la justice, la puissance temporelle est subordonnée à la puissance spirituelle. Pendant les mille ans qui se sont écoulés depuis la chute de Rome ou l'avènement de Charlemagne à l'empire jusqu'à la Réforme ou même jusqu'à la Révolution, JésusChrist a régné par son vicaire sur le monde civilisé. Pendant cette longue période l'histoire de toutes les sociétés civiles de l'Europe se lie à l'histoire de la société spirituelle. Il est impossible d'écrire l'histoire d'un État chrétien sans parler de la religion et du pouvoir qui gouverne la monarchie des intelligences.

Dans le 16° siècle, l'unité religieuse est brisée, l'ordre de choses qui en était la conséquence est détruit ou altéré, plusieurs États se séparent de la communion catholique. Cette séparation est un événement considérable, une révolution qui doit occuper une grande place dans les annales de ces peuples: l'historien doit en dire les causes, en développer les conséquences.

Dans les États qui continuent de s'intituler du nom de catholiques, les rapports de la société civile avec la société spirituelle sont profondément altérés, quelquefois même intervertis. Les liens qui unissent l'État et l'Église tendent à se relâcher. Même dans les États où la liberté des cultes a été proclamée et est devenue un droit constitutionnel, le gouvernement cherche à devenir de fait le chef de la hiérarchie catholique et de la discipline ecclésiastique: ce changement, quoique moins frappant, n'est pas une révolution moins grande: l'historien doit signaler la nouvelle position de l'Église et de l'État, en indiquer les causes, en exposer les conséquences: dans cette période, la religion tient une place trop grande, exerce encore une action trop forte sur les institutions politiques, ne serait-ce que par le vide qu'elle laisse dans la société, pour qu'un historien puisse ne pas en parler.

Exclure la religion de l'histoire d'un peuple, c'est en bannir la philosophie, c'est la mutiler.

Comment écrire l'histoire de l'humanité à un point de vue pure

ment profane?

Ici les impossibilités se présentent en foule.

Vous voulez écrire l'histoire du genre humain : vous êtes obligé de remonter à l'origine de l'espèce, de dire comment elle a été formée, de raconter les événements du monde primitif.

Les traditions de tous les peuples placent la Divinité à l'origine du genre humain; toutes la font intervenir dans la formation de l'homme. A moins de rejeter toutes les traditions de l'humanité, toutes les données historiques, vous êtes obligé de placer la religion an berceau de l'humanité.

Vous avez besoin d'un fil conducteur pour vous guider au milieu des obscurités qui enveloppent cette première période de l'histoire. Ce guide, vous ne le trouvez que dans les livres sacrés des Juifs et des chrétiens.

Dans les antiquités de toutes les autres nations vous ne rencontrez qu'un amas confus de fables absurdes, incohérentes, sans suite, sans liaison, enveloppées d'allégories qui les rendent encore plus inintelligibles. Si l'on y aperçoit par intervalles quelque faible éclat de lumière, c'est pour faire bientôt place aux ténèbres les plus profondes. Il n'en est pas ainsi de la Bible: elle a conservé le dépôt des archives du genre humain ; elle expose à nos yeux les premiers monuments de l'histoire des nations; elle en suit la filiation; ce n'est que par son secours qu'on a pu former un système suivi et raisonnable de chronologie, ainsi qu'en convenait le savant Fréret 1.

Vous voulez écrire l'histoire de l'humanité: vous devez trouver un lien commun à tous les hommes, un centre autour duquel vous puissiez grouper l'histoire particulière des différents peuples, pour n'en faire que l'histoire d'un peuple unique, une ère unique à laquelle vous puissiez rapporter tous les événements, les coordonner. Autrement l'histoire de l'humanité manquerait de suite, d'ordre et d'unité.

Ce lien, qui de tous les hommes ne fait qu'une famille, de tous les États ne forme qu'une société, il n'existe que dans la religion: ce centre autour duquel vous rattacherez l'histoire des différents peuples, la société religieuse seule vous le fournit.

Cette ère unique qui vous permettra de coordonner tous les faits, la religion seule vous la montrera.

■ William Jones, Recherches Asiatiques, cité par les Annales de Philosophie chrétienne, t. II, p. 54.

Il existe plusieurs religions sur la surface du globe, une seule vous fournira les éléments, réunira les conditions que vous cherchez. L'histoire du genre humain ne comprend pas seulement la simple notion des faits qui le concernent, elle doit donner l'explication de ces faits par leur cause et leurs résultats.

La religion, et la religion catholique seule, révèle les causes secrètes des révolutions des empires, seule elle découvre les résultats de ces bouleversements.

L'histoire de l'humanité doit être éminemment religieuse, ou plutôt elle ne peut être que l'histoire de la religion, de la religion catholique. Sous un autre rapport la religion appartient encore essentiellement à l'histoire.

L'histoire est la science des faits: or la religion est fondée sur des faits.

Son origine est fondée sur des faits. La création du monde, la révélation primitive, la chute de l'homme, la promesse du réparateur, son attente par toutes les nations, sont des faits.

Les développements de la religion reposent encore sur des faits.

La promulgation de la loi sur le mont Sinaï, l'établissement du peuple juif, la sortie d'Égypte, les prodiges qui l'accompagnent, sont des faits.

L'existence de Jésus-Christ, ses enseignements, ses miracles, la prédication des Apôtres, les prodiges qu'ils opèrent, sont des faits; la conversion du monde païen au Christianisme est la révolution la plus étonnante que présentent les annales de l'humanité. :

La religion est un fait, fait immense qui embrasse tous les temps, tous les peuples, fait permanent qui subsiste depuis l'origine de l'espèce humaine jusqu'à nos jours.

Comment écrire l'histoire de l'humanité sans écrire l'histoire de la religion, l'histoire de l'Église catholique, cette grande société des intelligences, dont Dieu est le monarque, et la loi divine la règle souveraine?

DE LAHAYE.

REVUE D'OUVRAGES NOUVEAUX.

EXPOSITION APOLOGÉTIQUE

DE LA THÉOLOGIE DU PENTATEUQUE.

DEUXIÈME ARTICLE '.

DIEU (SUITE).

Notion de Dieu d'après les Védas.

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Rationalisme métaphysique. — Rationalisme historique. L'Inde au point de vue du rationalisme historique : Luyser, de Bohlen, G. Pauthier. Le Dieu des Védas est-il supérieur au Dieu de Moïse? — Vestiges et débris de la révélation primitive sur Dieu dans les Védas. — Nature et attributs du Dieu suprême, d'après les Mantras. – Nature et attributs du Dieu suprême, d'après les Oupanichads. — Cette interprétation est sanctionnée par les autorités les plus compétentes.

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Conclusion.

« L'ancienne religion Hindoue, telle qu'elle est fondée » sur les écritures indiennes, ne distingue pas suffisam⚫ment la créature du Créateur. »

Colebrooke.

Le dieu philosophique, dont nous avons vu les types les plus illustres et les plus frappants, est principalement le fruit des spéculations de la pensée. Mais les idées pures ne sont pas la seule arme que le rationalisme emploie contre nous. Il rôde infatigablement autour des remparts sacrés dont le renversement fait sa joie. Obligé, par sa nature, à s'agiter pour ne pas mourir, il dresse et reploie incessamment sa tente, il multiplie les siéges et les batteries, en un mot, il fait du bruit, afin de paraître puissant.

De nos jours, il attaque donc la Révélation par le fait en même temps que par l'idée; il veut la pulvériser au souffle de la métaphysique, et l'écraser sous le poids de l'histoire. Il a cru se sentir assez de force pour remuer ces deux mondes à la fois, et pour les gouverner despotiquement, comme deux provinces de son empire.

Sans doute, il est flatteur, pour l'orgueil du philosophe, de se recueillir en soi-même, comme au fond d'un sanctuaire inviolable

Voir le 1" article, au no 18, t. 11, p. 526.

où la voix de la divinité se fait entendre, et d'y élaborer, par des procédés savants, un système que l'on vient ensuite humblement présenter comme la législation des intelligences. C'est s'attribuer implicitement une autorité infaillible; c'est en quelque sorte s'investir de la dictature du monde intellectuel, et se poser comme la mesure de ce qui doit être. Malheureusement, toutes les fois que l'esprit humain met au jour une théorie philosophique, par là même il décrète de nullité, d'erreur ou d'insuffisance, tous les travaux antérieurs. Malheureusement aussi, l'histoire prophétise, dès leur naissance, la chute et l'oubli de ces sortes de théories. Le temps les moissonne comme à plaisir. Que de fois la philosophie rationaliste n'a-t-elle pas été vue à l'œuvre dans les meilleures conditions imaginables! Or, si elle a su artistement polir çà et là quelques pierres, elle n'a jamais élevé de suite deux assises du monument nécessaire à toute âme, pour qu'elle s'y abrite et s'y repose. Où sont les temples, les autels et les adorateurs de tant de dieux que la dialectique a produits? Tous les quarts de siècle, un homme au moins se lève comme ayant enfin combiné les proportions mystérieuses de cette tour dont le sommet touchant au ciel, ira porter jusque-là l'indestructible témoignage de la puissance humaine. Malgré ces promesses réitérées, l'édifice ne s'est pas encore élevé bien haut depuis le commencement du monde. Si Dieu n'a pas confondu le langage, il semble du moins avoir confondu la pensée des constructeurs. Chaque philosophe qui paraît sur la scène reprend, Sisyphe volontaire, cette roche maudite qui est retombée sur tant d'autres, et qui va l'écraser à son tour.

Ce phénomène, qui se répète inexorablement, comme une amère dérision de notre orgueil, devait attirer la réflexion de certains esprits plus pénétrants, plus habiles ou moins portés à l'exercice indépendant de la raison solitaire. Ils auront compris que l'homme ne saurait vivre exclusivement de sa propre substance. N'est-il pas contre nature qu'un simple mortel impose ses méditations à ses frères comme la règle de leurs pensées? Le génie lui-même n'est pas l'auteur de la vérité, il n'en est que le spectateur sublime. L'humanité aurait vécu des milliers d'années, n'ayant pour objet à une faculté primordiale qu'une illusion mobile! A-t-on bien le droit de faire abstraction de tant de générations disparues et des générations vivantes dans la rédaction d'un symbole philosophique et religieux?

Loin de se consigner dans les régions purement idéales et d'y

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