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que de punir par la mort, les supplices ou la flétrissure. Jésus-Christ est tout à la fois plus indulgent et plus confiant.

Quand les scribes et les pharisiens, après lui avoir amené la femme adultère, lui demandent si elle ne doit pas être lapidée suivant la loi de Moïse : « Que celui de vous qui est sans péché, » leur répond-il, lui jette la première pierre; » et les pharisiens s'étant retirés, il dit à la femme : « Personne ne vous a-t-il con» damnée? eh bien, je ne vous condamnerai pas non plus; allez, » et désormais ne péchez plus '. »

Admirable leçon d'indulgence et de charité, mais aussi d'estime et de confiance envers la femme. Jésus-Christ l'honore assez, malgré ses égarements, pour croire que sa fidélité pourra désormais subsister sans la crainte. En même temps qu'il renvoie le crime à la pénitence, il invite l'honneur à grandir, il affranchit et ennoblit la vertu.

Après avoir ainsi élevé sur de nouvelles bases la dignité de la vierge et celle de l'épouse, le divin Réformateur n'avait plus, pour achever son œuvre, qu'à consacrer le caractère auguste de la mère; mais il n'était pas besoin, pour cela, de nouveaux préceptes. L'ancienne loi avait dit : « Honorez votre père et votre mère. » Que pouvait-on ajouter à de telles paroles? Jésus-Christ laissa donc à ses apôtres d'en rappeler et d'en recommander l'observance. Pour lui, il se contenta des actions; et tandis que Marie, sa mère, offrait comme un modèle à toutes les femmes chrétiennes l'exemple d'une tendresse admirable et d'un dévouement sublime pour son fils, luimême, tout Dieu qu'il était, donnait à tous les fils l'exemple de sa soumission, de sa docilité, de son amour profond pour sa divine mère.

La conscience chrétienne devait faire le reste, en montrant à la mère, dans le fruit de ses entrailles, non plus seulement son sang, sa chair, mais une âme enfantée à Dieu; en montrant au fils, dans la personne de sa mère, non plus seulement l'auteur de sa vie mortelle, mais la source de ses immortelles destinées.

C'est ainsi que, dès le premier jour, le Christianisme transformait par ses principes toutes les conditions de la femme. Une ère nouvelle commençait pour elle, comme pour le monde que le Père du siècle à venir venait de racheter tout entier.

Jean, ch. vII, 7, 10-14,

J.-CH. DABAS.

Littérature contemporaine.

DU RHIN AU NIL,

SOUVENIRS DE VOYAGE, PAR X. MARMIER

DE L'INFLUENCE DE LA FRANCE EN EUROPE,

NOTES POSTHUMES, PAR HENRI DE VILLERS.

Nous avons réuni ces deux ouvrages, étrangers en apparence l'un à l'autre, parce que pour nous ils se rattachent à une même pensée vaste et féconde, pensée à la fois politique, religieuse et patriotique : l'influence de la France dans le monde.

Tout grand peuple, comme tout individu doué de puissance et de génie, a ici-bas une mission particulière à remplir. Nier cette vérité, c'est nier la Providence elle-même, puisque c'est soustraire à son action éternelle les forces les plus vives de la création, et lui contester en quelque sorte le droit ou la volonté d'influer divinement par des moyens humains sur les choses humaines. Or quelle est la véritable mission de la France? Doit-elle, comme quelquesuns le lui conseillent, se mêler activement à tous les mouvements de l'univers, mettre la main dans toutes les affaires, provoquer, conduire, adopter toutes les révolutions, ou bien doit-elle laisser son génie envahisseur agir seul, sans aucun appui extérieur, cheminer paisiblement à travers l'espace et le temps, et comme le soleil briller de haut et de loin sur les peuples, leur apportant jour par jour la lumière, mais jamais l'incendie? Quels sont ses moyens d'action les plus puissants? Est-ce la diplomatie ou la guerre, la religion ou la liberté? Difficiles et formidables questions qui ont besoin d'être longtemps mûries avant d'être résolues. C'est aux voyageurs à nous fournir les principales données du problème. Aventureux pionniers de la civilisation, Christophe Colomb des lointaines Amériques, ils sont appelés à opérer entre les nations ce premier échange d'idées qui sonde et lie les cœurs, et à semer dans les sillons creusés par le passé les germes féconds de l'avenir.

2 vol. in-18, chez Arthus Bertrand, éditeur, rue Hautefeuille, 23.

Il faut distinguer, parmi ces habiles et brillants explorateurs, M. X. Marmier, qui nous a déjà donné sur les peuples du Nord des études remarquables embrassant dans un aperçu général l'histoire, les mœurs, la littérature, les arts de ces sombres contrées où la fleur de la pensée, comme une violette sous la glace, naît le plus souvent pâle et décolorée, mais non pas sans grâce et sans parfum. M. Marmier est doué de cet instinct sûr du voyageur expérimenté, qui voit vite et bien ce qu'il a sous les yeux, devine ce qu'il ne voit pas, comprend ce qui est à l'aide de ce qui fut, et pressent quelquefois par une sorte d'intuition ce qui doit venir. Il a d'autres qualités précieuses, un style pur, rapide, élégant, l'absence complète de système et d'érudition affectée ou prolixe, par-dessus tout, cette bonne humeur, cette sérénité de l'esprit et du cœur qui accepte le monde tel que Dieu l'a fait, et tout en appelant le remède, prend son parti des folies et des misères humaines, comme des accidents tristes ou gais du voyage. Par un procédé familier aux artistes, aux poëtes, aux habiles conteurs, il applique aux objets qu'il veut mettre en lumière le prisme de l'imagination non pour en altérer, mais pour mieux en accuser et faire saillir les couleurs. Je dois ajouter, ce qui sera d'ailleurs confirmé dans la suite de cet article, que M. Marmier est avec nous en communauté de croyances et par conséquent de vœux, d'espérances et de sympathies, et que, dans ses jugements comme dans ses récits, il se montre catholique aussi sincère qu'éclairé. Nous pouvons donc sans crainte le prendre pour guide.

L'auteur du Voyage dans le Nord se tourne aujourd'hui vers l'Orient, ce pays du soleil, des enchantements et trop souvent aussi des déceptions. « Un rêve poétique, dit-il lui-même, m'a conduit » sur les rives du Bosphore, une espérance studieuse dans les prin>> cipales possessions de la Turquie, un sentiment religieux dans >> l'auguste enceinte de Jérusalem, et la grandiose image des an» ciens temps au sommet des Pyramides. » Le titre seul de ce livre est une image, une idée et un contraste. Du Rhin au Nil! c'est-àdire du fleuve féodal des vieux Germains et des Burgraves au fleuve mystérieux et sacré des Pharaons et des califes, de la région des brouillards et des nuages aux lumineux et splendides horizons, de l'agitation et du bruit des cités industrieuses et savantes de la nouvelle Allemagne au silence éternel des solitudes et des empires endormis. Du Rhin au Nil, c'est-à-dire de la civilisation à la barbarie et à la décadence, du présent au passé ou à l'avenir, du mou

vement et de la vie à l'immobilité et à la mort. Hâtons-nous de suivre à pas pressés cette longue route de l'Occident à l'Orient,

Jetons d'abord en passant un regard d'intérêt, de pitié et d'encouragement sur cette malheureuse Suisse bouleversée en ce moment par une tempête plus terrible que celle du ciel, la tempête des révolutions. Espérons que le puissant génie du Catholicisme, dont la voix si courageuse et si fière vient de réveiller l'ombre des aïeux et les échos de ces monts d'où, comme l'aigle de son aire, s'élança jadis la liberté, triomphera avec autant de prudence que de fermeté de l'hydre qui menace de l'étouffer; espérons aussi qu'au jour du danger les conseils et l'appui de la France ne lui manqueront pas. La France, brillant soleil placé au centre du monde intellectuel, doit, avant tout, à ses satellites le tribut de sa lumière et de sa chaleur.

Par un singulier contraste avec cette atmosphère orageuse de la Suisse, on éprouve en entrant dans les États autrichiens ce serrement de cœur, cette compression de toutes les facultés qui saisit le prisonnier en entrant dans un cachot où l'air manque à la respiration, le soleil à la vue, l'espace au mouvement. Partout, en effet, des yeux pour vous surveiller, des oreilles pour recueillir vos moindres paroles, partout des soldats, des garnisons, des forteresses, partout enfin une censure inquiète, ombrageuse, absolue, qui épic jusque sur les lèvres du Tyrolien et refoule dans son âme et dans sa poitrine la libre et agreste chanson des ancêtres, toujours prête à s'en échapper.

« Avec le naïf enthousiasme que leur inspirent les rayons dorés » de leur gloire industrielle, les Autrichiens, dit M. Marmier, ou» blient plus que jamais les questions d'art et de littérature. De» puis onze ans pas une œuvre saillante n'a paru dans les librairies » de Vienne, et pas un nouveau nom n'a surgi dans les travaux » de la pensée; mais que leur importe et qu'importe à leur gou>> vernement ce silence des lettres! -En jour un professeur, animé » d'un noble zèle, osa représenter à l'empereur François que les >> rigueurs de la censure paralysaient l'essor des écrivains et entra» vaient le mouvement intellectuel de l'Autriche. Je ne me soucie » point, lui répondit l'empereur, d'avoir des sujets savants, je veux » avoir de bons sujets. » Tout est dans cette expression d'un paternel mais énervant despotisme.

Dans un semblable pays la religion est honorée et suivie avec une sorte d'apparente et édifiante régularité, mais sans élan, sans

progrès intérieur ou extérieur, sans aucun de ces ardents combats pour la vérité qui fortifient les âmes et retrempent les convictions. Si la vie semble se retirer du cœur de l'Autriche, elle fait effort pour se ranimer à ses extrémités. Parmi toutes ces populations étrangères, réunies violemment sous un même sceptre par la guerre ou la diplomatie, il est un peuple qui ne peut ni ne doit périr, parce que les nationalités nées de Dieu, du temps et de la gloire, sont impérissables, c'est le peuple slave dont M. Cyprien Robert s'est fait récemment l'historien, le prophète et l'apôtre. Voyez la Hongrie, la Bohême, l'Illyrie, donner la main par-dessus les barrières du despotisme à la Pologne, à la Bulgarie, à la Serbie, à la Valachie; c'est une longue chaîne brisée qui se renoue sous l'influence de je ne sais quel courant électrique, passant, invisible et plus prompt que l'éclair, à travers tous les corps interposés; c'est un immense serpent dont les tronçons dispersés çà et là, sont demeurés longtemps ensevelis sous la neige, mais qui, au premier souffle et aux premiers rayons du printemps, se ranimeront pour se rejoindre et étouffer dans leurs vastes replis l'ennemi qui les a déchirés. Il y a dans cette race slavonne, vaincue et non soumise, mêlée et non pas confondue aux nations conquérantes, une incalculable force de résistance, et de merveilleuses promesses d'avenir.

Malheureusement à cette unité d'origine, de mœurs, de langage, de souvenirs, qui constituent sa vigoureuse et persistante individualité, il manque une unité plus haute et plus puissante, l'unité de la foi. Elle est divisée par la religion en deux parts à peu près égales. D'un côté, le catholicisme; de l'autre, le schisme grec et le protestantisme se disputent l'âme de cet empire qui n'est pas encore, et la différence de culte entretient la divergence des opinions politiques, sème entre des frères les défiances mutuclles, les soupçons, les préjugés, les jalousies. Le gouvernement russe et le schisme grec, voilà ce que la nationalité et la liberté des Slaves ont surtout à redouter, parce que là est l'oppression des intelligences en même temps que celle des corps; tandis que la pensée, la vie, l'indépendance, l'avenir sont avec le Catholicisme, ainsi que le témoignent assez haut la Pologne qui se débat dans ses fers, la Hongrie qui subit les siens, mais en conservant une main libre pour les relâcher ou les rompre lorsqu'ils lui paraîtront trop lourds.

M. Marmier donne sur la religion de la Hongrie des détails intéressants qui constatent qu'il y a dans ce pays six millions de catholiques et deux millions seulement appartenant aux diverses sectes

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