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cations qui en ressortent. Celle qui nous occupe en ce moment est de ce nombre, puisque, indépendamment de tout l'intérêt scientifique qu'elle renferme en elle-même, elle se rattache, ainsi que nous venons de le voir, à une grande question de religion et d'humanité.

L'origine de l'homme et des races humaines est un problème soumis depuis bien des siècles aux méditations de la philosophie et aux investigations de la science. Dans cette question, comme dans beaucoup d'autres, la science, qui ne reconnaît d'autre lumière et d'autre loi que celles de la raison, est arrivée trop souvent à des solutions contradictoires, à l'impuissance et au doute. Mais quelquefois aussi la science, mieux éclairée ou moins confiante en ses propres forces, a compris les caractères divins que Dieu a imprimés à ses œuvres; elle a trouvé dans l'étude approfondie de l'homme et dans les monuments primitifs des races humaines les traces de leur origine; elle a reconnu sur le front de l'humanité l'expression vivante de la parole révélée.

Dans la question d'origine qui fait l'objet de ce travail, nous voulons montrer que les faits scientifiqnes bien observés ne sont point en désaccord avec les paroles de la religion révélée. Mais, pour arriver à cette conclusion, qui paraît contredire bien des opinions reçues et accréditées, il faut soumettre les faits à un examen judicieux et impartial; il ne faut pas s'en tenir à cette analyse de détail, à cette dissection minutieuse, auxquelles l'école naturaliste nous a habitués. Cette étude analytique est importante sans doute, mais elle ne suffit pas. Les faits doivent être vus d'une manière plus large et plus élevée; ils doivent être envisagés dans leur ensemble, dans leurs rapports et dans leurs causes finales.

Appliquant ces principes à nos études physiologiques, nous dirons qu'avant tout l'homme doit être envisagé dans son ensemble, dans sa véritable et double nature: la nature organique, par laquelle il tient à l'échelle des êtres vivants de ce monde; la nature spirituelle, qui le constitue être intelligent et libre, et laisse entre lui et l'animal le plus parfait un abîme infranchissable. Par sa nature organique, l'homme reçoit les influences des agents physiques qui l'entourent, et cette même nature peut être modifiée par elles, non pas dans les caractères essentiels qui constituent l'espèce, mais dans les caractères accidentels qui constituent les variétés de l'espèce. Par sa nature spirituelle, l'homme domine la création; être intelligent

et libre, il commande au monde physique, dont il emploie et dirige les forces, dont il découvre et exploite les ressources. Si, sous ce dernier rapport, il existe une grande différence entre l'homme du monde civilisé qui vit au milieu des merveilles des arts et de l'industrie, et le sauvage des rives lointaines, qui vit au milieu des grands spectacles de la nature, ignorant les besoins et les ressources des peuples européens, nous trouverons du moins partout et toujours des caractères physiques intellectuels et moraux essentiels et communs à l'humanité.

La révélation, dans son simple et sublime récit de la création, nous révèle la magnifique conception du Créateur et la divine harmonie de ses œuvres; elle nous montre l'homme fait à l'image de Dieu, la nature tout entière soumise à son empire et l'humanité issue d'une seule et unique origine.

« Dieu dit ensuite: Faisons l'homme à notre image et ressem» blance; et qu'il domine sur les poissons de la mer, et sur les oi» seaux du ciel, et sur les animaux, et sur toute la terre, et sur » tous les reptiles qui se meuvent sur la terre.

» Et Dieu créa l'homme à son image, et il le créa à l'image de » Dieu il les créa mâle et femelle.

» Dieu les bénit et leur dit : Croissez et multipliez-vous, rem» plissez la terre et vous l'assujétissez; dominez sur les poissons de » la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut » sur la terre.

» Dieu dit encore : Voilà que je vous ai donné toutes les plantes » répandues sur la surface de la terre, et qui portent leur semence, » et tous les arbres fruitiers qui ont leur germe en eux-mêmes, » pour servir à votre nourriture '. »

Et plus loin:

« Le Seigneur Dieu forma donc l'homme du limon de la terre, » et il répandit sur son visage un souffle de vie, et l'homme eut » une âme vivante.....

» Le Seigneur Dicu dit aussi : Il n'est pas bon que l'homme soit » seul; faisons-lui une aide semblable à lui.

» Le Seigneur Dieu, après avoir formé de la terre tous les ani» maux de la terre et tous les oiseaux du ciel, les fit venir devant » Adam, afin qu'Adam vit comment il les nommerait; et le nom » qu'Adam donna à chaque animal est son propre nom.

Genèse, ch. 1, v. 26-29.

» Et Adam donna leurs noms aux animaux domestiques, aux > oiseaux du ciel, et aux bêtes sauvages; mais il ne se trouvait pas pour Adam d'aide semblable à lui.

» Le Seigneur Dieu envoya donc à Adam un profond sommeil, » et, pendant qu'il dormait, Dieu prit une de ses côtes et mit de la » chair en sa place.

» Le Seigneur Dieu forma ainsi une femme de la côte qu'il avait » enlevée à Adam, et l'amena devant Adam.

» Et Adam dit: Voilà maintenant l'os de mes os, la chair de ma chair: celle-ci s'appellera d'un nom pris du nom de l'homme, parce qu'elle a été tirée de l'homme'. »

Si ces citations n'étaient pas déjà trop longues, nous pourrions montrer dans le Livre des Révélations, l'humanité tout entière issue de cette unique origine. Qu'il nous suffise de dire ici que la parole révélée détermine d'une manière claire et précise cette grave question de l'origine de l'homme, que la science humaine s'est posée dans tous les temps, en nous apprenant que l'homme, roi de la création, est sorti des mains de Dieu avec les caractères qui lui sont propres; que par conséquent il n'est pas le produit d'une transformation successive, résultat des propriétés mêmes de la matière, ainsi que l'a avancé le panthéisme matérialiste, mais qu'il a été créé avec sa double nature, la nature corporelle, produit du limon de la terre, la nature spirituelle, produit du souffle divin. Non pas que ce souffle divin, qui porte en lui-même l'image de Dieu, soit comme un air subtil ou une portion de la nature divine: car, « l'âme est faite, et tellement faite, dit Bossuet, qu'elle n'est rien » de la nature divine; mais seulement une chose faite à l'image et » ressemblance de la nature divine; une chose qui doit toujours de» meurer unie à celui qui l'a formée; c'est ce que veut dire ce souffle » divin, c'est ce que nous représente cet esprit de vie. »

Mais la science humaine a voulu repousser la lumière divine de la révélation qui devait diriger ses efforts et éclairer ses recherches. Au lieu de fouiller les entrailles du globe et de pénétrer les mystères de l'organisation, pour y reconnaître et y bénir la main du Créateur, elle a voulu trouver, dans des faits incomplets et des études imparfaites, des armes contre la religion révélée. Dans la question d'origine qui fait l'objet de ce travail, la science n'a pas

Genèse, ch. u, v. 7, 18-23.

• Piscours sur l'Histoire Universelle, t. 1, 2′ part., ch. 1.

craint de jeter aussi une négation dédaigneuse aux croyances les plus universelles. Car dans cette question, comme dans beaucoup d'autres, des observations premières, des faits mal interprétés semblent d'abord se trouver en opposition avec le Livre des Révélations, et servent de prétexte aux démentis donnés trop souvent par la science à la foi du chrétien. Mais, à mesure que de nouveaux progrès se manifestent, la lumière se produit, les difficultés disparaissent, de toutes parts surgissent des arguments en faveur de la religion révélée. Et, d'ailleurs, si tant de savants ont usé de leur autorité pour nier le récit de l'écrivain sacré, il en est d'autres qui, sans le savoir peut-être, l'ont démontré par leurs grandes découvertes et traduit dans leurs immenses travaux.

Études préliminaires.

Il faut, avant tout, définir d'une manière précise et rigoureuse les fermes dont on se sert, lorsque surtout ils expriment un principe ou un fait important. Aussi devons-nous établir, autant que possible, le sens de plusieurs expressions significatives dans les sciences physiologiques et naturelles, et leur application à l'étude de l'homme et des races humaines.

I. Que doit-on comprendre sous les dénominations d'espèce, de variétés, de races chez les êtres vivants?

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Il y a, pour chaque être de la création, des caractères propres, essentiels. Ces caractères sont comme un type qui renferme des éléments d'unité, de fixité, propres à l'espèce dont cet être fait partie; mais ils se trouvent souvent cachés, obscurcis par des modifications accidentelles qui produisent les variétés et les races de l'espèce. Il faut savoir saisir les caractères essentiels de l'espèce au milieu des modifications accidentelles qu'elle présente.

Qu'est-ce donc que l'espèce dans le règne organique? Nous dési– gnons sous ce nom les êtres qui se perpétuent dans le temps et dans l'espace, en reproduisant de nouveaux êtres essentiellement semblables à eux, mais susceptibles d'éprouver quelques modifications accidentelles qui ne peuvent pas cependant dépasser certaines limites.

Si cette définition paraît obscure au premier abord, quelques développements réussiront peut-être à lever les difficultés qu'elle présente. Il importe beaucoup de s'entendre sur le sens qu'elle ren

ferme; car il y a divergence d'opinions sur les caractères mêmes qui constituent l'espèce. Les uns nient la fixité de l'espèce et la font reposer sur des caractères non essentiels, susceptibles de varier, de disparaître; les autres soutiennent la fixité de l'espèce et lui attribuent des caractères essentiels et fixes. C'est là une grave question scientifique; c'est, suivant l'expression judicieuse d'un'savant écrivain', le nœud de la grande difficulté entre le matérialisme, le panthéisme et la thèse catholique. Les faits nous confirmeront souvent la justesse de cette assertion.

La définition que nous avons donnée établit la fixité, et, partant, la réalité de l'espèce, puisqu'elle désigne sous ce nom les êtres qui se perpétuent en reproduisant de nouveaux êtres essentiellement semblables; ce qui revient à dire que, chez tous les êtres d'une même espèce, il est des caractères essentiels qui demeurent au milieu des modifications accidentelles et variables. Mais cette opinion a-t-elle pour elle la sanction des faits? C'est ce qu'il s'agit de démontrer.

Ceux qui ont nié la fixité de l'espèce, avons-nous dit, ont dû la faire reposer sur des caractères non spécifiques, mais accidentels, sur des ressemblances susceptibles de varier, de disparaître. Ce principe une fois admis, il n'est pas difficile d'en conclure que l'espèce peut changer et se modifier, puisque les caractères sur lesquels elle repose changent et se modifient. Ainsi, qu'on admette, parmi les principaux caractères de l'espèce, la taille et la couleur? Ces deux qualités paraissent avoir une importance réelle au premier abord, puisqu'elles établissent de suite une différence apparente entre deux ou plusieurs êtres. Et d'ailleurs n'a-t-on pas donné à l'une d'elles une importance exagérée, en la présentant comme l'infranchissable limite posée entre la race humaine blanche et la race noire, comme la preuve manifeste de leur distinction originelle? Ceci soit dit par anticipation et pour montrer dès à présent la valeur de cette opinion.

La taille et la couleur sont des qualités, susceptibles de varier au contact des influences extérieures, des milieux environnants, du climat, de la chaleur, de la lumière, susceptibles de se modifier par les changements d'habitudes, d'exercices, de nourriture et par mille autres circonstances qu'on ne peut même pas toujours apprécier. Les exemples de ce genre sont innombrables dans le règne végétal

Cours de Physique sacrée, par l'abbé Maupied, docteur ès-sciences; Université Catholique, t. xiv, p. 95.

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