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Quo consilio ductus sit ut hoc compendium conscribat, ipse in præfatione indicat Honorius: Sunt namque

inquit, plurimi qui velut justæ suæ ignorantiæ causas obtendunt, dum sibi congeriem librorum abesse

ostendunt. His pie consulens de tota scriptura hoc collegi compendium, in quo ad patriam vitæ properan-

tibus, sufficiens judicavi stipendium. Sed si in fontes inquiris, quibus in opere concinnando usus sit, res eo

perduci non potest, ut nullum relinquatur dubium. Nam revera Einhardi Annales Fuldenses (14) et

Sigebertum (15) non uno loco in partes vocavit; præterea Honorius etiam Chronicon Wirzibugense (SS.

VI, 17, 32) in usus suos convertisse fidem faciunt multa ejusdem Chronici loca (16) ad verbum et tunc a

nostro mutuata, quando chronographus Wirziburgensis ex suo aliquid addit (17) aut suo Marte proce-

dit (18). Similis intercedit ratio inter Honorium et Annalistam Wirziburgensen (SS. II, 328 sq.); huic

aperte annos (1067-1087) debet. His autem exceptis nonnulla restant quorum originem aut omnino

non licuit detegere aut tantum suspicari fas erat. Hujusmodi sunt quæ Honorius de constructis urbibus

Brema, Babenberc, Spira, et de conversis populis ethnicis narrat, et quæ iisdem fere verbis in Chronico

Salisburgensi (SS. IX) inveniuntur. Quæ cum in hoc Chronico certis ascripta sint annis, nemo non videt,

ea ex Honorio fluere non potuisse. Statuamus ergot oportet utrumque et Honorium et chronographum,

Salisburgensem ex fonte nunc abscondito hausisse. Et hunc fontem librum esse illum ex Hermanno

Augiensi decerptum atque notitiis quibusdam aliunde desumptis a quodam Sangallensi monacho auctum

tum vero Gotuici transcriptum (19), nonnulla sunt quæ probare videntur. Pertzius enim, qui codicem,

hunc inspexit, auctor est eumdem quoque a Salisburgensi monacho in usus suos conversum esse. Huc

accedit alterum non minoris vis argumentum. Nam Pertzio itidem teste (20), libro illi Gotwicensi

notitia inest a. 774 de Campidona. Hæc autem tam in Chronico Salisburgensi quam in Chronico Wirzi-

burgensi et in Hermanno ipso desideratur, at in nostro reperitur.

Hanc Summam denuo in epitomen redegit Honorius cum in libro tertio Imaginis mundi de dispositione

orbis adumbratam historiam rerum ab Adam ad sua usque tempora gestarum dare sibi pro posuisset.

Hujus libri quinque saltem editiones ab Honorio ipso in lucem emissas exstitisse demonstrant codices

manuscripti Monacenses, quos V. cl. Foringer, regia bibliothecæ Monacencis, custos, diligentissime con-

tulit, et quorum varias lectiones nobiscum benevole communicavit. Inter quas editiones.

Prima editio anni 1123, ab Honorio ipso laudata, exstat in uno codice Londinensi (vide supra); hunc

signavimus 1 A.

Secunda anno 1132 sive 1133 conscripta exstat in cod. Kaisersheimensi (Bibl. Monac. 74) qui nostræ

editionis fundamentum est, Alderbacensi (ib. 81), sæc xu exaratis, et Londinensi (Arundel. n. 270) (21),

et Fuldensi sæculi XII exeuntis (22), desinunt in octavo Lotharii anno. Horum ambos priores omnino

inter se convenientes signavimus 1, Londinensem 1 B ; Fuldensem denique 1 C.

Tertia anni 1139, secundo Conradi III anno, indictione п exarata, reperitur in codicibus,

Polling. 36. sæc xu ve. xш (sign. 9),

Oberaltac. 211, sæc. xv (sign. ga.),

denique in editionibus principe (sign. 10) (23) atque Spirensi anni 1583 (sign. 12).

Honorius haud diu post annum 1152 obiisse videtur, quod facile conjicias de scriptore, qui jam inter annos 1122 et 1125 se floruisse et majorem partem librorum suorum edidisse disertis verbis affirmat. Laudatur Honorius ab uno quod sciam medii ævi scriptore, Engelhusio (24), qui ejusdem Imagine mundi continuatione aucta usus esse videtur. Summa vero sæpius exscribitur a monachis Admuntensibus sæc. x et xv, qui ex hoc libro notulas nonnullas Chronico Ottonis Frisingensis in margine additas hauserunt (25).

Summam inde ab a. 726 integram, ex Imagine mundi partem aliquam primi libri ad Germaniam spectantem et finem tertii libri dabimus; his vero subjungemus Imaginis mundi continuationes, quas libri manuscripti Monacenses exhibent, additis iis quas Pertzius ex codice 1 B. et Wattenbachius ex codicibus 6o, Vindobonensi et Admuntensi descripsit. ROGERUS WILMAN.

II

(Histoire littéraire de la France par des religieux bénédictins, tom. XII, pag. 165.)

§ I.

Histoire de la vie d'Honoré.

Le titre de cet article (26) énonce presque tout ce que nous savons de certain sur la personne d'Honoré. Si l'on en croit Arnoul Wion (27), la dénomination de Solitaire qu'il porte doit s'expliquer par celle de Moine, d'où cet écrivain conclut qu'il était bénédictin. C'est une conjecture que rien n'oblige d'admettre ni de rejeter. Il n'en est pas de même des récits d'autres historiens modernes (28), dont les uns placent Honoré sur la chaire épiscopale d'Autun, les autres racontent que, cette chaire lui ayant été offerte, il la refusa pour suivre le roi Louis le Jeune à la croisade. Ces anecdotes, visiblement enfantées par l'imagination, ne méritent pas que la critique se mette en frais pour les réfuter. L'opinion singulière de M. le Beuf sur la patrie d'Honoré, sans être plus vraie, demande un peu de considération. Ce savant, dans une de ses dissertations (29), entreprend d'enlever cet écrivain non-seulement à l'Eglise d'Autun, mais à la France, pour faire honneur de sa naissance à l'Allemagne. Voici les raisons dont il étaye ce paradoxe historique. D'abord il soutient que le surnom d'Augustodinensis, par lequel on distingue celui qui nous occupe, des autres de même nom, a fait illusion en deux manières : 1° dit-il, personne avant Trithème ne l'a qualifié de la sorte. Cependant il convient que cette dénomination se trouve à la fin d'un ouvrage d'Honoré même. C'est son traité Des auteurs ecclésiastiques, dont le dernier article porte: Honorius Augustodunensis Ecclesiæ presbyter non spernenda opuscula edidit. Mais cet endroit n'embarrasse point le dissertateur, parce qu'il le regarde comme une addition faite par une main étrangère. La preuve de cette assertion, qu'il se contente de mettre en avant, n'aurait pas été de trop. Supposons néanmoins l'addition réelle du moins faut-il convenir qu'elle précède de beaucoup l'âge de Trithème, puisque tous les manuscrits sur lesquels ont été faites les différentes éditions de ce traité, la renfermaient. Il y a plus : Honoré porte ce même surnom dans plusieurs manuscrits à la tête des productions de sa plume. Nous indiquerons spécialement celui de la bibliothèque du Roi, coté n° 999, dont l'écriture appartient au XIIe siècle. On y trouve son traité De la perle de l'âme avec ce titre qui est du même temps: Honorii Augustodunensis Gemma anima; 2° M. le Beuf prétend qu'en admettant là dénomination contestée, elle ne doit point s'entendre de la ville d'Autun, mais ou d'Augt près de Bâle, ou d'Ausbourg, capitale de la Souabe. Il n'a point, à la vérité, rencontré de monument où le terme Augustodunensis fût employé pour désigner un citoven de cette dernière ville; mais il a trouvé qu'au vine siècle un évêque d'Augt s'était dit: Episcopus Ecclesiæ Augustodunensis; découverte qui le fait pencher à placer Honoré dans cette ville préférablement aux deux autres. Malheureusement il y a ici un petit inconvénient que ce critique n'a point aperçu: c'est que longtemps avant le XIIe siècle la ville d'Augt était détruite, et son évêché réuni à celui de Bâle; sur quoi nous renvoyons à l'Alsatia illustrata du savant Schoëphlin (30).

M. le Beuf accumule ensuite des textes d'Honoré, par lesquels celui-ci annonce, suivant ce critique, son origine allemande. Nous répondrons que cela ne prouve autre chose, sinon que les livres d'où ces textes sont extrails furent composés en Allemagne. Effectivement, l'affectation avec laquelle Honoré parle des particularités de ce pays-la donne tout lieu de croire qu'il l'habita durant quelque temps; mais il faut convenir aussi, pour accorder toutes choses, que ce ne fut qu'après avoir quitté l'Eglise et la scholastique d'Autun pour prendre le parti de la retraite. Le choix d'une terre étrangère, de la part d'un homme qui veut se dévouer à la vie solitaire, n'a rien qui doive nous étonner. Les exemples de transmigrations causées par un semblable motif sont trop communs. Que si l'on nous demande en quel temps arriva ce changement de patrie, nous croyons devoir le mettre sous l'empire de Henri V, environ l'an 1120. A l'égard du lieu qu'Honoré choisit pour son domicile en Allemagne, on ne peut autrement le déterminer qu'en disant d'après lui-meme, qu'il était situé dans les terres du duc d'Autriche. Nous n'avons pas plus de lumière, sur la date de sa mort. Il vivait encore sous le pontificat d'Innocent II. C'est tout ce qu'il nous est permis d'asurer.

SII. Ses ouvrages imprimés.

Honoré d'Autun a été l'un des plus féconds écrivains de son siècle. Quoique le dénombrement qu'on voit de ses écrits à la fin de son traité Des auteurs ecclésiastiques soit considérable, il n'est cependant rien moins que complet. On en a découvert beaucoup d'autres postérieurs en date à celui-ci, dont une partie est entre les mains du public, l'autre a été détaillée par D. Bernard Pez avec l'exactitude connue de ce tun, ensuite solitaire.

(23) Simili exemplari usus est monachus Hamerslebensis cujus excerpta (Guelferb. August. 76, 30, chart. sæc, xvi) Waitzius inspexit.

(24) Apud Leibn. SS. R. Brunsv. II, 1110.

(25) Cod. Admuntensis 164, fol., membr., sæc. XII ex. Notulæ hæ reperiuntur ad calcem V, 31, 33; VI, 27; VII, 15.

(26) Honoré prêtre et scolastique de l'église d'Au

(27) Lignum vitæ, 1. 11, p. 69.

(28) Vigner, Bibl. hist., ad an. 1120; Munier, Rech. sur Autun, p. 41 ; Saulnier, Autun chrétien, P 96.

(29) Dissert., t. I, p. 254 et seq,
(30) Pag. 677.

critique (31). Obligés de rendre compte de toute cette littérature, nous commencerons par les productions qu'Honoré lui-même s'attribue; bien entendu néanmoins qu'il ne sera fait mention ici que de celles qui ont vu le jour; le surplus réservé pour le paragraphe suivant.

1o Un traité qui a pour titre Elucidarium (32). Les critiques ont été longtemps divisés touchant son véritable auteur. Fondés sur l'autorité de quelques manuscrits, les uns l'ont donné à saint Anselme, sous le nom duquel il fut imprimé l'an 1560, à Paris, chez Morelet, en un volume in-8°, par les soins de Claude d'Espense, réimprimé à Liége dans le même format en 1586, et ensuite inséré dans toutes les éditions du saint docteur, parmi ses ouvrages sincères, à l'exception de la dernière, où il se trouve relégué dans l'Appendice. Les autres, par une conjecture beaucoup moins vraisemblable, l'ont mis sur le compte de saint Augustin. Plusieurs en ont fait honneur à Abailard, quelques-uns à Guibert de Nogent; et il s'en est enfin trouvé qui l'ont donné à Guillaume de Coventry, carme du xive siècle. D. Rivet (33) sur saint Anselme a fort bien démontré la fausseté de toutes ces attributions. Mais le doute qu'il élève touchant l'identité de l'Elucidarium que nous avons, et de celui d'Honoré, disparaît en consultant la notice que notre auteur donne du sien dans la liste citée de ses écrits. Car il dit l'avoir partagé en trois livres, dont le premier concerne Jésus-Christ, le second, l'Eglise, le troisième, la vie future. Or telle est précisément la division de celui qui est entre les mains du public. Il est vrai qu'on aperçoit quelques légère différence de principes entre cet écrit et les autres qui sont sortis de la plume d'Honoré. Mais on doit observer que c'est ici le coup d'essai d'un écolier, lequel pressé par ses condisciples admirateurs de ses progrès, se hasarda de mettre par écrit le résultat de ce qu'il avait appris. Sæpe rogato a condiscipulis, est-il dit dans a préface, quasdam quæstiunculas enodare, importunitati illorum non fuit facultas negando obviare. L'ouvrage effec tivement annonce une main novice, mais capable de bien exécuter dans la suite. Toute la théologie y est traitée succinctement par demandes et par réponses. Il y a des erreurs, mais non pas autant que lui en compte Nicolas Aimeric, dominicain du XIVe siècle, dans l'écrit qu'il lui opposa sous le titre d'Elucidarium Elucidarii. Malgré ces taches on a fait un grand accueil durant plusieurs siècles à ces prémices du travail d'Honoré. L'Elucidarium a été traduit deux fois en français, et une fois en allemand. Aucune de ces traductions n'a encore été livrée à l'impression. Des deux françaises, l'une en prose, œuvre de Geofroi de Waterford, dominicain hibernois du XIe siècle, fait partie des manuscrits de M. Baluze transférés à la bibliothèque du Roi; l'autre en vers se trouve parmi les manuscrits du roi d'Angleterre (34). Nous ne pouvons marquer l'âge de celle-ci ni son auteur, parce que le catalogue qui nous la fait connaître n'en dit rien. A l'égard de la traduction allemande, D. Pez assure qu'elle porte la date de l'an 1314.

2o L'écrit intitulé Sigillum Marice, qu'il faut joindre à une Explication du Cantique des cantiques, dont il est comme la suite. L'auteur applique dans le premier à Jésus-Christ et à la sainte Vierge ce que le texte sacré, qu'il commente dans l'autre, dit de l'amour de l'Epoux et de l'Epouse. Le cas singulier que Martin Delrio, jésuite, faisait de ces deux opuscules, l'a porté à insérer une grande partie du second et quelque chose du premier dans son Commentaire sur le même livre, imprimé à Paris l'an 1604. Dans l'avertissement il dit qu'Honoré d'Autun a dévoilé d'une manière courte, savante, ingénieuse, les quatre sens du Cantique des cantiques; que son ouvrage très-peu lu mérite néanmoins de l'être beaucoup; et qu'en ayant trouvé deux exemplaires manuscrits, il en a tiré tout ce qui lui a paru de plus remarquable pour l'édification du public. Il donne ensuite le précis de cette production qu'on peut vérifier sur l'édition qui en a été faite in-8° à Cologne, l'an 1540, et sur celles qui se rencontrent dans les grandes Bibliothèques des Pères.

3o Un Dialogue entre le maître et le disciple, intitulé l'Inévitable (35). L'objet qu'Honoré s'y propose est d'expliquer le mystère de la prédestination, et de le concilier avec le libre arbitre. Cet ouvrage serait excellent sans deux ou trois endroits qui exhalent une odeur de semipélagianisme. On a voulu néanmoins accuser notre auteur d'avoir donné dans l'excès opposé. Il est vrai que l'ouvrage présente des contrariétés grossières dans l'édition donnée par George Cassander à Bâle en 1528, et répétée à Cologne chez Sylvius en 1552; ce qui fait dire au Père Duchesne, jésuite, que tous les textes ne partent pas de la même plume, ou que l'auteur n'avait pas le sens commun (36). L'alternative est certaine; mais il faut avouer que Jean Conen, prémontré de Tongres, plus fidèle, plus sensé que Cassander, et guidé par de meilleurs manuscrits, fit disparaître ces contrariétés dans une nouvelle édition qu'il donna de l'Inévitable à Anvers, en 1620 et 1624, édition qui depuis a passé dans les trois grandes Bibliothèques des Pères.

4o Le Miroir de l'Eglise, qui est un recueil de sermons sur divers sujets. Jean Dietemberg le rendit public à Cologne en un volume in-8°, l'an 1531, avec les sermons de saint Césaire d'Arles, qu'il nomme par méprise Feliciaire. Oléarius (37), qui ne connaissait point cette édition, annonce comme la première et l'unique celle qui fut faite en 1544 à Bâle.

5o La Perle de l'âme, Gemma animæ. C'est une somme liturgique divisée en quatre livres. Le premier traite de la messe, de ses cérémonies et de ses prières; de l'église, de ses parties et de ses ornements; des ministres de l'autel et de leurs habits. Le second a pour objet les heures canoniales du jour et de la nuit. Le troisième roule sur les principales fêtes de l'année. Le quatrième explique la manière d'accorder l'office divin de toute l'année avec les jours et les temps divers dans lesquels on le célèbre. M. Dupin (38) porte un jugement très-sain de cette production, en disant qu'elle est pleine de raisons et d'explications mystiques qui n'ont d'autre fondement que l'imagination de l'auteur. Cependant on y remarque, dans ce qu'elle a de littéral, des vestiges précieux de la liturgie et des autres usages ecclésiastiques du x11° siècle. On y voit, par exemple, que, lorsque l'évêque marchait à l'autel, il était accompagné de deux prêtres, et précédé de sept diacres, de sept sous-diacres, et d'un pareil nombre d'acolythes portant chacun un chandelier (1. 1. c. 4); qu'après avoir fait sa confession il donnait le baiser aux deux prètres (c. 7); que le premier diacre et le premier sous-diacre baisaient l'autel avec lui lorsqu'il y était monté (c. 3); que les hosties

(31) Anecd., t. II; Dissert. isag., p. v-vi.— Dissertationem Pezii habes infra.

(32) Ansel. op. nov. ed., p. 447-588.

(33) Hist. lit. t. IX, p. 443.

(34) Bibl. Reg. Angl., p. 292, no 11. 35) Hist. du prédest.

(36) En 1528 Inévitable fut publié à la suite du traité Du libre arbitro de Faustė de Riez, et on 1552

à la suite de quelques opuscules de saint Prosper et d'Hilaire, disciple de saint Augustin; l'une et l'autre édition in-8°, ainsi que celle de Conen. On trouve encore cet ouvrage réimprimé dans le recueil des OEuvres de Cassandre, p. 623-639.

(37) Script., t. 1, lit. H.

(38) XIe siècle, p. 518.

étaient faites en forme d'un denier, un modum denarii (39), et n'en excédaient pas la grandeur (c. 35); que l'image du Sauveur y était empreinte avec les lettres de son nom, de même que l'image et le nom du prince sur la monnaie; que les chantres avaient des bonnets sur la tête et des bâtons à la main (c. 228); que deux d'entre eux présentaient à l'autel l'un le pain sur un linge, et l'autre le vin; que la fonction de l'archidiacre était de verser le vin dans le calice (c. 38); que le bâton épiscopal était de bois et la courbure d'ivoire avec une pomme dorée ou de cristal qui joignait le deux parties ensemble (c. 219); que la crosse des abbés différait de celle des évêques par la partie recourbée qui était noire (c. 238); que les prêtres, après avoir oint d'huile la tête du baptisé, la couvraient d'une mitre qu'il gardait huit jours (1. 1, c. 111, 113). Parlant des cérémonies de Pâques, Honoré dit qu'à Rome ce jour-là, quand le pape entre à l'église, on allume au-dessus de sa tête des étoupes dont les étincelles sont reçues par les ministres, ou tombent à terre cérémonie, ajoute-t-il, instituée pour l'avertir que tout se réduit en cendres, et que lui-même doit y retourner. Son exactitude, en parlant de l'eucharistie, lui mérite un rang distingué parmi les témoins de la tradition sur le dogme de la présence réelle. A l'occasion de ce mystère il dit (1. 1, c. 105) que « comme le monde a été fait de rien par la parole de Dieu, de même que par la parole de Jésus-Christ son Fils, la nature de ces choses (le pain et le vin offerts dans le sacrifice) est véritablement changé au corps et au sang de Notre-Seigneur. Et plus bas (c. 106): « On use du nom de mystère, dit-il, quand on voit une chose et qu'on en entend une autre ainsi l'on voit les espèces du pain et du vin, mais on croit que c'est le corps et le sang de Jésus-Christ. Si Thomas Valdensis eût fait attention à ces paroles, il eût été plus équitable envers notre auteur; et loin de le mettre, comme il a fait (40), au nombre des sectateurs de Berenger, il l'eût compté parmi ses adversaires les plus déclarés. Cet ouvrage est une des productions de notre auteur dont on a le plus multiplié les éditions. La première parut à Leipsig in-4°, l'an 1514. La seconde, donnée à Cologne en 1549, fait partie d'un volume in-folio dans lequel sont compris les traités d'Amalaire et de Walafrid Strabon Sur les rites ecclésiastiques, avec la Liturgie de saint Basile et la Vie de saint Boniface, archevêque de Mayence: le tout recueilli par les soins de Jean Coclée. La troisième, faite en 1568, dans la même ville, contient en un volume in-folio plusieurs autres traités de divers auteurs sur le même sujet. La quatrième est sortie des presses de Venise en 1572, avec quelques autres écrits analogues, rassemblés dans un volume in-8° sous le titre commun de Miroir de l'Eglise. La cinquième, faite à Rome en 1590, et la sixième à Paris en 1610, ne sont que des répétitions de la troisième. Enfin l'ouvrage a été réimprimé dans les trois grandes Bibliothèques des Pères.

13

n

6o Le Sacramentaire, ou traité des causes et de la signification mystique des rites. Il n'y a de cet ouvrage qu'une seule édition, dont le public est redevable aux soins de D. Bernard Pez. Le sujet est le même que celui des quatre livres précédents, traité dans le même goût, mais d'une manière plus abrégée, et avec un peu plus d'ordre et de méthode.

70 L'Hexameron, ou traité de l'ouvrage de six jours. Honoré l'adresse à ses écoliers, pour l'usage et à la demande desquels il dit l'avoir composé. Il conseille à ceux qui en seront satisfaits de le mettre à la tête de son Elucidarium. On n'en voit pas trop la raison. Cet écrit n'est qu'une explication mystique et très alambiquée du premier chapitre de la Genèse. L'auteur compte 4184 ans depuis la création du monde jusqu'à l'Incarnation. Il ne donne que 12 ans à la sainte Vierge lorsqu'elle enfanta le Sauveur, qu'il prétend avoir souffert à l'âge de 34 ans. Ce sont les seuls traits remarquables de ce commentaire que D. Pez a pareillement tiré de l'obscurité. Cet éditeur prétend que la préface et le dernier chapitre ne sont pas d'Honoré. La preuve qu'il en donne est que l'un et l'autre morceau manquent dans l'exemplaire de Molk qui date de 500 ans.

8° L'Eucharistion, c'est ainsi qu'il faut lire d'après tous les manuscrits, et non pas Eucharisticon, comme il est annoncé dans toutes les éditions du traité d'Honoré des écrivains ecclésiastiques. L'ouvrage, partagé en 12 chapitres, renferme une exposition très-fidèle de la croyance de l'Eglise sur le sacrement de l'eucharistie. Cependant, au rapport de D. Pez, une main de xve siècle avait mis en marge du manuscrit de Molk, d'où il l'a tiré, la note suivante: « Il parait qu'on ne doit pas lire ce livre en public, à cause de certains points dans lesquels il semble que l'auteur s'est ou mépris, ou du moins expliqué de manière à ne pouvoir être entendu sans une grande application. Mais le savant éditeur remarque fort bien que cette note est d'un scolastique ignorant qui voulait juger des locutions des anciens d'après les petites questions qui s'agitaient de son temps. Il prouve ensuite qu'Honoré s'est énoncé très correctement sur le dogme de la présence réelle et de la transsubstantiation.

9° La Connaissance de la vie, ou Traité de Dieu et de la vie éternelle. Ce livre, auquel l'auteur a donné la forme d'entretien d'un maître avec ses disciples, ou suivant le manuscrit de Molk, du solitaire avec ses auditeurs, porte le nom de saint Augustin dans un manuscrit de la bibliothèque du roi (41). C'est sur un exemplaire semblable que les Grecs, ayant connu cet ouvrage, en traduisirent un fragment considérable en leur langue avec ce titre que nous rendons en français: Sentiments de saint Augustin sur la Trinité, tirés de son livre de la Connaissance de la vraie vie, dans lequel, sous la forme d'un dialogue, les frères interrogent et le maître répond. Ce fragment, qui comprend le chapitre 11 et les suivants jusqu'au 18, à la réserve du 15° qu'on a supprimé, se trouve dans un recueil des Pères Latins traduits en grec, imprimé à Bâle l'an 1578 par les soins de Leunclavius. Mais les derniers éditeurs de saint Augustin ont trèsbien prouvé qu'on ne peut méconnaitre Honoré dans ce traité qu'ils ont inséré tout au long parmi les œuvres supposées du saint docteur. Dans la préface, notre auteur fait entendre qu'il était en butte aux traits de l'envie, et qu'il ne les recevait pas avec indifférence. Il exhorte ses adversaires à déposer le venin qui les consume, à prendre des sentiments charitables, et à le suivre pacifiquement dans la vaste forêt des Ecritures où il est prêt à entrer, non pour y porter de nouvelles matières, comme ils l'en accusent, mais pour y cueillir le fruit de vie. Ensuite il expose son dessein qui est de traiter des principales vérités de la philosophie chrétienne.

(39) Cet usage de faire les pains à consacrer d'une telle petitesse s'était introduit dès le siècle précédent; et Bertinolde, prêtre de Constance, qui écrivait en ce temps-là, se plaignait, dans son Exposition de l'Ordre Romain, de ce qu'on avait réduit le pain que l'on offrait à une forme si petite et si

(a) Geor. Cassund., Liturg., ed. Colon., c. 21, p. 66-77.

mince, qu'il n'avait presque plus l'apparence de pain. Il appelait ces offrandes par dérision minutias nummulariarum oblatarum (a).

(40) Tom. II, c. 90.

(41) S. August. op. t. VI, apprend. p. 169-183.

Entrant en matière il prouve que notre intelligence grossière et accoutumée à juger de tout par les sens ne peut, sans le secours de la foi, connaitre ce qui concerne Dieu et les esprits créés. Il partage ceux-ci en deux espèces, l'ange et l'âme humaine. Il montre ce qu'ils ont de commun et ce qui les différencie. Quant à l'Etre souverain, dit-il, étant incompréhensible de sa nature, nous ne pouvons déterminer précisément ce qu'il est. Essayons néanmoins, ajoute-t-il, puisque la substance intellectuelle veut en quelque façon que ce soit le connaître, de le définir au moins imparfaitement et d'une manière énigmatique. Après en avoir donné la définition usitée dans les écoles, il s'applique à prouver qu'il existe. De là il passe aux moyens par lesquels on peut parvenir à le voir et à le contempler dans sa gloire. Ses disciples, satisfaits de ce qu'il leur a dit là-dessus, lui demandent qu'après leur avoir démontré l'unité de l'essence divine, il leur apprenne comment il y a dans cette même essence trinité de personnes. C'est la matière de leur entretien depuis le dixième chapitre jusqu'au dix-neuvième. Honoré répond à toutes leurs questions suivant les principes de saint Augustin et de saint Anselme, dont il emploie souvent les paroles sans les nommer. Les chapitres suivants, au nombre de vingt-huit, roulent sur la miséricorde de Dieu, sa justice, sa sagesse, son immensité, son immutabilité, la profondeur de ses jugements dans la distribution inégale de ses dons, sur l'origine du mal, sur la misère de l'homme, la cause de cette misère et les moyens de la réparer, sur la nécessité et les caractères de la foi, sur l'état des âmes dégagées des corps, sur la manière dont les saints entendent nos prières, sur la résurrection des morts, sur le bonheur de la vie éternelle. Tel est le sommaire de ce traité où l'on remarque une saine et lumineuse métaphysique puisée dans l'Ecriture et dans la tradition. C'est de tous les ouvrages d'Honoré celui qui nous paraît le plus châtié, tant pour le choix et la justesse des pensées que pour la méthode et l'élocution.

10° L'Image du monde en trois livres. Cette production est précédée de deux lettres, l'une d'un nommé Chrétien, qui qualifie l'auteur homme doué des sept dons du Saint-Esprit; l'autre d'Honoré en réponse à celle de Chrétien. La dernière phrase de celle-ci, commençant par ces mots : ad instructionem, se trouve employée dans quelques manuscrits pour le commencement du premier livre, au lieu que dans tous les imprimés ce livre débute par Mundus dicitur. Cette différence a fait prendre le change à D. Rivet (42) en lui persuadant que l'Image du monde d'Honoré n'était pas le même ouvrage que celui qui a vu le jour sous ce titre. C'est une de ces méprises qui, dans une entreprise de longue haleine et pleine de discussions épineuses, échappent à l'esprit le plus attentif. Nous allons rendre un compte très-succinct de ces trois livres. Le premier est un abrégé de cosmographie tel qu'on pouvait le donner dans un siècle où la géographie et l'astronomie étaient encore au berceau. L'auteur compare le monde à un œuf, et ne reconnait que trois parties de la terre qui soient habitables. Le second traite du temps et de ses divisions, c'est-à-dire des heures, des jours, des mois, des années, des olympiades, des différents cycles, des réguliers, des concurrents, des épactes, du terme pascal, des fêtes mobiles, de l'embolisme ou intercalation. Le troisième est une petite chronologie universelle qui finit dans les premières éditions à l'empereur Lothaire II, et dans les suivantes à Frédéric Barberousse. Peut-être dans l'autographe finissait-elle à l'empereur Henri V; ce qui est d'autant plus vraisemblable, que cet ouvrage est antérieur à celui Des écrivains ecclésiastiques, dans lequel Honoré, parlant de lui-même, dit qu'il florissait sous l'empire de ce prince.

On compte jusqu'à sept éditions de l'Image du monde (43). La première, sans marque de lieu ni d'année, concourt avec les commencements de l'imprimerie. La seconde fut donnée à Nuremberg, l'an 1491, par Gaspar Hocfeder. Illyricus procura la troisième à Båle, en 1497, in-4°, avec attribution de l'ouvrage à saint Anselme. La quatrième, où le nom d'Honoré se rencontre pour la première fois (44), fut encore donnée à Båle, l'an 1544, avec celle de six autres écrits du même auteur, par les soins de Jean Herold, chez les héritiers de Cratander, en un volume in-8°. La cinquième, du même format, date de Spire, l'an 1583, chez Bernard Albin. La sixième fait partie du XIIe tome de la bibliothèque des Pères, imprimée à Cologne. On voit la septième dans le XX volume du même Recueil publié à Lyon.

On a fait aussi l'honneur à ce livre de le traduire en italien sous ce titre Il libro de Imagine mundi composito da Honorio filosofo solitario, per loquale se potra intendere molte gentilissime e digne cose. Cette traduction existe manuscrite à la Bibliothèque du Roi (45).

11o Le traité du pape et de l'empereur, intitulé Summa de Apostolico et Augusto. Le dessein de l'auteur est d'établir deux choses, la prééminence du sacerdoce sur l'empire, et l'incapacité des princes séculiers pour conférer les dignités ecclésiastiques. Sur le premier chef, D. Pez, éditeur de ce livre, remarque fort judicieusement que si Honoré s'était renfermé dans de justes bornes, en se contentant de préférer un genre à un autre, il aurait, de son temps comme du nôtre, rencontré peu de contradicteurs. Car le point essentiel de la dispute ne consistait pas à savoir lequel des deux genres devait l'emporter sur l'autre, mais à déterminer les conséquences qui résultaient de la prééminence accordée assez universellement au premier. C'est sur ces conséquences que l'on disputait, les uns les exagérant sans mesure, les autres les resserrant avec la même indiscrétion. Honoré, décidé pour ceux-là, va jusqu'à soutenir que c'est au pape à élire l'empereur avec le consentement des princes, de même qu'à le sacrer et à le couronner. Sur le second chef, il fait ce raisonnement, qui n'est pas le pire de son livre: Je demande si les dignités ecclésiastiques sont spirituelles ou séculières. Tout homme sensé me répondra sans doute qu'elles sont de la seconde espèce. Je demande encore de quelle nature est la puissance royale. On ne manquera pas de me dire qu'elle est séculière. Donc, répliquerai-je, il n'appartient pas à cette puissance de conférer une dignité spirituelle. Il recherche ensuite l'origine de l'usage contraire, et croit la trouver dans un prétendu privilége accordé par le pape Léon III à l'empereur Charlemagne pour instituer en son nom, et comme son vicaire, des évêchés dans les Gaules et en Allemagne. Mais dès que l'Eglise a vu, dit-il, que des hommes sans moeurs et sans respect pour elle s'ingéraient, après avoir envahi l'empire sans le consentement du pape, de vendre à prix d'argent les évêchés et les autres dignités ecclésiastiques; alors frappée de l'abus et de la profanation qu'ils faisaient des choses sacrées, elle a sagement retiré ses droits des mains des étrangers, pour les dispenser elle-même suivant les lois de la convenance et de l'équité.

12° L'Echelle du ciel, ouvrage mystique divisé en deux parties qui n'ont pas grand rapport, savoir: la grande et la petite échelle. Avant D. Pez, qui en a procuré l'édition, il passait pour constant, sur la foi d'Ant. Hierat, que l'Echelle du ciel était la même chose que le traité Des affections du soleil, dont nous parlerons plus bas. Mais aujourd'hui qu'on a ces deux écrits, on voit qu'ils diffèrent entre eux autant que la morale, objet du premier, diffère de la physique sur quoi roule le second.

(42) Hist. lit. t. IX, p. 451. (43) Fabric. 1. vi, p. 818.

(44) Bibl. S. Illidii Clarom.

(15) Bibl. ms. Reg. n. 7239.

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