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ce qu'il voyait, et d'envoyer ce livre aux sept églises d'Asie (1). Par conséquent, la construction de l'église de Lydda par saint Pierre et saint Jean est aussi authentique que les trois voyages maritimes de l'image de la Vierge.

III

L'autre portrait de Marie est celui de NotreDame d'Edesse. Celui-là, dont l'origine est également miraculeuse, est arrivé à Constantinople sous Constantin le Grand, au quatrième siècle, d'après les uns, sous Constantin Porphyrogénète, au dixième siècle, suivant les autres. Quelques écrivains, d'une autorité également respectable, le font aller non pas à Constantinople, mais directement d'Édesse à Rome, où il est l'objet d'une fête particulière

(1) Apocalypse. Liv. 1oг. —Vers. 10. Fui in Spiritu in dominicâ die, et audivi post me vocem magnam tanquam tubæ.

Vers. 11. Dicentis : Quod vides scribe libro, et mitte septem ecclesiis, quæ sunt in Asiâ, Epheso, et Smyrno, et Pergamo, et Thyatiræ, et Sardis, et Philadelphiæ, et Laodicia.

le 2 juin, jour anniversaire de son arrivée. Ce portrait a, sur le précédent, l'avantage d'avoir parlé, et c'est avec lui que saint Alexis a eu un colloque.

Quelle différence y a-t-il donc entre ces fables et celles des païens, qui, pour rendre leurs images plus vénérables au peuple, prétendaient aussi les avoir reçues par un miracle? L'image de Pallas (Palladium), descendue du ciel dans le temple bâti par Ilus, plus tard transportée à Rome par Enée, et placée dans le temple de Vesta, fut la protectrice de la ville et de l'empire. D'autres images avaient parlé, notamment la Junon de Véis. Les Romains voulant la conduire à Rome, et lui ayant demandé si elle consentait au voyage, elle fit signe de la tête en disant: Je le veux bien (1). Valère-Maxime rapporte une histoire pareille d'une image de la Fortune (2). Les livres des anciens sont remplis d'images qui pleurent, de statues qui chantent, qui suent, notamment celle d'Apollon à Cumes, et celle de la Victoire à Capoue. La statue d'Antoine fit mieux. Pendant la guerre d'Auguste contre

(1) Tite-Live, liv. v.

(2) Val. Max., liv. 1, chap. dern.

Cléopâtre, elle jeta des gouttes de sang, annonçant ainsi la mort de celui qu'elle représentait.

Au fond, toutes ces superstitions se ressem blent, mais, du moins, celles des païens nous sont arrivées dans une langue impérissable et unc incomparable poésie.

IV

Parlons maintenant du portrait de la Vierge attribué à saint Luc.

On prétend qu'après la mort de JésusChrist, Marie se retira chez les apôtres saint Pierre et saint Jean; mais on ne sait pas en quel endroit, si c'est à Jérusalem ou à Ephèse. Saint Luc, qui les visitait fréquemment, fit le portrait de la Vierge, qui, frappée de la ressemblance, dit : « Ma grâce est atta>> chée à ce portrait. »

Le premier écrivain qui ait parlé de ce portrait est l'auteur anonyme du Commentaire historique, où se trouve l'histoire de l'image qui a fait trois fois le voyage de Constantinople à Rome. On peut juger par là de

la confiance qu'il mérite. Où a-t-il trouvé que saint Luc, médecin et bon écrivain, fut en même temps peintre? L'Ecriture n'en dit rien, et il n'en est parlé ni dans Eusèbe, ni dans aucun des auteurs anciens, qui, certainement, auraient eu connaissance d'un fait remarquable en tout temps, et tout à fait extraordinaire à l'époque où vivait saint Luc.

Comme il arrive presque toujours, la tradition populaire a fait taire la vérité historique, et le prétendu portrait de la Vierge a été accepté et reproduit à l'infini comme étant l'ouvrage de saint Luc. L'Épître synodale, adressée à l'empereur Théophile par les patriarches de Jérusalem, d'Antioche et d'Alexandrie, en faveur du culte des images, en parle ainsi :

<<< Le saint apôtre et évangéliste Luc à fait, >> avec la matière mélangée dont se servent >> les peintres (la cire fondue avec les cou» leurs), le divin et vénérable portrait de la » très-chaste Marie, mère de Dieu, pendant » qu'elle était encore à Jérusalem, demeu» rant dans la sainte Sion. Et il a fait ce por>> trait afin que la postérité y pût contempler » les traits de Marie comme dans un miroir. >> Et lorsque saint Luc eut montré son travail

» à la sainte Vierge elle-même, elle lui dit : « Ma grâce sera toujours avec cette image. »

Saint Jean Damascène, Nicéphore Calliste et Siméon Métaphraste répètent tout simplement la même version, amplifiée plus tard, surtout par les auteurs qui ont écrit après la compilation du Ménologe de l'empereur Basile, à la fin du dixième siècle. Outre le tableau de << la sainte Mère de Dieu portant sur son bras l'Enfant Jésus, » ces auteurs attribuent à saint Luc plusieurs autres tableaux, soit de la Vierge, soit des principaux apôtres. Occupons-nous seulement du portrait de Marie.

«

Nicéphore dit (1) que l'impératrice Pulchérie le plaça dans l'une des trois églises qu'elle fit construire à Constantinople en l'honneur de la Vierge, et que sa belle-sœur, l'impératrice Eudoxie, le lui avait envoyé d'Antioche. Ce portrait, dit Peignot, fut dans une telle vénération pendant tout le règne des empereurs de Constantinople, qu'on le portait en triomphe dans les grandes solennités et même quelquefois dans les armées pour encourager

(1) Hist. eccl., ch. xv, p. 14.

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