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III

Saint Augustin, dont la parole a ici une autorité particulière, l'Église romaine ayant adopté son opinion sur le péché originel, dit à Julien « Quoique le corps de Marie ait été » conçu par la voie de la concupiscence, elle » ne l'a pas transmise au corps dont la géné» ration a eu une autre origine. C'est pour >> cela qu'il est dit du corps de Jésus>> Christ qu'il est venu avec la ressemblance » du péché, parce que toute autre chair >> d'homme est chair du péché. Quiconque >> le nie est un hérétique détestable (1). »

Saint Augustin ajoute : « Marie, sa mère, » a été engendrée par la concupiscence de ses » parents, mais ce n'est pas ainsi qu'elle a » conçu Jésus-Christ, qu'elle a procréé, non

(1) Quia Mariæ corpus, quamvis ex tali concupiscentiâ venerit, non tamen eam trajecit in corpus quod non inde suscepit. Cæterum corpus Christi indè dictum est venisse in similitudine carnis peccati, quia omnis alia hominum caro est caro peccati. Quisquis hoc negat, detestandus hereticus invenitur. (Cont. Jul., liv. xv.)

» par l'opération d'un homme, mais >> du Saint-Esprit (1). »

par celle

Julien, dont le bon sens est révolté par ces imaginations, reproche à saint Augustin de soumettre la naissance de la mère de Dieu à l'empire du diable. C'était le moment, pour saint Augustin, de protester contre l'outrage fait à Marie et de revendiquer en son honneur le privilége de la conception immaculée. Voici, au contraire, ce qu'il répond. « Nous ne disons pas que Marie ait été assu» jettie au démon, mais, si nous ne le disons. » pas, c'est parce que la grâce de sa renais»sance spirituelle a effacé la souillure de sa >> naissance charnelle. » Après quoi saint Augustin dit à Julien : « Comprends si tu peux, » et si tu ne peux pas, crois (2). »

Julien, ne comprenant pas, ne voulut pas croire. Nous sommes un assez grand nombre comme Julien; mais ce que nous voyons très-clairement dans la polémique de saint

(1) Maria quidem mater ejus, de carnali concupiscentiâ parentum nata est ; non autem Christum sic ipsa concepit, quem non de virili semine, sed de Spiritu sancto. (Cont. Jul., ouv. imp., liv. vi, no 10.)

(2) Si potes, intellige; si non potes, crede. (Cont. Jul., ouv. imp., liv. Iv, no 104.)

Augustin, c'est qu'il était formellement opposé à la doctrine dont l'Église romaine vient de faire un article de foi.

Saint Fulgence s'exprime ainsi : « Le corps » de Marie, qui a été conçu dans l'iniquité, » ayant été formé par la voie ordinaire de la » génération, a été certainement une chair » de péché (1). >>

Saint Anselme, archevêque de Cantorbéry, est encore plus net : << Quoique la con»ception de J.-C. soit pure et exempte du » péché de la concupiscence charnelle, ce>> pendant la Vierge, dont le corps de J.-C. a » été tiré, a été conçue dans l'iniquité, sa » mère l'a conçue dans le péché et elle a été >> coupable du péché originel (2). »

Saint Bonaventure dit : « Si la Vierge n'eût » pas été coupable, elle n'aurait pas été ra>> chetée par la mort de Jésus-Christ, ce

(1) Caro Mariæ, quæ in iniquitatibus fuerat humauâ solemnitate concepta, caro fuit utique peccati. (De incarnat. et gratiá Christi, ch. vi.)

(2) Licet Christi conceptio munda sit et absque carnalis delectationis peccato, Virgo tamen ipsa unde assumptus est, in iniquitatibus concepta est, et in peccatis concepit eam mater ejus et cum originali peccato concepta est. (Cur Deus homo, liv. 11, ch. 14., cité par le P. Bandel, p. 45.)

» qu'il est impie et horrible de dire (1). » Après avoir invoqué l'autorité de saint Paul, de saint Augustin et la tradition de l'Eglise, saint Bonaventure ajoute : « Or, au>> cun des hommes que nous avons vus ou en>> tendus jusqu'à présent n'a jamais osé dire » que la bienheureuse Vierge ait été conçue » sans le péché originel. »

Parmi ceux dont parle saint Bonaventure, il faut mettre en première ligne saint Thomas, son ami, dont voici les paroles : « La bien>> heureuse Vierge Marie a contracté la tache » du péché originel, parce qu'elle a été conçue » par l'union charnelle des deux sexes. » D'ailleurs, si elle avait été conçue sans pé» ché, elle n'aurait pas eu besoin d'être ra» chetée par Jésus-Christ, ce qui ne peut se » dire sans offenser Jésus-Christ (2). »

S'appuyant sur ce passage de l'Ecriture:

(1) Si peccatum non habuisset, Christi morte redempta non fuisset, quod est impium et nefarium dicere. (In. 3. Sent., dist. 3, q. 1, art. 2.)

(2) Beata Virgo, quia fuit concepta ex commixtione parentum, originale peecatum contraxit. (3 part., q. 27, art. 2, ad. 4.) Si sine peccato concepta fuisset, non indigeret per Christum redimi, quod derogat dignitati ejus. (In compend. theolog.)

<«<La mort est la solde du péché, » dont l'Eglise a fait un article de foi, saint Bonaventure dit : « Si la Vierge n'eût pas été con» çue dans le péché originel, elle n'aurait pas » dû mourir. Ainsi, ou elle serait morte in» justement, ou bien pour le salut du genre >> humain. La première supposition offense » Dieu, la seconde outrage Jésus-Christ (1). »

IV

On pourrait dire que rien n'est plus fort que ces passages de saint Anselme, de saint Bonaventure, de saint Thomas, si nous n'avions pas la lettre adressée par saint Bernard aux chanoines de Lyon, en 1140; cette lettre peut être regardée comme un traité en règle sur la matière. Le titre seul l'indique, comme il est facile d'en juger par la traduction textuelle que voici « Il blâme les chanoines de

(1) Si beata Virgo non fuisset concepta in peccato originali, tunc caruisset merito mortis, et sic vel injuste mortua fuisset, vel dispensative pro salute humani generis. Primum facit ad contumeliam Dei; secundum derogat Christo. (In 3 sent. dist. 3, q. 1, art. 2.)

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