CHAPITRE III QU'EST-CE QUE LA TRADITION? y a même cette différence que, depuis le septième siècle, la croyance à l'assomption corporelle a été générale dans l'Eglise romaine, tandis que, jusqu'au treizième siècle, la Conception immaculée y a été absolument inconnue ou formellement niée. L'Eglise romaine prétend avoir trouvé des témoignages en faveur du nouveau dogme dans les traditions des Eglises grecque, cophte et syriaque. Deux savants hommes ont dé pensé beaucoup de temps et d'érudition à rassembler là-dessus des preuves parfaitement inutiles, même à les supposer authentiques et sans réplique. Quand on est catholique et qu'on invoque la tradition, il ne faut ni oublier la portée de ce mot, ni équivoquer sur sa signification. Dans le sens théologique, la tradition est l'enseignement constant de l'Eglise universelle. Cet enseignement se formule par les décisions des conciles et par la voix des pasteurs, transmettant aux fidèles la parole de Dieu que les apôtres ont reçue de la bouche de Jésus-Christ et communiquée à leurs disciples. Cette tradition peut se constater encore par les pratiques générales du culte public, par les cérémonies également générales de la liturgie, par le témoignage unanime des auteurs orthodoxes, et même, en certains cas, par celui de quelques auteurs profanes et hérétiques. La tradition ainsi définie, et il n'y a pas moyen de la définir autrement, l'Eglise romaine peut-elle l'invoquer en faveur du nouveau dogme? Non. CHAPITRE IV DOCTRINE DE L'ÉCRITURE ET DES PÈRES SUR L'IMMACULÉE CONCEPTION. I Dans la religion romaine, surtout en matière de dogme, il s'agit non d'inventer, mais de conserver. Il faut donc, pour bien juger la décision solennelle que le pape vient de rendre sur la conception de la Vierge, savoir ce que dit là-dessus l'Ecriture sainte, ce qu'en ont pensé les autres papes, ce qu'ont enseigné les Pères, les théologiens, les doc teurs. Les citations ont ici l'importance d'un principe, elles sont les meilleurs arguments. Cependant, comme il était impossible de les prodiguer par centaines, sans s'exposer à fatiguer le lecteur, et que j'ai dû faire un choix, j'ai pris exclusivement l'opinion de ceux que l'Eglise romaine a mis sur ses autels comme saints, de ceux dont l'autorité passe dans les écoles pour irréfragable, et la parole pour infaillible. Saint Paul dit (1): « Le péché est entré » dans le monde par un seul homme et la >> morty est entrée par le péché. Ainsi la mort » est passée dans tous les hommes par celui » en qui tous ont péché. » << C'est pour cela, ajoute l'apôtre (2), que >> nous sommes tous enfants de colère. » Ainsi tous sont coupables en Adam, JésusChrist seul a été affranchi du péché, «< qui » répugne à sa nature (3). » (1) Propterea sicut per unum hominem peccatum in hunc mundum intravit, et per peccatum mors, et ita in omnes homines mors pertransiit, in quo omnes peccaverunt. (Rom., ch. v, v. 12.) (2) Naturâ filii iræ. (Eph., ch. 11, v. 3.) (3) Tentatum autem per omnia pro similitudine absque peccato. (Heb., ch. iv, v. 15.) CHAPITRE IV DOCTRINE DE L'ÉCRITURE ET DES PÈRES SUR L'IMMACULÉE CONCEPTION. I Dans la religion romaine, surtout en matière de dogme, il s'agit non d'inventer, mais de conserver. Il faut donc, pour bien juger la décision solennelle que le pape vient de rendre sur la conception de la Vierge, savoir ce que dit là-dessus l'Ecriture sainte, ce qu'en ont pensé les autres papes, ce qu'ont enseigné les Pères, les théologiens, les doc |