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les légendaires d'imaginer toute sortes d'histoires apocryphes. Benoît XIV, si judicieux et si éclairé, a blâmé ces inventions dont l'industrie s'est toujours servie pour exploiter l'ignorance. « Peut-être s'étonnera-t-on, dit» il, que nous ne parlions pas de la naissance » de la Sainte Vierge; mais l'Écriture se tai>> sant là-dessus, nous avons cru bien faire » de nous taire aussi, d'autant plus qu'il » s'agit d'une affaire incertaine, sur laquelle >> plusieurs ayant voulu écrire, ont prouvé » qu'ils avaient puisé à des sources impures » ce qu'ils nous ont transmis, notamment » dans le Protévangile faussement attribué à » saint Jacques; dans le livre De ortu Virginis, >> attribué, faussement aussi, soit à saint Jac»ques, soit à saint Cyrille d'Alexandrie; dans » un autre livre du même genre que Seleucus >> affirme en vain être de saint Matthieu; dans >> la lettre apocryphe de saint Evodius; et » dans un autre ouvrage sur le même sujet » que les religieux de Saint-Maur, dans leur » édition de saint Augustin, tome 5, ont re» jeté parmi les œuvres apocryphes du saint >> docteur (1). »

(1) Fortasse non nemo mirabitur, nos de nativitate B. Virginis nihil afferrc; sed cum de ea sacer textus om

III

Quant à la mort de la Vierge, il est absolument impossible de savoir où et quand elle a eu lieu. Les uns prétendent que Marie est morte à Ephèse où elle avait suivi saint Jean, d'autres en Judée après la dispersion des apôtres. Eusèbe la fait mourir à soixante-huit ans, l'an 48 de l'ère vulgaire; Nicéphore (1) à soixante ans, Hippolyte de Thèbes à soixante-six ; l'Art de vérifier les dates, à soixante-trois ans, le 3 avril 786 de Rome, 33 de notre ère. Plus de deux cents auteurs ont écrit là-dessus, et

nino sileat, optimum putavimus et nos de re prorsus incerta tacere, de qua cum plures scribere voluerint, ex turbidis fontibus, quæ tradiderunt, hausisse videntur, puta ex proto-evangelio, quod sancto Jacobo falso tribuitur, ex libro de ortu Virginis, qui perperam sancto Jacobo fratri Domini nostri Jesu Christi, et a quibusdam Cyrillo Alexandrino adscribitur; ex libro de ortu Virginis cujus auctorem Seleucus falso affirmavit faisse evangelistam Matthæum; ex commentitia sancti Evodii epistola, et ex opusculo de nativitate sanctæ Mariæ, quod monachi Sancti-Mauri in editione sancti Hieronymi, tom. V, ad scripta sancti doctoris spuria rejecerunt. De festis B. M. V.

(1) Hist. eccl., liv. 1, ch. 21.

leurs opinions contradictoires sont un modèle de confusion. Qu'on juge de la confiance qu'ils méritent, quand ils nous racontent les détails de cette mort, sur laquelle ils sont si bien renseignés.

Juvénal, patriarche de Jérusalem, écrit à l'empereur Marcien et à l'impératrice Pulchérie, que les apôtres assistèrent aux funérailles de la Vierge, et que trois jours après, Thomas, revenant de voyage et ayant conservé l'excellente habitude de ne pas croire sans avoir vu, fit ouvrir le tombeau, d'où s'exhala une odeur délicieuse. Mais le corps avait disparu, et il ne restait plus que les linceuls dont on l'avait enveloppé. Qu'était devenu ce corps, que sont devenus les linceuls? Juvénal et Nicéphore, qui cite sa lettre (1), n'en disent rien, et saint Jean Damascène, qui rapporte le même événement, n'en sait pas davantage.

Certaines églises prétendent posséder et elles offrent à la vénération des fidèles la robe de la Vierge, sa ceinture, son voile, son écharpe, son manteau, ses fuseaux, ses lacets, ses peigues, ses gants, ses souliers, ses

(1) Liv. 11, ch. 23.

chemises, et l'anneau que saint Joseph lui donna pour ses fiançailles. Les catholiques ont toujours été grands amateurs et habiles marchands de reliques. Comment se fait-il que ces précieux linceuls aient échappé à la piété des uns et à l'industrie des autres?

Saint Épiphane tranche la difficulté. D'après lui, la sainte Vierge n'est pas morte, Jésus-Christ n'ayant pas voulu soumettre à la loi générale de la nature humaine le corps. qui avait servi à son incarnation. Très-bien; mais, alors, que devient le récit du patriarche Juvénal, de Nicéphore et de saint Jean Damascène? La croyance générale des catholiques, c'est que la Vierge est morte, qu'elle est ressuscitée et qu'elle a été enlevée dans le Ciel, où elle est en corps et en âme. Mais il n'existe nulle part une preuve de cette assomption corporelle, célébrée cependant chaque année avec solennité le 15 août.

Les esprits soumis, mais qui ne voudraient rien croire de hasardé ou d'apocryphe en un sujet aussi grave, aiment mieux ignorer pieusement ce que Dieu a fait du corps de la Vierge. Si les évêques qui viennent de s'assembler à Rome le savaient, c'était le moment de le dire et de tirer d'embarras les

fidèles timorés. Je ne suppose pas qu'il eût été plus difficile de faire cette découverte que de pénétrer le mystère de la Conception.

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