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CHAPITRE II

HISTOIRE DE LA VIERGE.

Parlons d'abord très-sommairement de la personne de la Vierge. Son histoire est un tissu d'incertitudes, d'assertions aussi hasardées que contradictoires.

Il est impossible de trouver dans l'Évangile un seul mot sur ses parents. Eusèbe, saint Ambroise, saint Justin, Nicéphore, Théophilacte, Damascène, Jules Africain, saint Au

gustin, et cent auteurs après eux, ont inutilement essayé de lui faire une généalogie un peu claire. Saint Luc (1) dit que saint Joseph avait pour père Héli, fils de Mathat. Corneille la Pierre (Cornelius à Lapide), dans ses informes compilations, voulant expliquer ce mot père, prétend que « Héli n'était autre qu'Eliakim, » ou Joackim, époux de sainte Anne et père » de Marie, beau-père de Joseph, époux de » Marie, ce qui est signifié par ce mot » père (2). » Une telle explication ne prouve que l'impossibilité où Cornélius à Lapide a été, comme tous les historiens ecclésiastiques, d'en donner une satisfaisante.

Le nom d'Anne, qui veut dire « grâce, » et celui de Joackim, qui signifie « préparation du Seigneur, » paraissent avoir été inventés au sixième siècle. Les amateurs d'érudition peuvent voir ce que disent là-dessus Tillemont (3),

(1) Et ipse Jésus erat incipiens quasi annorum triginta, ut putabatur, filius Joseph, qui fuit Heli, qui fuit Mathat. (Chap. III, vers 25.)

(2) Heli ergo dicitur pater Joseph, pater id est socer, Heli enim per apocopen idem est, qui Eliakim, sive Ioachim, maritus beatæ Annæ et pater beatæ Virginis, cujus maritus erat Joseph gener Joachim et Annæ.

(3) Not. 5, ad. vit. B. V.

Sery (1), Baillet (2), le père Alexandre (3), Tirin (4), le père Lami (5), Salien (6) et Nicéphore Calliste (7). Le plus sensé, à mon avis, est Pierre Damien, qui regarde comme perdu le temps consacré à rechercher les noms des parents de la Vierge (8).

Le martyrologe romain, au 20 mars, parle de saint Joachim comme du père de Marie, Jules II ayant, en 1510, fixé ce jour-là pour la célébration de cette fête. Mais Pie V la fit disparaître du calendrier et du bréviaire, où elle fut rétablie par Grégoire XIII en 1584 (9).

(1) Exerc, hist., crit. polemica de Chr. ejusque virg. matre... Exer. 18.

(2) Vie des Saints.

(3) Histoire de l'Église.

(4) Sur le 16o verset du Ier chap. de saint Matthieu. (5) Har., chap. 7, pag. 30.

(6) An du monde 4038.

(7) Hist. eccl., liv. I, ch. 7.

(8) Nonnulli cum plus sapere, quam oportet sapere, gestiunt, ejus pater vel quæ mater B. Mariæ fuerit, studio superfluæ charitatis inquirunt. Sed aliquis lector nimis inutiliter quærit, quod evangelista narrare superfluum duxit. Si enim hic notitiæ utilitatem esse cognosceret, nequaquam nobilis historicus rem necessariam silentio præteriret. Serm. 3, de Nativ. B. V.

(9) Thomassin. De dierum festorum celebratione, liv. 11, ch. xxi, no 11.

Quelque temps après, l'office récité en l'honneur de saint Joachim fut modifié (1), nouvelle preuve de l'harmonie qui règne dans les décisions des papes.

La fête de sainte Anne ne date pas de plus loin que 1584, et ce fut Grégoire XIII qui en régla l'office.

II

En ce qui concerne Marie, on ignore également le jour de sa naissance et celui de sa mort. Les PP. Catou et Rouillé (2) la font naître l'an de Rome 738, le 34° de l'empire, sous le consulat de Lucius Drusus Libo et de Lucius Calpurnius Piso. Baronius prétend qu'elle est venue au monde l'an de Rome 733, le 8 septembre, un samedi, au point du jour. Il oublie de dire où il a pris ces détails, qui semblent tirés du procès-verbal d'un témoin oculaire. L'opinion la plus suivie est celle du savant le Nain de Tillemont, qui

(1) Spondanus ad an. Christi 1622, no 1.
(2) Histoire romaine, t. xix, p. 326.

place la naissance de la Vierge en l'an de Rome 734. Cependant Peignot, qui a comparé toutes les opinions, pense qu'elle a dû naître l'an 732.

Ce n'est pas l'Évangile qui peut, à cet égard, nous tirer d'embarras. La Vierge y parle quatre fois. La première, à l'ange qui lui a déjà adressé deux fois la parole; la seconde, à Élisabeth; la troisième, à JésusChrist, âgé de douze ans, pour lui exprimer sa douleur de l'avoir perdu; la quatrième, aux noces de Cana, d'abord à son fils, ensuite aux serviteurs. Après cela il n'est plus question de Marie que dans trois occasions : 1° Lorsqu'on dit à Jésus : « Voici votre mère » et vos frères qui sont dehors et qui vous » demandent (1). » 2° A la passion, lorsque Marie se rend au pied de la croix (2). 3o Après l'ascension, lorsqu'on la retrouve << dans une chambre haute » avec plusieurs apôtres et les frères de Jésus (3).

Depuis ce moment, l'Écriture ne dit plus un mot de la Vierge, ce qui n'a pas empêché

(1) Saint Matth., xu, 47. Saint Marc, III, 32.

Saint Luc, VIII, 20.

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(2) Saint Jean, xix, 25 et 26. (5) Act., 1, 15, 14.

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