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CHAPITRE XXXIV.

LES EMPEREURS SYRIENS; L'ANARCHIE MILITAIRE.

1. Pertinax (193). — 2. Didius Julianus (193).

3. Septime Sévère

(193-211). 4. Caracalla (211-217). 5. Macrin (217-218). 6. Élagabal (218-222). — 7. Alexandre Sévère (222-235). — 8. L'anarchie militaire (235-278); Maximin (235); six empereurs en neuf ans. 9. Première apparition des Francs (241). 10. Philippe (244). - 11. Decius (249). — 12. Gallus (251), Æmilianus (253), Valérien (253). — 13. Gallien (260-268); les trente tyrans.

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1. Pertinax (193). - Pertinax était préfet de la ville à la mort de Commode; les meurtriers de ce prince le proclamèrent empereur, et le sénat approuva leur choix (1er janvier 193). Plein d'expérience, d'équité et de bonnes intentions, Pertinax voulait remettre l'ordre dans l'État et dans les finances, ébranlées par les folies du dernier prince; il fit vendre les meubles du palais impérial, effaça quelques-unes des entraves qui gênaient le commerce, et exempta d'impôts pour dix ans ceux qui remettraient en culture les terres déjà désertes de l'Italie. Mais cet ordre et cette économie ne faisaient pas le compte des soldats au bout de trois mois ils vinrent l'égorger dans son palais (28 mars).

2. Didius Julianus (193). Alors commencèrent des scènes sans nom et heureusement sans exemple. La soldatesque mit littéralement l'empire aux enchères; deux acquéreurs se présentèrent, qui luttèrent entre eux de promesses, et la monarchie d'Auguste fut adjugée au vieux consulaire Didius Julianus, au prix de 6250 drachmes pour chaque soldat. La vente terminée, les prétoriens conduisirent, en ordre de bataille, Didius au palais; le sénat accepta l'élu des soldats. Didius avait promis plus qu'il ne pouvait tenir, et les créanciers, im

placables pour leur imprudent débiteur, l'auraient sans doute eux-mêmes renversé, s'ils n'avaient été prévenus par les légions des frontières qui voulurent, elles aussi, donner l'empire pour ne pas laisser aux seuls prétoriens les profits d'une élection. Les légions de Bretagne proclamèrent leur chef Albinus; celles de Syrie, Pescennius Niger; celles d'Illyrie, Septime Sévère. Celui-ci se trouvant le plus rapproché de Rome en prit la route. Le sénat, encouragé par son approche, déclara Didius ennemi public, le fit tuer, punit les meurtriers de Pertinax et reconnut Sévère empereur.

3. Septime Sévère (193-211).-Sévère avait épousé une Syrienne, et on le considère quelquefois comme le premier des princes syriens, bien qu'il fût d'origine africaine. Il commença par casser les prétoriens. Malheureusement, au lieu d'abolir cette garde turbulente, il se contenta de la changer; il la rendit même plus nombreuse. Les affaires les plus pressantes achevées à Rome, il s'occupa de ses compétiteurs, et, pour ne point avoir deux ennemis à combattre à la fois, il reconnut à Albinus le titre de César, tandis qu'il marchait contre Niger. Celui-ci jouissait doucement, à Antioche, de són nouveau titre; ses troupes, depuis longtemps déshabituées des exercices militaires, furent battues à Cyzique, près de Nicée, en Phrygie, et une seconde fois près d'Issus. Leur empereur fut tué à Antioche au moment où il voulait fuir vers les Parthes (195). Albinus s'aperçut trop tard qu'il avait été joué, mais, le sénat l'appelant secrètement, il voulut à son tour prévenir son rival, et passa en Gaule en prenant le titre d'Auguste. Il avança jusqu'à Lyon, où, le 19 février 197, un combat sanglant s'engagea entre les légions de Bretagne et celles d'Illyrie. Albinus fut vaincu et tué. Lyon, qui lui avait ouvert ses portes, fut pillé et livré aux flammes. Quand Sévère envoya au sénat la tête d'Albinus, il lui écrivit une lettre menaçante, et, de retour lui-même à Rome, il exerça les plus atroces cruautés : quarante et une familles sénatoriales s'éteignirent sous la hache du bourreau.

Pour jeter un peu de gloire sur ces cruautés, il attaqua les Parthes, qui avaient fait alliance avec Niger, et prit Séleucie et Ctésiphon, qu'il livra au pillage; mais ces conquêtes ne furent pas plus durables que celles de Trajan. A son retour, Sévère ordonna la cinquième persécution contre les chrétiens, malgré les éloquentes apologies de Tertullien et de Minutius Félix. Le principal conseiller de toutes ces cruautés était son ministre Plautien, Africain comme lui, et de basse extraction; après l'expédition contre les Parthes, le ministre obtint que sa fille fût fiancée à Bassien Caracalla, le fils aîné de l'empereur (203). Mais le jeune prince, haïssant autant la fille que le père, accusa celui-ci de conspirer, et le fit mettre à mort sous les yeux de l'empereur. Il fut remplacé par le jurisconsulte Papinien.

Sévère entendait mettre dans l'État la même discipline que dans l'armée. Aussi son administration fut si économe, qu'à sa mort on trouva du blé pour sept ans dans les greniers de Rome. « Contentez les soldats, disait-il à ses enfants, et ne vous inquiétez pas du reste. Avec eux vous repousserez les Barbares et vous contiendrez le peuple. » Il ne voulait pas dire qu'il fallait négliger la discipline. Loin de là, elle ne fut jamais si sévèrement maintenue; mais il leur accordait en même temps des priviléges, une augmentation de solde et des distinctions pour faire d'eux l'unique appui de son gou

vernement.

Après quelques années de repos, Sévère fut appelé en Bretagne par une révolte; il n'eut pas de peine à l'apaiser. Il pénétra fort avant dans les montagnes des Calédoniens; mais, harcelé sans relâche, fatigué par de continuelles attaques qui lui coûtèrent jusqu'à 50000 hommes, il revint à la politique d'Hadrien, et construisit un mur d'un rivage à l'autre, sur la ligne tracée par Agricola.

Pendant cette expédition, il avait été constamment malade; son fils Bassien, appelé Caracalla, du nom d'un vêtement gaulois qu'il aimait à porter, ne put cepen

dant attendre sa fin prochaine et tenta de l'assassiner. Dès lors le mal de l'empereur augmenta. Il expira en disant : « J'ai été tout, et tout n'est rien. » Son dernier

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mot d'ordre avait été laboremus (travaillons)! Il laissait deux fils, Caracalla et Géta (211).

4. Caracalla (211-217). - Les deux frères, qui avaient déjà troublé le palais de leurs querelles, se hâ

tèrent de revenir à Rome. Ils voulaient partager l'empire, mais leur mère s'y opposa. Ils en vinrent bientôt à menacer réciproquement leur vie; Caracalla réussit le premier il poignarda son frère dans les bras de Julia Domna. Le célèbre jurisconsulte Papinien, qui refusa de faire une apologie publique du fratricide, fut mis à mort, et avec lui périrent vingt mille personnes amies de Géta ou ses partisans. Caracalla ne sévit pas seulement à Rome, il porta dans toutes les provinces sa cruauté. A Alexandrie, pour se venger de quelques épigrammes, il ordonna un massacre de tout le peuple désarmé. Afin de pouvoir se décorer du nom de Parthicus,

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il fit quelques ravages dans la Mésopotamie. Il fut tué à Charres par un centurion qui avait une injure à venger (217).

5. Macrin (217-218). L'armée élut le préfet des gardes, Macrin, qui, après une sanglante bataille livrée dans la Mésopotamie, acheta la paix au prix de 80 millions de deniers. De retour à Antioche, il écrivit au sénat qu'il y aurait sous son gouvernement liberté et sécurité; mais les mesures sévères qu'il prit pour le rétablissement de la discipline lui aliénèrent les esprits. Les soldats, mutinés dans leur camp, proclamèrent le jeune et beau grand prêtre d'Émèse, Bassianus, fils de Soémis, et le nommèrent Antonin, car la grand'mère de Bassianus, Julia Mosa, sœur de l'impératrice Julia Domna, le faisait passer pour le fils de Caracalla. Les troupes envoyées contre les rebelles tournèrent

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