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l'avare et cruel favori fut tué dans une sédition populaire qu'avaient excitée la peste et la famine.

La cruauté de Commode, provoquée par les conspirations, ne connut plus de bornes. Il lança des sentences de mort contre les hommes les plus vertueux, contre ses proches, contre le sénat et même contre le grand jurisconsulte Salvius Julianus. Accordant toute licence aux prétoriens, il croyait avec leur appui n'avoir rien à craindre; mais ceux qui l'approchaient le plus étaient ceux qui étaient le plus menacés: ce fut leur main qui le frappa. La veille des saturnales, il voulut passer la nuit dans une école de gladiateurs, malgré les observations qu'on lui fit sur un séjour si indigne de la majesté impériale. Là il écrivit sur des tablettes les noms de ceux qu'il se proposait de faire périr la nuit prochaine : en tête étaient sa concubine Marcia, le chambellan Electus et le préfet des gardes Lætus. Comme il s'était endormi quelques instants, un enfant prit ces tablettes et les montra à Marcia, qui se hâta de le prévenir : après le bain, elle lui donna un breuvage empoisonné, et, comme il ne provoquait qu'un vomissement, elle et ses complices, qu'un même sort menaçait, firent étrangler Commode par un jeune et vigoureux athlète (31 déc. 192). Son cadavre fut secrètement porté au palais, et l'on répandit le bruit que Commode était mort d'un coup de

sang.

des

Pendant le règne de ce prince, il n'y avait eu que guerres peu importantes sur les frontières de la Bretagne et de la Dacie. Marcellus et Pertinax les avaient terminées heureusement.

CHAPITRE XXXIII.

ADMINISTRATION ET LÉGISLATION;

LES GRANDS JURISCONSULTES.

1 État de l'empire au deuxième siècle de notre ère limites, routes, postes, etc. 2. Fortifications des frontières; castra stativa; mur d'Hadrien. 3. Autorité absolue du prince. - 4. Les prétoriens, le donativum, le préfet du prétoire. 5. Succession à l'empire. 6. Le sénat. 7. Le peuple. 8. Organisation judiciaire. 10. Les légions. · 11. État de Rome. 12. Industrie et commerce. 13. Dépravation des 14. Décadence de la littérature. 15. Législation; les grands jurisconsultes. 16. Les arts; monuments de la grandeur romaine.

- 9. Organisation financière.

mœurs.

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-

1. État de l'empire au deuxième siècle de notre ère : limites, routes, postes, etc. L'Atlantique, le Rhin, le Danube, la mer Noire, l'Euphrate, les cataractes du Nil et les déserts de l'Afrique marquaient, au deuxième siècle de notre ère, les limites de l'empire qui, depuis Auguste et Claude, n'acquit réellement que la Bretagne jusqu'au mur des Pictes, sous Domitien, et la Dacie, sous Trajan. La division en provinces de l'empereur et en provinces du sénat subsista, mais l'empereur était absolu dans les unes comme dans les autres. Héritiers des censeurs de la république, les empereurs continuèrent les ouvrages qu'ils avaient commencés. Auguste fit réparer et continuer toutes les routes de l'Italie, souvent à ses dépens, chargea Agrippa d'en percer de nouvelles à travers la Gaule, et lui-même conduisit jusqu'à Gadès la voie qui traversait les Pyrénées orientales. A son exemple, ses successeurs couvrirent l'empire d'un immense réseau de voies militaires sur

lesquelles étaient disposées, de distance en distance, des stationes et des mansiones, espèces de relais où étaient préparées toutes les choses nécessaires à la rapidité et à la sûreté du voyage. Ainsi Tibère put faire 200 milles en vingt-quatre heures.

2. Fortifications des frontières; castra stativa; mur d'Hadrien.

L'empire avait rendu les armées permanentes. Vingt-cinq légions rangées le long du Rhin, du Danube et de l'Euphrate, s'établirent dans des camps qui devinrent peu à peu des villes importantes, comme Castra Regina (Ratisbonne), Batava Castra (Passau), etc., etc.

L'Asie eut aussi le long de l'Euphrate et dans l'Arabie Pétrée, la Tripolitaine et l'ancien pays des Numides et des Maures, une ligne de postes fortifiés, destinés à surveiller les Barbares et à contenir les nomades. Quelquefois, au lieu de forts, on bâtissait un mur continu, protégé par un fossé, comme celui d'Hadrien. Un autre retranchement, d'une étendue de 560 kilomètres environ, commencé par Drusus, s'élevait entre le Rhin et le Danube.

Ces précautions étaient nécessaires, car au troisième siècle la Germanie avait pris une position menaçante, deux confédérations nouvelles s'étant formées, celle des Francs, qui attaqueront sans cesse les postes du bas Rhin, celle des Alamans, qui menaceront ceux du haut Rhin et de la Rhétie. Enfin au nord-ouest se montraient les Saxons, à l'est les Goths déjà arrivés sur le Danube. Au-delà de l'Euphrate, les Perses, qui vont renverser en 226 l'empire des Parthes, seront aussi pour l'empire de redoutables voisins.

3. Autorité absolue du prince. Les derniers restes des formes républicaines ont disparu. Le sénat subsiste toujours, mais Hadrien a transféré ses pouvoirs à un conseil qu'il compose à son gré (consistorium principis), lequel traite toutes les affaires importantes, et les jurisconsultes ont déjà déclaré que la volonté du prince était la loi. Ainsi s'était constitué le despotisme

le plus absolu dans les affaires civiles, politiques et religieuses.

4. Les prétoriens, le donativum, le préfet du prétoire. Ce despotisme s'appuyait sur les légions, principalement sur les prétoriens, qui, se sachant nécessaires, faisaient payer leur protection par un donativum et des gratifications répétées, souvent même renversaient un empereur pour vendre sa succession. Leur chef, le préfet du prétoire, était devenu la seconde personne de l'empire.

5. Succession à l'empire. La succession au pouvoir impérial n'avait d'autre règle que la volonté du prince, surtout que les caprices de la soldatesque, dont il fallait acheter l'assentiment. La confirmation du nouvel élu par le sénat était une vaine formalité.

6. Le sénat.

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Sous les bons princes, il semblait être encore le grand conseil de l'empire; sous d'autres, il n'était plus consulté. Ces alternatives de pouvoir et de faiblesse accusent sa trop réelle impuissance.

7. Le peuple. Quant au peuple romain, il n'en est plus question que pour mémoire il n'y a plus de comices, et l'on n'entend guère sa voix qu'au cirque ou dans les famines, réclamations bien rares et toujours bien modestes Panem et circenses! Et, comme l'empereur sur ce point-là est bon maître, le peuple, qui le voit humilier ses anciens oppresseurs et flatter ses caprices, l'applaudit et l'aime il pleura, dit-on, Néron.

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8. Organisation judiciaire. L'empereur, juge suprême, recevait les appels en dernière instance. Les judicia publica étaient ordinairement vidés dans le sénat, exécuteur des hautes œuvres impériales. Les préteurs et le préfet de la ville, assistés de juges pris parmi les sénateurs, les chevaliers et le peuple, prononçaient en matière civile.

9. Organisation financière. Il est impossible de dresser un tableau exact des revenus et des dépenses de l'empire. Peut-être les recettes s'élevaient-elles à

400 millions, sans y comprendre les ressources extraordinaires fournies par les legs et les confiscations. Comme la fortune des Romains n'était pas mieux garantie que leur liberté et leurs droits politiques, les empereurs multiplièrent et accrurent peu à peu les impôts. Les tributs payés par les provinces, la capitation en argent et en nature, le blé, le vin, l'huile et les vivres fournis aux armées ou aux fonctionnaires, qui se rendaient avec une nombreuse cohorte dans leur gouvernement, furent augmentés ou diminués selon le prince qui régnait. Quelles sommes ne dévoraient pas les folles prodigalités des Néron, des Vitellius et des Élagabal! Un impôt très-productif était celui du vingtième des héritages. Il ne frappait que les citoyens; pour lui faire rendre davantage, Caracalla donnera le droit de cité à tous les provinciaux et exigera jusqu'au dixième des successions.

10. Les légions. Outre les dix cohortes prétoriennes et les soldats germains qui formaient sa garde particulière, Auguste avait eu vingt-cinq légions; il y en eut trente sous Trajan, trente-deux sous Sévère, chacune de 6000 fantassins et 726 cavaliers. Chaque légion traînait avec elle dix grosses machines de guerre (onagri) et cinquante-cinq petites montées sur des chariots (carrobalistæ), qui lançaient des flèches et des pierres. A côté des légions servaient des corps auxiliaires d'infanterie (cohortes) et de cavalerie (ale).

L'armée était à peine romaine. C'étaient l'Illyrie, la Thrace, les provinces frontières et à demi barbares, qui recrutaient les légions. Les Germains y servaient en grand nombre, et les généraux dont les noms attestent l'origine étrangère deviennent de jour en jour plus nombreux. Sous Constantin et Théodose, chefs et soldats seront tous Barbares.

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11. État de Rome. - Auguste avait divisé Rome en quatorze quartiers que surveillaient sept cohortes de gardes nocturnes, combattu la passion pour les jeux de

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