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CHAPITRE XXXII.

SUITE DES ANTONINS HADRIEN, ANTONIN,
MARC AURÈLE ET COMMODE (117-192).

2. Son esprit pa4. Dernière ré

1. Hadrien (117-138); son avénement à l'empire. cifique. - 3. Abandon des conquêtes de Trajan. volte des Juifs (135). 5. Administration intérieure. 6. La puissance législative retirée au sénat. - 7. L'Édit perpétuel (131). - 8. Règlements pour l'armée. 9. Voyages et réformes dans les provinces. 10. Dernières années d'Hadrien. 11. Antonin (138161). 12. Marc Aurèle (161-180). 13. Commode (180-192).

1. Hadrien ; son avénement à l'empire (117-138). Trajan ne laissait point d'enfants, et, comme Alexandre, ne désigna pas de successeur; mais l'impératrice Plotine déclara que son époux avait, à ses derniers moments, adopté Hadrien, son cousin et son pupille, qui lui-même avait épousé une nièce de Trajan. On raconte qu'elle cacha pendant quelques jours la mort de l'empereur, afin de pouvoir avertir Hadrien, qui était à Antioche avec l'armée et se fit proclamer par les soldats. Le sénat reconnut sans hésitation l'élu des légions. Il faut dire que Trajan avait avancé la fortune de son neveu de manière à ce que celui-ci ne pût manquer d'arriver à l'empire.

2. Son esprit pacifique.-Hadrien, Espagnol comme Trajan, était doué de qualités éminentes; il s'était distingué dans les dernières guerres on pouvait croire qu'il allait continuer le règne guerrier de son prédécesseur. Il n'en fut rien. Auguste succéda encore une fois à César, le prince habile et pacifique au guerrier, le génie de l'administration à celui des conquêtes. « S'il m'arrive malheur, je te recommande les provinces, >> avait dit Trajan au jurisconsulte Priscus, qu'il jugeait

digne de l'empire. Ce mot, Hadrien parut l'avoir toujours présent à l'esprit. Loin de chercher de nouvelles guerres, il se hâta, pour être libre de porter tous ses soins sur l'administration intérieure, d'étouffer celles qui duraient encore. La fin du règne de Trajan avait été tristement marquée par de nombreuses révoltes. Les Juifs étaient encore en armes; les Maures, les Sarmates et les Bretons, les avaient prises. Par un mélange de force et d'adresse, il les leur fit tomber des mains.

3. Abandon d'une partie des conquêtes de Trajan. Trajan avait dépassé les bornes fixées par Auguste et par la nature même à l'empire. La conquête de la Dacie pouvait être approuvée, parce qu'à cette frontière si faible du Danube, où les glaces de chaque hiver livraient passage à l'ennemi, elle substituait la ligne, bien autrement difficile à franchir, des monts Carpathes. Mais, en Orient, s'avancer jusqu'au Tigre était dangereux. Hadrien souffrit que les Parthes reprissent leurs provinces seulement il alla trop loin en laissant décliner l'influence romaine dans l'Arménie, qui se donna un roi national. Dans l'Occident, plutôt que d'aller chercher au milieu de leurs montagnes les belliqueux Calédoniens, il éleva, pour arrêter leurs incursions, un mur qui s'étendit des bouches de la Tyne au golfe de Solway (Vallum Hadriani): il en subsiste encore des restes nombreux qu'on appelle le mur des Pictes. Décidé à mettre l'empire sur un pied respectable de défense partout où les frontières naturelles manquaient, il acheva sur les bords du Rhin les fortifications qui couvraient les terres décumates (la Souabe) et celles du bas Danube qui couvraient la Mosie contre les Roxolans. On a dit qu'il aurait voulu abandonner la Dacie, mais que trop de colons romains avaient été établis dans cette province pour qu'il pût sans injustice les en retirer, et sans cruauté les laisser exposés à l'épée des Barbares; que du moins, comme mesure de prudence, il détruisit une partie du pont de Trajan, Cette accusation est démentie par les faits.

4. Dernière révolte des Juifs (135), Son règne n'eut qu'une seule guerre, mais atroce. Hadrien, témoin de l'ébranlement que les Juifs avaient causé à tout l'Orient, voulut les arracher à leur culte, pour les soustraire à ces éternelles espérances d'un vengeur promis à leur race par Jéhovah. Il effaça le nom de la cité de David, qui devint Ælia Capitolina; il y dressa des autels à tous les dieux et défendit aux Juifs de pratiquer leur baptême sanglant. Il s'agissait donc pour ceux-ci de perdre leur nationalité religieuse, comme ils avaient perdu leur nationalité politique. A la voix du docteur Akiba, ils tentèrent encore une fois le sort des armes. Ils prirent pour chef (135) Bar Kokaba ou le fils de l'Étoile, qui se faisait passer pour le Messie attendu. Les horreurs de la dernière guerre, sous Vespasien, se renouvelèrent cinq cent quatre-vingt mille Juifs périrent, toute la Judée fut dévastée, et ce qui resta du ple fut jeté en esclavage. L'approche de Jérusalem leur fut interdite seulement une fois chaque année ils pouvaient venir chanter les lamentations de leurs prophètes sur les ruines de la cité sainte.

5. Administration intérieure.

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Hadrien s'efforça

de régulariser l'administration impériale. Il apporta à cette œuvre un remarquable esprit d'organisation et de justice. «Te voilà sauvé, » disait-il à un de ses ennemis qu'il rencontra après son avénement. Et un jour qu'il refusait d'entendre une pauvre femme : « Pourquoi es-tu empereur? » lui demanda-t-elle il l'écouta patiemment.

Venu après les excès de la tyrannie et ceux de la gloire, Hadrien fit deux choses: il condamna la politique belliqueuse de Trajan et il essaya de rendre un nouveau Domitien impossible en donnant à l'empire une organisation meilleure. Il effaça les formes républicaines qui, depuis Auguste, s'étaient perpétuées, et rendit le gouvernement plus monarchique. Il divisa tous les offices en charges de l'État, du palais et de l'armée, les magistratures civiles ayant le premier rang, et les fonctions

militaires le second. Les affranchis furent éloignés du palais, et les charges de cour, graduées suivant une hiérarchie rigoureuse, furent confiées à des chevaliers. Pour l'expédition des affaires, il institua quatre chancelleries (scrinia), et les préfets du prétoire, investis d'une autorité à la fois civile et militaire, formèrent une sorte de ministère supérieur.'

6. La puissance législative retirée au sénat. A l'exemple d'Auguste, Hadrien réunit les jurisconsultes les plus honorés pour en former un conseil secret de l'empire, qui fut définitivement investi de l'autorité législative, de sorte que les décrets du sénat commencèrent à tomber en désuétude.

7. L'Édit perpétuel (131). Les lois, les édits, les sénatus-consultes, toutes les sources du droit enfin, formaient un pêle-mêle de décisions souvent contradictoires. Salvius Julianus, par ordre de l'empereur, réunit les anciens édits prétoriens, en coordonna les dispositions et forma une sorte de code qu'on appela l'Édit perpétuel, et qui reçut, en l'année 131, force de loi. Les préteurs durent en adopter les dispositions, sauf à ajouter, suivant les besoins, des règles de forme et des articles accessoires.

L'armée fut,

8. Règlements pour l'armée. comme le palais et la haute administration, soumise à une réforme sévère. Hadrien fit pour la discipline, les exercices, l'âge où l'on devenait capable d'obtenir des grades, un grand nombre de règlements qui lui survécurent. Il donna lui-même à ses soldats l'exemple de la sobriété et du courage à supporter les fatigues, faisant des routes de 20 milles à pied, tête nue, au milieu des troupes, et vivant de leur nourriture. Suivant l'axiome: Si vis pacem, para bellum, pour conserver la paix, il mettait l'armée sur un pied formidable.

9. Voyages et réformes dans les provinces. L'activité d'Hadrien s'étendit à toutes les provinces. Il les visita les unes après les autres, l'Ouest d'abord, l'Orient ensuite, voyageant la plupart du temps à pied,

sans pompe, entouré seulement de quelques jurisconsultes, de lettrés et d'artistes. Ses voyages durèrent, sauf quelques interruptions, onze années, de 121 à 131. Nombre de villes furent décorées par lui de monuments splendides, comme Nîmes, où il éleva peut-être les arènes en l'honneur de Plotine; Athènes, où il passa plusieurs hivers et acheva le temple de Jupiter Olympien commencé par Périclès; Alexandrie, Rome enfin, qui

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lui doit son château Saint-Ange (Moles Hadriani) et le pont qui réunit cette forteresse à la ville. Les postes étaient aux frais des villes : il les prit à son compte; le fisc avait de vieilles créances: il déchargea les provinces de tout ce qu'elles restaient lui devoir depuis seize ans, et il fit brûler les registres sur le forum. Il ferma les ergastula où tant d'esclaves étaient torturés, ôta aux maîtres le droit de vie et de mort sur leur bétail humain et proscrivit les sacrifices d'hommes et d'enfants qui se faisaient encore à Mithra et au Baal carthaginois. Sa conduite envers les chrétiens fut dictée par HIST. ROMAINE, el. de 4.

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