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guerre punique n'est que de l'histoire versifiée; ce poëte fut consul sous Néron en 67. La Thébaïde de Stace, bien postérieure, car Stace était né en 61, est ampoulée et obscure. Le temps était favorable à la satire. Perse (mort en 62) s'en tint à la satire générale. Juvénal (mort sous Hadrien) flagella sans pitié les mœurs dépravées de son temps. Pétrone (mort en 66) peignit dans son Satyricon des débauches sans nom. Le genre satirique déclina lui-même. Martial n'écrivit que des épigrammes, mais il en composa 1500. La fable ne compte qu'un nom, Phèdre, contemporain de Tibère, et la tragédie un nom aussi, Sénèque le Tragique.

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15. Velleius Paterculus, Valère Maxime, Sénėque, Quintilien. Dans la littérature en prose la chute est moins rapide. Velleius Paterculus, sous Tibère, écrivit encore l'histoire (Histoire romaine) avec une grande élégance. Valère Maxime, son contemporain, est déjà plus déclamatoire (des Faitsmémorables). Sénèque, le précepteur de Néron, l'oncle de Lucain, ajoute un grand nom à la littérature romaine. Il rappelle, dans ses traités philosophiques, la facilité de Cicéron, mais non la pureté de son style; des subtilités et des déclamations refroidissent à chaque instant le lecteur, qui s'abandonne cependant en quelques endroits au charme d'une morale presque chrétienne. Les dix tragédies qu'on lui attribue ne sont certainement pas toutes de lui. Leur défaut de plan, le manque d'action, des déclamations pompeuses et vides, montrent la faiblesse de la muse tragique chez les Romains. Quintilien, Espagnol comme Sénèque, tâcha d'arrêter, dans son Institution oratoire, la décadence du goût, par de sages préceptes, et en donnant lui-même le modèle d'un style excellent.

16. Pline l'Ancien, Pline le Jeune, Tacite.

Pline l'Ancien (Histoire naturelle) est célèbre plutôt par son savoir universel que par les grâces de son style, et meurt en 79 par dévouement pour la science, en approchant trop près du Vésuve au moment de l'éruption qui engloutit Herculanum et Pompéi.

Son neveu, Pline le Jeune, compose dans un style de décadence, bien que fort élégant encore, le Panégyrique de Trajan et une multitude de lettres qu'on reconnaît avoir été écrites pour la postérité bien plus que pour ses correspondants, ce qui les rend froides et peu intéressantes. Il eut pour ami un des plus grands écrivains de la langue latine, C. Cornelius Tacitus, le gendre d'Agricola, le peintre passionné des Césars dans ses Annales et ses Histoires, le peintre véridique des Barbares dans sa Germanie. Tous deux florissaient sous Trajan.

Cette liste peut encore s'augmenter de quelques noms moins célèbres l'agronome Columelle et le géographe Méla, sous Claude; Quinte Curce, historien d'Alexandre, qui mêle trop de fables à ses récits: on le croit contemporain de Vespasien; Suétone, qui, sous Hadrien, écrivit une biographie des douze Césars; Florus, contemporain de Tacite et de Pline, qui laissa un abrégé emphatique de l'histoire romaine; Frontin, qui, sous Domitien, fit un traité des aqueducs et quatre livres sur la tactique militaire.

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Quant à la philosophie, on sait qu'à Rome il n'y en de nationale. Chacun se rangea, suivant son caractère et ses mœurs, sous la bannière d'Épicure ou sous celle de Zénon. Les doctrines relâchées du premier convenaient fort aux contemporains d'Augustc; celles de Zénon, incompatibles avec le despotisme, nourrirent la fierté républicaine et l'amour de la liberté dans le cœur de quelques vieux Romains. Les stoïciens formèrent alors un parti d'opposition politique (Thrasea, Helvidius Priscus, etc.), qui fut souvent décimé.

17. Les arts. - Même décadence dans les arts. Sous la sombre domination de Tibère, ils furent peu encouragés ce prince n'éleva aucun monument. Néron aimait l'impossible, il prenait le gigantesque pour le grandiose: de là ces efforts de mauvais goût, sa Maison d'or et cette statue colossale qu'il fit sculpter par Zénodore, et qu'avait inspirée sans doute le colosse de Mercure, fait HIST. ROMAINE, cl. de 4°.

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par le même artiste pour les Arvernes1. Vespasien forma une galerie de tableaux dans le temple de la Paix, éri

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gea l'arc de Titus et commença le Colisée, que son fils acheva. Sous Hadrien, l'art jettera un dernier éclat.

1. On vient de retrouver (1874) au sommet du Puy-de-Dôme les ruines d'un temple somptueux dédié à Mercure, et près duquel était peut-être la statue de Zénodore.

2. Il est considéré par les architectes comme le plus élégant des monuments de ce genre.

CHAPITRE XXXI.

LES ANTONINS; CONQUÊTES DE TRAJAN.

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9. Per

1. Les Antonins (96-192) Nerva (96-98). 2. Trajan (98-117). 2. Sa modération. - 4. Mesures favorables à l'Italie et aux provinces. 5. Son économie. - 6. Il respecte les droits du sénat. 7. Sa correspondance avec Pline. 8. Travaux publics. sécution contre les chrétiens (102). 10. Guerres contre les Daces; conquête de la Dacie (101-106). — 11. Expédition contre les Parthes (113-117).

1. Les Antonins (96-192): Nerva (96-98). — La famille flavienne était éteinte. Le sénat se hâta de proclamer un des conjurés, le vieux consulaire Nerva. Avec ce prince commence une période qu'on a appelée l'époque la plus heureuse de l'humanité : c'est la domination des Antonins. Nerva n'eut guère que le temps de montrer ses bonnes intentions. Les légions du Danube voulaient se révolter un éloquent exilé du dernier règne, Dion Chrysostome, les retint, dit-on, dans l'obéissance. Nerva rappela les bannis, qu'il rétablit dans la possession des biens dont ils avaient été dépouillés, fit cesser les persécutions religieuses, diminua les impôts, suspendit toutes les poursuites pour crime de lèse-majesté, prononça la peine de mort contre les esclaves et les affranchis qui auraient dénoncé leur maître, et défendit à l'avenir de recevoir leur témoignage. Les bons citoyens. purent aspirer aux charges: Tacite devint consul. Les pauvres eurent des distributions de terre, et, grâce à une sévère économie, il trouva les ressources nécessaires pour soulager les villes affligées de quelque fléau; il commença même une grande institution charitable, en formant un fonds pour élever les enfants pauvres. Il

voulait enfin n'user de son pouvoir que dans l'intérêt de l'État et unir ces deux choses jusqu'alors incompatibles : le pouvoir et la liberté. Sur le frontispice de sa demeure il fit graver ces mots : Palais public.

Comme Titus, il délibérait de toutes choses avec le sénat, et il jura de ne faire mourir aucun sénateur. Un d'eux ayant conspiré contre lui, il l'exila. Mais ce prince débonnaire manquait de fermeté : les prétoriens soulevés exigèrent qu'on leur livrât les meurtriers de Domitien, qu'ils firent périr dans les supplices. Nerva se laissa même imposer l'obligation de remercier les soldats pour cet attentat à la discipline. Au moins eut-il le sentiment de sa faiblesse : ce fut ce qui le détermina à adopter Trajan, le meilleur et le plus renommé général de l'empire; il commandait alors les légions de la haute Germanie. Trois mois après, Nerva mourut (27 janvier 98).

2. Trajan (98-117); sa sévérité à maintenir la discipline. Trajan, le plus renommé, mais non pas peut-être le plus grand des empereurs romains, avait quarante-six ans quand Nerva l'adopta. Il était Espagnol; le mélange des diverses populations de l'empire était si avancé, que personne ne songea à reprocher au nouveau prince son origine provinciale. Il manda aussitôt les auteurs de la sédition; aucun d'eux n'osa refuser, et il les dégrada, les bannit ou les punit de mort. Cette sévérité montrait à quelles mains l'empire était remis. Après la mort de Nerva, Trajan, reconnu empereur par le sénat, le peuple et les armées, resta une année encore sur les bords du Rhin pour y achever ce qu'il avait si bien commencé, la pacification des frontières et le rétablissement de la discipline. Ce dernier point était chose facile à obtenir pour un prince nourri dans les camps, qui s'imposait à lui-même les privations et les fatigues qu'il demandait à ses soldats.

3. Sa modération. Lorsqu'il partit pour l'Italie, les légionnaires de son escorte ne donnèrent lieu, tout le long de la route, à aucune plainte. Il voulut entrer

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