Obrazy na stronie
PDF
ePub

manie supérieure, la crainte ne le quitta plus; il vit des assassins dans tous ceux qui l'approchaient, et sur la fin de son règne les mauvais jours de Caligula et de Néron

[graphic][merged small]

reparurent. « Beaucoup de sénateurs, dit Suétone, dont quelques-uns avaient été consuls, furent mis à mort, comme instigateurs de complots. » Son cousin Sabinus

périt, parce que le crieur qui devait le nommer consul l'avait par mégarde appelé empereur; un autre consulaire, parce que les astrologues lui avaient prédit

une autre fortune.

Afin de s'attacher les soldats, il leur prodigua les faveurs et augmenta d'un tiers leur solde, qui n'avait pas changé depuis César, malgré le renchérissement de toutes choses. Quant au peuple, il le rassasia de jeux et de congiaires. Ces dépenses, qu'il croyait nécessaires à sa sûreté, l'obligèrent à créer des ressources que les impôts ne lui donnaient pas. De là des accusations de lèsemajesté, qui trouvaient plus aisément créance, quand les délateurs montraient dans les riches des coupables; la confiscation des biens suivait toujours la condamnation. Les judaïsants furent aussi poursuivis comme coupables d'abandonner la religion nationale. Un neveu de Vespasien, le consul Clemens, et plusieurs autres personnages, furent, sous ce prétexte, condamnés à mort ou dépouillés de leur fortune. Les philosophes furent aussi chassés de Rome, comme chefs de l'opposition: Épictète s'enfuit en Épire, Dion Chrysostome jusque chez les Barbares.

A ce penchant vers la cruauté se joignaient une vanité et un orgueil sans bornes. Après une révolte des Nasamons, peuple d'Afrique qu'il se vanta d'avoir exterminé (85), il voulut qu'on l'appelât dieu et seigneur.

10. Guerre infructueuse contre les Daces. - Domitien ambitionna pour lui-même la réputation militaire, et il força les Germains, les Marcomans et les Quades, à respecter les frontières de l'empire. Ce furent de laborieuses expéditions qu'il ne poussa pas à fond et où les Romains ne furent pas toujours victorieux, mais qui continrent les Barbares. Les Daces mêmes, qui habitaient au-delà du Danube le pays appelé aujourd'hui Transylvanie, éprouvèrent une défaite dont Domitien se hâta de profiter pour conclure la paix avec ce peuple belliqueux. Suivant une vieille politique du gouvernement impérial, il assura cette paix en pensionnant les chefs ennemis,

[graphic][subsumed][merged small]

comme ont fait tant de fois les Russes et les Anglais. Cette convention habile a été transformée en un traité honteux, et Domitien est encore appelé le tributaire des Daces.

[ocr errors]

11. Campagnes d’Agricola dans la Bretagne (7885). Sous ce règne fut achevée la conquête de la plus grande partie de la Bretagne. Vespasien y avait envoyé Cerealis, puis Agricola. Ce général, beau-père de Tacite, eut la gloire de pacifier l'île; il en fit le tour avec une flotte, mais sans parvenir à dompter les montagnards de la Calédonie. Le sud de l'Écosse seulement fut réuni à la province; pour la couvrir contre leurs incursions, il éleva une ligne de postes fortifiés entre les deux golfes de la Clyde et du Forth. La civilisation romaine, favorisée par les nombreux colons qu'il appela, prit vite possession de la Bretagne. Domitien maintint dans son commandement, jusqu'en 85, c'est-à-dire plus longtemps qu'on n'en avait l'habitude, l'habile lieutenant de son père. Quand il le rappela, il lui donna les ornements du triomphe et lui offrit la province de Syrie, qu'Agricola eut la sagesse de refuser. Pour se faire oublier, il vécut dans la retraite jusqu'en 93. Tacite voudrait bien donner à croire que son beau-père mourut alors empoisonné par Domitien.

12. Domitien est assassiné (96). La cruauté de Domitien croissant à mesure qu'il ordonnait de nouveaux supplices, son entourage se sentit menacé, et un complot se forma dans le palais même. Plusieurs personnes qu'il destinait à la mort le prévinrent; il fut tué le 18 septembre 96. Le sénat condamna sa mémoire, renversa ses statues et fit effacer son nom sur les monuments publics. Les soldats, au contraire, voulaient qu'on le proclamât dieu et l'auraient vengé, s'ils avaient trouvé un chef. Heureusement, dans cet attentat, tout le monde. était complice, même les deux préfets du prétoire.

13. État des lettres. - Le siècle qui suivit la mort d'Auguste vit les derniers grands écrivains de Rome. Le mouvement littéraire, si considérable sous le pre

mier empereur, s'était arrêté après lui, quoique le goût des lettres fût toujours resté dans la maison des Césars. Auguste lui-même, Germanicus, Tibère, Caligula, Claude, Néron, écrivirent en vers ou en prose; mais la tyrannie dégradait les muses en voulant leur arracher des flatteries vénales, ou les effrayait, lorsque, pour leurs écrits, elle précipitait de la roche Tarpéienne Saturninus, étranglait en prison Paconianus, tuait Scaurus, Cremutius Cordus et une multitude d'autres. Cependant on aimait, on recherchait les livres : on formait des bibliothèques qui sauvaient au moins les anciens trésors des littératures grecque et romaine, et, comme ce goût gagnait la province, il fut utile à la propagation des livres dans tout l'empire. Il y avait des libraires à Lyon, à Autun, et nous savons que les Épigrammes de Martial couraient la Gaule et la Bretagne. Il se forma même des sociétés littéraires. Auguste avait fondé une académie dans le palais impérial; Caligula créa celle de Lyon. A l'exemple de Vespasien, qui assigna à certains professeurs un traitement de 100 000 sesterces, avec exemption de quelques-unes des charges publiques, Trajan, Hadrien, les Antonins, établiront des cours publics dans plusieurs villes, en accordant un traitement de 9000 drachmes à ceux qui les feront. Toutes les grandes cités avaient de plus des écoles qui devenaient autant de foyers d'où la lumière se répandait de proche en proche sur les provinces les plus éloignées.

Et cepen

14. Lucain, Stace, Perse, Juvénal. dant la décadence se montre partout. L'Espagnol Lucain, neveu de Sénèque, et condamné à mort par Néron en 65, à l'âge de vingt-six ans, se plaça encore à quelque distance de Virgile, dans sa Pharsale, sinon par l'élégance de la versification et le charme des épisodes, du moins par l'intérêt du poëme, bien autrement national que Î'Énéide, et par l'énergie de son style, malheureusement quelquefois affecté et rude. Mais les Argonautiques de Valerius Flaccus (mort en 88) sont bien pâles à côté de la Pharsale. Le poëme de Silius Italicus sur la seconde

« PoprzedniaDalej »