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26 Chute de Tarquin (510).-Le sang de la chaste victime retomba sur la tête des Tarquins. Brutus, en apprenant l'attentat, juge que le moment est venu de renverser cette tyrannie abominable. Il porte le corps sanglant de Lucrèce à Rome, il appelle à la vengeance le sénat, que Tarquin a décimé, le peuple, qu'il a accablé, pour ses constructions, d'odieuses corvées, et un sénatus-consulte proclame la déchéance du roi, son exil et celui de tous les siens. Puis il court au camp, soulève l'armée, et Tarquin est réduit à fuir chez les Étrusques.

Cette même année, Athènes se délivrait de la tyrannie des Pisistratides (510).

27. Éléments de la mythologie romaine. L'ancienne religion du Latium et des premiers Romains était simple et dérivait des nécessités de la vie, des travaux des champs, des impressions d'admiration ou d'effroi causées par cette belle et mobile nature. Un des traits qui la distinguent, c'est la supériorité morale de ses dieux sur beaucoup de divinités grecques ou orientales ainsi Vesta, la vierge qui garde à la fois le foyer domestique et le foyer public; les dieux Pénates, protecteurs de la vie humaine et de la cité; Jupiter, arbitre du monde physique et du monde moral, père nourricier et suprême conservateur; le dieu Terme et la Bonne Foi, qui punissent la fraude; et ce culte touchant des Mânes qui, rendant la vie aux êtres qu'on avait aimés, montrait les aïeux veillant, par delà le tombeau, sur ceux qu'ils avaient laissés parmi les vivants. Gardiens de la propriété, de la foi conjugale et de la justice, protecteurs de l'agriculture, dispensateurs de tous les biens terrestres, ces dieux président aux actions des hommes sans partager leurs passions, mais aussi, il faut bien le dire, sans élever leur esprit au-dessus des préoccupations égoïstes du bien-être et de la sécurité. Ils ne provoquèrent pas, comme les légendes de l'O1ympe hellénique, un prodigieux essor de poésie et d'art. Ce furent des divinités obscures à qui l'on ne de

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mandait pas le beau, mais l'utile: Sator, la semence; Ops, le travail des champs; Flora, la déesse des jardins et des fleurs; Seia, qui veille aux blés mis en terre; Matura, qui les fait mûrir; Rubigo, qui les protége contre la rouille, etc. Du moins ces divinités modestes ne sont ni exigeantes ni cruelles pour offrandes, elles se contentent de fruits, de fleurs, des prémices de la moisson ou du troupeau, de libations faites avec le lait et le vin. Un autre caractère de ces dieux est leur multitude infinie Varron en comptait jusqu'à six mille. L'individu, la corporation, avaient, de plus, leur génie protecteur. Les empereurs, après que le sénat aura décrété leur apothéose, seront honorés comme les génies tutélaires de l'empire: Divus Augustus.

Quelques dieux s'élevaient cependant au-dessus de cette plèbe divine, decuriones deos, par l'éclat de leur rôle et le nombre de leurs adorateurs ainsi, Janus, le grand dieu italique, le Soleil, qui voit tout grâce à son double visage, le portier du ciel qui ouvre et ferme le jour et qui, durant la paix, tenait clos dans son temple le génie malfaisant de la guerre; Saturne, le dieu de l'âge d'or; Jupiter, le roi du ciel; Mars, le symbole de la force virile; Junon la secourable, sospita; Minerve, la déesse du bon conseil; Cérès, la protectrice des moissons; enfin les grandes divinités de la Grèce à qui les Tarquins avaient ouvert les portes de Rome. Jupiter, très-bon, très-grand, » régnait au Capitole, chastement entouré de sa famille divine, Junon son épouse et Minerve sa fille.

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28. Colléges, sacerdotaux. Le premier de tous était celui des quatre pontifes présidés par le Pontifex maximus, titre que prendront les empereurs et qui leur assurera une de leurs plus importantes prérogatives, car les pontifes étaient chargés de maintenir le culte et de juger toutes les questions religieuses. Ensuite venaient les deux flamines de Quirinus et de Mars, dieux protecteurs de Rome; le flamine dial ou prêtre de Jupiter; les quatre vestales, vierges sacrées

qui devaient entretenir le feu perpétuel de Vesta; les douze frères Arvales, flamines de Cérès, qui, chaque année, à la pleine lune de mai, célébraient les Ambarvalia en faisant le tour des champs, pour bénir les biens de la terre, solennité que rappelle notre fête touchante des rogations; les douze saliens, auxquels était confiée la garde du bouclier de Mars; les vingt féciaux, conservateurs du droit international, et les quatre augures, dépositaires d'une science ou plutôt d'une superstition grossière qui prétendait reconnaître la volonté des dieux dans les phénomènes de la nature. Tarquin appela un certain nombre de ces prêtres chargés de donner le sens des signes, et, pour accroître aux yeux du peuple l'autorité de leurs paroles, i ménagea la scène suivante: «< Augure, dit-il un jour à Navius au milieu d'une assemblée, la chose à laquelle je pense peut-elle se faire? Oui, répondit l'augure après avoir observé le ciel. - Coupe donc ce caillou avec un rasoir.»> L'augure le prit et le coupa. Dès lors personne n'osa douter de la science des augures. Grâce à leurs leçons, les Romains ne tardèrent pas à devenir le peuple le plus superstitieux de l'univers. Les moindres accidents semblaient des avertissements célestes. Un faux pas, un bruit inaccoutumé, une tristesse subite et involontaire, le pétillement de la flamme, les mugissements de la victime immolée sur l'autel, son agonie lente ou rapide, la couleur et la

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1. Voyez page 8 et 19.

Attributs sacerdotaux 2.

2. Gravure empruntée au Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines. On y voit l'Acerra, ou coffret dans lequel se mettait l'encens pour le sacrifice, la peau de la victime que le prêtre attachait à sa ceinture, et le Lituus, ou bâton sans nœuds, dont une des extrémités était recourbée et qui servait aux augures pour tracer sur la voûte du ciel les divisions idéales dont ils se servaient pour observer et interpréter les phénomènes. Les guirlandes sont celles qu'on attachait aux colonnes ou au fronton du temple.

forme des entrailles, tout fut présage pour l'État comme pour l'individu; et la grosseur du foie d'une victime, ou l'appétit inégal des poulets sacrés, amenèrent souvent les décisions les plus graves.

Ainsi, les sacerdoces étaient nombreux. Mais il faut faire pour Rome la même observation que pour la Grèce: ses prêtres ne formaient point une caste, pas même une classe à part dans la ville. C'étaient des citoyens investis habituellement d'autres fonctions militaires ou civiles, et qui ne prenaient leur rôle religieux qu'aux jours des fêtes nationales. A Rome comme à Athènes, il y avait en quelque sorte deux religions: celle de l'État, dont les rites étaient accomplis par les magistrats dans les temples de la cité; celle des particuliers, qui était observée dans chaque maison. Tout chef de famille était prêtre chez lui, pour sa femme, ses enfants et ses clients; il avait ses dieux particuliers, ses pénates, et devant leur image il faisait des libations ou déposait des offrandes; ce qui ne l'empêchait pas d'honorer, après les dieux du foyer domestique, ceux de l'État, de sacrifier à leurs autels et d'augmenter la pompe des cérémonies, en se mêlant à la foule de leurs adorateurs. Le Romain était donc rattaché par un double lien à la religion de ses pères, et, tant qu'il y resta fidèle, il conserva les mœurs fortes et pures qui firent sa fortune.

CHAPITRE III.

ÉTABLISSEMENT DE LA RÉPUBLIQUE;
LES PATRICIENS ET LES PLÉBÉIENS; CONSULS;

DICTATEURS; TRIBUNS;

COMICES PAR CURIES, PAR CENTURIES, PAR TRIBUS.

1. Les patriciens, le sénat et les clients. - 2. Les plébéiens.

semblée centuriate.

6. Mort de Brutus. Porsenna.

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3. As

5. Les fils de Brutus.

7. Valerius Publicola. - 8. Guerre contre

- 9. Horatius Coclès, Mucius Scævola, Clélie. 10. Misère des plébéiens. La dictature. 11. Bataille du lac Régille

(496). — 12. Mort de Tarquin. —13. Retraite du peuple sur le mont Sacré (493).— 14. Le tribunat.

15. Loi agraire de Spurius Cas

sius (486). 16. Les Fabius au Crémère (477). la puissance des tribuns. 18. Coriolan (490).

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- 19. Cincinnatus.

Il y

'1. Les patriciens, le sénat et les clients. avait deux peuples à Rome, les patriciens et les plébéiens, populus et plebs. Les premiers étaient les descendants des fondateurs de la ville, les fils des compagnons de Romulus et de Tatius. Ils formaient le peuple souverain, et, réunis sur le forum ou place publique, ils faisaient les lois, décidaient de la paix ou de la guerre, nommaient le roi comme les autres magistrats, et jugeaient en dernier ressort. Ainsi Horace, condamné à mort par les magistrats, en appela au peuple de cette sentence et fut absous par lui. Quand les patriciens se réunissaient au forum, ils se partageaient en trois tribus, et chacune de ces tribus se divisaient en dix curies.

Il était difficile de réunir l'assemblée générale des patriciens toutes les fois qu'il y avait une décision à prendre. Aussi avait-on établi une assemblée particulière appelée sénat, qui veillait aux intérêts de la cité et qui était formée originairement par les chefs des fa

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