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et, à l'instigation de Pothin, 20 000 soldats et un peuple irrité de trois cent mille âmes attaquèrent les 4000 Romains. C'est dans ce tumulte qu'un incendie détruisit la fameuse bibliothèque.

Dans une attaque sur l'île de Pharos, les troupes de César furent repoussées, et lui-même n'échappa qu'en se jetant à la mer, tenant, dit-on, d'une main, au-dessus de l'eau, ses Commentaires, et nageant de l'autre. Rejoint enfin par Mithridate le Pergaméen, avec une armée de Syriens, de Juifs et d'Arabes, il attaqua le camp égyptien, où le jeune Ptolémée s'était enfui. Une brillante victoire récompensa les légionnaires de leur longue patience. Le roi périt dans le Nil en fuyant. L'Égypte accepta pour reine Cléopatre, qui épousa le dernier de ses frères, Ptolémée Néotéros, tandis que sa sœur Arsinoé était envoyée captive à Rome.

13. Guerre contre Pharnace (47). Au mois d'avril 47, César partit pour arrêter les progrès menaçants de Pharnace, fils de Mithridate et roi du Bosphore, qui, profitant de la guerre civile, avait chassé de la petite Arménie et de la Cappadoce Dejotarus et Ariobarzane, battu Domitius, qui avait voulu rétablir ces deux princes, et exerçait dans ces contrées la plus affreuse cruauté. César termina cette guerre en cinq jours. « Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu, veni, vidi, vici,» écrivait-il à un ami de Rome. Il donna le Bosphore à Mithridate le Pergaméen, rétablit Ariobarzane et Dejotarus, puis, les affaires de la province réglées, partit pour l'Italie.

CHAPITRE XXII.

THAPSUS, MUNDA; DICTATURE DE CÉSAR (47-44).

1. Troubles à Rome en l'absence de César. 2. Mesures de César à Rome (47). - 3. Bataille de Thapsus (46). — 4. Mort de Caton (46). 5. Bataille de Munda (45). 6. Royauté de César sous le nom de dictature; ses lois (45). 7. Projets de César. César (44).

8. Mort de

1. Troubles à Rome en l'absence de César.

Pendant qu'il guerroyait au loin, Rome, abandonnée à des subalternes, voyait recommencer les troubles. En l'année 48, le préteur Cælius avait proposé une abolition des dettes; mais, reculant devant une opposition énergique du sénat de César, il était sorti de Rome, avait appelé Milon et cherché à soulever la Campanie. C'était assez des deux grandes ambitions qui se disputaient l'empire. On ne fit aucune attention à ces aventuriers obscurs qui périrent sans bruit. Bientôt le récit de la mort de Pompée fit éclater pour César l'enthousiasme jusqu'alors incertain. On l'élut une seconde fois dictateur et on lui donna le consulat pour cinq années, avec la puissance tribunitienne à vie. Il prit possession de la dictature à Alexandrie, et chargea Antoine du gouvernement de la ville. Brave, mais violent et débauché, Antoine manqua d'énergie et de prudence, les désordres continuèrent; heureusement son chef arrivait, il était débarqué à Tarente en septembre 47.

2. Mesures de César à Rome (47). César était vainqueur; il se souvint de Sylla, mais pour ne pas l'imiter: il ne proscrivit personne; seulement il confisqua les biens de ceux qui portaient encore les armes contre lui, et fit vendre à l'encan ceux de Pompée. Il prit pour

lui-même la dictature, et, afin de satisfaire plus de gens, multiplia les charges, fit des consuls pour trois mois, et appela au sénat des centurions, même des soldats et des Barbares. Ses partisans récompensés, il paya aux pauvres leur loyer d'une année, et accorda aux débiteurs la suppression des intérêts des trois derniers termes. Des soldats réclamaient aussi l'accomplissement de promesses oubliées et demandaient d'une voix sourde leur congé il monte sur son tribunal, il leur accorde la gratification à laquelle ils ont droit, mais il ajoute : « Je vous licencie, allez, quirites. » César avait, trouvé pour eux la plus vive offense: il les appelle citoyens, eux, ses compagnons d'armes, eux, des soldats! Les rendre citoyens, c'est les dégrader; ils aiment mieux qu'il les châtie, qu'il les décime, et ils le pressent de retirer cette flétrissante parole. On a trouvé ce mot éloquent il nous semble jeter un triste jour sur cette époque. Tout ce que nous avons dit sur la transformation des mœurs politiques est expliqué par le sens attaché maintenant à ces deux mots, soldats et citoyens, quirites et commilitones : l'homme civil n'est plus rien, l'homme de guerre, tout; le règne des armées est

venu.

3. Bataille de Thapsus (46). Cette sédition apaisée, César partit pour accabler en Afrique les débris de Pharsale. Curion, battu par le roi de Numidie, Juba, et par Varus, s'était percé de son épée. Labienus, Scipion, Afranius, Caton et d'autres pompéiens, fugitifs de Pharsale, gagnèrent cette province, où leur parti triomphait, et reconnurent Scipion pour chef. César vint chercher cette armée républicaine qui recommençait la lutte qu'on avait crue terminée à Pharsale. Il débarqua près d'Adrumète avec 3000 fantassins et 150 cavaliers (1er janvier 46). Il y fut rejoint par un certain Sittius, ancien complice de Catilina, qui était venu se mettre à la solde des princes africains et avait une grande connaissance des lieux, avec des intelligences dans tout le pays. César le chargea d'aller décider le roi de Mauri

tanie à envahir les États de Juba, quand ce prince les quitterait pour rejoindre ses alliés.

Adrumète ne put être prise, et les césariens se replièrent sur Leptis, où débarqua un convoi de troupes arrivées de Sicile. A 3 milles de Ruspina, César vint donner avec trente cohortes au milieu d'une innombrable cavalerie. Labienus, qui la commandait, s'approchant des césariens, leur cria : « Eh mais, conscrit, tu fais bien le brave! Il vous a donc tourné la tête, à vous aussi, avec ses belles paroles? Par Hercule! il vous a mis dans un mauvais pas, et je vous plains. Tu te trompes, répondit un soldat, je ne suis pas un conscrit, mais un vétéran de la 10°, et, ôtant son casque : reconnais-moi, ou mieux à ceci, » et il lui lance avec force son javelot, que Labienus n'évite qu'en faisant cabrer son cheval, qui le reçut au milieu du poitrail. Les autres césariens imitèrent le vétéran, et une charge à fond balaya la plaine.

Scipion n'était qu'à trois marches en arrière avec huit légions et 3000 chevaux, et allait être rejoint par Juba; mais une diversion du roi de Mauritanie rappela ce prince à la défense de son royaume. Renforcé de deux légions, le dictateur reprit l'offensive et, au bout de trois mois de marches, de campements sans résultat, assiégea la ville importante de Thapsus. Les pompéiens présentèrent la bataille. Malgré leur nombre et leurs éléphants, César les battit presque sans perte et enleva leurs trois camps. Toute l'armée pompéienne se débanda: Thapsus, Adrumète et Zama, ouvrirent leurs portes. Labienus, Varus et Sextus Pompée, gagnèrent l'Espagne, où s'était déjà rendu l'aîné des fils de Pompée. Cneus Scipion se perça de son épée. Presque tous les autres chefs périrent; Juba et Petreius se tuèrent auprès de Zama, qui n'avait pas voulu recevoir le roi fugitif.

4. Mort de Caton (46). Caton commandait à Utique, mais les Romains qui se trouvaient dans la place refusèrent de la défendre. Dès lors il ne songea qu'à

sauver ceux qui n'osaient attendre leur grâce de César, fit fermer toutes les portes, excepté celles du port, donna des vaisseaux à ceux qui en manquaient et veilla à ce que tout se fit avec ordre. Après le bain, il soupa en compagnie nombreuse; quand il eut congédié ses convives, il se retira et lut dans son lit le dialogue de Platon sur l'immortalité de l'âme. Il s'interrompit après quelques pages, chercha son épée et, ne la trouvant pas, appela ses esclaves pour la leur demander; il frappa l'un d'eux si violemment que sa main en fut ensanglantée. Son fils, entra fondant en larmes avec ses amis. Caton se leva alors et lui dit d'un ton sévère : « Tu m'enlèves mes armes pour me livrer sans défense: que ne me fais-tu lier aussi les mains derrière le dos? Ai-je besoin d'un glaive pour m'ôter la vie? » On lui envoya son épée par un enfant : « Maintenant je suis mon maître, » dit-il. Alors il reprit le Phédon, le relut deux fois en entier, et s'endormit d'un profond sommeil. Comme les oiseaux commençaient à chanter, dit son biographe, il se réveilla, prit son épée et se l'enfonça au-dessous de la poitrine. En luttant contre la douleur, il tomba de son lit. A ce bruit, on accourut : les entrailles lui sortaient du corps, et il regardait fixement. La blessure cependant n'était pas mortelle. Un médecin la banda, mais, dès qu'il eut repris ses sens, il arracha l'appareil, rouvrit la plaie et expira sur-le-champ.

« O Caton, s'écria César en apprenant cette fin, tu m'as envié la gloire de te sauver la vie! »

ne

5. Bataille de Munda (45). — La bataille de Thapsus fut pas la dernière résistance des républicains. Ceux qui avaient pu s'échapper de l'Afrique s'étaient réfugiés, avec deux fils de Pompée, dans l'Espagne, l'ancien gouvernement de ce général, et y firent en peu de temps assez de progrès pour que César jugeât nécessaire de passer lui-même dans cette province (45).

En vingt-sept jours il arriva près de Cordoue, et força, sous les murs de Munda, les pompéiens à recevoir bataille. Il ne perdit que 1000 des siens, 30 000 de

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