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(Trèves). Par leur moyen, César, qui manquait de cavalerie, soudoya plusieurs bandes de Germains qu'il monta avec les chevaux de ses tribuns et des chevaliers. Il rencontra Vercingétorix non loin de la Saône. Les cavaliers gaulois avaient juré qu'ils ne reverraient jamais leurs femmes ni leurs enfants, s'ils ne traversaient au moins deux fois les lignes romaines. César courut les plus grands dangers et laissa même son épée aux mains de l'ennemi; mais ses légionnaires reçurent bravement cette charge furieuse, et poursuivirent à leur tour l'ennemi, qui s'enfuit en désordre jusque sous les murs d'Alesia.

9. Siége d'Alesia (51). Alesia (Alise, dans la Côted'Or, et non Alaise, dans le Doubs), assise sur le plateau d'une colline escarpée, passait pour une des fortes places de la Gaule. En avant de ses murs, sur les flancs de la colline, Vercingétorix traça un camp pour son armée, qui comptait encore 80 000 fantassins et 10000 cavaliers. César conçut l'audacieuse pensée de terminer d'un coup la guerre en assiégeant à la fois la ville et l'armée. Alors commencèrent de prodigieux travaux. D'abord un fossé de 20 pieds de large sur 11 000 pas de développement; derrière celui-là, un second fossé de 15 pieds de profondeur, puis un troisième dans lequel il jeta une rivière. Le dernier bordait une terrasse de 12 pieds de haut, surmontée de créneaux, palissadée sur tout son pourtour de troncs d'arbres fourchus, et flanquée de tours à 80 pieds de distance l'une de l'autre. En avant des fossés, il plaça cinq rangées de chevaux de frise, huit lignes de pieux enfoncés en terre et dont la pointe était cachée sous les branchages; plus près encore du camp ennemi, il sema des chausse-trappes armées d'aiguillons acérés. Tous ces ouvrages furent répétés du côté de la campagne où la contrevallation avait un circuit de 16 milles. Cinq semaines et moins de 60 000 hommes suffirent à cette tâche.

Vercingétorix renvoya sa cavalerie, mais appela la Gaule entière à sa délivrance. 248 000 guerriers tentè

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1. Longtemps nommé à tort le Gladiateur mourant. Le collier (torques) qu'il porte att cou, la ressemblance générale avec les combattants de Telamone qu'on voit sur le sarcophage d'Atilius Regulus, qui fut tué a cette bataille, ne permettent pas de douter que cette belle statue ne représente un chef gaulois.

Le Gaulois blessé '.

rent de délivrer leurs frères, ils vinrent se briser contre l'inexpugnable rempart des légions. Après avoir supporté plusieurs assauts, César attaqua à son tour; il repoussa les Gaulois et jeta dans leurs rangs une terreur panique qui les dispersa. Cette fois la Gaule était bien vaincue, et pour toujours.

La garnison d'Alesia n'avait plus qu'à capituler. Vercingétorix vint se livrer lui-même. Monté sur son cheval de bataille et couvert de sa plus riche armure, il sortit seul de la ville, arriva au galop jusqu'en face du tribunal de César, et, sautant à bas de son cheval, jeta aux pieds du Romain, impassible et dur, son javelot, son casque et son épée. Les licteurs l'emmenèrent. César lui fit attendre six ans son triomphe et la

mort.

10. Septième campagne; derniers mouvements (51); mesures prises pour pacifier la Gaule (50). César n'osa pourtant pas aller hiverner au-delà des Alpes: il fallait surveiller les Gaulois du nord et de l'ouest, qui, n'ayant pris qu'une faible part à la dernière lutte, armaient en secret. Au milieu de l'hiver, il tomba sur les Bituriges (Bourges), et, portant dans tout le pays le fer et la flamme, il força cette population à fuir chez les nations voisines. Les Carnutes (Chartres), qui remuaient, furent aussi sévèrement châtiés. Les Bellovaques (Beauvais) s'étaient levés en masse. Le proconsul écrasa, au passage d'une rivière, leur meilleure infanterie, et les força d'implorer sa clémence; toutes les cités du nordest livrèrent, comme eux, des otages. César parcourut la Belgique, d'où il rejeta encore une fois Ambiorix audelà du Rhin; l'Armorique et les pays entre la Loire et la Garonne, où il étouffa une insurrection. Bientôt il n'y eut plus de guerre que chez les Cadurques (Cahors), à Uxellodunum (Puy-d'Issolu); ce fut en coupant l'eau aux assiégés qu'on les força de se rendre. César, qu'une telle guerre à la longue aurait ruiné, voulut faire un terrible exemple: il fit trancher les mains à tous ceux qu'il trouva dans Uxellodunum.

Cette odieuse exécution fut le dernier acte de la guerre terrible qui ferma glorieusement la liste des conquêtes de la république romaine. César y avait employé huit années, dix légions et les inépuisables ressources de la discipline romaine, de son génie militaire, de son incomparable activité. La Gaule domptée par les armes, il

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passa une année entière (50) à lui faire oublier sa défaite. Point de confiscations, d'impôts onéreux; aucune de ces mesures violentes dont tant de proconsuls avaient donné l'exemple. Les villes gardèrent leurs lois et leurs magistrats; le seul signe de la conquête fut un tribut de 40 millions de sesterces (7 764 000 fr.).

1. Cet arc, attribué par les uns à Marius, par d'autres à César, par d'autres encore aux Antonins, semble, à raison de la profusion des ornements et de l'arrangement bizarre du fronton sur les faces latérales, appartenir à une époquê de décadence, et par conséquent être moins ancien.

11. Expédition de Crassus contre les Parthes (54). Pendant cette lutte héroïque, Crassus avait emmené les légions à l'autre extrémité du monde romain. Depuis seize ans, il n'avait pas paru dans les camps, et dans ces seize années Pompée avait soumis l'Asie, et César la Gaule: il avait hâte de renouveler le souvenir de ses anciens succès et d'égaler la gloire de ses deux rivaux. Le proconsul des Gaules avait pénétré aux extrémités de l'Occident; il voulait, lui, aller par delà le Gange chercher les dernières limites de l'Orient. Une opposition inattendue éclata contre cette guerre nouvelle. Aux portes de la ville, Crassus trouva le farouche Ateius, un des tribuns, qui, sur un brasier ardent, prononçait contre lui, contre son armée, contre Rome même, les plus. terribles imprécations.

Sans se donner le temps de nouer d'utiles intrigues avec les mécontents et avec les peuples du voisinage, qui lui eussent fourni des guides et de la cavalerie, Crassus se hâta de passer l'Euphrate, prit quelques villes, dispersa quelques troupes et se fit proclamer imperator pour ces légers succès. Puis, au lieu d'avancer hardiment sur Babylone et Séleucie, deux villes `qui haïssaient la domination des Parthes, il retourna hiverner en Syrie, où il laissa son armée perdre sa discipline dans la mollesse et la licence. Lui-même, malgré ses soixante-un ans, ne s'occupait qu'à visiter les temples pour en ravir les trésors; celui de Jérusalem fut pillé comme l'avait été celui d'Hiérapolis. Artavasde, roi d'Arménie, offrait le passage par son royaume, où l'armée romaine trouverait des vivres, des routes sûres et un terrain favorable à sa tactique; Crassus refusa. Il franchit une seconde fois l'Euphrate à Zeugma, avec sept légions et 4000 cavaliers; trompé par un chef arabe, il s'enfonça à travers la Mésopotamie' dans une mer de sable où bientôt tout manqua aux soldats, surtout la confiance dans leur chef (53).

Les Parthes avaient divisé leurs forces, le roi Orodès avait marché au nord pour arrêter le roi d'Arménie, et

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