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-Pour arracher

9. Scipion passe en Afrique (204). d'Italie ce formidable capitaine, il fallait attaquer Carthage elle-même. Scipion demanda au sénat l'autorisation de passer en Afrique. Le vieux Fabius s'opposa vainement à ce qu'il appelait une témérité. Les Italiens étaient las de voir s'éterniser la guerre ils donnèrent à Scipion une flotte et une armée. Le consul partit de Lilybée avec 30 000 hommes.

Les Romains comptaient sur les rois de Numidie, Syphax et Massinissa. Mais le premier venait d'être gagné par Carthage, qui lui avait donné en mariage la belle Sophonisbe, fille d'Asdrubal et la fiancée de Massinissa. Celui-ci, resté fidèle à l'alliance de Rome, avait été dépouillé de la couronne de ses pères et forcé de fuir dans le camp romain. Scipion l'y reçut avec honneur, car ce fugitif était le meilleur cavalier de l'Afrique. La première campagne ne fut marquée par aucun acte éclatant. L'année suivante Scipion surprit deux camps ennemis formés de huttes de jonc et de paille: 58 000 hommes périrent dans les flammes. Une nouvelle défaite réduisit Syphax à se rendre. Massinissa voulait prendre Sophonisbe pour épouse, mais Scipion, se souvenant qu'elle avait détaché Syphax du parti de Rome, exigea que la Carthaginoise lui fût livrée Massinissa lui envoya comme présent nuptial une coupe de poison.

10. Annibal quitte l'Italie (203). -Ces importants succès rendaient à Scipion l'appui de tous les Numides, et Carthage, menacée, se décida à rappeler Annibal. Il fit à l'Italie de sanglants adieux : tous les soldats italiens qui refusèrent de le suivre furent égorgés. En abordant sur la côte d'Afrique, le premier objet qu'il aperçut fut un tombeau : il y vit un présage funeste.

11. Bataille de Zama (202). - Les deux armées se trouvèrent en présence à Zama. Avant de livrer cette bataille solennelle, Annibal crut devoir demander la paix. Scipion refusa. La paix sans une défaite d'Annibal aurait été sans gloire et sans durée. Tout ce qu'enseignaient l'art de la guerre et une vieille expérience fut de

part et d'autre appliqué (19 octobre 202). Du côté d'Annibal, plus de ces ruses auxquelles s'étaient laissé prendre tant de consuls, mais d'admirables dispositions: sur ses ailes, les plus mauvaises troupes, pour occuper les Numides et les entraîner à leur poursuite loin du champ de bataille; en avant-garde, une ligne formidable de quatrevingts éléphants; derrière, ses mercenaires gaulois et ligures, pour émousser les

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épées romaines et rompre l'ordonnance des légions; au corps de bataille, les Carthaginois et les Africains, pour tomber sur les Romains troublés et fatigués par un premier combat; enfin, à un stade en arrière, ses vieilles bandes d'Italie, ses soldats les plus dévoués, tenus en réserve pour achever la victoire ou le suivre dans sa retraite et l'accompagner à Carthage, afin qu'il n'y rentrât pas désarmé. Mais Scipion avait ménagé entre ses manipules des intervalles où les éléphants s'engagèrent, criblés de

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Scipion l'Africain'.

traits par les vélites. Les mercenaires, rompus et rejetés sur la seconde ligne, y portèrent le désordre, tandis que Scipion arrêtait ses soldats, rétablissait les rangs, et les lançait à ce second combat avec l'ordre qu'ils auraient eu au sortir d'un camp. Durant ce choc terrible, Lælius et Massinissa, au lieu de se laisser em

1. D'après l'Iconographie romaine de Visconti. On voit sur ce buste, au front, une double blessure en croix.

porter à la poursuite des cavaliers ennemis, avaient ramené leurs Numides sur l'arrière - garde : Annibal était à son tour enveloppé. Il s'enfuit de ce champ de bataille où il laissait 20 000 de ses soldats.

12. Traité de paix (201). Annibal rentra dans Carthage trente-cinq ans après en être sorti, mais il y rentrait vaincu, et lui-même conseilla la paix.

Scipion ne demanda pas qu'on lui livrât son grand adversaire; il fixa les conditions suivantes : Carthage renoncera à tout ce qu'elle possède hors de l'Afrique, elle ne fera aucune guerre sans la permission du peuple romain, payera en cinquante ans une contribution de 10 000 talents (environ 54 millions de francs), livrera enfin tous ses éléphants et toutes ses galères, excepté dix.

yeux

Ces conditions furent acceptées. Les Carthaginois remirent à Scipion cinq cents galères : il les fit brûler. Quand il fallut payer le premier terme du tribut, les sénateurs de Carthage éclatèrent en gémissements; seul, Annibal se prit à rire, et, comme un d'eux s'en étonnait: << Si l'on pouvait lire dans les âmes comme avec les du corps, répondit le grand homme, vous verriez bien que ce rire est un signe de désespoir, non pas de joie; et cependant il est plus raisonnable que vos larmes. J'aurais compris ces pleurs le jour où l'on nous ôta nos armes, où l'on brûla nos vaisseaux, le jour où Carthage se trouva livrée, sans force et sans défense, aux haines des Africains mais alors pas un de vous n'a gémi. Et maintenant qu'il vous faut prendre sur vos biens pour payer le tribut, vous pleurez! Ah! vous verrez trop tôt, je le crains bien, que ce qui arrache aujourd'hui tant de larmes est le moindre de nos malheurs. >>

:

Scipion rendit à Massinissa son royaume de Numidie, mais, ne voulant pas le faire trop puissant, il restitua au fils de Syphax une partie des provinces qu'avait possédées son père. Celui-ci, conduit à Rome, suivit le char triomphal du vainqueur et mourut peu de temps après.

13. Retour de Scipion à Rome. Ce triomphe fut le plus magnifique que Rome eût encore vu. Scipion apportait au trésor 123 000 livres pesant d'argent, à Rome, la domination du monde. En effet, Carthage tombée et Annibal vaincu, il n'y avait plus de puissance capable d'arrêter les Romains: aussi le peuple, dans sa joie, offrit au vainqueur le consulat et la dictature à vie : il ne prit que le surnom d'Africain.

CHAPITRE X.

Guerres CONTRE LA MACÉDOINE ET CONTRE ANTIOCHUS; BATAILLE DE CYNOCEPHAles.

1. État de l'Italie et des régions de l'Occident après la seconde guerre punique. 2. Déclaration de guerre à Philippe, roi de Macédoine (200). 3. Victoire de Flamininus à Cynocéphales (197). 4. Flamininus proclame la liberté des Grecs (196). — 5. Fierté du roi de Syrie, Antiochus. 6. Annibal à Carthage, puis auprès d'Antiochus. 7. Combat des Thermopyles (191). 8. Les Romains en Asie; bataille de Magnésie (190). 9. Défaite des Galates (189). 10. Soumission des Étoliens (189). 11. Ruine ou affaiblissement de tous les États en Grèce et en Asie.

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1. État de l'Italie et des régions de l'Occident après la seconde guerre punique. · Les plaies de la guerre se ferment vite chez les peuples victorieux. Dès l'an 206, après la bataille du Métaure, le sénat avait rappelé les laboureurs dans les campagnes et diminué l'effectif des armées, pour laisser plus de bras à l'agriculture. Des colonies envoyées dans la Campanie et le Bruttium, des distributions de terres aux vétérans de Scipion, dans la Lucanie et dans la Pouille, avaient repeuplé les solitudes faites par la guerre, et des terres données aux créanciers de l'État avaient éteint les dettes publiques.

Aucun danger ne semblait menacer l'avenir, car Rome était sortie plus forte de la terrible épreuve de la seconde guerre punique, et autour d'elle il n'y avait que faiblesse. La chute de Carthage lui avait livré tout l'Occident. En Afrique, elle n'a qu'à laisser agir la haine jalouse de Massinissa, et jamais Carthage ne se relèvera de Zama. En Espagne, les légions auront bientôt à combattre leurs anciens alliés, mais cette guerre ne

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