Obrazy na stronie
PDF
ePub

12. Fabius le Temporiseur (217). -A Rome, après la Trébie, on avait dissimulé l'étendue du désastre; après Trasimene, on n'osa rien cacher. Le préteur Pomponius assembla le peuple et ne dit que ces mots : « Vous avez été vaincus dans un grand combat. » Rome ne s'abandonna point. On eut recours à l'autorité dictatoriale, et Fabius Maximus fut nommé prodictateur : c'était le chef de la noblesse. Pour plaire au peuple, les comices lui adjoignirent, comme maître de la cavalerie, un plébéien, Minucius. Ruiner le plat pays, suivre l'ennemi par les hauteurs, lui couper les vivres, le harceler sans cesse et le détruire en détail, mais refuser partout le combat, tel fut le plan de Fabius. Il était plus facile et plus sûr d'user Annibal que de le vaincre. Excepté les Gaulois, aucun peuple italien ne prenait encore parti pour Carthage tous craignaient cette armée barbare, ramas de vingt nations. C'était une croyance populaire que les soldats d'Annibal se nourrissaient de chair humaine.

Fabius avait donc raison de temporiser: prolonger la guerre, c'était ruiner l'ennemi. Mais les alliés, en proie aux ravages des deux armées, souffraient cruellement, ét les Romains se sentaient humiliés devant leurs sujets de n'accepter jamais le combat. Un jour Fabius réussit à enfermer Annibal dans un défilé : le Carthaginois était pris. Au milieu de la nuit, il fit chasser vers le haut de la montagne deux mille bœufs portant aux cornes des sarments enflammés. La vue de ces feux courant par la montagne, les cris des animaux qui beuglaient de douleur, inquiétèrent les soldats romains chargés de la garde du défilé, et leur firent croire que l'ennemi fuyait du côté où ils voyaient ces feux. Ils quittèrent leur poste, Annibal s'en empara aussitôt il était sauvé. Dans le camp romain, on cria à la trahison : le peuple donna au maître de la cavalerie les mêmes pouvoirs qu'au dictateur. Minucius se hâta de provoquer Annibal, se fit battre et eût perdu toute son armée, si Fabius ne fût accouru pour le dégager. Il répara du moins son imprudence en reconnaissant hautement ses torts. Il déposa son commande

ment et vint se replacer sous les ordres de Fabius, qu'il appela son sauveur et son père.

Quand le Temporiseur sortit de charge au bout de six mois, les affaires de la république semblaient se rétablir en Espagne, où le sénat avait envoyé une armée, une foule de peuples passaient du côté des Romains; dans la Cisalpine, les Gaulois, satisfaits de se retrouver libres, oubliaient Annibal. Carthage en faisait autant: elle n'envoyait que quelques vaisseaux pirater sur les côtes italiennes, d'où les chassaient bien vite les flottes romaines de la Sicile et d'Ostie. Partout, excepté en face d'Annibal, Rome prenait l'offensive et ne souffrait point qu'on doutât un instant ni de sa puissance ni de sa fortune.

:

[ocr errors]

13. Bataille de Cannes (216). Les consuls de l'année 216 n'étaient malheureusement pas faits pour s'entendre Paul Émile était l'élu des patriciens, Varron appartenait au parti populaire. Le premier, élève de Fabius, voulait toujours différer; le second, toujours combattre. Comme le commandement alternait chaque jour entre les consuls, Varron conduisit l'armée si près de l'ennemi qu'une retraite fut impossible, et, le surlendemain, il fit dès le matin déployer devant sa tente le manteau de pourpre, signal du combat. Il avait 80 000 fantassins et 6000 cavaliers seulement, malgré le souvenir des trois batailles déjà perdues sur une armée de 50 000 hommes, Annibal en avait 10 000. Ses forces n'étaient que la moitié de celles des consuls : il n'en avait pas moins amené ceux-ci sur le champ de bataille qu'il avait choisi, à Cannes, en Apulie, près de l'Aufidus, au milieu d'une plaine immense favorable à sa cavalerie et où le soleil, qui dardait ses rayons dans le visage des Romains, où le vent, qui portait la poussière contre leur ligne, devaient combattre pour lui.

Dans cette plaine unie, une embuscade semblait impossible mais 500 Numides se présentèrent comme transfuges et durant l'action se jetèrent sur les derrières.

rière eux,

de l'armée romaine. A Cannes, comme à Trasimène, comme à la Trébie, le plus petit nombre enveloppa le plus grand. Pour opposer plus de résistance à la cavalerie, Varron avait diminué l'étendue de sa ligne et augmenté sa profondeur. Par cette disposition, beaucoup de soldats devenaient inutiles. Annibal, au contraire, donna à son armée un front égal à celui de l'ennemi et la rangea en croissant, de manière que le centre, composé de Gaulois, dépassât la ligne de bataille. Derles vétérans africains étaient formés en demicercle dont les extrémités allaient rejoindre les deux ailes. Les Romains attaquèrent les Gaulois avec furie. Mais ceux-ci, guidés par Annibal lui-même, reculèrent peu à peu jusque sur la seconde ligne, en arrière des ailes, qui, se repliant, enveloppèrent les légions. En même temps, les transfuges attaquaient par derrière, et Asdrubal, avec sa cavalerie réunie en masses profondes, exécutait sur l'infanterie romaine des charges à fond qui y portaient le désordre et le carnage. 70 000 Romains ou alliés restèrent sur le champ de bataille avec l'un des consuls, Paul Emile, ses deux questeurs, quatre-vingts sénateurs, des consulaires, et parmi eux Minucius, vingt et un tribuns légionnaires et une foule de chevaliers (2 août 216). Paul Émile, blessé, aurait pu échapper au carnage. Un des siens lui offrit un cheval pour fuir : il refusa. Annibal n'avait perdu que 5500 hommes, dont 4000 Gaulois. Le sang de ce peuple payait toutes ses victoires.

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

abandonné de Carthage. même des ressources.

[ocr errors]
[ocr errors]

4. Efforts d'Annibal pour se créer lui5. Siége de Syracuse (214-212). —- 6. Première conquête de l'Espagne par les Romains (210-206). - 7. Prise de Capoue (211). 8. Bataille du Métaure (207).

passe en Afrique (204).

11. Bataille de Zama (202). tour de Scipion à Rome.

9. Scipion

10. Annibal quitte l'Italie (203).
12. Traité de paix (201). — 13. Re-

1. Constance de Rome. Laisse-moi prendre les devants avec ma cavalerie, disait à Annibal, le soir de la bataille, un de ses officiers, et dans cinq jours tu souperas au Capitole. » Mais jamais armée de mercenaires n'a sacrifié à son chef, même le plus. aimé, un lendemain de victoire. Annibal d'ailleurs connaissait Rome.

Il savait qu'elle ne serait pas abattue par cette défaite au point de devenir une proie facile. Il s'arrêta dans le sud de l'Italie pour décider la défection des peuples et des villes de cette région.

Rome, en effet, le premier moment de stupeur passé, retentit du bruit des préparatifs. Fabius prescrivit aux femmes de s'enfermer dans leurs demeures, pour ne point amollir les courages par leurs lamentations dans les temples; à tous les hommes valides, de s'armer; aux cavaliers, d'aller éclairer les routes; aux sénateurs, de parcourir les rues et les places pour rétablir l'ordre, placer des gardes aux portes et empêcher que personne ne sortit. Pour en finir promptement avec la douleur, le deuil fut fixé à trente jours: on se croirait à Sparte. Lesexpiations religieuses ne furent pas oubliées, il y en

eut de cruelles. Deux vestales, convaincues d'avoir violé leurs vœux, furent mises à mort; deux Gaulois et deux Grecs furent aussi enterrés vivants, selon que l'avaient prescrit les livres sibyllins.

Peu de jours après, on apprit qu'un Carthaginois, Carthalon, arrivait, avec les députés des prisonniers de Cannes, pour parler de paix et de rançon: un licteur courut lui interdire l'entrée du territoire romain. 10000 légionnaires environ étaient au pouvoir d'Annibal: le sénat refusa de les racheter; 3000 s'étaient sauvés: il ordonna qu'ils iraient servir en Sicile, sans solde ni honneurs militaires, jusqu'à ce qu'Annibal fût chassé d'Italie. Mais, par un admirable esprit de conciliation, oubliant ses griefs contre Varron, le consul populaire, il sortit en corps au-devant de lui avec tout le peuple, et le remercia de n'avoir point désespéré de la république.

2. Défection de Capoue. Cependant la fidélité des peuples du sud de l'Italie n'avait pas tenu devant tant de désastres plusieurs passèrent à Annibal. Capoue même, qui se croyait l'égale de Rome et qui gémissait de n'être qu'une ville sujette, se donna à lui après avoir étouffé dans les bains publics tous les citoyens romains qui se trouvèrent dans ses murs.

Mais ces

3. Annibal abandonné de Carthage. nouveaux alliés donnaient aux Carthaginois peu de soldats et point d'argent il avait donc, au milieu de son triomphe, grand besoin de secours, car Rome tenait sous les armes 200 000 combattants. Il renvoya Carthage un de ses frères, qui répandit au milieu du sénat un boisseau d'anneaux d'or enlevés, disait-il, aux chevaliers romains morts sur le champ de bataille. A mesure que cette guerre devenait plus implacable, Hannon s'en effrayait davantage. De quelque côté que se tournât la victoire, il voyait un maître et Carthage perdant sa liberté, si Annibal triomphait, son indépendance, s'il était vaincu. Aussi répondit-il : « Puisque Annibal a remporté une si grande victoire, il n'a pas besoin d'assis

« PoprzedniaDalej »