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Il eft vrai qu'elle vit en auftère perfonne :
Mais l'âge dans fon ame a mis ce zèle ardent,
Et l'on fait qu'elle eft Prude à fon corps défendant.
Tant qu'elle a pu des cœurs attirer les hommages,
Elle a fort bien joui de tous fes avantages.
Mais, voyant de fes yeux tous les brillants baisser,
Au monde qui la quitte elle veut renoncer
Et du voile pompeux d'une haute fageffe
De fes attraits ufés déguiser la foiblesse.
Ce font-là les retours des coquettes du temps:
Il leur eft dur de voir déferter les galants.
Dans un tel abandon leur fombre inquiétude
Ne voit d'autre recours que le métier de Prude;
Et la févérité de ces femmes de bien
Cenfure toute chofe, & ne pardonne rien.
Hautement de chacun elles blâment la vie,
Non pas par charité, mais par un trait d'envie
Qui ne fauroit fouffrir qu'un autre ait les plaifirs
Dont le penchant de l'âge a fevré leurs defirs.
(Moliere.)

PRUDENCE.

La prudence humaine eft fujette à l'erreur.

L'encens qu'on donne à la prudence
Met mon efprit au défespoir.

A quoi donc nous fert-elle ? A faire voir d'avance
Les maux que nous devons avoir.-
Eft-ce un bonheur de les prévoir ?

Si la cruelle avoit quelque règle certaine
Qui pût les écarter de nous,

Je trouverois les foins qu'elle donne affez doux.
Mais rien n'eft fi trompeur que la prudence humaine.
Hélas? prefque toujours le détour qu'elle prend
Pour nous faire éviter un malheur qu'elle attend,
Eft le chemin qui nous y mène.

(Mad. Deshoulieres.

PUBLIC.

Le public eft un juge fouverain, du tribunal duquel relèvent tous ceux qui travaillent pour la réputation ou pour le gain. Le droit qu'il a de juger de tout, a produit bien des vertus. Sans la crainte de fes jugements, que de Héros n'auroient été que des hommes ordinaires ! Les exhortations des pères, le naturel des enfants, l'amour des maris, la vertu des femmes, auroient eu peu d'empire fur les efprits fans le qu'en dira-t-on du public, qui retient chacun dans fon devoir.

Les Rois font bâtir au public de fuperbes édifices, & lui laiffent de beaux monuments, afin de fe rendre immortels. C'eft pour le public qu'on cherche les commodités de la vie, & qu'on approfondit les Beaux-Arts. Que de grands hommes abrègent leurs jours pour lui fournir de favantes inftructions! Que de Poètes, que de Muficiens fe tourmentent pour le réjouir & mériter fon approbation!

Le public fe décide fouvent par caprice. Le Public fur nos mœurs, juge légèrement, Il condamne, il approuve, &, fans difcernement, Trouve la probité, la bonté, la prudence, Où le Sage éclairé n'en voit pas l'apparence. (Philof. de Sans Souci.)

PUDE UR,

On ne peut fe défaire de la honte que la Na. ture a gravée en nous: fi on veut la chaffer du cœur, elle fe fauve au visage,

La Pudeur & la Beauté n'ont jamais été d'accord ensemble, depuis que la Beauté a fufcité à la Pudeur un procès qui ne fera jamais terminé. (Ovide.)

PUISSANCE.

Puiffance de Dieu.

O Dieu ! que ton pouvoir eft grand & redoutable!
Qui pourra fe cacher au trait inévitable
Dont tu pourfuis l'impie au jour de ta fureur ?
A punir les méchants ta colère fidelle
Fait marcher devant elle

La mort & la terreur.

Contre ces inhumains, tes jugements auguftes
S'élèvent pour fauver les humbles & les juftes,
Dont le cœur, devant toi, s'abaiffe avec respect.
Ta juftice paroît de feux étincelante;
Et la terre, tremblante,
S'arrête à ton aspect.

Venez donc adorer le Dieu faint & terrible,
Qui vous a délivrés, par fa force invincible,
Du joug que vous avez redouté tant de fois;
Qui, d'un fouffle, détruit l'orgueilleuse licence,
Relève l'innocence "

Et terraffe les Rois.

(Rouffeau; Odes facrées.)

Arrête, peuple impie, arrête :
Je fuis ton Dieu, ton Souverain ;
Mon bras eft levé fur ta tête,
Les feux vengeurs font dans ma main.
Vois le ciel, vois la terre & l'onde
Remplis de mon immenfité;

Et, dans tous les climats du monde,
Mon nom des peuples exalté.

(Le même.)

Seigneur, ta puiffance invincible
N'a rien d'égal que ta bonté.
Le miracle le moins poffible
N'eft qu'un jeu de ta volonté.
Tu peux, de ta lumière augufte;
Éclairer les yeux de l'injufte,
Rendre faint un cœur dépravé,
En cédre transformer l'arbuste

Et faire un vafe élu, d'un vase réprouvé.

(Rouffeau; Épod.)

PULMONIQUE.

Plainte d'un pulmonique à fa maitreffe.

Puifque vous le voulez, il faut rompre mes fers,
Et, malgré tous les maux que, pour vous, j'ai foufferts,
Subir cet arrêt tyrannique.

Mais confeffez, au moins, de cette trahison
Que vous n'avez d'autre raison,
Sinon que je fuis pulmonique.

Depuis un fi long temps que je vous rends mes foins,
Parmi tant de Beautés, les Dieux me font témoins
Que je n'ai point changé de flamme.

Vous feule êtes toujours l'objet de mes transports; Et, fi je n'ai le même corps,

Iris, j'ai toujours la même ame.

Quoi ! ce n'eft pas affez d'être fous votre loi,
De n'adorer que vous, de vous garder sa foi,
Pour prouver fon amour extrême ?

Vous en voulez avoir une autre fûreté;
Et, fi l'on n'a de la fanté,

Vous ne croyez pas qu'on vous aime.

Vous ne vous payez pas d'un galant entretien :
Si, même dans les fers, on ne se porte bien,
On est un perfide, un parjure.

Et je perds bien mon temps en vous faisant la cour, Puifque vous jugez de l'amour

Par les forces de la nature.

PURETÉ.

Dieu fe laiffe plutôt fléchir par la pureté du cœur, que par l'éclat des préfents.

O vous, Prêtres facrés, à qui les Immortels
Ont commis leur fecret & le foin des autels,
Comment recevrez-vous l'or d'une offrande impure
Qu'un avare appendra fur l'autel de Mercure ?
Cet indigne préfent, pour gagner fa faveur,
Sera-t-il plus puiffant qu'une fainte ferveur?
Non, non ne croyez pas que des vœux téméraires
Nous rendent la Fortune & les Deftins profpères.
L'éclat de nos préfents ne tente point les Dieux :
C'eft le cœur qui les touche.

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