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l'Eglise? Y a-t-elle réussi? Elle a fait monter sur l'écha faud un nombre immense de prêtres, pour le seul fait qu'ils étaient prêtres, ou parce qu'ils refusaient d'obéir à des lois injustes et impies; elle a fait fermer les églises, les a fait profaner. Mais l'Eglise a-t-elle cédé sur un point quelconque de sa foi? Elle a laissé verser son sang le plus pur, comme dans les trois premiers siècles; mais elle a été inébranlable.

Sans doute, elle a fait des concordats avec les souverains, parce qu'elle touche par mille côtés à l'Etat; mais dans ces conventions, qui règlent ces points de contact, elle n'a jamais fait sur les questions de doctrine la moindre concession. Lorsque les souverains veulent lui imposer des volontés en opposition avec sa foi, elle résiste et montre qu'elle sait souffrir et mourir plutôt que de plier.

La philosophie et la science ne peuvent se glorifier d'aucune victoire sur l'Eglise. Lorsqu'elles ont manifesté des doctrines contraires à la doctrine de l'Eglise, l'Eglise a condamné les philosophes et les savants qui étaient responsables de ces erreurs. Jamais il n'y a eu de pacte pour vivre bien avec la science et la philosophie aux dépens de la vérité. Et la preuve, c'est que tous les philosophes et tous les savants qui ont combattu l'Eglise ont été et sont encore retranchés de sa communion. Est-ce là plier et se soumettre? Qu'on nous cite les savants et les philosophes qui l'ont forcée à se rétracter? Encore de nos jours, quels sont les hommes qui ont fait plier l'Eglise?

M. Proudhon ne dit pas moins que l'Eglise plie sans cesse, et c'est parce qu'elle plie qu'elle dure et qu'elle

durerait même encore dix-huit siècles, ajoute-t-il, au train dont la mènent ses ineptes rivaux.

! C'est s'insurger contre tous les faits de l'histoire depuis dix-huit siècles, que de soutenir une semblable thèse; c'est nier la vérité la mieux établie; mais ainsi argumente M. Proudhon, et c'est de ce point qu'il part. Voilà des prémisses qui annoncent un esprit habitué à se soumettre aux règles de la justice et de la vérité !

M. Proudhon, qui veut qu'enfin l'Église cesse de vivre, a dû naturellement inventer des moyens qui répondent à ses desseins. Jusqu'ici les ineptes rivaux de l'Eglise, empereurs, rois, princes, philosophes, savants, hérétiques et schismatiques de tous les temps et de tous les pays, n'ont rien pu contre elle. Du moins, au dire de M. Proudhon, l'Eglise ayant plié sous leur volonté, ils ont consenti à la laisser vivre! Quelle douceur, quelle compatissante miséricorde de leur part! Les bourreaux des empereurs romains, de la révolution et de la Terreur, ont eu en effet de grandes tendresses pour l'Eglise! Mais voici M. Proudhon qui n'entend pas tolérer ces inepties et cette miséricorde.

Comment va-t-il s'y prendre?

« Elle (l'Eglise ) durera, dit-il, tant qu'elle ne sera pas attaquée dans son fort, tant que la Révolution, élevant plus haut le débat, n'aura pas débarrassé la justice de cette sanction divine, qui la rend boiteuse, et dont l'Eglise est le suprême représentant. » (Tome Ier, p. 37.)

Voilà donc le moyen infaillible, selon l'invention de M. Proudhon.

« L'Etre transcendant, ajoute-t-il, conçu et adoré comme

auteur et soutien de la justice, est la négation même de la justice.» (Tome Ier, p. 39.)

Ceci revient à son ancien blasphème : « Dieu, c'est le mal, » et à une nouvelle et tout aussi horrible impiété, insérée dans son nouvel ouvrage : « Que doit-on à Dieu ? La guerre.» (Tom. II, p. 208.)

Pour renverser l'Eglise, d'après M. Proudhon, il faut donc détrôner Dieu, et il va s'en occuper! Ah! nous voilà un peu rassuré sur le compte de l'Eglise. L'œuvre annoncée par M. Proudhon pourrait être longue et difficile, et l'Eglise avoir encore un certain temps à vivre! L'Eglise n'aura pas, à la vérité, avec lui la ressource ordinaire de plier; il ne veut plus de miséricorde même pour la soumission; mais peut-être quelques siècles passeront encore avant que M. Proudhon ait entassé Pellion sur Ossa pour arracher Dieu du ciel, où il réside, et de la conscience humaine, dont Dieu sera toujours le souverain régulateur.

Mais M. Proudhon n'est-il pas un simple mortel comme nous, dont les jours sont comptés, dont les os humiliés seront bientôt, comme les nôtres, épars et disloqués dans la poussière; qui ne saurait arrêter la mort, dont chaque jour le rapproche, ni conserver seulement et maintenir debout son corps, qui chaque jour se penche, dépérit et s'use? Et il veut détrôner l'Auteur et le Consommateur de toutes choses! « Où étais-tu lorsque je posais les fondements de la terre? » dit Dieu à Job, pour indiquer la distance qu'il y a entre le Créateur et la créature. Où serons-nous demain? Etre fini et périssable, l'homme, par le seul aspect de ses misères, a reconnu la nécessité d'un

Etre infini, existant par lui-même, auteur et créateur de tout ce qui existe. Les siècles proclament ce Dieu, la conscience humaine l'atteste depuis que l'homme existe: les plus beaux génies que l'humanité ait produits lui ont adressé en tremblant leurs adorations; le monde entier, à l'heure qu'il est, s'incline devant lui.

Mais M. Proudhon a trouvé, lui, un autre fondement à la justice. Dieu est désormais inutile; Dieu est même le mal d'après M. Proudhon, et il faut s'occuper de le supprimer.

L'être fini serait-il donc de nature à détruire l'Etre infini? Pauvre raison humaine !!!

Nos lecteurs ont déjà vu que M. Proudhon méconnaît le caractère, les dispositions et les actes de l'Eglise depuis sa fondation, au mépris des événements et des preuves les plus authentiques; nous verrons dans d'autres chapitres si le nouveau système de M. Proudhon peut résister à l'examen.

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Quel est le principe fondamental des sociétés admis par M. Proudhon? Examen de ce principe. - Vanité de ce principe.

Celui qui ose déclarer que l'homme ne doit à Dieu que la guerre, doit avoir découvert un autre principe. On ne peut point se séparer de bonne foi de l'antique croyance des siècles, sans avoir été convaincu que cette croyance est un mensonge, et qu'il en existe une meilleure, qu'il faut admettre. Lorsqu'on profère contre Dieu, contre l'Eglise, contre les institutions que l'Eglise a fondées, contre ce qu'il y a de plus saint et de plus pur, les plus grossiers blasphèmes, les plus noires impiétés, il faut avoir découvert des vérités près desquelles les vérités anciennes ne soient que de vaines images. La première pensée qui est venue à notre esprit après avoir parcouru quelques pages du livre de M. Proudhon, a été de savoir quel fondement il allait donner aux choses, à la justice, puisqu'il déclarait la guerre à Dieu, et qu'il proclamait que Dieu était la négation même de la justice. La pierre philosophale, si cherchée autrefois, n'était rien à nos yeux en face du principe que M. Proudhon devait nous dévoiler pour remplacer Dieu et l'Eglise.

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«Quel est, dit M. Proudhon, le principe fondamental, organique, régulateur, souverain, des sociétés, principe qui

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