fera plus permis de douter, lorfque le Souverain Juge, citant toute l'humanité à fon Tribunal redoutable, prou vera, par les récompenfes dont il comblera fes Élus, que l'homme mérite, ou peut mériter, dans cette vie, avec les œuvres qu'anime la charité. Dieu eft la vérité même, & ne peut manà fa parole. quer Le feul moyen de participer au bonheur de Dieu, eft donc de régler tellement fon cœur fur fa crainte & fon amour, que toutes nos actions ne tendent qu'à lui plaire & à lui obéir: fans ces deux conditions, nos actions pourront bien être moralement bonnes 5 mais ne feront jamais méritoires. Ainsi, j'infifte principalement fur les premières, qui font véritablement bonnes œuvres, & je mets à leur tête la fuite du péché, & l'observance exacte des Commandemens de Dieu & de l'Eglife. Ici quelqu'un pourroit deman pra der fi l'on doit placer l'efpérance de. la vie éternelle dans la claffe des bonnes œuvres ? A cela, je réponds que nous devons toujours prendre les Saints pour modèle. Quoique dans tout le cours de leur vie ils n'ayent pensé qu'à plaire à Dieu par la tique de toutes les vertus; quoiqu'il foit certain qu'on mérite avec les bonnes œuvres, & que Dieu récompenfera les fidèles ferviteurs à titre de juftice; cependant, ces mêmes Saints ne mettoient pas leur confiance en leurs bonnes œuvres, mais en la bonté infinie du Père des miféricordes, & aux mérites immenfes de fon adorable Fils. Ce fentiment doit être gravé d'autant plus profondément dans notre cœur, que l'humilité eft la vertu par excellence du Chrétien, & que de miférables créatures telles que nous ne peuvent se glorifier qu'en Dieu. Telle a été la conduite des Saints; ils favoient bien que pas notre libre arbitre concourt aux bon. nes œuvres, & que Dieu en récompenfe le bon ufage; mais ils n'étoient moins convaincus que la plus grande partie de ce que Dieu couronne, vient de lui, moyennant le fecours de fa fainte grâce. En effet, fans elle que pouvons-nous faire de véritablement utile pour notre falat, & avec elle toutes nos actions deviennent bonnes & méritoires, de façon que tout le fruit que nous en recueillerons, ne peut être rapporté qu'à la grâce de Dieu. Comment, après cela, concevoir la fureur & l'aveuglement des hérétiques de ces derniers fiècles, qui ofent foutenir que la foi feule fuffit au Chrétien adulte, pour fe fauver fans l'intervention des bonnes œuvres. C'eft un délire dont plufieurs de nos frères errans fe font heureusement apperçus. Il est également démontré par l'ancien & le nouveau Teftament, que Math. 19. les bonnes œuvres font obligatoires, Galat. 6.9 Apoc, c. 22. que le degré de félicité, doivent augmenter en raifon des bonnes œuvres qu'il aura faites. Que la pratique des vertus théologales eft la bafe des bonnes œuvres. SOUS le nom des bonnes œuvres ; nous comprenons, ainfi que nous l'avons dit, la fuite du péché & la pratique du bien, avec l'intention conftante de plaire à Dieu, & de lui prouver notre amour notre foumiffion & notre reconnoiffance. Le premier devoir du Chrétien eft de ne point pécher, c'eft-à-dire, d'obferver ce que Dieu & l'Eglife lui commandent; il doit, en fecond lieu, tendre à la perfection pour la pratique des vertus morales que nous recommandent les faintes Ecritures, les faints |