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bien de poiffons n'eft-elle pas remplie, de grands & de petits! C'est là » que pafferont les navires, & qu'habite» ront ces monftres qui fe jouent dans les » abîmes.

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Le prophéte préfente d'abord une étendue immenfe, une mer vaste & profonde. Au-dedans, elle eft remplie d'animaux, il y en a d'une groffeur monftrueufe qui fe jouent des vagues & des tempêtes. Draco fignifie en cet endroit, des monftres, Leviathan. Le fingulier est beaucoup plus poëtique que n'eût été le plurier. Sur fa fuperficie, on voit paffer des vaiffeaux: ils volent: on les voit : un instant après on ne les voit plus. Cet élément qui fembloit fait pour féparer les peuples, devient un lien de commerce, & fert à rapprocher les nations les plus éloignées.

La terre, la mer, l'air, tout est rempli d'animaux qui ont chaque jour besoin de nourriture. C'eft Dieu feul qui la leur

26. Animalia pufilla cum magnis. Illic naves pertrans

ibunt.

27. Draco ifte quem formafti ad illudendum ei: omnia à te expectant ut des illis efcam in tempore.

fournit. Il ne fait qu'ouvrir la main, ils font tous raffaffiez: c'est le huitiéme tableau :

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8.Tableau.

Tous attendent de vous leur nour- Dieu qui riture, quand le tems eft venu. Vous nourrit tout. » la leur donnerez, & ils la recueilleront; » vous ne ferez qu'ouvrir la main, & ils feront remplis de vos bienfaits.

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C'est ainfi que la main qui nourrit les petits d'un oifeau domeftique, s'ouvre, & laiffe tomber le grain, qu'ils recueillent avec avidité. Elle eft prête dans l'inftant du befoin, in tempore.

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Créateur.

» Détournez votre vifage, ils fe trou- Tout déblent; vous leur ôtez la vie : ils périf-pend du fent, & rentrent dans leur pouffiere. 9. Tablan Envoyez votre fouffle divin, ils renaif» fent, & la face de la terre est renou» vellée.

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avec

Il n'eft pas poffible de peindre des traits plus vifs & plus hardis. Tout

28. Dante te illis colligent, aperiente te manum tuam, omnia implebuntur bonitate.

29. Avertente autem te faciem, turbabuntur : auferes spiritum eorum & deficient, & in pulverem fuum revertentur. 30. Emittes fpiritum tuum & creabuntur, & renovabis

l'Univers fe décompofe, fe bouleverse, parce que Dieu a détourné de deffus lui fes regards. Tous les animaux

reprennent

leur pouffiere: leur eft plein d'énergie: que de chofes dans ce feul mot! on les fent. Et le mot de pouffiere! Il auroit dit leur néant; mais il a voulu laiffer à l'imagination un objet, & c'eft celui qui est le plus vil, & le plus proche du néant, la pouffiere. L'efprit de Dieu fouffle, tout eft ranimé. Où trouvera-t-on des traits fi fublimes?

Tous ces tableaux font fondus dans le fentiment on fent la joie, l'admiration. qui fortent par les tours finguliers, fouvent brufquez: quelquefois le prophéte parle à Dieu, quelquefois c'eft à lui-même, quelquefois c'eft à toute la nature. Ses expreflions annoncent par-tout une imagination étonnée, une ame ravie, emportée au-deffus d'elle-même. Dans ce qui refte le fentiment eft plus vif encore & moins confondu avec les idées.

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Conclufion.

Que la gloire du Seigneur foit célé

31. Sit gloria Domini in fæculum: lætabitur Dominus in operibus fuis.

"brée

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»brée dans tous les fiécles! Que le Sei»gneur s'applaudiffe lui-même dans fes » ouvrages! Il regarde la terre, elle fré» mit de crainte ; il touche les montagnes, » elles fe perdent en fumée. Je célébrerai » la gloire de mon Dieu. Toute ma vie » il fera l'objet de mes chants. Puiffent »mes louanges lui être agréables! Il est » ma joie & mon bonheur. Périffent à » jamais ceux qui l'offenfent! Qu'ils foient anéantis! O mon ame, béniffez le Sei"gneur !

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Voilà la conclufion. C'eft le fentiment tout pur. Après avoir parcouru tant de tableaux fi fublimes, qui portoient tous au cœur, à-peu-près, la même impreffion, il devoit éclater d'une façon finguliere. Auffi cette fin eft-elle pleine de feu, d'écarts, de tours extraordinaires.

On ne trouve dans aucun des auteurs

32. Qui refpicit terram & facit eam tremere : qui tangit montes & fumigant.

33. Cantabo Domino in vita mea: pfallam Deo meo quandiù fum.

34. Jucundum fit ei eloquium meum: ego verò delectabor in Domino.

35.

Deficiant peccatores à terra, & iniqui ita ut non fint: benedic anima mea Domino.

profanes le fublime qui eft dans les cantiques facrez. Si on en cherche la raifon, on verra que c'est parce qu'ils n'avoient pas le même fond dans leur matiere, ni le même efprit pour les animer dans la compofition. Ils ne chantoient qu'une Religion fauffe, un héroïfme mal entendu, des combats dont la gloire étoit chimérique. Dans les hymnes confacrez à la gloire du vrai Dieu, on fent, dans le fond même du fujet, la vraie grandeur puifée dans fa fource: ce font de vraies beautez, de vraies vertus qu'on admire, & des fentimens folides qu'on exprime. Là, c'est toujours l'homme qui écrit, qui travaille: on fent fon effort, & par conféquent fa foibleffe: on fent fes vices, fes préjugez, fon ignorance, fa corruption. Ici, c'eft l'Esprit de Dieu qui fouffle : tout eft plein, libre, lumineux, marqué au coin de celui qui fe jouoit en formant l'Univers. Quelque grand homme que foit l'écrivain prophane, il n'a qu'une étincelle de ce feu qui embrafoit les Prophétes; qu'une petite portion de cette vertu dont ceux-ci avoient la plénitude: c'est le talent feul qui produit. En un mot qu'Horace & Pindare aient été inspirez par la nature,

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