Obrazy na stronie
PDF
ePub

un drame fur le théâtre, & non fur le papier; une fcène avec celles qui la précédent, ou qui la fuivent, & non isolée, & dénuée de tous fes rapports. Si on y regarde de près, on verra que c'eft le fens de la pensée d'Horace. C'est un avis qu'il donne à ceux qui veulent juger des poëmes, & qui ne fe mettent pas toûjours dans la fituation où il faut être pour en bien juger,

XXV.

» Aîné des Pifons, quoique vous foyez » né avec un fens droit, & cultivé outre 32 cela par les leçons de votre pere, écou» tez bien ce que je vais vous dire, & ne » l'oubliez jamais,

"Il y a des genres où il eft permis d'ê»tre médiocre: un jurifconfulte, un avo" cat, n'a pas le talent du célébre Meffala, »ni la profondeur de Caffelius; cependant ils ont leur prix. Mais un poëte

O major juvenum, quamvis & voce paternâ
Fingeris ad rectum, & per te sapis, hoc tibi dictum
Tolle memor: certis medium & tolerabile rebus
Rectè concedi. Confultus juris, & actor
Caufarum mediocris, abeft virtute diferti
Meffala, nec fcit quantum Caffellius Aulus;

[ocr errors]

qui n'eft que médiocre, ni les dieux, » ni les hommes, ni même les colom»nes, qui retentiffent de ses vers (a), nė » lui pardonnent. Dans un repas de plai» fir, une mauvaise fymphonie, des par» fums groffiers, les pavots mêlez avec le » miel de Sardaigne (b) font un mauvais >> effet. Pourquoi ? Parce que le repas

دو

pouvoit s'en paffer. De même la poëfie » étant née pour produire le plaifir, fi » elle ne monte au plus haut point, elle » tombe au plus bas degré. Celui qui ne » fait point s'efcrimer, ne manie point » le fleuret. Quand on n'a point appris » à lancer la balle, le palet, le cercle; on

[ocr errors]

دو

Sed tamen in pretio eft. Mediocribus effe poetis
Non homines, non dî, non conceffere columnæ.
Ut gratas inter menfas fymphonia difcors,

Et craffum unguentum, & Sardo cum melle papaver,
Offendunt; poterat duci (c) quia cœna fine iftis :
Sic animis natum, inventumque poema juvandis,
Si paulum fummo difceffit, vergit ad imum.
Ludere qui nefcit, campeftribus abftinet armis :

(a) Ce font les colomnes [Il peut fignifier auffi les coqui retentiffoient, lorfque lomnes revêtues d'affiches. les poëtes récitoient leurs vers & qui gémiffoient quand les vers étoient mauvais; rupta lectore columna.

,

(b) Le miel de Sardaigne étoit fort mauvais : Sardois videar tibi amarior herbis.

(c) Duci, durer long-tems,

»fe tient en repos, de crainte d'être la »rifée des fpectateurs; &, fans être poë»te, on veut faire des vers. Pourquoi » non? Ne fuis-je pas de bonne famille? N'ai-je pas les rentes qu'il faut avoir » pour être chevalier (a)? D'ailleurs je fuis honnête-homme.

وو

دو

[ocr errors]

رو

رو

[ocr errors]

وو

ge,

pour

»Pour vous, Pifon, vous êtes trop fa& fenfé trop faire aucune entreprife, fans avoir le talent qu'elle demande. Si cependant vous faifiez jamais quelque ouvrage, ne manquez pas de » le foumettre à la critique de Metius (b), à celle de votre pere, à la mienne mê» me, fi vous le voulez : & gardez-le long-tems dans vos tablettes. On peut

دو

دو

Indoctufque pile, difcive, trochive quiefcit,
Ne fpiffæ rifum tollant impune coronæ.

Qui nefcit, verfus tamen audet fingere. Quid ni?
Liber & ingenuus, præfertim cenfus equeftrem
Summam nummorum, vitioque remotus ab omni.
Tu nihil invitâ dices, faciefque Minervâ:

Yd tibi judicium eft, ea mens. Si quid tamen olim
Scripferis, in Metî defcendat judicis aures,

Et patris, & noftras ; nonumque prematur in annum.

(a) Il falloit environ | pa, grand critique & juge 30000 livres de rente pour établi pour examiner les être Chevalier.. Ouvrages qui concouroient pour les prix.

(b) Spurius Metius Tar

[ocr errors]

» faire des changemens dans un manuf » crit qu'on n'a pas publié. Mais quand » une fois il a pris fon effor, il ne revient plus.

[ocr errors]

Un homme qui donne des vers au public eft précisément dans le cas du conteur qui dit, Oyez une merveille. S'il s'agit de nous inftruire d'une chofe qui nous importe; qu'on parle en profe, la chofe fera plus claire, & l'intérêt fuffira pour nous rendre attentifs. Mais vous nous parlez en vers; c'eft donc que vous voulez nous réjouir ? Nous le voulons bien : mais tenez parole; & fouvenez-vous que nous voulons du beau. Itaque in iis artibus in quibus non utilitas quæritur neceffaria, fed animi libera quædam oblectatio, quàm diligenter & quàm propè faftidiosè judicamus! Neque enim lites, neque controverfia funt quæ cogant homines ficut in foro, non bonos oratores, item in theatro actores malos perpeti. Cic. de Or. 1. 1. c. 26.

Horace paffe à l'éloge de la Poëfie, & fait voir qu'elle ne peut deshonorer un

Membranis intus pofitis delere licebit

A

feigneur, un homme fage qui s'y applique.

[ocr errors]

XXV I.

» Les hommes vivoient dans les forêts. Orphée, cet interprête des dieux, leur apprit à refpecter le fang (a), & à fe » refuser une nourriture indigne de l'hom» me. Ce fut pour cela qu'on dit qu'il » avoit apprivoifé les tigres & les lions » cruels. On a dit de même d'Amphion,

رو

qui fonda la ville de Thèbes (6), qu'il » attiroit les pierres par les doux fons de » fa lyre, & qu'il les menoit où il vou» loit. La Poëfie étoit autrefois l'organe » de la fageffe. Ce fut elle qui diftingua » entre le bien public & l'intérêt parti» culier, entre le facré & le prophane;

Sylveftres homines facer, interprefque deorum
Cædibus & vi&u fœdo deterruit Orpheus.
Dictus ob hoc lenire tigres, rabidofque leones.
Di&us & Amphion Thebane conditor arcis,
Saxa movere fono teftudinis,& prece blandâ
Ducere quò vellet. Fuit hæc fapientia quondam,
Publica privatis fecernere, facra profanis;

(a) Vidlu fædo, les hommes fauvages fe nourriffoient de viandes crues, & buvoient le fang.

(b) Cadmus bâtit Thébes 1400 ans avant J. C. Amphion l'environna de mura & y bâtit une citadelle.

« PoprzedniaDalej »