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Le dernier précepte fur l'unité regarde le finiffement de chaque partie. Il faut que dans un ouvrage de l'art tout foit parfait, fans quoi la perfection d'une tie jointe à l'imperfection d'une autre partie rompt l'unité. Les parties ne femblent plus faites pour être unies: elles portent l'image de la duplicité. C'est un bel œil avec un vilain nez. Il y a peu d'arts dont un feul homme puiffe achever toutes les parties dans un degré égal. Tel qui charme dans un panégyrique eft glacé dans la morale. Phidias peignoit la majefté, Apelle les graces. Dans un grand ouvrage il faut pourtant peindre l'un & l'autre, & le peindre également bien.

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Raffemblons fous un même point de vûe toutes ces unitez pour en noître les efpeces & les degrez,

Un feul tout & non deux : c'est l'unité numérique. Horace fuppofe que cette unité n'a pas befoin de précepte. S'il la défigne, ce n'eft que par le mot fimplex, qu'il a ajouté à unum.

Une feule nature & non plufieurs : c'est l'unité fpécifique. Une tête de femme & un cou de cheval rompent cette unité.

Une feule forme qui embraffe tout fans inégalité, même couleur, même ton: c'eft l'uniformité.

Un feul principe d'où fort tout ce qu'on dit, c'eft l'unité d'objet. Une feule mefure commune l'épour tendue & la proportion des parties: une groffe tête va mal avec un petit corps: c'eft l'unité de fymétrie.

Dans la variété même, rapport d'uhiformité fondé fur l'unité de nature & de proportion : ce qui rentre dans l'unité fpécifique.

Enfin chaque partie fera également fi nie, fans quoi elle paroîtroit détachée des autres, plus ou moins, à-peu-près comme des piéces de différentes nuances: c'eft l'unité de finiffement.

Ce morceau eft le plus riche & le plus important de l'Art poëtique d'Horace : & tout ce qu'il renferme convient également à l'Eloquence, à l'Architecture, & à tous les beaux Arts.

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"O vous qui entreprenez d'écrire,

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choififfez une matiere proportionnée à » vos talens, & examinez long-tems ce » que peuvent, ou ne peuvent point por» ter vos épaules. Celui qui aura pris un fujet proportionné à fes forces, faura

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» le rendre en termes convenables & dans » un ordre clair.

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» L'ordre, ou l'arrangement des parties (a), pour avoir toute la grace & "tout l'effet poffible, demande, fi je ne "me trompe, qu'on dife dans l'instant » où la fcene s'ouvre, ce qui devoit être >> dit dans cet inftant, & qu'on renvoie » dans une occafion favorable l'expofé des » autres chofes.

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» L'auteur d'un long poëme doit faire » un choix dans ce qui fe préfente à lui.

Reprenons ces préceptes. Choififfez une

Viribus, & verfate diu quid ferre recufent,
Quid valeant humeri. Cui lecta potenter erit res,
Nec facundia deferet hunc, nec lucidus ordo.
Ordinis hæc virtus erit, & venus, aut ego fallor,
Ut jam nunc dicat jam nunc debentia dici,
Pleraque differat, & præfens in tempus omittat.
Hoc amet, hoc fpernat promiffi carminis auctor.

(a) On peut prendre le l'art d'arranger, la Difpo mot ordinis activement pour fition.

matiere proportionnée à vos forces. Cet avis eft très-néceffaire, fur-tout aux poëtes, qui, dès qu'ils ont fait quelque piéce médiocre, portent tout d'un coup leur vûe jufqu'aux plus grands ouvrages. Il faut tourner & retourner long-tems le genre, le fujet qu'on veut prendre, effayer fi on peut le porter, fi on peut le porter affez long-tems, & jufqu'au bout. Tel peut fournir un acte, qui ne peut aller jufqu'à trois, moins encore jufqu'à cinq.

Un homme qui a choifi un fujet dont il est bien le maître, le porte aifément : il en arrange les parties avec clarté, & comme il le veut. Il rend les pensées par des expreffions qui naiffent fous fa main. Au lieu que quand le fujet eft plus fort que l'auteur, que fa matiere le charge, lui commande; l'arrangement des parties eft contraint, de mauvaise grace: l'ouvrage eft maigre, pauvre, femblable à ces plantes malades, dont la tige est menue, la feuille pâle & petite, & la fleur prefque fanée avant que d'éclore.

Mais en quoi confifte l'arrangement des parties dans un tout poëtique, foit

ble à celui d'une hiftoire? N'y a-t-il pas moyen d'en trouver un autre qui ait plus de grace & qui produife un plus bel effet ? C'est à quoi répond Horace dans les trois vers qui fuivent: Ordinis, &c.

Ce paffage eft difficile. Voici comme il me paroît qu'on doit l'expliquer, & toujours par le principe de l'imitation qui eft la fource & l'explication de toutes les regles.

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Qu'il arrive dans une ville quelque émeute, fuivie de quelque combat; les habitans accourent les uns après les autres pour être fpectateurs. Le fpectacle ne commence pour eux qu'au moment où ils arrivent & dès cet inftant, ils s'instruisent avidement, par leurs propres yeux, de tout ce dont ils peuvent s'inftruire par eux-mêmes: enfuite, quand ils trouvent un inftant d'intervalle, où leurs yeux ne leur apprennent rien; ils s'informent du refte, c'eft-à-dire, des caufes & des circonftances; & on leur en fait le récit. Voilà le modéle de l'ordre poëtique.

On veut jouer Le Malade imaginaire. On le fuppofe dans fa maison, occupé à regler des mémoires d'apoticaire. On

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