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pre qui brille: on décrit un bois fom»bre, quelque autel de Diane (a), ou les » détours d'un ruiffeau qui fuit dans une »riante prairie, ou les flots du Rhin " ou l'arc céleste formé par la pluie. » Mais ce n'étoit pas le lieu. Vous favez » rendre fidélement un cyprès. Qu'importe, fi celui qui vous paie pour le peindre, a brifé fon vaiffeau, & nage » fans efpoir au milieu des flots. A vous voir commencer, vous alliez donner » un vase majestueux : la roue tourne (b) ; » il ne fort qu'un chétif pot à l'eau. En» fin quelque fujet que vous traitiez, qu'il » foit fimple & un (c).

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Purpureus, latè qui fplendeat, unus & alter
Affuitur pannus: cum lucus, & ara Dianæ,
Es properantis aquæ per amœnos ambitus agros,
Aut flumen Rhenum, aut pluvius describitur arcus.
Sed nunc non erat is locus. Et fortafsè cupreffum
Scis fimulare. Quid hoc, fi fra&tis enatat expes
Navibus, ære dato qui pingitur? amphora cœpit
Inftitui: currente rotâ cur urceus exit?

Denique fit quodvis fimplex dumtaxat, & unum.

(a) Diane déeffe des fo- tier, qui tourne pour figu

têts avoit des autels dans les rer le vafe.

bois. (c) Quodvis, quelque cho (b) C'eft la roue d'un pot- fe que ce foit.

» pas,

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» Il y a une apparence du bon qui trompe les poëtes. Vous ne l'ignore Pere illuftre, & vous Fils digne » d'un tel pere. Je tâche d'être court je deviens obfcur. Je veux être déli "cat, poli; j'ôte l'ame & les nerfs. Ce » lui qui veut aller au grand, eft enflé Celui qui craint l'orage & le danger (a), rampe à terre. De même » un poëte, qui veut varier un fujet par » un merveilleux bizarre, peint un dauphin dans les bois, & un fanglier dans » les flots. La crainte d'une faute nous jette dans une autre, quand on ne fait point l'art. On verra auprès de l'é»cole d'Emilius, l'artiste le plus médio

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Maxima pars vatum, pater, & juvenes patre digni,
Decipimur fpecie reci. Brevis effe laboro,
Obfcurus fio. Sectantem lævia nervi

Deficiunt, , anirnique. Profeffus grandia turget:
Serpit humi, tutus nimiùm, timidufque procellæ.
Qui variare cupit rem prodigialiter unam ;
Delphinum fylvis appingit, fluctibus aprum.
In vitium ducit culpæ fuga, fi caret arte.
Æmilium circa ludum faber imus & ungues

(a) Tutus nimiùm, c'eft- qui veille trop à fa confer

à-dire, qui tuetur fe nimis,vation, qui a peur.

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cre (a) exprimer parfaitement les ongles, & imiter avec le bronze la moleffe , des cheveux: mais fon travail demeurera , imparfait, parce qu'il ne fait point faire un tout. Si je voulois compofer quelque ouvrage, je ne fouhaiterois pas plus de reffembler à cet homme, que d'a› voir un nez difforme avec une belle , chevelure & de beaux yeux.

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Tout ce morceau eft rempli de précepes qui regardent l'unité. Mais comme ils ont la plupart couverts d'allégorie, il s'agit de lever l'enveloppe, & de les monrer eux-mêmes tels qu'ils font.

D'abord, qu'eft-ce que l'unité dans un ètre compofé de parties différentes? Elle confifte, je crois, dans le rapport & la proportion des parties réunies pour for

Exprimet, & molles imitabitur ære capillos :
Infelix operis fummâ, quia ponere totum

Nefciet. Hunc ego me, fi quid componere curem,
Non magis effe velim, quàm pravo vivere nafo
Spectandum nigris oculis, nigroque capillo.

(a) Faber imus. Sans chercher fi loin le fens du mot imus, on peut dire qu'il fignifie le plus faible, le moins babile, Le dernier de ces

ouvriers faura finir des petites parties, comme des orgles, des cheveux; mais il ne faura pas faire un tout.

mer

mer un tout complet, c'eft-à-dire, un tout auquel il ne manque rien, & qui n'ait rien de trop.

Ainfi un tout eft un, quand il y a rapport & proportion dans la nature, ou la qualité des parties & dans la grandeur de ces mêmes parties; quand il y a ce même rapport entre la forme & le fond, & que toutes les parties extérieures & intérieures, ont un degré égal de perfection. Telle eft l'étendue qu'Horace femble donner à l'unité dans le morceau que nous venons de traduire. Voici les principes qu'il renferme.

Que les parties foient faites pour aller enfemble. Pour mettre ce précepte dans un beau jour, le poëte le préfente dans un exemple du contraire. Voici des parties: Une belle tête de femme, un cou de cheval, un pied de chèvre, un de tigre, un corps d'oifeau, une queue de poiffon. Réuniffez ces parties; vous en faites un tout monftrueux. D'où il faut conclure que toute partie n'est pas faite pour aller avec toute autre partie. La nature eft le modéle des combinaisons : c'eft elle que l'art doit imiter : c'eft fur fon exemple que les artiftes doivent se

regler. Si quelquefois la nature s'égare & produit des affemblages monftrueux; ce font des erreurs que l'art doit éviter, & le génie qui s'aviferoit de les imiter, prouveroit une forte de maladie & de délire dans l'imitateur.

Les artiftes ont des licences: mais ces licences ont leurs bornes. Ces bornes font tracées dans l'exemple même de la nature. L'Artifte peut réunir dans fes fictions ce qui eft féparé dans le vrai, féparer ce qui eft uni. Il peut tranfpofer, étendre, diminuer quelques parties; mais il faut toujours que la nature le guide., Il n'ira point nous peindre des ifles volantes dans les airs : ce n'eft pas là qu'elles font dans la nature: ou fi, par une conceffion toute gratuite, on lui d'en feindre dans quelque jeu d'imagination, fuppofé qu'il y mette des villes, des plantes, on ne lui permettra pas de dire que la racine des arbres eft en haut, & le feuillage en bas, que chaque maifon eft plus grande que la ville entiere, Ce feroit dire que les ferpens s'accouplent avec les oifeaux, & les brebis avec les tigres.

permet

En quoi donc confifte la liberté des

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