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»les groffes lévres! En vérité je n'ai jamais » pú aimer cet homme là. Mais qu'a-t-il "fait? qui l'a accufé? quels indices avoit>> on? quels témoins? On ne fait point. » Il eft venu une grande lettre de Ca» prée... ha! c'est affez: je n'en demande point davantage. Et que dit le peuple? » Le peuple juge par l'événement, à fon » ordinaire, & donne le tort à ceux qui périffent.

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REGNIER.

Mathurin Regnier, natif de Chartres, & neveu de l'abbé Defportes, poëte du feiziéme fiécle, fut le premier en France qui donna des fatires. Il y a de la finesse & un tour ailé dans celles qu'il a travaillées avec foin, fes vers font naïfs & coulans: Heureux,

. . . . Si du fon hardi de fes rimes cyniques Il n'allarmoit fouvent les oreilles pudiques.

Ce qu'on peut

dire pour

diminuer fa

Vultus erat! nunquam ( fi quid mihi credis ) amavi Hunc hominem. Sed quo cecidit fub crimine? quifnam Delator? quibus indiciis? quo tefte probavit ?

Nil horum. Verbofa & grandis epiftola venit

A Capreis: bene habet, nil plus interrogo: fed quid
Turba Remi? fequitur fortunam, ut femper, & odit
Damnatos.

faute, c'eft que ne travaillant que d'après les fatiriques Latins, il croyoit pouvoir les fuivre en tout, & s'imaginoit que la licence des expreffions étoit un affaifonnement dont leur genre ne pouvoit fe paffer.

Voici comment il raconte un apologue.

On dit que Jupiter roi des dieux & des hommes
Se promenant un jour en la terre où nous sommes,
Reçut en amitié deux hommes apparens,

Tous deux d'âges pareils, mais de mœurs différens.
L'un avoit nom Minos, l'autre avoit nom Tantale.
Il les éléve au ciel, & d'abord leur étale

Parmi les bons propos, les graces & les ris,
Tout ce que la faveur départ aux favoris,
Ils mangeoient à fatable, avaloient l'ambrofie,
Et des plaifirs du ciel foûloient leur fantaisie.
Ils étoient comme chefs de fon conseil privé:
Et rien n'étoit bien fait qu'ils n'euffent approuvé,
Minos eut bon efprit, prudent, accort,
Et fut jufqu'à la fin jouer fon perfonnage.
L'autre fut un langard, révélant les fecrets
Du ciel & de fon maître aux hommes indifcrets.
L'un avecque prudence au ciel s'impatronife:
Et l'autre en fut chaffé comme un peteux d'églife.

& fage,

que

le

On voit par ce petit échantillon caractère de Regnier eft aifé, coulant, naïf, vigoureux; mais il oublie fouvent la dignité dans les mots, dans les pen

fées, même dans les chofes. Il eft quelquefois long & diffus. Quand il trouve à imiter, il va trop loin, & fon imitation eft prefque toujours une traduction inférieure à fon modéle,

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Nicolas Boileau Defpréaux, qui vint 60 ans après Regnier, fut plus retenu. Il favoit que l'honnêteté eft une vertu auffibien dans les écrits que dans les mœurs. Son talent l'emporta fur fon éducation : quoiqu'il fût fils, frere, oncle, coufin, beaufrere de Greffier, & que fes parens le deftinaffent à fuivre le palais, il lui fallut être poëte, & qui plus eft poëte fatirique. Voici comme il trace lui-même fon caractère en parlant à fon Livre.

Déposez hardiment qu'au fond cet homme horrible,
Ce cenfeur qu'on a peint fi noir & fi terrible
Fut un efprit doux, fimple, ami de l'équité,
Qui cherchant dans fes vers la feule vérité,
Fit, fans être malin, fes plus grandes malices ›
Et qu'enfin fa candeur feule a fait tous fes vices:
Dites que harcelé par les plus vils rimeurs,
Jamais, bleffant leurs vers, il n'effleura leurs mœurs.
Libre dans fes difcours, mais pourtant toujours fage.
Affez foible de corps, affez doux de visage ;

Ni petit, ni trop grand, très peu voluptueux;
Ami de la vertu, plûtôt que des vertueux.

Ses vers font forts, travaillez, harmo nieux, pleins de chofes, tout y eft fait avec un foin extrême.

Il n'a point toute la naïveté de Regnier; mais il s'eft tenu en garde contre fes défauts. Il eft ferré, précis, décent, foigné par-tout, ne fouffrant rien d'inutile, ni d'obfcur. Son plan de fatire étoit d'attaquer les vices en général, & les mauvais auteurs en particulier. Il ne nomme guère un fcélérat; mais il ne fait point de difficulté de nommer un mauvais auteur qui lui déplaît; pour fervir d'exemple aux autres, & maintenir les droits du bon fens & du bon goût. Comme bien des gens, foit par intérêt, ou par fcrupule, ou par petiteffe d'efprit, lui en faifoient un crime, il s'examine lui-même dans la neuviéme Satire, qu'il adreffe à fon efprit, & fe juftifie d'une maniere auffi solide que finguliere. C'est ainsi qu'il parle :

Vous ferez-vous toujours des affaires nouvelles ?
Et faudra-t-il fans ceffe effuyer des querelles?
N'entendrai-je qu'Auteurs fe plaindre & murmurer?
Jufqu'à quand vos fureurs doivent-elles durer ?
Répondez, mon Efprit, ce n'eft plus raillerie.
Dites..

Voici comme l'Esprit répond:

Mais, direz-vous, pourquoi cette furie?... Quoi pour un maigre auteur que je glose en passant, Eft ce un crime après tout & fi noir & fi grand ? Et qui, voyant un fat s'applaudir d'un ouvrage, -Qù la droite raison trébuche à chaque page, Ne s'écrie auffitôt : L'impertinent Auteur! L'ennuyeux Ecrivain ! le maudit Traducteur ! A quoi bon mettre au jour tous ces difcours frivoles, Et ces riens enfermez dans de grandes paroles?

Cette réponse n'est que le bon fens affaifonné, la pure raifon, rendue avec force & netteté. Les expreffions font toujours juftes, claires, fouvent riches, & hardies, & les tours aifez & vifs. Il n'y a ni vuide, ni fuperflu. C'eft un des caractères de l'élocution de M. Defpréaux. Il avoit le fecret de faire paffer le befoin du poëte pour le besoin de la chose même. Continuons:

Eft-ce donc là médire, ou parler franchement ?
Non, non,
la médifance y va plus doucement.
Si l'on vient à chercher pour quel fecret mystère
Alidor à fes frais bâtit un monastère :

Alidor, dit un fourbe, il eft de mes amis.

Je l'ai connu laquais, avant qu'il fût commis.
C'est un homme d'honneur, de piété profonde,
Et qui veut rendre à Dieu ce qu'il a pris au monde.'

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