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quatre martyrs devait former le spectacle. Maturus et Sanctus repassèrent, à l'amphithéâtre, par tous les genres de tourments qu'ils avaient subis déjà dans le prétoire; et comme, malgré les fouets, la dent des bêtes, la chaise de fer rougie au feu, ils respiraient encore, on les acheva par l'épée. Durant leurs combats, Blandine, suspendue à un gibet pour y être dévorée, suppliait Dieu dans une prière instante; la vue de cette admirable sœur donnait l'allégresse aux martyrs; ses bras étendus en forme de croix leur rappelaient le Sauveur. Mais aucune bête féroce, ce jour-là, ne toucha son corps; elle fut ramenée dans son cachot, et réservée pour d'autres combats. Un incident s'était produit, qui devait prolonger les souffrances des confesseurs, en retardant la dernière lutte: le gouverneur venait de découvrir qu'Attale, ce condamné qu'il s'apprêtait à jeter aux bêtes, était citoyen romain; la sentence, en ce qui le concernait, se trouvait infirmée par là même. On le reconduisit en prison, et un message fut adressé à César, tant au sujet d'Attale que de ses compagnons de capti

vité.

Les prisonniers, durant ces délais, ne restèrent point inactifs; du fond de leurs cachots, et attendant la mort, ils montrèrent qu'il n'est point de situation où le chrétien puisse se désintéresser du salut de ses frères et des intérêts de la sainte Eglise. Ce fut alors que leur humilité, leur tendresse compatissante, aidées des prières et des larmes qu'ils répandaient jour et nuit devant Dieu, ramenèrent au combat les infortunés qui avaient faibli dans les premières tortures. Un autre souci préoccupait vivement les confesseurs : on avait appris dans les Gaules la naissance de la secte nouvelle que Montan propageait en Phry

gie; inquiets pour les Eglises d'Asie, d'où par le bienheureux Pothin leur était venue la lumière, ils écrivirent à ces frères éloignés les craintes qu'ils avaient conçues, et s'adressèrent en même temps au pape Eleuthère, juge souverain de la doctrine. Estimant qu'aucun intérêt ne pouvait l'emporter sur celui de la foi, ils chargèrent de leurs lettres le prêtre Irénée, quoique celui-ci, dont nous aurons en son temps à raconter aussi le triomphe, parût être en ce moment le principal appui de la chrétienté lyonnaise privée de son évêque.

Tandis qu'au fond des cachots qui s'étendaient sous le palais impérial, on s'occupait ainsi des grands intérêts auxquels le salut et la dignité de la race humaine étaient attachés; dans ce palais, dans la ville entière, toutes les pensées étaient à l'approche de la grande fête dont la date, fixée aux calendes d'août, attirait chaque année à Lyon un concours immense. Soixante cités, soixante peuples, appartenant aux diverses provinces de la Gaule chevelue, s'étaient réunis pour élever à Auguste et à Rome, du vivant du premier, un temple magnifique : monument d'éternel servilisme, dressé par les descendants de Brennus pour célébrer la force qui avait réduit à néant l'indépendance du vieux sol gaulois! On en fixa l'emplacement au confluent du Rhône et de la Saône : inauguré, lors de son érection, au commencement du mois d'août consacré à Auguste, c'étaient les pompes de cette dédicace qui se renouvelaient chaque année, depuis deux cents ans, sans pouvoir lasser l'enthousiasme des vaincus. On eut l'idée, pour cette fois, de relever encore la solennité accoutumée par l'exécution des chrétiens qui, depuis la mort de Maturus et de Sanctus, rem

plissaient les prisons, attendant leur tour. La réponse de César au gouverneur venait d'arriver, telle qu'on pouvait l'attendre; elle portait qu'on devait mettre à mort ceux qui persisteraient dans la confession du christianisme, et renvoyer les autres absous. La sentence fut bientôt rendue : les confesseurs qui étaient citoyens romains furent condamnés à la décapitation, les autres réservés aux bêtes; par une exception glorieuse autant qu'illégale, Attale, malgré son titre, fut lui-même destiné aux jeux de l'amphithéâtre.

Les condamnés, qui attendaient depuis des mois ce grand jour, virent donc enfin sonner l'heure du triomphe; l'arène s'ouvrait à leurs derniers combats. Au-dessus d'eux, près de la scène, s'élevait l'autel d'Auguste entouré de la représentation des soixante peuples qui avaient contribué à l'érection du monument, et que dominait la statue colossale de la Gaule. Une foule immense, avide de sang non moins que d'esclavage, se pressait au spectacle, ne se doutant pas que du sang de ces condamnés, mêlé à la poussière de la Gaule asservie, ressusciterait elle-même bientôt, plus noble, plus complète, plus féconde que jamais, l'indépendance de la patrie terrestre. Quelques siècles seulement; et de l'autel d'Auguste, il ne restera plus que les quatre colonnes soutenant les voûtes d'un temple chrétien au-dessus d'une crypte appelée du nom de l'humble Blandine.

Nous laissons à la sainte Liturgie le soin de compléter et de terminer, dans les Leçons qui suivent, un récit déjà trop étendu.

E la Lettre des Eglises Dede Vienne et de Lyon

x Epistola EcclesiaViennensis et

Erum

aux Eglises d'Asie et de Lugdunensis ad Ecclesias Asiæ et Phrygiæ.

Phrygie.

B

EATISSIMUS Pothinus, N traîna devant le tribuOnal le bienheureux PoEcclesiæ Lugdunensis Episcopus, nonagena- thin, évêque de Lyon,personrio major, ob corporis in- nage plus que nonagénaire, firmitatem vix spiritum ayant à peine un souffle de trahens, sed præ cupi- vie dans son corps épuisé, ditate martyrii mira ala- mais rempli d'ardeur par le critate animi firmatus, désir du martyre. Il était ad tribunal trahebatur. porté par les soldats, et Quo a militibus perlatus, suivi par les magistrats de prosequentibus ipsum la ville et par la population magistratibus civitatis, tout entière qui le poursuiet universa plebe variis vaient de leurs cris furieux, cum clamoribus impe- comme s'il eût été le Christ tente, tamquam ipse lui-même. .Pothin rendit Christus esset, egregium dans cette occasion un edidit testimonium. In- noble témoignage. Le présiterrogatus a præside dent lui ayant demandé quisnam esset Christia- quel était le Dieu des chrénorum Deus, respondit: tiens, il répondit: « Si tu Si dignus fueris, cognos- en es digne, tu le connaîces. Post hæc inhumane tras. » On se jeta sur lui raptatus, et innumeris avec brutalité, et il ne tarda plagis affectus est, cum pas à être couvert de nomii quidem qui propius breuses plaies, ceux qui astabant, calcibus et étaient près de lui l'ayant pugnis illum contu- maltraité honteusement à meliose appeterent; qui coups de pieds et à coups vero longius distabant, de poings, et ceux qui étaient quidquid ad manum plus éloignés lui jetant erat, in ipsum conji- tout ce qui leur tombait cerent: omnes denique sous la main. On eût dit gravissimi piaculi reos qu'ils se seraient regardés se existimarent, nisi pro comme coupables d'un sua quisque parte ei grand crime, si chacun d'eux petulanter insultarent. ne l'avait pas accablé d'ouQuippe hoc modo inju- trages autant que faire se riam deorum suorum pouvait, et ils pensaient ulturos se arbitrabantur. venger ainsi l'injure faite à Exinde vix adhuc spirans leurs dieux. Il était expiin carcerem projectus rant, lorsqu'on le reporta à est, tandemque post la prison, où il rendit l'âme biduum animam exha- deux jours après. lavit.

L

M

ATURUS

vero neo

phytus, et Sanctus, Diaconus Ecclesiæ Viennensis, cum Blandina ancilla et Attalo ducti sunt ad bestias in amphitheatrum. Et Maturus quidem ac Sanctus consueta illic flagrorum verbera pertulerunt, et bestiarum ipsos trahentium morsus, ipsam postremo ferream cathedram: cui superposita martyrum membra cum torrerentur, illorum na

E néophyte Maturus, Sanctus diacre de l'Eglise de Vienne, l'esclave Blandine et Attale furent conduits à l'amphithéâtre pour être exposés aux bêtes. Maturus et Sanctus y furent d'abord déchirés par les fouets selon l'usage; on les livra ensuite à la dent des bêtes qui les traînèrent sur le sol; et enfin on les fit asseoir sur la chaise de fer rougie au feu, d'où leurs membres rôtis répandaient une odeur insupportable. Après avoir souffert ces res molestissimus niterribles combats, ils furent enfin égorgés. Quant à Blandine, on l'attacha à un poteau pour l'exposer aux bêtes. Elle semblait alors comme attachée à la croix, et la ferveur des prières qu'elle adressait à Dieu ajoutait encore à l'ardeur des combattants; car en la personne de leur sœur ils contemplaient celui qui avait été crucifié pour eux. Aucune des bêtes n'ayant osé la toucher, elle fut détachée du poteau, et jetée de nouveau en prison, pour être réservée à un autre combat.

dor implebat. Hi ergo maximo certamine perfuncti, tandem jugulati sunt. Blandina autem ad

palum suspensa, bestiis objecta est. Quæ cum in crucis speciem suspensa cerneretur, Deoque intentissime supplicaret, maximam alacritatem addebat certantibus; quippe qui sub sororis persona cernerent illum qui pro ipsis crucifixus est. Cumque nulla tunc bestia corpus ejus attigisset, deposita ex stipite rursus in carcerem conjicitur, in aliud

certamen reservata.

TTALUS quoque cum per amphitheatrum circumduceretur, præcedente eum tabella in qua latino sermone scriptum erat: Hic est Atta

N fit parcourir l'amphitheatre à Attale. Un homme marchait devant lui, portant une tablette sur laquelle était écrit : « Celui-ci est Attale le chrétien. » Mais le président, ayant décou-lus christianus præses

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