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jeter dehors, selon l'expression du Sauveur, que la lutte avec lui fût une lutte corps à corps, qu'elle revêtit un caractère extérieur et visible?

« Le Verbe, dit saint Justin, s'est fait homme pour deux buts: sauver les croyants, et chasser les démons 2. » Aussi l'expulsion des démons de la place qu'ils occupent dans ce monde matériel, et spécialement du corps de l'homme qui en est la plus noble partie, apparaît-elle, dans l'Evangile, comme l'un des principaux caractères de la puissance du Sauveur. Quittant la terre et envoyant ses apôtres continuer son œuvre parmi les nations, c'est elle également que lui-même indique comme devant être le premier signe de la mission qu'ils auront à remplir 3. Le monde ne s'y méprit pas. Bientôt les païens durent constater la cessation partout des anciens oracles *, et la cause d'un phénomène de cette importance pour l'ancienne religion apparut évidente: les démons eux-mêmes n'hésitèrent point à reconnaître que leur silence forcé venait des chrétiens. Sur cette puissance du christianisme contre l'enfer, les apologistes des ret e siècles en appelaient, sans crainte d'être contredits, au témoignage public. « C'est sous les yeux de tous, disait saint Justin aux empereurs, que les chrétiens, dans Rome et dans tout l'univers, chassent les démons au nom de Jésus-Christ . » Les dieux de l'Olympe se voyaient démasqués honteusement en présence de leurs adorateurs confus, et Tertullien pouvait jeter ce défi aux magistrats de l'empire: « Qu'on amène à vos tribunaux quelqu'un de ces hommes qui se disent sous la puissance des dieux. Sur

1. JOHAN. XII, 31. 2. 2a Apol. vi. 4. PLUTARCH. De oraculor. defectu.

3. MARC. XVI, 17. 5. 2a Apol. vi.

l'ordre du premier venu d'entre nous, l'esprit qui les possède sera contraint de confesser ce qu'il est; s'il ne s'avoue démon et non pas dieu, n'osant mentir à un chrétien, répandez aussitôt le sang de ce chrétien blasphémateur. Mais non; la crainte qu'ils ont du Christ fait que l'attouchement, le souffle même de l'un de ses serviteurs suffit à les chasser >>.

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Le baptême suffisait donc pour donner à l'homme un tel pouvoir; et c'était bien en effet le sens de la promesse du Seigneur, lorsque, parlant de ceux qui croiraient en lui, et non pas seulement des chefs de l'Eglise, il avait dit : « En mon nom ils chasseront les démons >>. De bonne heure cependant, l'Eglise, organisant la guerre sainte, constitua parmi ses fils un ordre spécial qui eut pour mission directe la poursuite de Satan sur tous les points de ce monde visible. Les exorcistes se trouvèrent par cette délégation investis d'un empire qui accéléra la défaite du prince du monde, et lui rendit cette défaite d'autant plus odieuse, que l'Eglise, humiliant son orgueil, n'éleva point au-dessus des rangs inférieurs de la cléricature un ordre pourtant si terrible à l'enfer. Lucifer avait prétendu s'égaler au Très-Haut 3; précipité du ciel, il s'était flatté, dans sa folie, de pouvoir du moins supplanter Dieu sur la terre : et voilà que le soin de sa défaite est confié, non plus aux anges ses égaux par nature, mais à des hommes, aux plus petits de cette race si facilement trompée, qu'il avait vue prosternée devant lui durant de longs siècles. Leur main de chair le contraint, lui esprit, à descendre de son trône; à leur parole, il faut qu'il dépose ses vains orne

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ments, qu'il se démasque lui-même; l'eau qu'ils bénissent ravive en lui ses tortures éternelles; du prince du monde et de ses pompes il ne reste plus que Satan, le révolté à la face hideuse, le condamné tremblant dans la poussière aux pieds des fils des hommes, ou fuyant comme la feuille desséchée sous le souffle de leur bouche.

L'archange Michel reconnaît dans ces fils d'Adam les dignes alliés des anges fidèles qu'il conduisit à la victoire. Mais parmi ces continuateurs du grand combat commencé dans les hauteurs des cieux, l'exorciste Pierre se présente à nous rayonnant d'un éclat sans pareil. Le triomphe du martyre vient s'ajouter pour lui aux victoires remportées sur les troupes de Satan. Nul mieux que lui n'a fait reculer l'enfer; car, chassant les démons des corps, il a de plus conquis les âmes. Le prêtre Marcellin, son associé dans la conquête et le martyre, est également l'associé de sa gloire. L'Eglise a voulu que leurs noms, redoutables aux esprits de ténèbres, brillassent d'une commune auréole ici-bas comme au ciel. Chaque jour, elle leur rend le plus solennel hommage qui soit en son pouvoir, en les nommant tous deux au diptyque du Sacrifice avec les saints Apôtres et les premiers de ses fils. Telle fut l'importance de la mission qu'ils remplirent et la renommée de leurs derniers combats, que leurs corps, transportés sur la voie Lavicane, y devinrent le centre d'un illustre cimetière. Les chrétiens de l'âge de la paix, qui suivit de près leur glorieuse confession, se disputèrent l'avantage d'être ensevelis sous la puissante protection des soldats du Christ; Constantin, le vainqueur de l'idolâtrie, déposa près d'eux les res

1. Apoc. XII, 7-9.

tes de sa mère, sainte Hélène, qui avait retrouvé le bois du salut, terreur des démons. Une inscription célèbre fut composée en leur honneur par le pape Damase qui, dans son enfance, avait appris de la bouche même du bourreau, converti depuis, les détails de leur martyre; gravée près de leurs tombeaux, elle compléta les monuments de cette catacombe, où l'art chrétien multipliait ses plus riches enseignements.

A la mémoire des saints Marcellin et Pierre est joint, dans la Liturgie de ce jour, le souvenir d'un saint évêque martyr, bien connu autrefois du peuple fidèle. Si les Actes qui nous sont parvenus de sa vie ne sont pas à l'abri de tout reproche au point de vue de la critique, les faveurs obtenues par l'intercession d'Erasme ou saint Elme portèrent son nom dans toute la chrétienté, comme l'attestent les formes nombreuses que ce nom revêtit au moyen âge dans les différentes contrées d'Occident. Il fait partie du groupe des saints auxiliateurs ou secourables, dont le culte se répandit surtout en Allemagne et en Italie. Les marins le reconnurent pour patron, en souvenir d'un voyage miraculeux rapporté dans sa Vie; une des tortures nombreuses qu'il eut à subir, l'a fait aussi invoquer contre les douleurs d'entrailles. Nous ne devons pas oublier de mentionner ici que le patriarche des moines d'Occident eut saint Erasme en vénération particulière; lorsqu'il quitta pour la Campanie sa solitude des bords de l'Anio, il marqua sa principale étape entre Subiaco et le Mont-Cassin en jetant, à Véroli, les fondements d'une église et d'un monastère sous le vocable du saint martyr; un autre monastère fut également dédié par saint Benoît, dans Rome même, à saint Erasme.

Lisons les quelques lignes consacrées par l'Eglise à la mémoire de nos trois saints.

PIE

PETRUS, exorcista, Dio- IERRE, exorciste, fut emcletiano imperatore, prisonné à Rome, sous Romæ a Sereno judice l'empire de Dioclétien, par propter christianæ fidei le juge Sérénus, pour avoir confessionem missus professé la foi chrétienne. in carcerem, Paulinam Îl délivra des convulsions Artemii qui carceri que lui donnait le démon præerat, filiam a dæmo- Pauline, fille d'Artémius, ne agitatam liberavit. geôlier de la prison. Les Quo facto et parentes parents de la jeune fille, la puellæ cum tota familia famille tout entière et les et vicinos, qui ad rei no- voisins qui s'étaient rassemvitatem concurrerant, blés sur la nouveauté du Jesu Christo conciliatos fait, ayant embrassé le serad Marcellinum presby- vice de Jésus-Christ, Pierre terum adduxit a quo les amena au prêtre Marcelomnes baptizati sunt. lin, qui leur donna le baptêQuod ubi rescivit Sere- me à tous. Sérénus en ayant nus, Petrum et Marcelli- eu connaissance, fit companum ad se vocatos aspe- raître devant lui Pierre et rius objurgat et ad ver- Marcellin, les reprit dureborum acerbitatem mi- ment, et, pour les faire nas ac terrores adjungit, renoncer au Christ, il joinisi Christo renuntient. gnit à ses reproches la meCui cum Marcellinus nace des supplices. Marcelchristiana libertate res- lin lui répondit avec une ponderet, pugnis contu- liberté chrétienne; ce qui sum et a Petro sejunc- n'ayant pas convenu au tum, nudum includit in juge, il fut accablé de coups carcerem stratum vitri de poings, séparé de Pierre, fragmentis, sine cibo ac et enfermé nu, sans noursine lumine. Petrum riture et sans lumière, dans item constringi imperat un cachot jonché de fragarctissimis vinculis. Sed ments de verre. Quant à cum utrique ex tormen- Pierre, ordre fut donné tis fides et animus cres- également de resserrer ceret, constanti confes- chaines étroitement. Mais sione et abscisso capite, ces tourments ne faisant illustre testimonium qu'accroître en tous deux la Jesu Christo dederunt. foi et le courage, ils persévérèrent dans leur confession; condamnés à avoir la

ses

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