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sublimes prévenances du Très-Haut à son égard. L'Hymne qui suit, fournit à l'Eglise une belle formule de prière et de louange. Il en est peu d'aussi célèbre dans la sainte Liturgie.

Sa composition est attribuée à Paul Diacre, moine du Mont-Cassin au VIII° siècle; et l'histoire qu'on en raconte est particulièrement touchante. Honoré de l'ordre sacré dont le titre allait rester inséparable de son nom dans la suite des âges, Paul Warnefrid, l'ami de Charlemagne et l'historien des Lombards, fut un jour désigné pour bénir le cierge triomphal dont l'apparition annonce à l'Eglise, chaque année, la résurrection prochaine de l'Epoux; mais pendant qu'il s'apprête à remplir la plus solennelle des fonctions réservées aux lévites de la nouvelle alliance, sa voix, auparavant claire et sonore, s'éteint soudain, le laissant impuissant à envoyer au ciel les notes joyeuses du glorieux Exultet. Dans cette extrémité, Paul se recueille; et se tournant vers Jean, patron à la fois du peuple lombard et de l'église bâtie par Benoît au sommet de la sainte montagne, il invoque celui dont la naissance mit fin au mutisme d'un père, et qui garde le pouvoir de rendre aux fibres vocales leur souplesse perdue. Le fils de Zacharie exauça son dévot client. Telle serait l'origine des strophes harmonieuses qui composent aujourd'hui les trois Hymnes de la fête.

Ce que l'on connaît mieux, est l'importance que la première de ces strophes a conquise dans l'histoire du chant grégorien et de la musique. L'air primitif sur lequel on chantait l'Hymne de Paul Diacre, offrait cette particularité que la syllabe initiale de chaque hémistiche s'élevait d'un degré sur la précédente dans l'échelle des sons; on obtenait, en les rapprochant, la série des.

LE TEMPS APRÈS LA PENTECOTE. -T. III.

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notes fondamentales qui forment la base de notre gamme actuelle. L'usage s'introduisit de donner aux notes elles-mêmes les noms de ces syllabes : Ut, Re, Mi, Fa, Sol, La. Gui d'Arezzo, par sa méthode d'enseignement, avait donné naissance à cet usage; en le complétant par l'introduction des lignes régulières de la portée musicale, il fit faire un pas immense à la science du chant sacré, auparavant laborieuse et longue à acquérir. Il convenait que le divin Précurseur, la Voix dont les accents révélèrent au monde l'harmonie du Cantique éternel, eût cet honneur de voir se rattacher à son nom l'organisation des mélodies de la terre.

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Nuntius celso veniens olympo, Te patri magnum fore nasciturum, Nomen et vitæ seriem gerendæ Ordine promit. Ille, promissi dubius superni, Perdidit promptæ modulos loquelæ; Sed reformasti genitus peremptæ Organa vocis.

Ventris obstruso recubans cubili,

OUR

d'une voix

Potendue et puissante vos serviteurs fassent retentir les merveilles de VOS actes, bannissez, ô saint Jean, l'indignité de nos lèvres souillées.

Un messager venu des célestes sommets annonce à votre père que vous naîtrez et serez grand; le nom que vous porterez, la vie que vous mènerez, il expose par ordre toutes choses.

Lui doute des célestes promesses, et soudain il n'a

plus le pouvoir d'articuler les sons; mais, en naissant, vous restaurez l'organe de sa voix éteinte.

Reposant dans le secret des entrailles maternelles,

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Au Magnificat, reconnaissons la part qu'eut notre Saint à cette ineffable effusion des sentiments de la Vierge Mère, selon ce que nous rappelait la quatrième strophe de l'Hymne précédente. Les deux Cantiques du soir et du matin, le Magnificat et le Benedictus, se rattachent à Jean comme à celui qui fut l'occasion de l'un et de l'autre par son mystérieux tressaillement et par sa nais

sance.

ANTIENNE DE Magnificat.

Z le temple du Seigneur,

ACHARIE étant entré dans

NGRESSO Zacharia templum Domini, appa

l'ange Gabriel lui apparut ruít ei Gabriel angelus, debout à la droite de l'autel stans a dextris altaris des parfums.

incensi.

Le Cantique Magnificat, page 51.

ORAISON.

Deus, qui præsentem O Dieu, qui nous avez diem honorabilem nobis rendu ce jour glorieux par in beati Johannis nativi- la naissance du bienheutate fecisti: da populis reux Jean; donnez à votre tuis spiritualium gra- peuple la grâce des joies spitiam gaudiorum; et rituelles, et conduisez touomnium fidelium mentes tes les âmes fidèles dans la dirige in viam salutis voie du salut éternel. Par æternæ. Per Dominum. Jésus-Christ notre Seigneur.

L 4

Es chants de l'Eglise en l'honneur de la glorieuse Nativité du Précurseur sont commencés, et déjà tout nous montre en cette fête une des solennités les plus chères à l'Epouse. Que serait-ce, si, remontant vers des temps plus heureux, il nous était donné d'avoir part aux anciennes manifestations de l'instinct catholique en ce jour ? Dans les grands siècles où la piété des peuples suivait docilement les inspirations de la Mère commune, le spectacle des démonstrations suggérées à la foi de tous par le retour d'anniversaires aimés, entretenait en chacun l'intelligence de l'œuvre divine et des grandes harmonies que le Cycle ancien savait rendre. Aujourd'hui que l'esprit liturgique a baissé pour plusieurs, le mouvement si catholique qu'il imprimait aux foules ne se retrouve plus, et l'absence d'un gouvernail assuré se fait sentir à la dévotion d'un grand nombre désemparée, ne se guidant plus sur les phares lumineux que l'Eglise avait disposés à chaque détour de la route, parfois elle apparaît plus sensible au vent des nouveautés qu'au souffle traditionnel de l'Esprit-Saint; elle est privée du sens exquis que les plus petits comme les plus grands de la famille chrétienne puisaient à la commune école du Cycle sacré; sans vue d'ensemble,

trop souvent elle manque de proportions, et son défaut d'équilibre l'expose à mille faux mouvements pleins de périls, ou sans autre résultat qu'une fatigue sans profit. Toutefois les soubresauts et les écarts amenés par l'insuffisance de quelques-uns, ne font point sombrer le navire de la vraie piété, parce que, contre vents et marée, et au milieu même des diminutions qu'il est obligé de consentir, la ferme main du pilote suprême maintient toujours authentiquement la direction première. Nous sommes loin du temps où deux armées ennemies, se trouvant en présence la veille de Saint-Jean, remettaient le combat au lendemain de la fête en France, où la sagesse condescendante de l'Eglise s'est résignée à tant de pertes douloureuses, la Nativité de saint Jean-Baptiste n'est plus solennisée que lorsqu'elle tombe un Dimanche; mais néanmoins, portée au Calendrier comme double de première classe avec Octave, et ne le cédant qu'à la fête du Corps du Seigneur, elle continue de se présenter au fidèle attentif revêtue des caractères qui désignent en elle un des plus importants jours de l'année.

Une autre fête doit venir, à la fin d'août, réclamer nos hommages envers le fils de Zacharie et d'Elisabeth: la fête de son glorieux martyre et de sa naissance au ciel. Mais, toute vénérable qu'elle doive être pour nous, selon l'expression même de l'Eglise au jour de la Décollation de saint JeanBaptiste 2, elle n'aura pas la splendeur de celle-ci. C'est qu'en effet la solennité de ce jour se rapporte moins à Jean qu'à Jésus qu'il annonce; tandis que la Décollation, plus personnelle à notre Saint,

1. Bataille de Fontenay (samedi 25 juin 841): NITHARDI histor. L. II. 2. Collecta diei.

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