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préparée dans la nuit des siècles antiques aux Romains d'autrefois '. »

Gloire donc à vous, qui n'avez point écouté d'une oreille sourde l'Evangile 2, et, fort de la foi, l'avez emporté sur le prince de ce monde. Rendez à nos temps, si semblables aux vôtres du côté de la ruine, ce franc amour de la vérité, cette simplicité de la foi qui, dans les ive et ve siècles, sauvèrent du naufrage la société baptisée. La lumière n'est pas moindre aujourd'hui qu'alors; elle a même grandi, incessamment accrue par le travail des docteurs et les définitions des pontifes. Mais la vérité, toujours également puissante à sauver les hommes 3, ne délivre pourtant que ceux qui vivent d'elle; et voilà pourquoi, hélas ! le dogme, toujours mieux et plus pleinement défini, ne relève pas le monde en nos jours. C'est qu'il ne devrait pas rester lettre morte; ce n'est point à l'état de théorie spéculative que Jésus-Christ l'a transmis à son Eglise, et cette Eglise, quand elle l'expose à ses fils, n'entend pas davantage charmer simplement, par des agréments de style ou l'ampleur de ses développements, les oreilles de ceux qui l'écoutent. La parole de Dieu est une semence; on la jette en terre, non pour l'y cacher, mais pour qu'elle germe et se fasse jour, dominant toute autre germination autour d'elle, parce que son droit comme sa puissance est de s'approprier tous les sucs du sol qui l'a reçue, pour transformer la terre même et lui faire rendre ce que Dieu en attend. Puisse-t-elle du moins, cette divine semence, ô Paulin, produire son plein effet dans

1. Poema XXI, natal. XIII, v. 227-240. Severum. 3. JOHAN. VIII, 32.

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5. MARC. IV, 22.

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4.

2. Ep. v, 6, ad Luc. VIII, II.

tous ceux qui maintenant vous admirent et vous prient! Sans diminuer l'Ecriture, sans prétendre interpréter au gré de nos terrestres penchants ce que disait le Seigneur, vous avez pris à la lettre dans votre loyauté ce qui devait l'être; et c'est pourquoi, aujourd'hui, vous êtes saint. Que toute parole de Dieu soit également pour nous sans appel; qu'elle demeure la règle suprême de nos actes et de nos pensées.

En ce jour qui précède immédiatement la vigile de la fête consacrée à honorer la naissance de Jean-Baptiste, nous ne saurions oublier votre dévotion si profonde à l'Ami de l'Epoux. La place que vous occupez sur le Cycle vous rend pour nous l'avant-coureur de celui qui fut le précurseur de Dieu en terre. Préparez nos âmes à saluer l'apparition de cet astre éclatant ; puissent-elles, comme la vôtre, être échauffées par ses rayons, et célébrer dignement les grandeurs que vous avez chantées en lui 1.

1. Poema vi, de S. Johanne Baptista.

LE XXIII JUIN.

LA VIGILE DE SAINT JEAN-BAPTISTE.

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A

u temps d'Hérode, roi de Judée, il y avait un prêtre nommé Zacharie, de la classe d'Abia; sa femme, qui était de la race d'Aaron, s'appelait Elisabeth. Tous deux étaient justes devant Dieu, suivant sans reproche en toutes choses la voie des commandements et ordonnances du Seigneur. Ils n'avaient point d'enfants, parce qu'Elisabeth était stérile, et que déjà tous deux étaient avancés en âge. Or, il arriva que le tour de sa famille étant venu pour acquitter devant Dieu la charge du sacerdoce, Zacharie fut désigné du sort, selon ce qui s'observait entre les prêtres, pour offrir les parfums au dedans du temple du Seigneur. Toute la multitude du peuple était en prières dehors, à cette heure de l'encens. Et voici qu'un ange du Seigneur apparut à Zacharie, debout à la droite de l'autel des parfums. Il se troubla à cette vue, et fut saisi de frayeur. Mais l'ange lui dit : « Ne << craignez point, Zacharie, parce que votre prière « a été exaucée. Votre femme Elisabeth vous don<«< nera un fils, et vous l'appellerez Jean. Il vous « sera un sujet de joie et d'allégresse, et beau« coup se réjouiront à sa naissance. Car il sera « grand devant le Seigneur ; il ne boira ni vin, ni « liqueur enivrante, et il sera rempli du SaintEsprit encore dans le sein de sa mère. Un grand nombre d'enfants d'Israël seront con

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<< vertis par lui au Seigneur leur Dieu, et lui« même marchera devant le Seigneur dans l'esprit << et la vertu d'Elie, pour ramener les cœurs des pères à leurs fils, rappeler les incrédules à la prudence des justes, et préparer au Seigneur un peuple parfait '. »

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Cette page, que l'Eglise nous fait lire aujourd'hui, est précieuse entre celles où sont consignées les annales de l'humanité; car c'est ici le commencement de l'Evangile, le premier mot de la bonne nouvelle du salut. Non que l'homme 'eût point eu, jusque-là, connaissance des desseins formés par le ciel pour le relever de sa chute et lui donner un Sauveur. Mais l'attente avait été longue, depuis le jour où la sentence portée contre le serpent maudit montrait dans l'avenir à notre premier père ce fils de la femme, qui devait guérir l'homme et venger Dieu. D'âge en âge, il est vrai, la promesse s'était développée; chaque génération, pour ainsi dire, avait vu le Seigneur par ses prophètes ajouter un trait nouveau signalement de ce frère de notre race, si grand par lui-même que le Très-Haut l'appellerait son fils 2, si passionné de justice que, pour solder la dette du monde, il verserait tout son sang 3. Agneau dans son immolation, par sa douceur il dominerait la terre ; désiré des nations quoique sorti de Jessé 5, plus magnifique que Salomon 6, il exaucerait l'amour des pauvres âmes rachetées: allant audevant de leurs vœux, il s'annoncerait comme l'Epoux descendu des collines éternelles 7. Agneau chargé des crimes du monde, Epoux attendu de l'Epouse tel était donc ce fils de l'homme en

1. Luc. 1, 5-17. 2. Psalm. II, 7. 3. ISAI. LIII, 7. 4. Ibid. xvi, 1.

5. Ibid. XI, 10.

7. OSE. II, 19; Gen. XLIX, 26.

6. Psalm. XLIV.

au

LE TEMPS APRÈS LA PENTECOTE. - T. III.

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même temps Fils de Dieu, le Christ, le Messie promis à la terre. Mais quand viendrait-il, ce désiré des peuples? qui désignerait au monde son Sauveur, qui conduirait l'Epouse à l'Epoux ?

Le genre humain, sorti en pleurs de l'Eden, était resté les yeux fixés sur l'avenir. Jacob, mourant, saluait de loin ce fils aimé dont la puissance égalerait celle du lion; dont les célestes charmes, relevés encore dans le sang des raisins, ineffable mystère, faisaient l'objet de ses contemplations inspirées sur sa couche funèbre . Au nom de la gentilité, du fumier où sa chair s'en allait en lambeaux, Job répondait à la ruine par un acte de sublime espérance en son Rédempteur et son Dieu 2. Haletante sous l'effort de son mal et l'ardeur de ses aspirations, l'humanité voyait s'accumuler les siècles, sans que la mort qui la consumait suspendit ses ravages, sans que le désir du Dieu attendu cessât de grandir en son cœur. Aussi, de génération en génération, quel redoublement de prières; que d'impatience croissante en ses supplications! Que ne brisez-vous les barrières du ciel, et ne descendez-vous ! Assez de promesses, s'écrient pour l'Eglise de ces temps le dévot saint Bernard et tous les Pères, commentant le premier verset du Cantique; assez de figures et d'ombres, assez parlé par d'autres. Je n'entends plus Moïse, les prophètes sont sans voix; la loi qu'ils apportaient n'a point rendu la vie à mes morts. Et qu'ai-je affaire au bégaiement de leurs bouches profanes 5, moi à qui le Verbe s'annonce? Les parfums d'Aaron ne valent point l'huile d'allégresse répandue par le Père sur celui

1. Gen. XLIX, 9-12, 18. LXIV, I. - 4. IV Reg. iv, 31.

2. JOB. XIX, 25-27. 3. ISAI. 5. Ex. IV, 10; ISAI. VI, 5.

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