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seignement inspirait l'assemblée conciliaire; il demeure comme l'expression splendide de la tradition sur cet Esprit de Dieu, aimant universel vers qui se précipite tout ce qui aspire à la sainteté, souffle puissant soulevant les âmes, perfection de toute chose. De même que nous avons entendu Grégoire de Nazianze, au jour de sa fête, parler magnifiquement du mystère de la Pâque, écoutons son illustre ami nous expliquer le mystère du temps présent, qui est celui de la sanctifi

cation dans les âmes.

« L'union de l'Esprit et de l'âme se fait par « l'éloignement des passions qui, étant survenues « dans l'âme, l'avaient séparée de Dieu. Si quel« qu'un donc se dégage de la difformité provenant << du vice et revient à la beauté qu'il tenait de son « Créateur, s'il restaure en lui les traits primitifs << de l'esquisse royale et divine, alors, et alors seu«lement, il se rapproche du Paraclet. Mais alors. << aussi, comme le soleil qui, rencontrant un œil « non souillé, l'illumine, le Paraclet révèle à << cet homme l'image de celui qu'on ne peut voir; « et dans la bienheureuse contemplation de cette «< image, il aperçoit l'ineffable beauté du principe, « modèle de tout. Dans cette ascension des cœurs, << dont les débuts chancelants et la croissante con<< sommation sont également son œuvre, l'Esprit << rend spirituels ceux qui sont absous de toute

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tache, en vertu de la participation où il les met « de lui-même. Les corps limpides et diaphanes, pénétrés du rayon lumineux, deviennent resplendissants et répandent autour d'eux la lu«mière; ainsi les âmes portant l'Esprit-Saint res«plendissent de lui, et, devenues esprit elles« mêmes, répandent sur les autres la grâce. De là l'intelligence supérieure des élus et leur con

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<<versation dans les cieux; de là tous les dons; << de là ta ressemblance avec Dieu; de là vient, ô << sublimité ! que toi-même tu es dieu 1. C'est donc « proprement et en toute vérité par l'illumination « de l'Esprit-Saint, que nous contemplons la splendeur de la gloire de Dieu; c'est par le ca«ractère de ressemblance qu'il imprime en nos âmes, que nous sommes élevés jusqu'à la hau<< teur de celui dont il porte avec lui, cachet divin, << la pleine similitude 2. Esprit de sagesse, il nous (( révèle, non comme du dehors, mais en lui<< même, le Christ Sagesse de Dieu. La voie de la contemplation conduit de l'Esprit par le Fils au «< Père; concurremment, la bonté, la sainteté, la royale dignité des élus vient du Père par le Fils « à l'Esprit-Saint dont ils sont les temples, et qui les remplit de sa propre gloire, illuminant << leur front par la vue de Dieu comme celui de << Moïse". Ainsi fit-il pour l'humanité du Sau<< veur; ainsi fait-il pour les séraphins qui ne << peuvent dire qu'en lui leur triple Sanctus, pour <«< tous les chœurs des anges dont il règle le con<«< cert et produit les chants 5. Mais l'homme charnel, qui n'a jamais exercé son âme à la contemplation, qui la retient captive dans le bour<< bier des sens, ne peut élever les yeux vers la << lumière spirituelle; l'Esprit n'est point pour «< lui 6. »

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L'action du Paraclet dépasse la puissance de toute créature; en rappelant ainsi les opérations de l'Esprit d'amour, l'évêque de Césarée voulait amener ses adversaires à confesser d'eux-mêmes sa divinité. D'autre part, qui ne reconnaîtrait à

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cette exposition chaleureuse de la doctrine, non seulement l'invincible théologien vengeur du dogme, mais encore le guide exercé des âmes, l'ascète sublime chargé par Dieu de mettre à la portée de tous les merveilles de sainteté qu'Antoine et Pacôme avaient fait éclore au désert ?

Comme l'abeille butinant parmi les fleurs évite les épines et sait se garder des sucs dangereux, nombreux sur sa route, ainsi Basile en son adolescence avait traversé les écoles de Constantinople et d'Athènes sans se souiller à leurs poisons; selon le conseil qu'il adressait plus tard aux jeunes gens dans un célèbre discours 1, sa vive intelligence, restée pure des passions où s'étiolent pour tant d'autres les plus beaux dons, avait su néanmoins dérober aux rhéteurs et aux poètes tout ce qui pouvait, en l'ornant, la développer encore et la discipliner pour les luttes de la vie. Le monde souriait au jeune orateur, dont la diction si pure et la persuasive éloquence rappelaient le beau temps de la Grèce littéraire; mais les plus nobles gloires que le monde puisse offrir, restaient au-dessous de l'ambition dont son âme s'était éprise à la lecture des Ecritures sacrées. La lutte de la vie se présentait à ses yeux comme un combat pour la vérité. Mais c'est en lui que devait triompher d'abord cette divine vérité, par la défaite de la nature et la victoire de l'EspritSaint créant l'homme nouveau. Sans donc se soucier de connaître avant l'heure si l'Esprit se réserve de remporter par lui d'autres triomphes, sans voir les multitudes qui bientôt s'attacheront à sa suite et réclameront ses lois, il vient demander aux solitudes du Pont l'oubli des hommes et

1. De legend. libris gentil

la sainteté. La vue des misères de son temps ne le fait point tomber dans la faute si commune de nos jours, et qui consiste à vouloir se dévouer pour les autres avant d'avoir soi-même réglé son âme. Tel n'est point l'ordre de la charité, reine des vertus; telle n'est point la conduite des saints. C'est toi-même que Dieu veut de toi tout d'abord ; quand tu seras à lui dans la mesure qu'il l'entend, il saura bien te donner aux autres, s'il ne préfère, à ton grand avantage, te garder pour lui seul. Mais il n'aime point, il bénit peu les utilités hâtives qui s'imposent de la sorte à sa providence. Antoine de Padoue le montrait hier; la leçon nous revient aujourd'hui : ce qui importe à l'extension de la gloire du Seigneur n'est point le temps donné aux œuvres, mais la sainteté de l'ouvrier.

Selon une coutume fréquente en ce siècle où l'on craignait d'exposer la grâce du baptême à de tristes naufrages, Basile était resté simple catéchumène jusqu'aux derniers temps de son adolescence. Sa vie de baptisé compte treize années de vie monastique, et neuf ans d'épiscopat. A cinquante ans il meurt; mais, loin de finir avec lui, sous l'impulsion de l'Esprit-Saint son œuvre apparaît plus féconde, et s'en va grandissant dans la suite des âges.

Humble moine, sur les bords de l'Iris où l'avaient précédé sa mère et sa sœur, il était venu sauver son âme du jugement de Dieu 2, s'exercer à courir généreusement dans la voie qui conduit aux éternelles récompenses 3. D'autres ensuite l'ayant prié de les former eux-mêmes à la

1. Sermo ascetic. 3. Prævia instit. ascetica.

2. Proœm. de judicio Dei.

milice du Christ roi dans la simplicité de la foi et des Ecritures 2, notre saint ne voulut point pour eux de la vie des ascètes solitaires, trop isolée pour n'être pas dangereuse au grand nombre; mais il préféra joindre à la bienheureuse contemplation de ces derniers le complément et le rempart de la vie commune, où s'exercent la charité et l'humilité 3 sous la conduite d'un chef se regardant lui-même comme serviteur de tous ". Encore n'admettait-il personne en ses monastères, sans une épreuve sérieuse et prolongée, suivie du solennel engagement de persévérer dans cette vie nouvelle 5.

Au souvenir de ce qu'il avait admiré chez les solitaires d'Egypte et de Syrie, Basile se comparait, lui et ses disciples, à des enfants qui cherchent dans leur petite mesure à imiter les forts, aux commençants restés aux prises avec les premiers éléments et à peine introduits sur la route de la piété. Cependant le temps vient où ces géants de la solitude, où les législateurs du désert verront leurs héroïques coutumes et leurs codes monastiques céder la place aux discours familiers, aux réponses sans apprêt que Basile adressait à ses moines pour résoudre leurs difficultés et les former à la pratique des divins conseils. Bientôt l'Orient tout entier s'est rangé sous sa Règle. En Occident, Benoît l'appelle son père 7. Pépinière féconde de saints moines et de vierges, d'évêques, de docteurs et de martyrs, son Ordre a peuplé les cieux; il fut longtemps pour Bysance le boulevard de la foi; jusque en nos

1. Prævia Instit. ascetica.

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2. De fide; Moralia. 3. Reg. brev. tractatæ 160 etc., 114 etc. 4. Reg. fus. tract. 30. 5. Reg. fus. tract. 10; Epist. 23, al. 383; Epist. 199, al 2, can. XVIII, XIX. 6. Epist. 207, al. 63.. 7. S. P. BENED. Reg. cap. LXXIII.

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