Obrazy na stronie
PDF
ePub

tants, comprimé par mille causes diverses dans son essor, n'avait point produit parmi eux tous ses effets civilisateurs. Une mère seule pouvait parfaire l'éducation surnaturelle de la nation. L'Esprit-Saint, qui vous avait choisie pour cette tâche, ô Marguerite, prépara votre maternité dans la tribulation et l'angoisse: ainsi avait-il procédé pour Clotilde; ainsi fait-il pour toutes les mères. Combien mystérieuses et cachées n'apparaissent pas en votre personne les voies de l'éternelle Sagesse! Cette naissance de proscrite loin du sol des aïeux, cette rentrée dans la patrie, suivie bientôt d'infortunes plus poignantes, cette tempête, enfin, qui vous jette dénuée de tout sur les rochers d'une terre inconnue : quel prudent de ce monde eût pressenti, dans une série de désastres pareils, la conduite d'une miséricordieuse providence faisant servir à ses plus suaves résolutions la violence combinée des hommes et des éléments? Et pourtant, c'est ainsi que se formait en vous la femme forte, supérieure aux tromperies de la vie présente et fixée en Dieu, le seul bien que n'atteignent pas les révolutions de ce monde.

Loin de s'aigrir ou de se dessécher sous la souffrance, votre cœur, établi au-dessus des variations de cette terre à la vraie source de l'amour, y puisait toutes les prévoyances et tous les dévouements qui, sans autre préparation, vous tenaient à la hauteur de la mission qui devait être la vôtre. Ainsi fûtes-vous en toute vérité ce trésor qui mérite qu'on l'aille chercher jusqu'aux extrémités du monde, ce navire qui apporte des plages lointaines la nourriture et toutes les richesses au rivage où les vents l'ont poussé 2. Heureuse votre

[blocks in formation]

patrie d'adoption, si jamais elle n'eût oublié vos enseignements et vos exemples! Heureux vos descendants, si toujours ils s'étaient souvenus que le sang des Saints coulait dans leurs veines! Digne de vous dans la mort, la dernière reine d'Ecosse porta du moins sous la hache du bourreau une tête jusqu'au bout fidèle à son baptême. Mais on vit l'indigne fils de Marie Stuart, par une politique aussi fausse que sacrilège, abandonner en même temps l'Eglise et sa mère. L'hérésie desséchait pour jamais la souche illustre d'où sortirent tant de rois, au moment où l'Angleterre et l'Ecosse s'unissaient sous leur sceptre agrandi; car la trahison consommée par Jacques Ier ne devait pas être rachetée devant Dieu par la fidélité de Jacques II à la foi de ses pères. O Marguerite, du ciel où votre trône est affermi pour les siècles sans fin, n'abandonnez ni l'Angleterre à qui vous appartenez par vos glorieux ancêtres, ni l'Ecosse dont la protection spéciale vous reste confiée par l'Eglise de la terre. L'apôtre André partage avec vous les droits de ce puissant patronage. De concert avec lui, gardez les âmes restées fidèles, multipliez le nombre des retours à l'antique foi, et préparez pour un avenir prochain la rentrée du troupeau tout entier sous la houlette de l'unique Pasteur 1.

1. JOHAN. X, 16.

LE TEMPS APRÈS LA PENTECOTE.

T. III.

5

LE XI JUIN.

SAINT BARNABÉ, APOT RE.

A promulgation de l'alliance nouvelle est venue convier tous les peuples à prendre place au banquet du royaume de Dieu;

depuis lors, nous l'avons remarqué, l'Esprit sanctificateur produit les Saints, dans le cours des siècles, à des heures qui correspondent souvent aux desseins les plus profonds de l'éternelle Sagesse sur l'histoire des nations. Nous ne devons pas nous en étonner les nations chrétiennes ayant comme nations leur rôle assigné dans l'avancement du règne de l'Homme-Dieu, cette vocation leur confère des devoirs et des droits supérieurs à la loi de nature; l'ordre surnaturel les investit de toutes ses grandeurs, et l'Esprit-Saint préside par ses élus à leur développement comme à leur naissance. C'est à bon droit que nous admirons dans l'histoire cette providence merveilleuse agissant, à leur insu quelquefois, parmi les peuples, dominant par l'influence cachée de la sainteté des petits et des humbles l'action des puissants qui semblent conduire toutes choses au gré de leur seule volonté. Mais, entre les Saints qui nous apparaissent comme le canal des grâces destinées aux nations, il en est que la reconnaissance universelle doit oublier moins que tous les autres : ce sont les Apôtres, placés comme fondement à la base de l'édifice

social chrétien dont l'Evangile est la force et la loi première. L'Eglise veille soigneusement à écarter de ses fils le danger d'un oubli si funeste; aucune saison liturgique n'est privée du souvenir de ces glorieux témoins du Christ. Mais depuis la consommation des mystères du salut, qui livra le monde aux conquêtes de leur zèle, leurs noms se pressent davantage encore sur les fastes sacrés; chaque mois du Cycle emprunte son éclat, pour une part principale, au triomphe de quelqu'un d'entre eux.

Le mois de juin, tout embrasé des feux récents de la Pentecôte, vit l'Esprit-Saint poser les premières assises de l'Eglise sur ses fondements prédestinés; il méritait l'honneur d'être choisi pour rappeler au monde les grands noms de Pierre et de Paul, qui résument les services et la gloire du collège entier des Apôtres. Pierre proclama l'admission des gentils à la grâce de l'Evangile; Paul fut déclaré leur Apôtre; mais, avant même d'avoir comme il convient rendu gloire à la puissante principauté de ces deux guides du peuple chrétien, l'hommage des nations s'adresse à bon droit en ce jour au guide de Paul lui-même dans les débuts de son apostolat, au fils de consolation 2 qui présenta le converti de Damas à l'Eglise éprouvée par les violences de Saul le persécuteur. Le 29 juin tirera sa splendeur de la confession simultanée des deux princes des Apôtres, unis à la mort comme dans leur vie 3. Honneur donc tout d'abord à celui qui noua dans l'origine cette union féconde, en conduisant au chef de l'Eglise naissante le futur docteur de la gentilité ! Barnabé se présente à nous comme avant-coureur; la fête

1. Eph. II, 20. 2. Act. iv, 36. Bened.

4. Act. IX, 27.

3. Ant. Oct. Ap. ad

que lui consacre l'Eglise, est le prélude des joies qui nous attendent à la fin de ce mois si riche en lumière et en fruits de sainteté.

Lisons son histoire, résumée, pour la plus grande partie, des Actes des Apôtres. Malgré sa brièveté, il est peu de récits plus glorieux dans le livre de la sainte Liturgie.

B

BA

en

ARNABAS Levites, Cy- ARNABÉ, lévite, prius genere, qui et Chypre, et appelé aussi Joseph, cum Paulo Gen- Joseph, fut destiné avec tium Apostolus ordina- Paul à la prédication de tus est ad prædicandum l'Evangile de Jésus-Christ Jesu Christi Evange- en qualité d'Apôtre des lium. Is, agro vendito Gentils. Il avait vendu un quem habebat, redactam champ qu'il possédait, et en ex eo pecuniam attulit avait apporté le prix aux Apostolis. Missus autem Apôtres. Envoyé à Antioche Antiochiam prædicatio- pour y prêcher, il y renconnis causa, cum ibi mul- tra un grand nombre de tos ad Christi Domini personnes déjà converties à fidem conversos esse la foi du Seigneur Christ, comperisset, incredibili- ce qui lui fut un motif de ter lætatus, eos hortaba- grande joie, et il multiplia tur ut in Christi fide per- ses exhortations pour les manerent. Qua cohorta- engager à persévérer dans la tione multum proficie- foi. Sa parole eut un grand bat, quod ab omnibus succès, parce qu'il était revir bonus et Spiritu gardé de tous comme un Sancto plenus habeba- homme bon et rempli du Saint-Esprit.

tur.

PRO ROFECTUS inde Tar- L partit de là pour Tarse sum, ut quæreret afin d'y chercher Paul, Paulum, cum eo Antio- et vint avec lui à Antioche. chiam venit. In ejus urbis Ils passèrent un an avec les Ecclesia annum com- fidéles qui composaient morati, christianæ fidei l'Eglise de cette ville, s'apet vitæ illis hominibus pliquant à leur inculquer les præcepta dederunt: ubi préceptes de la foi et de la etiam Jesu Christi cul- vie chrétienne. Ce fut dans tores primum Christiani cette même ville que l'on sunt appellati. Discipuli commença à donner le nom

« PoprzedniaDalej »