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Samuel, lui-même consacra de ses mains la nouvelle royauté, en conférant, par un rite nouveau chez les Francs, l'onction sacrée à Pépin le Bref, fils de Charles Martel. On était arrivé à l'année 752. Encore enfant, un autre Charles, héritier futur du trône qu'il venait d'affermir ainsi par la force de l'huile sainte, attirait les bénédictions du vieillard. Mais l'onction royale de cet enfant était réservée au Pontife suprême; et un diadème plus auguste encore que celui des rois francs devait plus tard se poser sur son front, pour manifester en lui, à la tête de l'Empire romain renouvelé, le lieutenant du Christ.

L'œuvre personnelle de Boniface était achevée ; comme le vieillard Siméon, il avait vu l'objet des ambitions et des labeurs de sa vie, le salut préparé par Dieu au nouvel Israël. Lui aussi ne songe plus qu'à s'en aller dans la paix du Seigneur; mais l'entrée dans la paix pour un tel apôtre, et il l'entend bien ainsi, ne saurait être que le martyre. L'heure va sonner; le vieil athlète a choisi son dernier champ de bataille. C'est la Frise, encore à demi païenne; il y a un demi-siècle, au début de sa carrière apostolique, il avait fui cette contrée pour échapper à l'épiscopat que saint Willibrord voulait lui imposer dès lors; aujourd'hui qu'elle n'a plus que la mort à lui offrir, il aspire à s'y rendre. Dans une lettre d'humilité sublime, il se prosterne aux pieds d'Etienne III qui vient de succéder à Zacharie, et remet au Siège apostolique la correction de ce qu'il appelle les maladresses et les fautes de sa longue vie1; il laisse à Lull, son très cher fils, l'Eglise de Mayence; il recommande au roi des Francs les prêtres disséminés

1. Epist. LXXVIII.

dans toute la Germanie, les moines, les vierges qui l'ont suivi dans ces lointaines contrées. Puis, faisant disposer parmi les quelques livres qu'il emporte avec lui le suaire qui doit envelopper son corps, il désigne les compagnons de son dernier voyage, et part avec eux pour cueillir la

couronne.

Lisons le récit consacré par l'Eglise à cette grande vie :

B fridus ONIFACIUS, antea WinB ONIFACE, appelé auparaappellatus, vant Winfrid, naquit apud Anglos natus est chez les Angles sur la fin exeunte sæculo septimo, du septième siècle. Dès son et ab ipsa infantia mun- enfance il prit le monde en dum aversatus, vitam dégoût, et tourna ses désirs monasticam in votis ha- vers la vie monastique. Son buit. Cum ejus pater père chercha en vain par animum sæculi illecebris les appâts du siècle à chanpermutare frustra ten- ger la résolution qu'il avait tasset, monasterium in- prise, et il entra dans greditur, et sub beati le cloître. Sous la conduite Wolphardi disciplina du bienheureux Wolphard, omnium virtutum ac il s'y forma à toutes les verscientiarum genere im- tus et à tous les genres de buitur. Annum agens science. Honoré, à trente trigesimum sacerdotio ans, du sacerdoce, il s'adoninsignitur, ac verbi di- na à prêcher la parole divivini prædicator assi-ne, et produisit par là de duus, magno animarum grands fruits dans les âmes. lucro hoc in munere ver- Cependant, dans son désir satur. Attamen regnum d'accroître le royaume de Christi adaugere deside- Jésus-Christ, il pleurait sans rans, continuo flebat cesse le sort de cette multiingentem multitudinem tude infinie de barbares que barbarorum, qui igno- les ténèbres profondes de rantiæ tenebris immersi dæmoni famulabantur. Qui quidem animarum zelus cum in dies inextinguibili ardore accresceret, divino Numine

l'ignorance retenaient au service du démon. Ce zèle des âmes le dévorait chaque jour de plus en plus d'inextinguibles ardeurs ; par ses prières et ses larmes

il demanda au Seigneur de lui faire connaître sa volonté, et il obtint de son Abbé la permission de passer en Germanie.

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per lacrymas et orationes explorato, facultatem a monasterii præposito obtinuit ad Germanicas oras proficiscendi.

x Anglia duobus cum Ess navim solvens, Dorestadium in Frisiæ oppidum venit. Cum autem bellum gravissimum inter Frisonum regem Radbodum, Carolum Martellum

et

Evangelium prædicavit, quapropter in Angliam reversus ad suum redivit monasterium, cui invitus præficitur. Post elapsum biennium, ex consensu episcopi

s'embarqua avec deux compagnons et vint d'An gleterre à Dorsted, ville de Frise. Mais comme il s'était élevé en ce temps une grande guerre entre le roi des Frisons Radbod et Charles Martel, la prédication de l'apôtre fut sans succès; il exarsisset, sine fructu revint en Angleterre, et retourna à son monastère, dont on le fit Abbé malgré lui. Après deux ans il abdiqua, du consentement de l'évêque de Winchester, et partit pour Rome, afin d'obVintoniensis tenir de l'autorité apostoli- munus abdicavit, et que la mission d'évangéliser Romam profectus est, ut les gentils. Arrivé à la ville, Apostolica auctoritate ad il fut reçu avec bienveillan- gentilium conversionem ce par Grégoire II. Le Pon- delegaretur. Cum ad tife changea son nom de Urbem pervenisset, Winfriden celui de Bonifa- Gregorio Secundo benice. Dirigé sur les provinces gne excipitur, pro Wingermaniques, il annonça frido Bonifacius a PontiJésus-Christ aux peuples fice nominatur. In Gerde la Thuringe et de la maniam directus, ThuSaxe. Radbod, le roi de ringiæ Saxoniæque poFrise, ennemi mortel du pulis Christum annuntianom chrétien, étant mort vit. Cum interea Radbosur ces entrefaites, Boniface dus Frisiæ rex ac infesretourna chez les Frisons, tissimus Christiani où il se fit pendant trois ans nominis hostis occubuisle compagnon de saint Wil- set, Bonifacius ad Frisolibrord; sa prédication de nes rediit, ubi sancti l'Evangile fut si heureuse Willibrordi socius per alors, qu'on détruisit les triennium tanto cum idoles des fausses divinités fructu Evangelium præet que d'innombrables dicavit, ut, destructis

a

idolorum simulacris, églises furent élevées au

innumeræ vero Deo vrai Dieu.

Ecclesiæ excitarentur.

SANCTO

Willibrordo

AINT Willibrord voulait

A ad episcopale munus S lui confier la charge épis

Α

expetitus, illud detrecta- copale; il la refusa pour vit, ut promptius infide- s'adonner plus librement au lium saluti instaret. In salut des infidèles, et se Germaniam profectus, rendit en Germanie. Dans plura Hassorum millia a la Hesse, il retira plusieurs dæmonis superstitione milliers d'hommes de la avocavit. A Gregorio superstition diabolique. ApPontifice Romam evoca- pelé à Rome par le Pape tus, post insignem fidei Grégoire, il lui remit une professionem episcopus très belle profession de sa consecratur. Exinde ad foi et fut consacré évêque. Germanos redux, Has- De retour ensuite chez les siam et Thuringiam ab Germains, il acheva d'extiridololatriæ reliquiis per de la Hesse et de la penitus expurgavit. Tan- Thuringe les restes de l'ita propter merita Boni-dolâtrie. Pour tant de méfacius a Gregorio Tertio rites insignes, Boniface fut ad dignitatem archie- élevé à la dignité archiepispiscopalem evehitur, et copale par Grégoire III. tertio Romam profectus Une troisième fois il fit le a Summo Pontifice Se- voyage de Rome, et fut consdis Apostolicæ Legatus titué légat du Siège apostoconstituitur: qua insigni- lique par le Pontife suprêtus auctoritate, quatuor me. Revêtu de cette autoepiscopatus instituit, et rité, il institua quatre évêvarias synodos celebra- chés et tint divers synodes, vit, inter quas concilium parmi lesquels on remarque Leptinense memorabile celui de Leptines célébré est apud Belgas in Came- chez les Belges, au diocèse racensi diœcesi celebra- de Cambrai. Dans ce temps, tum, quo quidem tem- grâce à l'apôtre, la foi s'acpore ad fidem in Belgio crut merveilleusement adaugendam egregie Belgique. Créé par le Pape contulit. A Zacharia Zacharie archevêque Papa creatus Mogunti-Mayence, sur l'ordre du nus archiepiscopus, ipso Pontife lui-même, il sacra Pontifice jubente, Pip- Pépin roi des Francs. pinum in regem Fran- Après la mort de saint corum unxit. Post mor- Willibrord, il prit pour

en

de

lui

Ultrajectensem ecclesiam gubernandam suscepit, primo per Eobanum, deinde per seipsum, dum ab ecclesia Moguntina absolutus, Ultrajecti resedit. Frisonibus ad idololatriam relapsis Evangelium prædicare rursus aggreditur; cumque

officio pastorali occuparetur, a barbaris et impiis hominibus, juxta Bornam fluvium, cum Eobano coepiscopo multisque aliis cruentà

le gouvernement de tem sancti Willibrordi l'Eglise d'Utrecht, et s'en acquitta d'abord par Eoban, ensuite par lui-même, lorsque, s'étant déchargé de l'Eglise de Mayence, il voulut se fixer en Frise. Car les Frisons étant retombés dans l'idolâtrie, il voulut leur prêcher de nouveau l'Evangile. Comme il s'acquittait de ce devoir pastoral, il fut attaqué par une troupe de barbares au bord de la Burda, avec Eoban son coévêque et beaucoup d'autres; massacré par ces impies, il recueillit la palme cæde peremptus, du martyre. Le corps de martyrii palma condecosaint Boniface fut trans-ratur. Corpus sancti porté à Mayence, et, comme Bonifacii Moguntiam il l'avait demandé pendant translatum, et, ut ipse sa vie, enseveli dans l'ab- vivens petierat, in Fulbaye de Fulda qu'il avait densi monasterio, quod fondée. De nombreux mira- exstruxerat, reconditum cles illustrèrent sa tombe. | fuit, ubi multis miracuLe Souverain Pontife Pie IX lis inclaruit. Pius autem a étendu son Office et sa Nonus Pontifex MaxiMesse à toute l'Eglise. mus, ejus Officium Missam ad universam Ecclesiam extendit.

Vo

et

ous avez été, grand apôtre, le serviteur fidèle de Celui qui vous avait choisi comme ministre de sa parole sainte et propagateur de son règne. En quittant la terre afin d'aller faire reconnaître sa royauté des célestes phalanges, le Fils de l'homme n'en restait pas moins le roi de ce monde qu'il abandonnait pour un temps'. Il comptait sur l'Eglise pour lui garder sa principauté d'ici

1. Luc. XIX.

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