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fient contre les rechutes, dans le sacrement de pénitence. C'est donc à ce sacrement et à la confession que nous devons avoir recours pour les obtenir.

De là quelles conséquences? Ah! mes chers Auditeurs, il est aisé de les tirer, et encore plus important de les méditer. Il s'ensuit de là qu'un chrétien qui quitte l'usage de la confession renonce aux grâces du salut les plus essentielles, qui sont les grâces de précaution contre le péché, et que quand ensuite il se laisse emporter au torrent du siècle, aux désirs de la chair, aux désordres d'une vie libertine et déréglée, il est doublement coupable devant Dieu : pourquoi ? parce que Dieu lui peut faire ce double reproche : Tu as commis tout cela; et, par un surcroît de crime et d'infidélité, tu n'as pas voulu te servir du moyen que je te présentois pour te préserver de tout cela, qui étoit de purifier souvent ton âme par la fréquente confession. Il s'ensuit de là que dans l'ordre que JésusChrist a établi pour le partage des grâces qu'il distribue à son Église en qualité de chefet de souverain pontife, plus l'homme chrétien s'éloigne de la confession, plus il devient foible pour vaincre le péché, et qu'au contraire plus il en approche, plus il devient fort, parce qu'il reçoit plus ou moins de ces secours que Jésus-Christ y a attachés, et que le moyen le plus infaillible pour se soutenir au milieu du monde et contre ses attaques, est d'aller de

temps en temps à cette source salutaire d'où se fait encore aujourd'hui sur nous une effusion si abondante du sang du Sauveur et de ses mérites infinis : Haurietis aquas in gaudio de fontibus Salvatoris. Voilà ce qui s'ensuit : mais que fait l'ennemi de notre salut? Toujours attentif à notre perte, et voyant que cette source de la confession est si féconde en grâces pour nous, il tâche, permettezmoi d'user de ces expressions figurées, il tâche de l'empoisonner ou de la dessécher; de l'empoisonner, par le mauvais usage qu'il nous en fait faire; ou de la dessécher, en nous persuadant de n'en faire nul usage et de l'abandonner. Il se comporte à notre égard comme Holopherne se comporta dans le siége de Béthulie: car, de même que ce fier conquérant, pour réduire les habitans de Béthulie à l'extrémité, coupa tous les canaux par où l'eau y étoit conduite; ainsi l'esprit séducteur, qui nous assiége de toutes parts, s'efforce de rompre ce sacré canal de la confession, par où le sang du Fils de Dieu découle sur nous; c'est-à-dire qu'il nous donne du dégoût pour le sacrement de pénitence, qu'il nous exagère la difficulté de le fréquenter, qu'il fait naître sans cesse des occasions qui nous en détournent, qu'il se transforme en ange de lumière pour nous faire entendre qu'il est à craindre qu'on ne profane ce sacrement, qu'il vaut mieux s'en retirer que de s'exposer aux suites mal

heureuses d'une confession sacrilége, qu'il y faut une longue préparation, et que sans cela on y trouve la mort, au lieu d'y reprendre une nouvelle vie et de nouvelles forces. Ah! Chrétiens, combien y en a-t-il qui se laissent surprendre à cet artifice et qui tombent dans ce piége? Pour nous tenir làdessus en garde, ayons toujours devant les yeux les avantages de la confession, et considérons-la, non- seulement par rapport à Jésus-Christ, l'auteur du sacrement de pénitence, mais par rapport au prêtre qui en est le ministre.

Il n'est rien, j'ose le dire, et plût à Dieu que je pusse bien aujourd'hui vous faire comprendre cette maxime, il n'est rien de si efficace ni de si engageant pour nous maintenir dans le devoir d'une vie réglée, que l'assujettissement volontaire de nos consciences et de nous-mêmes à un homme revêtu du pouvoir de Dieu et établi de Dieu pour nous gouverner. En effet, Chrétiens, que ne peut point un directeur prudent et zélé pour la sanctification des âmes, quand une fois elles sont résolues de se confier en lui et d'écouter ses remontrances? Si ce sont des âmes mondaines, quels commerces ne leur fait-il pas rompre, à quoi ne les oblige-t-il pas de renoncer, et de quels engagemens ne les détache-t-il pas, par la seule raison de la sainte déférence qu'elles lui ont vouée? Si ce sont des âmes passionnées, combien de haines leur arrache-t-il

du cœur? combien leur fait-il oublier d'injures ? à combien de réconciliations les porte-t-il, auxquelles on n'avoit pu les déterminer, et que tout autre que lui auroit tentées inutilement? N'est-ce pas son zèle, ou plutôt n'est-ce pas par la confiance que l'on a en son zèle, que les âmes intéressées réparent l'injustice, abandonnent leurs trafics usuraires, et consentent à des restitutions dont elles s'étoient défendues depuis de longues années avec une obstination presque invincible? Qui fait cela, Chrétiens? cette grâce de direction que Dieu a donnée à ses ministres pour la conduite des fidèles; car le même caractère qui les constitue nos juges dans le tribunal de la pénitence pour prononcer sur le passé, les constitue nos pasteurs, nos guides, nos médecins pour l'avenir. Je dis nos médecins, pour nous tracer le régime d'une sainte vie; nos guides, pour nous montrer le chemin où nous devons marcher; nos pasteurs, pour nous éclairer dans nos doutes, pour nous redresser dans nos égaremens, pour nous ranimer dans nos défaillances, pour nous donner une pâture toute céleste qui nous soutienne. Comme en vertu de leur ministère ils sont tout cela, ils ont grâce pour tout cela; et cette grâce, qui n'est que gratuite pour - eux-mêmes, mais sanctifiante pour nous, est justement celle qui agit en nous quand nous nous soumettons à eux avec toute la docilité convenable.

Tel est l'ordre de Dieu, mes chers Auditeurs. C'est ainsi qu'il a gouverné les plus grands hommes et les plus éminens en sainteté. Il pouvoit les sanctifier immédiatement par lui-même, mais il ne l'a pas voulu ; il les a assujettis à d'autres hommes, et souvent même à d'autres hommes moins élevés et moins parfaits; il s'est servi des foibles lumières de ceux-ci pour perfectionner les hautes lumières de ceux-là voilà comment en a toujours usé sa providence. Or il n'est pas croyable que cette loi ayant été faite pour tous les saints, Dieu en doive faire une nouvelle pour nous.

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Sur quoi je ne puis assez déplorer l'aveuglement des gens du siècle, qui, par une erreur bien pernicieuse, ou pour mieux dire par une mortelle indifférence à l'égard de leur salut, au lieu de prendre cette règle de direction qui leur est si nécessaire, osent la traiter de simplicité et de foiblesse d'esprit. Demandez-leur, selon le langage de saint Pierre, quel est le pasteur de leur âme (je ne dis pas le pasteur en titre, car ils ne peuvent se dispenser d'en avoir un établi par Jésus-Christ pour le gouvernement de chaque église, mais le pasteur particulier qui les dirige et qui les conduit dans les voies de Dieu), ils tourneront ce discours en raillerie et ils en feront un jeu ; d'où il arrive que dans les choses du ciel et de la conscience, qui sont si importantes et si délicates, dont ils ont DOMINICALES. III.

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