Obrazy na stronie
PDF
ePub

peut saisir par aucun point; c'est ce qui désole en secret tous les gouvernemens, et les réduit à fléchir devant le veau d'or. Un jour le ministre Wallis voulut à Vienne regimber contre les menées de la bourse, y introduire une police contre l'agiotage; il fut déconfi, et obligé de céder honteusement. Il faut des inventions pour lutter contre l'hydre commerciale, c'est le sphinx qui dévore ceux qui ne devinent pas son énigme, du reste, il n'est rien de plus facile à attaquer que ce colosse de mensonge; quand on connaîtra les batteries à employer, il ne pourra pas même essayer de résistance.

Les manufactures qu'il faut se garder de confondre avec le commerce, y touchent en divers points, surtout par la faculté de tromperie, accaparement, banqueroute, etc.; elles doivent subir une réorganisation, être assujéties à double solidarité, contre les fraudes et banqueroutes, et contre l'abandon des ou vriers. Tel fabricant possède une fortune de vingt millions, quoiqu'ayant débuté sans le sou; si les solidarités existaient, il n'aurait gagné que cinq millions; cinq autres auraient été affectés aux garanties solidaires, et dix auraient passé au fisc. Tel est le régime distributif d'où naîtrait le bon ordre; mais tant que les sciences aduleront cet état monstrueux qui fait passer vingt millions dans les mains d'un seul fabricant, et tant que les gouvernemens ne suspecteront pas cette anarchie, ne provoqueront pas quelque invention de correctifs, peuples et gouvernemens

seront les jouets de ce colosse mercantile qui grandit chaque jour, et dont l'influence croissante est un sujet d'alarme secrète pour les castes supérieures. On a créé en France 300 académies d'agriculture: quelle devait être leur première fonction? s'occuper des moyens de ramener les capitaux dans la campagne, ouvrir des concours sur ce sujet : aucune d'elles n'y a songé. Cependant quel essor peut prendre l'agriculture, tant qu'elle ne trouve pas le moyen d'obtenir des capitaux au même cours que le commerce? les sociétés agricoles qui ne donnent aucune attention à ce problème, ne seraient-elles pas selon l'Évangile, trois cents cohortes d'aveugles, conduisant trente millions d'aveugles?

Il règne sur ces questions de réforme commerciale tant de cécité et de prévention, qu'on n'a pas même le pouvoir de dénoncer le vice. Un jour le fameux critique Geoffroy voulut hasarder dans son feuilleton quelques plaisanteries fort justes sur les vices du commerce; il fut assailli, criblé par les autres journaux; il se radoucit et se tint pour battu; c'était lui qui avait raison et qui capitula; tant il est vrai, comme l'a dit un trop fameux défunt, qu'on ne connaît rien au commerce.

La philosophie n'a pas voulu qu'on acquît sur ce point des notions exactes; elle connaissait fort bien la route à suivre; elle nous dit sans cesse qu'il faut procéder par analyse et synthèse pour atteindre aux lumières; elle devait donc en études commerciales,

commencer par l'analyse des ordres, genres et espèces de caractères, selon le plan que je viens de tracer, et que chacun eût pu tracer avant moi. Ce travail une fois fait, aurait fourni les moyens de passer à la synthèse du mode véridique ou régime des garanties.

Mais sur le commerce, comme sur les autres branches du système civilisé, la philosophie, tout en posant de bons principes d'études, n'en a jamais voulu pratiquer aucun; faut-il s'étonner après cela que le génie moderne soit noueux et stérile, que le mouvement soit stationnaire et souvent rétrograde, en dépit des jactances de vol sublime; et qu'on ne sache atteindre à aucune amélioration du sort des peuples, quand il reste à faire tant de découvertes faciles qui conduiraient au but? (Voyez l'article des issues de civilisation.)

Le monde social est trahi par ses beaux esprits : telle sera ma conclusion quand j'aurai achevé cette analyse, qui les convaine de refus d'étude, et collusion d'obscurantisme. Toutefois si le monde est leur dupe, ils sont doublement dupes d'eux-mêmes, en cherchant la fortune par des spéculations abjectes, par l'apologie de cette civilisation qui est l'objet de leurs mépris secrets, et qui les accable de toutes les servitudes sans les enrichir. Quel rôle honteux que d'opter pour encenser une vieille furie qui les baillonne, tandis qu'en la démasquant, en la livrant à la risée, ils deviendraient les libérateurs

de l'humanité; ils s'élèveraient tout à coup au faîte de la fortune et de la gloire, et au libre essor de la pensée qu'ils n'obtiendront jamais en civilisation!

J'ai défini, en caractères civilisés, 2 ordres de base, les successifs et les permanens, et 2 de lien ou négoce. Passons à 4 autres ordres qui complètent l'analyse.

DOUZIÈME NOTICE.

CARACTÈRES DE FANAL ET D'ÉCART.

CHAPITRE QUARANTE-CINQUIÈME.

Caractères de répercussion harmonique.

:

Il est aisé de comprimer les passions par violence; la philosophie les supprime d'un trait de plume; les verroux et le sabre viennent à l'appui de la douce morale mais la nature appelle de ces jugemens, elle reprend en secret ses droits; la passion étouffée sur un point se fait jour sur un autre, comme les eaux barrées par une digue; elle se répercute comme l'humeur de l'ulcère fermé trop tôt.

Naturam expellas furcâ tamen usque recurret. Cette récurrence ou retour des passions vers leurs buts, vers le luxe, les groupes, le mécanisme, et l'unitéisme, produit des effets comparables à celui qu'on appelle en physique DIFFRACTION, ou réflexion des

couleurs à la surface des corps noirs et opaques, la civilisation est, au figuré, un corps opaque; tout noir de fourberie et de crime; cependant elle présente quelques reflets d'harmonie. Une description va expliquer cet effet, apprendre à discerner un ordre de caractères bien précieux et bien inconnus.

Je choisis 2 exemples tirés du jeu et du bon ton ; ce sont deux effets de passions répercutées, deux récurrences de la cabaliste et de l'unitéisme.

Le JEU est un aliment factice qu'on donne à la manie d'intrigue dont l'homme est possédé par aiguillon de la 10° passion dite cabaliste, les esprits vides, comme les paysans, aiment beaucoup le jeu ; il développe en eux la passion dite cabaliste, qui n'a guère d'aliment sous le chaume; il plaît de même aux têtes ardentes, faute d'activité suffisante en intrigue: il convient à une compagnie d'étiquette, parce que la vérité en est bannie par les convenances; la passion ne peut pas s'y montrer, tout y est glacial, il faut créer à cette assemblée une intrigue artificielle par le moyen des cartes : mais on ne proposera pas les cartes à gens qui ont une véritable intrigue en action: un conciliabule d'agioteurs qui machinent un coup de filet, une raffle pour la bourse du lendemain; des amans qui se réunissent en orgie galante pendant les instans où les pères sont absens; des conspirateurs qui se concertent au moment de frapper le grand coup, regarderaient en pitié la proposition de jouer aux cartes. Là où est

« PoprzedniaDalej »