DE LA BIBLIOTHÉQUE D'UN AMATEUR, AVEC NOTES BIBLIOGRAPHIQUES, CRITIQUES TOME PREMIER. THÉOLOGIE, JURISPRUDENCE, A PARIS, CHEZ ANTOINE-AUGUSTIN RENOUARD. M. DCCC. XIX. PRÉFACE. 2997 R42 V.I pas DANS toute bibliothèque de quelque étendue, un catalogue exact et régulier est presque indispensable; et cependant combien ont été commencés avec grande ferveur, sans avoir jamais été conduits à un entier achèvement! Celui-ci, que je n'aurois guère eu la patience de mettre à fin, ou que probablement même je n'aurois entrepris, s'il eût fallu le faire depuis que ma collection se compose d'un nombre assez considérable de volumes, fut commencé dès l'origine imperceptible de cette Bibliothéque, et sans aucune volonté d'en jamais faire un livre. Les titres en ont été successivement levés avec une attention sinon toujours également éclairée, au moins toujours scrupuleuse; et ce qui le caractérise, ce qui peut-être est la véritable et primitive cause de sa publication actuelle, c'est que jamais il ne fut une froide et sèche nomenclature d'intitulés. D'abord, le jeune amateur exprima dans des notes tout le plaisir que lui firent éprouver ses premières conquêtes littéraires et bibliographiques. Tel classique in-24 des Jansson, des Blaeu, tel volume insignifiant des Elzevier fut, pour la netteté de son exécution, ou pour une rareté souvent imaginaire, plus magnifiquement loué que jamais n'ont dû l'être les anciens chefs-d'œuvre des Vindelin de Spire, des Jenson, les plus brillants volumes des Didot, des Bodoni. Peu à peu ces notes, en se multipliant, prirent, M534339 si l'on peut s'exprimer ainsi, un caractère plus viril, et surtout plus littéraire. L'enthousiasme pour les petites choses, s'il ne put entièrement s'éteindre, diminua de beaucoup. La plupart des premières acquisitions disparurent et leurs notes avec elles; la bibliothéque se forma d'une manière plus solide à mesure que l'expérience et les moyens d'acquisition augmentèrent. Les anciennes notes furent remplacées par des réflexions plus substantielles dont l'ensemble acquit sinon forme régulière d'ouvrage, au moins cette étendue qui peut matériellement constituer un livre; et cependant rien de tout cela n'étoit écrit avec la moindre intention d'en faire rien imprimer. Quelques-unes de ces notes, celles que l'auteur affectionnoit le plus, furent de temps à autre communiquées à des amis, ou au moins à des personnes qui eurent la complaisance d'en écouter la lecture. Les uns par pure courtoisie, ou par un sentiment de bienveillance pour l'auteur, d'autres par amour de la chose, et dans le désir de voir paroître un livre de plus, protestèrent que ces notes étoient fort curieuses, qu'il y avoit de quoi faire un ouvrage susceptible d'être et fort accueilli, et même jusqu'à un certain point utile. Il n'est pas toujours aisé de résister à des conseils séducteurs. Des suffrages d'amitié, ou même de complaisance, donnent quelquefois l'espoir d'un succès plus étendu. L'ouvrage fut donc continué, achevé, et enfin livré aux hasards de la publication. Telle est la sincère et véritable histoire de ce Catalogue. Je ne me suis nullement dissimulé et l'ingratitude du genre, et l'extrême difficulté de donner quelque intérêt à un tel travail; aussi me suis-je fait un devoir d'en soigner |