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D... En parlant des mystères d'Orphée, vous dites: « Un des fruits de l'initiation à ces mystères, c'était d'entrer en commerce avec les dieux, même durant cette vie, et toujours après la mort »> (1).

Si nous substituons au nom dieux, qui n'étaient que des esprits supérieurs, des chefs de systèmes, celui d'esprits sages et éclairés, pensez-vous que cette communication soit possible?

R... Puisque vous communiquez avec moi. D... Écoutez bien cette phrase qui appartient à vos réflexions:

:

« Je n'examinerai point ici ce que c'est que l'âme si elle est distinguée de la matière qui entre dans la composition du corps, si l'homme est double plus que tous les animaux dans lesquels on ne reconnaît que des corps simples, organisés de manière à produire tous les mouvements qu'ils exécutent, et à recevoir toutes les sensations qu'ils éprouvent, etc. >> (2). Et vous finissez par ces mots (5): « Ce serait chercher ce que devient le principe harmonieux d'un instrument musical quand l'instrument est brisé. Je n'examinerai que le motif qui a déterminé les législateurs anciens à imaginer et à accréditer cette opinion et les bases sur lesquelles ils l'ont établie. » Opinion qui est l'immortalité individualisée de l'âme humaine ; (1) Page 322.

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immortalité qu'ailleurs vous laissez volontiers passer dans tous les corps des trois règnes de la nature sans la conserver à l'homme spécialement. S'il en était ainsi, vous ne seriez pas présent devant nous en ce moment pour affirmer cette consolante question. Qu'en pensez-vous?

D... Je suis pourtant bien moi; mais je vous le répète je n'étais pas instruit de ces choses, et, si je les combattais, c'est que je n'y ajoutais réellement pas foi.

R... Vous citez avec incrédulité le ciel décrit par Socrate, d'après le Phédon de Platon, ouvrage destiné à établir le dogme de l'immortalité de l'âme et la nécessité de pratiquer les vertus. Cet ouvrage, parlant du lieu où se rendent les âmes après la mort, « imagine (dites-vous) une es pèce de terre éthérée supérieure à celle que nous habitons et placée dans une région toute lumineuse. C'est ce que les chrétiens appellent le ciel, et l'auteur de l'Apocalypse, la Jérusalem céleste. Notre terre ne produit rien de comparable aux merveilles de cette habitation sublime. Les couleurs y ont plus de vivacité et plus d'éclat; la végétation y est infiniment plus active. Les arbres, les fleurs, les fruits y ont un degré de perfection. de beaucoup supérieure à celle qu'ils ont ici-bas. Les pierres précieuses, les jaspes, les sardoines y jettent un éclat infiniment plus brillant que les

nôtres, qui ne sont que le sédiment et la partie la plus grossière qui s'en est détachée. Ces lieux sont semés de perles d'une eau très-pure. Partout l'or et l'argent y éblouissent les yeux, et le spectacle que cette terre présente ravit l'oeil de ses heureux habitants. Elle a ses animaux beaucoup plus beaux et d'une organisation plus parfaite que les nôtres. L'élément de l'air en est la mer, et le fluide de l'éther y tient lieu d'air. Les saisons y sont si heureusement tempérées qu'il n'y règne jamais de maladies. Les temples y sont habités par les dieux mêmes; les hommes se mêlent et conversent avec eux. Les habitants de ce délicieux séjour sont les seuls qui voient le soleil, la lune et les astres tels qu'ils sont réellement et sans que rien altère la pureté de leur lumière. On voit (ajoutez-vous) que la féerie a créé cet Élysée pour amuser les grands enfants et leur inspirer d'aller un jour l'habiter; mais la vertu seule y donne entrée » (1).

Que pensez-vous maintenant de cette description, et comment sont les lieux que vous habitez? S'y trouve-t-il des animaux comme il est dit dans l'ouvrage que vous citez?

R... Oui, ces choses existent; mais je ne les admettais pas. Me trouvant dans elles maintenant, je dois les admettre... J'ai à peine eu le temps (1) Page 335.

de les apprécier et de les voir... Ravet fait observer que mes questions étonnent au plus haut degré cet esprit, qui balbutie plus ses réponses que de le faire avec hardiesse. Ce lucide accuse voir venir un petit chien qui se met à sauter dans les jambes de l'esprit Dupuis. Ce dernier reconnaît ce petit animal pour lui avoir appartenu; ce qui l'étonne beaucoup et fait préjuger à Ravet que cet esprit n'en sera que plus intéressé d'étudier sa position nouvelle.

D... Croyez-vous que Platon, Virgile, Rhadamante ont raison lorsqu'ils disent qu'après la mort l'âme paraît au champ de la vérité sous la conduite de son surveillant (ange gardien), pour y être jugée, ne pouvant cacher aucun de ses crimes, dont elle pouvait ici-bas dérober la connaissance aux mortels, mais dont maintenant elle ne peut cacher l'existence aux yeux de tous ceux qui l'entourent? (1) Comment et sous quelles formes ces actions répréhensibles sont-elles dévoilées aux yeux de tous?

R... J'étudierai cette question.

D... Comment entendez-vous maintenant la justice réparatrice et harmonique qui doit corriger les écarts de l'homme? Vous dites que Platon assurait qu'on pouvait abréger la durée des supplices préparatoires, à la rémission des fautes ou des (1) Page 341.

crimes humains, en fléchissant par des prières ceux qu'on avait outragés. Dans le système des chrétiens (dites-vous) « le premier outragé, c'était Dieu. Il fallait donc chercher à le fléchir, et les prêtres intermédiaires avoués par la Divinité se chargèrent de cette commission, en se faisant payer, etc.» (1).

Lequel, pensez-vous, a droit à la réparation et doit être prié à cette intention?

R... J'aime mieux Platon que les chrétiens... Je n'ai pas étudié cette question... Personne ne m'a troublé jusqu'alors. J'étais enseveli dans la composition d'un ouvrage traitant des influences du réfléchissement de la lumière, et j'étais par conséquent très-loin de m'occuper de celle dont vous me parlez.....

D... M'en voudriez-vous pour vous avoir troublé dans ces méditations, et prendriez-vous en mauvaise part cette attention fraternelle? Une fois déjà je vous ai demandé pour vous poser les questions précitées; mais n'étant pas en mesure d'y répondre, je les ai suspendues jusqu'à ce jour, où je me fais un devoir de vous les soumettre à nouveau, autant dans l'intérêt de votre état actuel que par reconnaissance du bien et de l'instruction que j'ai reçus de la lecture de votre ouvrage. Si vous avez été une lumière philosophique (1) Page 349.

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