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par exemple, qui s'empare de nous lorsque l'on entend blasphémer le saint nom du Seigneur, ce nom si auguste et si vénérable, devant qui tout genou doit fléchir. Ne serait-on pas en droit de déchirer ses vétemens comme dans l'ancienne loi, lorsqu'on est témoin des irrévérences qui se commettent dans les églises, où l'on parle aujourd'hui comme on parlerait dans les rues et dans les places publiques; où l'on jette de tous côtés des regards curieux, indécens et peut-être criminels; où l'on entame des conversations toutes profanes? Qui ne serait pas tenté, à ce spectacle, de prendre le fouet en main comme Jésus-Christ pour chasser ceux qui se comportent de la sorte? Quand on voit des gens ignorans dans leur religion, sans étude, sans science, vouloir raisonner néanmoins sur les points de doctrine les plus épineux, en hommes éclairés, Ou en esprits forts, se révolter contre les soins qu'on prend de les instruire, fuir la lumière qu'on leur présente, braver par leur opiniâtreté la grâce qui les poursuit, qui ne serait pas indigné ? Une, telle indignation est trop louable et trop juste pour qu'elle ne soit pas agréable au

et

Seigneur; mais toute autre colère est péché; il faut la réprimer.... Quiconque aura dit à son frère Raca, sera digne du feu, a dit le Sauveur des hommes: ce n'est pas une parole dite en l'air : ce n'est point une opinion de quelques casuiste sévère, c'est un oracle du Fils de Dieu. On ne peut être sauvé sans la charité, et dire un outrage à son frère, c'est la perdre. Pour accomplir la loi, il faut lui faire du bien; et c'est la violer, cette loi, que de lui vouloir ou de lui faire du mal enfin s'attaquer à un membre de Jésus-Christ, à un fidèle, pour lequel Jésus-Christ est mort, est un péché ; et si c'est un péché que de lui dire une injure, que sera-ce de le corrompre par des paroles licencieuses, de le pervertir par mauvais exemples, et de le déchirer par des médisances cruelles (1)?

RECONCILIATION.

I. Il a été nécessaire qu'on nous prêchât la réconciliation : nous sommes si faibles dans le commerce du monde, il faut si peu

(1) Considérations et pensées diverses.

de chose pour nous choquer, nous nous fâchons si souvent les uns contre les autres, qu'il était bien à propos qu'on nous obligeât de nous rapprocher de nos frères, après que nous aurions eu le malheur de nous brouiller avec eux, et de faire par vertu ce qu'il ne nous a pas été donné de faire par inclination.

II. Que votre paix soit comme l'eau qui coule, dit l'Ecriture; rien de si uni que l'eau, rien de si divisible; jetez-y un bâton, une pierre; la moindre chose la fend : elle se sépare; mais ses parties se réunissent aussitôt, et elle coule comme auparavant, ainsi doivent faire les chrétiens un mot, une parole, un intérêt divise, mais qu'on les voie se réunir promptement, oublier tout, et ne plus sc ressouvenir du passé : 1o. Parce qu'après que Jésus-Christ nous a réconciliés avec son père, il n'y a point de chrétiens si ennemis qui ne doivent se réconcilier en Jésus-Christ; 2°. Parce que rien n'est si contraire à l'Evangile, qui est une loi de paix, que cet esprit de discorde persévérant; 3°. Parce que Dieu ne peut pardonner à ceux qui ne pardonnent pas.

III. Vous vous approchez de l'autel, vous y apportez vos offrandes; mais si vous vous êtes brouillé avec votre frère, allez plutôt vous réconcilier avec lui. Le sacrifice de la messe commence, vous vous disposez à y communier; déjà vous avez confessé vos péchés; déjà vous avez frappé votre poitrine; déjà vous touchez à la table sainte ou l'on administre le corps du Seigneur : et quelle offrande allez-vous lui présenter ? Des aumônes ? Elles ne sont d'aucun prix devant Dieu, si elles ne partent pas de la charité. Quoi donc ? votre cœur ? Dieu se soucie bien d'un cœur aigri, d'un cœur ulcéré qui fume encore du feu de la vengeance! Quoi donc encore? la victime de nos autels, sans cesse offerte en holocauste au père céleste? Il rejette une main sacrilége qui la lui présente. Sortez, sortez du sanctuaire, ô vous qui nourrissez dans vos cœurs des inimitiés éternelles; allez demander grâce à votre frère; vous n'êtes pas digne de participer au corps et au sang de Jésus-Christ; il vous appelle à lui pour vous rendre saint, mais il vous rejette si vous n'avez pas demandé grâce à celui que Vous avez offensé. Sachez vaincre le

mal par le bien.... Mais il m'a offensé; et n'avez-vous jamais offensé Dieu ? Mais il n'avait aucune raison de me fâcher; et ne Vous êtes-vous jamais oublié vous-même jusque-là vis-à-vis de lui? Mais il a communié; s'il a mal fait, en serez-vous moins coupable de mal faire aussi comme lui ? Croyez-moi, cherchez à lui être utile : instruisez-le, s'il est ignorant; assistez-le par des aumônes, s'il est dans le besoin; comblez-le de bienfaits, afin que le Seigneur vous comble aussi de ses grâces et de ses bénédictions (1).

AMOUR DU PROCHAIN.

Je ne hais pas mes frères, direz-vous, mais je ne puis aimer que ceux qui m'aiment. Je pourrais vous répondre avec saint Chrysostôme, que vous n'avez qu'une vertu de païen; qu'il faudrait redoubler votre amitié pour gagner celui qui vous a refusé la sienne; que ce vous sera un plus grand honneur d'avoir engagé à vous aimer un homme qui n'était pas disposé à

(1) Considérations et pensées diverses.

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