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c'est-à-dire une action combinée de l'intelligence et de la volonté. Si l'âme était privée de toute action, Dieu penserait pour nous, voudrait pour nous, serait responsable du bien et du mal qui se fait en nous.

En ce qui concerne les corps, leur activité tombe de quelque manière sous les sens; elle ne peut être niée sans une sorte de folie. Et puis qu'est-ce bien qu'une occasion dont la présence est toujours si efficace? N'estce pas lui attribuer tous les caractères extrinsèques de la cause et recourir sans raison à une intervention perpétuelle de Dieu, qu'on ne peut ni démontrer ni raisonnablement supposer?

Inutile d'insister. L'occasionnalisme ne serait qu'un système mystique et fantaisiste, s'il n'avait des affinités étroites avec l'idéalisme et le panthéisme; car, après avoir ' nié l'action des corps, on nie bien vite leur réalité, et, en ne voyant partout que l'action divine, on supprime la créature ou bien on la transporte en Dieu. L'occasionnalisme se pare, il est vrai, de quelques prétextes : Dieu est partout, il agit en toute créature, toute action est renfermée dans la sienne, il est la cause de tout bien et de toute perfection, etc. Résolvons donc ses objections.

531. Objections - 1o L'activité productrice est quelque chose de divin. Mais rien de divin n'entre dans la créature.

Rép. L'activité pure, la première, celle qui ébranle toutes les autres à titre de cause universelle est quelque chose de divin, c'est Dieu même ; mais l'activité seconde, celle que nous assignons à la créature n'est rien de tel. Dieu ne se réserve pas plus l'action qu'il ne se réserve l'être.

2o Dieu fait tout. Donc la créature ne fait rien.

Rép. Dieu fait tout comme cause première ; mais l'universalité de son action n'empêche pas l'action particulière et subordonnée de la créature.

3o La cause première doit être parfaite et totale. Or

une cause de ce genre exclut le concours de toute autre.

Rép. Elle exclut un concours de même ordre que son action, mais non pas une coopération d'un autre ordre et qui n'empêche pas que tout mouvement vienne d'elle médiatement. Au reste, il est bien évident que Dieu n'a nul besoin de cette coopération des causes secondes : il les emploie pour leur communiquer quelque chose de sa perfection, de sa causalité, comme il leur a communiqué quelque ressemblance de son être (1).

4o Si les créatures agissaient, elles se perfectionneraient elles-mêmes. Mais c'est Dieu qui est la cause de tout bien, de toute perfection, de tout progrès.

Rép. Elles ne se perfectionneraient pas elles-mêmes indépendamment de Dieu, mais avec son concours, ou plutôt sous son impulsion.

5o Du moins les corps sont inactifs, inertes, passifs.

Rép. Les corps sont inertes, c'est-à-dire qu'ils n'ont par eux-mêmes aucun mouvement local déterminé ; mais ils ont des forces qui trouvent d'une manière ou de l'autre leur application: ils sont donc actifs, et en vertu même de leur essence, comme on l'expliquera en cosmologie.

:

L'ac

532. L'action et la vertu d'agir de la créature. tion des créatures, non plus que leur force, ne se confond avec leur substance. Jusqu'ici nous avons parlé de la cause elle-même il faut parler maintenant de ce qui la fait telle, de ce par quoi elle produit son effet, c'est-à-dire de sa force et de son action. Mais l'action et la force sontelles réellement distinctes de la substance? Il ne s'agit évidemment que des créatures. La nature créée ne seraitelle que le principe médiat de son effet? Saint Thomas le pense. Les modernes ont un autre sentiment. Nous tenons pour la distinction réelle et l'action médiate. Voici pourquoi :

(1) Cf. S. Th., Cg. lib. III, cp. 70.

L'action de la créature peut exister ou n'exister pas, commencer, finir, être suspendue ou se précipiter sans que la substance change, sans que la créature souffre d'ailleurs aucune diminution essentielle. Nos pensées, nos volontés, sujettes à tant de vicissitudes, ne font pas que notre âme change avec elles; nous sommes, au fond, toujours les mêmes, quoi que nous fassions, quoi que nous subissions. Il en est de même des corps. Ils peuvent exercer mille actions différentes, ou bien n'en exercer aucune, sans changer eux-mêmes. Il s'ensuit que l'action est réellement distincte de la substance; l'action n'est pas seulement la substance en tant qu'elle agit, comme le veulent les cartésiens, mais c'est quelque réalité, quelque actualité passagère et distincte de la substance qui est son principe. On voit par là combien les scolastiques accordent d'efficacité aux causes secondes, tandis que les modernes ne voient partout que des dispositions nouvelles, des aspects nouveaux de réalités déjà toutes existantes. Le langage lui-même témoigne de cette distinction nul, par ex., ne confond l'âme et la pensée, le germe et la germination, etc., c'est-à-dire la substance et l'action. Il y a là autre chose que des différences de concepts il y a des différences réelles, qu'il ne faut pas exagérer, mais qu'il faut admettre.

Nous avons dit aussi que la force ou la vertu d'où procède immédiatement l'action est réellement distincte de la substance. En effet, la puissance et l'acte auquel elle est essentiellement ordonnée sont dans le même genre suprême, si bien que, si l'acte est accidentel, la puissance sera accidentelle ; si l'acte est substantiel, la puissance sera substantielle (v. no 421). Or l'action ici ou l'acte est accidentel donc la puissance ou la force de l'accomplir sera accidentelle et partant distincte de la substance.

Il est presque inutile d'ajouter que l'action et la force sont réellement distinctes entre elles, comme elles le sont de la substance. On nous reprochera de multiplier les

entités; mais nous ne faisons que les reconnaître, en évitant de graves confusions.

533. Objection. L'acte suit l'être et ne fait même qu'un avec lui; ce qu'on dit de l'être il faut le dire de l'acte et réciproquement. Or la substance est immédiatement, sans aucun intermédiaire. Donc elle agit immédiatement par elle-même, sans vertu ni action distincte d'ellemême.

Rép. Dissipons une grave équivoque. L'acte qui ne fait qu'un avec l'être, c'est l'acte transcendant, dont il a été parlé au commencement de la métaphysique. Mais l'acte ou mieux l'action dont il s'agit et la puissance. d'agir sont des accidents qui s'ajoutent à la substance créée, ou plutôt qui en procèdent, mais qui en sont distincts. Cette action et cette puissance d'agir suivent l'être substantiel et se mesurent sur lui, mais sans se confondre avec lui. C'est par elles que la substance peut agir et qu'elle agit de fait; elles ne sont pas tant l'effet de la substance que le moyen par lequel elle produit tous ses effets.

534. Autres questions. -Restent quelques questions secondaires :

1o La cause efficiente peut-elle agir lorsqu'elle n'est plus? Evidemment elle ne peut plus agir par ellemême ; mais elle peut agir et indéfiniment par ceux de ses effets qui subsistent. C'est ainsi que les plantes, les animaux, les hommes des temps anciens agissent par l'hérédité ou par leurs œuvres sur le monde présent, qui n'est, à certains égards, que la continuation du passé et la préparation du monde à venir.

2o La cause efficiente peut-elle agir lorsqu'elle est absente? Evidemment elle ne peut agir qu'autant qu'elle est présente de quelque manière par ses effets ou par quelque intermédiaire. C'est ainsi que le soleil agit puissamment sur la terre sans y atteindre autrement que par les vibrations qu'il imprime à quelque fluide univer

sel.

3o Le même effet peut-il être produit par plusieurs causes? La question est complexe. Voici la réponse aux divers sens qu'elle comporte. Le même effet peut être produit une même fois par plusieurs causes partielles qui agissent conjointement :.ainsi chaque soldat de l'armée victorieuse a remporté la victoire. Il peut être produit aussi par plusieurs causes totales, mais subordonnées: ainsi Dieu est la cause totale et première de tout acte moral; l'homme en est la cause totale et seconde. Mais le même effet ne pourrait être produit une même fois par plusieurs causes totales de même ordre autrement chacune d'elles deviendrait partielle en réalité.

Maintenant le même effet peut-il être produit indifféremment par l'une ou l'autre cause par ex. le même épi pourrait-il être produit par l'un ou l'autre grain? Le même homme, Alexandre, aurait-il pu avoir un autre père que Philippe? Il peut sembler que non ; car les effets ressemblent aux causes; si les causes changent, il faudra donc que les effets changent également. Mais on peut répliquer à ceci que la même cause peut produire divers effets le même grain peut produire plusieurs épis, le même père peut avoir plusieurs enfants fort différents entre eux pourquoi donc diverses causes ne pourraientelles pas produire, l'une ou l'autre indifféremment, le même effet? De plus, au-dessus de toutes les causes du monde, il y a la cause première pourquoi ne pourraitelle pas, en se servant de l'une ou de l'autre cause seconde, produire le même effet? Quoi qu'il en soit, et en admettant même cette possibilité, il est bien certain que cette flexibilité de la cause seconde a une limite. Dieu lui-même ne peut se servir de toute cause seconde pour produire tout effet.

535. La matière première et la forme substantielle. En ce qui concerne les causes intrinsèques, l'existence de la matière première et de la forme substantielle n'est pas douteuse; elles sont de vraies causes. Nous ne faisons que

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