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ment, séparément, sans être unie à une autre. Mais on ne peut partager ce sentiment. La personnalité, en effet, est une perfection, et des plus éminentes. Il n'est point indifférent à une nature intelligente d'avoir son complément, d'exister d'une manière indépendante, de s'appartenir tous ces caractères sont positifs.

Ajoutons que les vérités de la foi paraissent confirmer cette doctrine. Car il n'est pas possible de regarder les personnalités divines comme de simples négations ou limitations; il n'est pas possible non plus de regarder la personne du Verbe comme ayant rempli un rôle tout négatif par rapport à la nature humaine de J.-C. ; elle a dû lui communiquer une perfection divine, une subsistence divine. L'union hypostatique ne s'explique guère autrement. Sans être naturelle, c'est-à-dire faite dans la nature, ni substantielle en ce sens qu'elle se serait faite dans une même substance, elle n'est pas pourtant accidentelle. Répondons maintenant à quelques objections :

488. Objections. - 1o Si la personnalité se distingue de la nature, ou bien c'est une substance, ou bien c'est un accident; mais elle ne peut être ni l'un ni l'autre.

Rép. La personnalité ne se distingue pas de la nature comme un être ou une chose d'une autre s'il en était ainsi, elle serait, en effet, une substance ou un accident. Mais elle s'en distingue comme un mode substantiel de la substance qu'il modifie. La personnalité appartient donc à la substance sans être une substance.

20 Tout ce qui s'ajoute à une chose, tout ce qui lui sert de complément est comme un accident pour cette chose. Or la personnalité est le complément de la nature: elle s'en distingue donc comme un accident.

Rép. Il y a complément et complément : l'un accidentel, qui est postérieur à l'existence de la chose; l'autre, substantiel, qui tient à l'être premier. La personnalité complète la nature en lui donnant la subsistence, ce qui

certes n'est point secondaire ou accidentel à la nature. 3o La distinction proposée est par trop subtile et ne paraît pas fondée réellement. Qu'est-ce, en effet, que telle personne humaine, par exemple? C'est tel individu. Qu'est-ce que cet individu? C'est telle nature particulière. Il n'y a donc aucune différence entre la personne et sa nature particulière.

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Rép. Chaque individu est sa nature particulière, sans doute; mais l'individualité ou la personnalité fait, en outre, que cette nature subsiste d'une manière indépendante et incommunicable. Or c'est là le formel de la personne, c'est là cette personnalité qui s'ajoute à la nature comme un mode substantiel, comme l'existence s'ajoute à l'essence réelle.

489. La personnalité et la mémoire, la conscience. On ne saurait confondre d'aucune manière la personnalité avec la mémoire et la conscience par lesquelles la personne prend connaissance d'elle-même. Ici nous retrouvons Locke et les sensualistes, qui confondent le moi ou la personne avec la mémoire et la conscience. La personne ne serait qu'une nature consciente d'elle-même. Le mot de nature serait même de trop; car l'empirisme ne prétend pas connaître la nature, mais seulement les actes, les phénomènes, les représentations de la mémoire et les états de conscience. Notre personnalité embrasserait donc ces collections de souvenirs que nous avons du passé et la conscience de notre état présent. Et comme nos souvenirs disparaissent plus ou moins à mesure que le temps nous sépare de leurs objets, et que, d'autre part de nouveaux états de conscience succèdent aux anciens, notre personne serait sans cesse en voie de transformation. De plus, comme il peut arriver, par suite de maladies nerveuses, que nos positivistes appellent maladies de la mémoire, de la personnalité, etc., que l'homme perde complètement le souvenir du passé et de ses états antérieurs et croie commencer une vie nouvelle ou jouer un nouveau

personnage, il s'ensuivrait que la personne serait réellement divisible, altérable on en changerait parfois comme d'un vêtement.

Mais il n'en est rien: 1o Nos adversaires confondent les actes de la personne avec la personne elle-même. Sous les actes de la conscience, de la mémoire, par derrière nos souvenirs plus ou moins fidèles et nos états de conscience plus ou moins mobiles, il faut bien qu'il y ait une substance, une nature: c'est dans ce fond qu'il faut chercher notre individualité, notre personne, qui ne change pas. Nous pouvons la saisir, la connaître de diverses manières, mais elle n'est pas cette connaissance, cette conscience de nous-mêmes. Les maladies les plus singulières n'y peuvent rien. Alors même qu'un homme perd le souvenir de ce qu'il a été et jusqu'à la conscience de son état présent, sa personne est la même seulement elle ne se connaît pas. Alors même que cet homme oublieux de son passé croit commencer une nouvelle vie et jouer un autre personnage, ce dédoublement du moi n'est qu'apparent, il répond à une dissociation des actes de mémoire et de conscience, à quelque rupture organique, mais non pas à une division réelle de la personne. S'il joue plusieurs personnages simultanément ou successivement, s'il se prend pour un autre, cette multiplication de la personne ne laisse pas que d'être superficielle, elle n'atteint pas le fond, le moi lui-même, mais seulement les actes et les groupes d'actes par lesquels le moi se connaît. De même encore les changements lents ou subits qui surviennent dans les passions et semblent avilir ou relever le caractère n'atteignent pas davantage le moi; ils atteignent seulement les organes et, par eux, les facultés et les actes : la substance, la personne est par delà. Il est vrai que les positivistes nient la substance ou n'en tiennent nul compte Mais il n'est pas étonnant alors qu'ils tombent dans l'absurde.

2o L'absurdité ici est particulièrement révoltante. La personnalité cesserait d'exister dans certaines folies, dans

l'état de stupeur et dans le sommeil. La personne humaine serait toujours en voie de transformation, et, dans certaines maladies, le changement serait subit et total. Dès lors plus de responsabilité, de mérite, de démérite, de droit, etc., car tout cela suppose la permanence et l'identité de la personne, ou du moins de la partie principale et dirigeante de la personne, comme cela a lieu pour les âmes séparées du corps.

30 En théologie, les conséquences ne sont pas moins absurdes. En effet, si la personne est dans la conscience, il y aura deux personnes en Jésus-Christ, de même qu'il y a deux natures, et une seule personne en Dieu. Inutile d'insister. Cette opinion est inconciliable avec la foi comme avec le bon sens.

CHAPITRE XXVII

DES ACCIDENTS EN GÉNÉRAL,

ET EN PARTICULIER DE LA QUANTITÉ, DE LA QUALITÉ

ET DE LA RELATION.

490. L'accident. Ses espèces. Modes accidentels. L'accident est ce qui existe dans un autre comme dans un sujet, ainsi qu'il a été dit, et, pour éviter déjà toute équivoque, l'accident est ce qui doit exister naturellement dans un sujet.

La catégorie de l'accident ne se confond point avec l'accident logique, l'un des cinq universaux dont il a été traité en dialectique. L'accident logique est opposé à l'essence, à l'espèce ou substance seconde : c'est, par ex., la main dans l'homme, la feuille et la branche dans l'arbre. L'accident catégorique, au contraire, est opposé à la substance première ou physique : c'est, par ex., la stature dans l'homme, la forme dans l'arbre. Au point de vue des catégories, la main, la feuille, la branche sont des substances ou font partie de substances, elles ne sont pas des accidents.

Les scolastiques distinguent les accidents absolus et les accidents modaux. Les premiers ne sont pas dits absolus parce qu'ils subsisteraient comme des substances moindres, ni parce qu'ils n'impliqueraient aucune relation, car ils se rapportent essentiellement à leur sujet : ils sont dits absolus parce qu'ils affectent immédiatement la substance sans impliquer de relation extérieure. Ils sont fondamentaux, si on leur compare les autres acci

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