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1o si la matière ou le sujet est mal disposé : ainsi le bois mouillé ne brûle pas; l'enfant mal né ne profite pas des meilleures leçons; 2o si la forme ou la perfection à produire est incompatible avec une autre : ainsi pour faire un meuble d'acajou, il faut couper un acajou, ce qui est une destruction. Dans tous ces exemples, on voit que le bien n'est jamais la cause du mal que par accident. Le mal vient de quelque cause imparfaite, remarque à ce sujet saint Thomas (Malum non habet causam efficientem sed deficientem). Ce qu'il ne faut pas traduire en disant que le mal n'a pas de cause tout mal, au contraire, a une cause, et, s'il est moral, il a une cause responsable. Saint Thomas veut dire que le mal ne vient que d'une cause défectueuse (Cf. 1055, etc.).

458. La bonté et la perfection. De ce que tout être est bon, il ne s'ensuit donc pas que tout soit parfait. C'est évident, puisqu'il y a place pour le mal à côté du bien. La notion de perfection suit celle de bien, car le bien est ce qui perfectionne la nature. Tout bien est donc une perfection, et, sous ce rapport, la perfection est une notion transcendante, sans limite, comme celle d'acte. Mais tout bien n'est pas parfait, c'est-à-dire bon sous tous les rapports tout être, quoique bon en lui-même, n'a pas obtenu sa fin; l'imparfait a donc une large part en ce monde, toute celle qui est donnée au mal, depuis le plus grave jusqu'au plus léger.

459. Espèces de parfaits et de perfections. On définit le parfait ce à quoi rien ne manque, du moins selon sa nature. De là déjà deux sortes de parfaits: le parfait absolu, qui exclut toute limitiation, ce que Leibniz a appelé le mal métaphysique ; et le parfait relatif, qui exclut tout mal proprement dit. Dieu seul est absolument parfait, il contient toutes les perfections possibles : toute créature est imparfaite par rapport à lui.

En laissant le parfait pour considérer, plutôt la perfection, c'est-à-dire ce qu'il y a de formel dans le parfait,

on distingue aussi la perfection absolue, sans limite par elle-même, comme la vie, l'intelligence, l'amour, la charité, - et la perfection relative, qui implique limitation ainsi la sensibilité, qui implique des organes, un corps, génération et corruption; le raisonnement,. qui implique une connaissance progressive, allant à sa perfection par une multitude d'actes et de degrés ; la foi et l'espérance, qui supposent l'absence de leur objet ; la pénitence, qui suppose le péché commis.

2o A un autre point de vue, on distingue les perfections formelle, virtuelle, éminente. La première est celle qui est donnée sous sa forme propre par ex. le raisonnement existe formellement dans l'homme qui raisonne. La deuxième est impliquée dans la puissance du sujet : ainsi le raisonnement est déjà dans l'enfant. La troisième est donnée sous une autre forme, qui est supérieure : ainsi le raisonnement et la science de l'homme sont éminemment dans l'intelligence divine, qui voit toute chose par un seul acte, et comme d'un seul coup d'œil.

30 Distinguons encore la perfection partielle, par ex. celle d'un spécialiste, qui peut être un homme médiocre, et la perfection totale, celle qui résulte d'un ensemble de bonnes qualités.

40 Distinguons enfin la perfection première, qui est dans l'être même; la perfection seconde, qui est dans les accessoires, accidents, compléments; et la perfection. finale, qui est l'obtention de la fin. Par ex., pour l'homme, exister c'est la perfection première; connaître et pratiquer ses devoirs, c'est la perfection seconde; faire son salut, c'est la perfection flnale (1).

On comprend que nous ne devions pas ici traiter de toutes les perfections, car ce serait traiter de toutes choses. Nous nous bornerons donc aux perfections supérieures. On peut les ranger sous quatre chefs: le nécessaire, auquel est opposé le contingent; le simple, anquel

(1) Cf. S. Th., Ia, q. 6, a. 3.

est opposé le composé ; l'infini, avec le fini; l'immuable, avec le muable. Ces quatre perfections se rapportent assez bien et une à une aux transcendantaux. Remarquons, en effet, que l'être très parfait en tant qu'être, est nécessaire; l'un le plus parfait, est simple; le vrai absolu est infini; le bien absolu est immuable. Sans insister trop sur ces correspondances, on ne peut douter que les quatre perfections énumérées soient les principales, celles dont il faut traiter en métaphysique. Avant d'aborder chacune d'elles, établissons d'une manière générale que toute imperfection suppose, absolument parlant, la perfection.

460. L'imparfait suppose absolument le parfait. C'est-à-dire que le parfait existe nécessairement avant l'imparfait. Car l'être est absolument avant le néant, l'existence avant la possibilité, l'acte avant la puissance. Si le néant était de quelque manière avant l'être, jamais l'être ne serait; s'il n'y avait pas d'existence, il n'y aurait pas de possibilité ; c'est vers l'acte que s'oriente la puissance et c'est l'acte qui la détermine et lui donne son efficacité; le plus est absolument avant le moins, car ce n'est pas le moins qui peut donner le plus.

Nous restons, on le voit, dans l'ordre absolu, métaphysique, dans l'ordre d'existence, et nous faisons abstraction de l'ordre logique ou de connaissance. Car nous convenons, contre les cartésiens et les ontologistes, que le parfait nous est connu par l'imparfait, l'infini par le fini, etc. Mais, absolument parlant, le parfait précède l'imparfait. Justifions en détail cette proposition.

En effet,

461. Le contingent suppose le nécessaire. le contingent n'a pas l'existence par lui-même, il doit donc la recevoir d'un autre. Celui-ci, à son tour, est nécessaire ou contingent. Nous remonterons ainsi d'une cause à l'autre jusqu'à une cause première, qui soit un être nécessaire. Et qu'on ne suppose pas ici une infinité de causes contingentes et enchaînées : alors même que le nombre de causes intermédiaires serait infini ( ce que nous n'admet

tons pas), elles seraient toutes ensemble contingentes et aussi incapables de se donner l'existence que chacune · d'elles en particulier. Le contingent suppose donc le nécessaire. Ajoutons quelques remarques :

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1o On voit par là que la nécessité absolue est intrinsèque à l'être nécessaire; elle consiste en ce que l'être existe par soi; la contingence, au contraire, consiste en ce que l'être existe par un autre. Il n'y a pas de milieu entre cette contingence et cette nécessité.

20 Bien que l'être absolument nécessaire soit tel par son essence, il ne s'ensuit pas qu'en connaissant son essence nous connaissions son existence. Il est vrai que l'essence de cet être ne fait qu'un réellement avec son existence; mais par l'abstraction nous connaissons distinctement l'une et l'autre ; l'idée de son essence n'implique que l'idée de son existence.

3o Enfin, toute cette doctrine sur le contingent et le nécessaire s'applique au conditionné et à l'inconditionné. Celui-ci existe absolument avant celui-là: le conditionné implique ce qui ne l'est pas.

462. Le composé suppose le simple. Il le suppose de plusieurs manières 1o D'abord tout composé suppose des éléments simples, car tout composé est résoluble en parties. Celles-ci à leur tour sont composées ou simples; si elles sont composées, elles sont résolubles à leur tour, et ainsi indéfiniment. Bref, s'il n'y avait pas d'éléments simples il n'y aurait pas de composé. Toutefois le composé ne suppose pas le simple absolu comme élément : autrement il faudrait dire que Dieu seul compose formellement toute chose; le composé ne suppose que le simple qui est dans le même genre que lui. Ainsi l'idée complexe suppose en définitive l'idée d'être, qui est simple comme idée; la ligne mathématique suppose le point mathématique; l'étendue réelle suppose quelque partie dernière, atome ou autre chose, indivisible.

2o Le composé suppose ensuite le simple d'une autre

manière plus remarquable encore il le suppose comme cause distincte, qui l'a déterminé à l'existence. En effet, le composé résulte de diverses parties. Mais comment celles-ci ont-elles été déterminées à former le tout? Elles ne l'ont pas été par le tout, qui n'existait pas encore. Donc tout composé a une cause distincte de lui. Mais cette cause, à son tour, est-elle composée ou simple? Si elle est composée, l'argument revient. Il faut donc en définitive que le composé soit produit immédiatement ou médiatement par une cause simple.

De tout ceci il résulte : 1o que tout composé est postérieur à ses composants, sinon dans l'ordre de temps, du moins dans l'ordre de nature, de même que le contingent est postérieur au nécessaire, et le conditionné à l'inconditionné.

2o Il résulte encore que tout composé a quelque chose de potentiel et d'actuel ; il est fait pour ainsi dire de puissance et d'acte d'acte, puisqu'il est actuellement composé; de puissance, car toutes ses parties et chacune d'elles peuvent concourir à former le tout, soit comme matière ou forme, substance ou accident, genre ou différence.

3o Il suit encore que nul composé ne peut être absolument parfait. Ce qui a des parties est nécessairement imparfait par quelque endroit ; car il renferme toujours quelque chose de potentiel, il n'est donc pas un acte pur; de plus, le parfait absolument ou l'infini ne peut résulter de l'addition et de l'union des parties finies, imparfaites. Done Dieu est un être absolument simple (1).

sance.

463. Le simple et le composé dans l'ordre de la connaisNous avons établi que le simple précède absolument le composé dans l'ordre de l'existence. Mais il arrive que, dans l'ordre de la connaissance, le composé précède le simple nous définissons, en effet, le simple, en disant que c'est ce qui n'a pas de parties, c'est-à-dire ce qui n'est pas composé.

(1) Cf. S. Th., Ia, q. 3, a. 7.

De Potentia, q. 7, a. 1.

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