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natures angéliques; donc il n'y a au-dessus de l'esprit humain, comme vérité subsistante, que celle de Dieu. Mais il y a une foule de principes, de sciences, de perfections intellectuelles, de perfections morales surtout, qui n'existent pas en elles-mêmes, qui n'existent que dans un sujet, par ex. dans notre âme, et qui valent plus que notre âme, qui sont ce qu'il y a de meilleur en elle; telles sont les vérités dont nous nous éclairons et auxquelles nous devons tout sacrifier; si la première Vérité le demande.

2o Selon saint Anselme, ce que le temps est aux choses temporelles, la vérité l'est aux choses vraies. Or il y a un temps unique qui mesure toutes les choses temporelles. Il y a donc aussi une vérité unique qui rend toute chose vraie.

Rép. Le temps suprême qui mesure tous les autres n'exclut pas les temps particuliers. Donc, à plus forte raison, dans un ordre plus élevé encore que celui du temps, la première vérité qui mesure toute chose vraie n'empêche pas une foule d'autres vérités, particulières et proportionnées à la capacité et aux progrès de la créature.

3o En ce qui concerne les vérités humaines, on ne voit pas pourquoi les vérités mathématiques, par ex., ne seraient pas incréées, immuables.

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Rép. Toutes les vérités sont incréees, immuables, éternelles, en tant qu'elles sont en Dieu, dans la Vérité unique de Dieu. Mais en tant qu'elles sont des perfections de notre intelligence, elles sont créées, temporelles et même changeantes, non pas en ce sens qu'elles soient ellesmêmes sujettes au changement, mais en ce sens que notre esprit peut les posséder ou en être privé, et en comprendre plus ou moins la portée.

4o Il doit en être des vérités comme du monde intelligible, des universaux, qui sont partout et toujours: universalia sunt ubique et semper.

Rép. Les universaux sont partout et toujours négativement, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas de limites posi tives. Mais, avant la création de l'homme, il n'y avait

pas d'idées abstraites et partant point d'universaux proprement dits le monde intelligible n'était pas le monde de nos idées, mais seulement le monde divin, celui des idées divines, qui ne fait qu'un avec l'esprit de Dieu.

CHAPITRE XXV

DU BIEN ET DU MAL; DES PERFECTIONS: NÉCESSITÉ,

SIMPLICITÉ, INFINITÉ, IMMUTABILITÉ

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449. Le bien. Le bon. Le vrai. Le beau. Le bien est ce qui est recherché ou ce qui est désirable, comme le vrai est ce qui est compris ou ce qui est connaissable. Le bien est aussi le bon. La langue latine n'a que l'un de ces deux mots, qui pourtant ne confondent pas tout à fait leurs significations. Le bien se divise en honnête, utile et délectable; or le bon désigne plutôt le bien utile ou le bien délectable, tandis que le bien marque plutôt le bien honnête, c'est-à-dire un bien supérieur et voulu pour lui-même. Cependant il nous arrivera souvent d'employer l'un ou l'autre de ces mots avec toute l'extension du mot latin bonum.

Le bien est tel parce qu'il convient à la nature qui le recherche ; c'est pourquoi on a pu encore le définir en disant qu'il est ce qui convient à la nature, ce qui comble ses désirs ou ses tendances.

On voit par là quels sont les rapports du bien avec le vrai et leur différence. Le vrai est comme le bien de l'intelligence, et le bien est comme le vrai de la volonté, c'està-dire que le vrai et le bien sont liés ensemble comme l'intelligence et la volonté ; mais ils restent parfaitement distincts de même que ces deux facultés.

Le bien diffère aussi du beau, quoique le bien, du moins le bien supérieur, soit toujours beau. Le beau est ce qu'il est agréable de connaître, tandis que le bien est ce qu'il est doux de posséder. Mais la beauté est une perfection et par conséquent un bien.

450. Fondement et forme du bien. Dans le bien,

comme dans le vrai, distinguons le fond et la forme. Le fond c'est l'être même, qui est désirable, de même que le fond du vrai c'est l'être même, qui est connaissable. A ce point de vue, on peut dire que le bien, de même que le vrai, c'est ce qui est. Mais la forme du bien c'est l'être en tant qu'il est désiré ou aimé, de même que la forme du vrai c'est l'être en tant qu'il est connu.

Ces notions préliminaires justifient déjà la première partie de la thèse suivante, qu'il faut établir et expliquer :

THÈSE. Tout être est bon. Il n'y a donc pas de mal absolu ni de nature essentiellement mauvaise.

peut venir que du bien et accidentellement.

Le mal ne

Mais de ce

que tout être est bon il ne suit pas que tout soit parfait. Seulement l'imparfait suppose absolument le parfait : le contingent suppose le nécessaire; le composé, le sim

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le muable, l'immuable.

451. Tout être est bon.- Nous affirmons que tout être est bon, comme nous avons affirmé que tout être est un et vrai. Qu'est-ce, en effet, que le bien ou le bon ? —C'est l'être en tant qu'objet de quelque désir ou tendance. Or l'être, par cela même qu'il est, est une perfection, un acte, au sens transcendant de ce mot ; il est donc désirable à quelques égards, comme fin dernière ou comme moyen, comme principal ou comme accessoire, comme tout ou comme partie.

D'autre part, le bien est quelque chose de positif. Ce n'est pas une simple négation, puisqu'il attire quelque volonté ou détermine quelque tendance. Donc tout bien est, de quelque manière, et dans la même mesure où il est bien. En un mot, tout être est bien, et tout bien est être ces deux réalités s'affirment l'une de l'autre et se prennent l'une pour l'autre Bonum et ens convertuntur (1).

452. Remarques.

1o Cependant le bien et l'être ne

(1) Cf. S. Th., Ia, q. 5, a. 1 et 3.

s'identifient pas dans leur forme, dans leur mode, mais seulement dans leur fond. C'est pourquoi, tandis que l'être a ses degrés depuis l'être premier ou substanțiel jusqu'aux dernières perfections qui l'achèvent et le consomment, le bien aussi a ses degrés, mais en sens inverse, depuis la perfection qui est dans l'achèvement de l'être jusqu'à la simple existence. D'où il arrive que ce qui est principal comme être est secondaire comme bonté ou perfection; et réciproquement, ce qui est principal comme bonté ou perfection est secondaire comme être. Exemple un homme existe; cette existence est l'être principal ou la réalité première de cet homme, mais ce n'est que le point de départ de sa perfection. Arrivé à l'âge mûr, à la plénitude de ses forces intellectuelles et morales, il remplit sa fin, c'est un homme parfait ; mais cette perfection consiste en des réalités accessoires à la première. Tel est le sens de cet aphorisme scolastique : Ens simpliciter est bonum secundum quid et bonum simpliciter est ens secundum quid (V. aussi Vocab. : Bien).

:

2o Remarquons maintenant cette autre différence entre le bien et le vrai. Le premier se dit proprement des existences, des réalités ; un bien purement imaginaire est un faux bien le vrai, au contraire, est donné dans l'ordre idéal, non moins que dans l'ordre réel ; il se dit des choses abstraites, des propositions, des jugements par lesquels nous combinons les idées. Pourquoi cette différence? Elle s'explique, si l'on se souvient que le vrai a son terme, sa forme dans l'esprit, tandis que le bien l'a dans les choses : la connaissance s'étend indistinctement au possible et au réel, tandis que la volonté n'est bien attirée que par le réel. Découvrir les possibles, c'est le rôle de l'intelligence : réaliser des projets ou des possibles c'est l'œuvre de la volonté.

453. Espèces de biens. - Pénétrons plus avant dans la notion du bien. Il est de plusieurs sortes :

1o Et d'abord, il est vrai ou apparent. Comme la volonté

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