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ne voyons pas tout en lui. Nous voyons Dieu dans les créatures plutôt que les créatures en lui. Nous voyons tout par l'idée d'être plutôt que par l'idée de Dieu.

20 On insiste en disant que les choses ne sont intelligibles, connaissables, qu'autant qu'elles sont existantes, en acte. Or c'est Dieu qui les rend telles. C'est donc lui qui les rend connaissables.

Rép. Dieu rend les choses existantes, actuelles, mais comme cause efficiente et extrinsèque, non point comme cause formelle dire le contraire, ce serait soutenir le panthéisme. D'où il suit que les choses sont connaissables par elles-mêmes, par leur propre actualité, bien qu'elles la tiennent de Dieu. L'homme connaît donc les choses sans pour cela connaître Dieu.

362. Méthode de construction. De la méthode des ontologistes se rapproche la méthode dite de construction (v. no 271). Spinosa et Vico paraissent l'avoir proposée les premiers. Elle présente quelque chose de plausible, et il faut convenir que l'esprit ne connaît bien le vrai qu'autant qu'il se l'assimile et qu'il sait construire en système toutes ses connaissances particulières. Mais les prétentions du transcendantalisme vont bien au delà. L'esprit ne connaîtrait les choses qu'autant qu'il les crée, il ne connaîtrait que les effets dont il est la cause. D'après Hégel, les choses sont parce que nous les pensons, nous les faisons en les pensant, la pensée et la réalité s'identifient. L'homme se créerait donc lui-même en prenant conscience de ce qu'il est; il créerait Dieu et le monde en les pensant et en les distinguant de lui. Nous sommes en pleine rêverie panthéiste.

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363. Critique. Cette méthode ne vaut pas plus que la doctrine dont elle est l'instrument et le fruit. Elle tombe sous les critiques suivantes :

1o L'homme ne mesure pas la vérité, mais il est mesuré par elle; il ne la fait pas, mais seulement il la fait sienne; il la découvre et se l'assimile sans la faire dépendre autrement de lui.

2o Ensuite, si la science est la connaissance de notre propre causalité, il faudra dire que notre connaissance est bien étroite, car notre causalité est bien limitée, ou bien il faudra dire que notre causalité s'étend à tout ce que nous connaissons, à Dieu, à l'univers entier ; ce qui est une parfaite absurdité et un monstrueux panthéisme.

30 Ce n'est pas tout. Si l'homme ne connaît que ce qu'il fait, comme il ne peut pas se faire lui-même, il faudra bien qu'il s'ignore lui-même. Quoi qu'en dise Hégel, l'homme ne peut pas se produire lui-même, mais seulement prendre connaissance de lui-même, ce qui est bien différent.

4o Et puis pourquoi exiger ici que le connaissant et le connu soient dans le rapport de cause à effet? Il suffit que l'un soit intelligible et que l'autre ait la faculté de connaître pour que la science soit donnée.

5o Enfin, non seulement la connaissance n'est pas une conséquence de la causalité, mais elle la précède plutôt : la cause n'agit qu'autant qu'elle connaît ou qu'elle est dirigée. L'homme en particulier, considéré comme homme, n'agit qu'autant qu'il connaît ce n'est donc point parce qu'il produit les choses qu'il les connaît, mais c'est plutôt parce qu'il les connaît qu'il les produit.

364. Méthode d'autorité. Eclectisme. En ce qui concerne la méthode d'autorité, il suffit presque de rappeler ce qui a été dit de l'usage de l'autorité comme critérium. L'autorité est le premier fondement des sciences théologiques et historiques; mais elle ne fonde point la philosophie et les sciences humaines. La méthode d'autorité n'est donc pas universelle. Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il est utile de consulter toujours l'autorité, alors même qu'on ne peut la suivre.

En ce qui concerne l'éclectisme, il faut déterminer ses principales formes avant de se prononcer sur sa valeur et son emploi. D'une manière générale, l'éclectisme est « la doctrine des philosophes qui, sans adopter de système particulier, choisissent, dans les divers systèmes, les

opinions qui leur paraissent les plus vraisemblables ». Malgré leurs protestations, les partisans de l'éclectisme tombent souvent dans le syncrétisme, qui est la combinaison de divers systèmes inconciliables entre eux.

L'éclectisme n'est pas nouveau. Déjà les néo-plaťoniciens l'avaient élevé au rang d'une méthode. Ils pensaient, en effet, que tous les philosophes sont tombés d'accord en définitive sur les principales vérités. Il suffirait donc de choisir les conclusions les plus communes de tous les systèmes pour trouver le système philosophique le plus parfait.

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Au XIXe siècle, l'éclectisme reprit faveur avec Cousin, qui essaya de dégager une philosopphie des systèmes antérieurs. Il insistait sur les affirmations suivantes : il n'y a pas d'erreur absolue; l'erreur n'est qu'une vérité incomplète, une vérité dont on abuse. Il n'y a donc pas de système philosophique absolument faux, il n'y a que des systèmes incomplets. Il suffirait donc de connaître parfaitement l'histoire des systèmes, de les expliquer, de les compléter les uns par les autres, de dissiper surtout les malentendus et les oppositions de mots, pour découvrir la vraie philosophie ou celle qui s'en rapproche le plus, etc. Mais Cousin a varié beaucoup dans l'exposé de ces idées. Souvent il paraît subordonner sa méthode historique à une doctrine déjà formée, au spiritualisme, et il se défend énergiquement de syncrétisme, c'est-à-dire d'une combinaison aveugle ou peu judicieuse de systèmes opposés.

365. Eclectisme des Pères. Cet éclectisme nous rappelle par certains côtés celui des Pères de l'Eglise. Eux aussi choisirent dans les systèmes anciens des éléments de vérité et les acquirent à la philosophie chrétienne. Mais ils se servirent, à cette fin, de principes supérieurs : de l'autorité de l'Ecriture et de l'Eglise, en ce qui concerne la religion; de leur propre raison, en ce qui concerne la philosophie. Les Pères de l'Eglise se comparaient juste

ment aux Hébreux qui, au sortir de l'Egypte, s'emparèrent de l'or et des richesses de leurs persécuteurs pour les consacrer au culte du vrai Dieu; ainsi s'emparèrent-ils des vérités contenues dans la philosophie païenne pour les faire servir à la démonstration ou à l'explication de l'Evangile.

366. Critique de l'éclectisme. Un certain éclectisme est donc juste, et la méthode historique, en particulier, est nécessaire. Mais l'éclectisme alexandrin et celui de Cousin ne sont pas justifiés dans leur ensemble. On ne peut ériger l'éclectisme en méthode première et générale, car-il en suppose une autre. Cousin lui-même a écrit cet aveu: « L'éclectisme suppose un système déjà formé, qu'il enrichit et qu'il éclaire encore. » Mais alors pourquoi louer l'éclectisme comme on l'a fait et substituer à la philosophie son histoire ? En fait, Cousin s'est montré syncrétiste il s'est consumé à combiner la philosophie du sens commun avec le kantisme et même le panthéisme; son système n'est pas un, ou si l'on veut, il en eut plusieurs. Le spiritualisme qui avait semblé résumer ses enseignements et rallier son école, a tourné tantôt à l'idéalisme, tantôt au panthéisme, tantôt au rationalisme et au scepticisme religieux. Ajoutons à cette critique générale les réserves suivantes :

:

10 Il est faux que les philosophies ne diffèrent que par la forme ou quelques affirmations seulement il y a entre nombre de systèmes des oppositions radicales, irréductibles, par ex. entre le panthéisme et le monothéisme, le matérialisme et le spiritualisme.

2o Il n'est pas exact de tous points que l'erreur ne soit qu'une vérité dont on abuse. Sans doute on ne peut affirmer aucune erreur sans supposer quelque vérité ; mais ce que l'on affirme formellement peut être absolument faux, par ex. ceci : Dieu n'est pas.

3o Ce que nous disons de l'affirmation fausse, il faut le dire aussi du système faux. Considéré formellement, dans

ses affirmations propres, il peut ne contenir aucune vérité. Mille systèmes faux ne donneraient pas, si on les passait au creuset, autant de vérités qu'un seul.

:

4o Enfin, quand bien même tous les systèmes faux contiendraient ensemble tous les éléments de la vérité, il ne suffirait point de rencontrer tous ces éléments épars pour trouver la vérité elle-même il faudrait encore unir ces éléments et leur donner la forme. Or c'est là précisément ce qui fait le vrai système : il n'est pas contenu formellement dans tous les systèmes erronés, quelque riches qu'ils soient de vérités particulières, et il vaut plus à lui seul que tous les autres ensemble.

C'est par une méprise analogue que plusieurs ont prétendu que l'idée de Dieu avait été aussi complète dans le paganisme que dans la religion chrétienne. Rien de plus faux. En supposant que tous les attributs divins aient été reconnus un à un par les païens et célébrés dans leurs ouvrages, l'idée divine ne se trouve nulle part comme dans la profession de foi chrétienne : toutes les théologies païennes ensemble ne donneront jamais l'Evangile.

367. Emploi de l'analyse et de la synthèse. L'analyse et la synthèse doivent être employées concurremment. Cela résulte d'abord de la nature même de la science, qui consiste à remonter des effets aux causes, des phénomènes aux lois, du tout aux parties, des idées complexes aux idées simples, puis à descendre des causes aux effets, etc. Or le premier mouvement se fait par l'analyse, le second par la synthèse. Par exemple, pour connaître l'homme, il faut d'abord l'analyser dans son âme et dans son corps dans son âme, en distinguant toutes ses facultés, tous ses actes, toutes ses qualités, etc.; dans son corps, en distinguant tous les organes et en étudiant les fonctions de chacun. Mais là ne s'arrête pas la science. Il faut ensuite recomposer le tout que l'on vient d'analyser et voir comment toutes les facultés s'harmonisent ensemble et dépendent les unes des autres, comment tous les organes

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