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tité, la qualité, la relation, l'action, la passion, le lieu, le temps, la situation, et l'avoir. Les neuf dernières sont comprises sous le nom général d'accident. La substance est ce qui est en soi; l'accident est ce qui existe dans un autre. Tout accident, sans être toujours une pure relation, implique cependant essentiellement une relation. Cela est évident pour la quantité et la qualité elles se rapportent nécessairement à un sujet. C'est non moins évident pour l'action et la passion, qui impliquent un principe et un terme. Quant au lieu, au temps, etc., ils sont constitués également par des relations; le mouvement lui-même implique un changement de relations dans l'espace ou le lieu. Nous en traiterons longuement en métaphysique (no 475 et suiv.).

64. Autres notions très générales. A la suite des catégories on énumère les principes et les causes (cause matérielle, formelle, efficiente, finale). Les principes et les causes offrent toujours quelque chose de relatif : ils appartiennent donc, sous ce rapport, à la relation.

Après les catégories viennent encore les notions comprises par les scolastiques sous le nom de post-prædicamenta. Ce sont l'opposition, dont nous parlerons plus bas, la priorité, la simultanéité, le mouvement et la manière d'avoir. La priorité est de plusieurs sortes de durée (ex. : Alexandre fut avant César); de nature (ex. : le soleil est avant sa lumière); de conséquence (ex. : le principe est avant la conclusion); d'ordre (ex. : le roi est précédé de ses ministres); de dignité (ex.: le roi précède ses ministres). La simultanéité n'est que la négation de la priorité et peut se diviser comme elle. Le mouvement dont il s'agit ici est le passage d'un terme à l'autre. Il comprend non seulement le mouvement local ou proprement dit, qui est le transport d'un lieu à un autre, mais encore tous les autres changements dont le mouvement local est l'image, savoir la génération et la corruption (qui sont des transformations substantielles), l'augmentation et la

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diminution (dans la quantité), l'altération (ou changement dans les qualités). Le mouvement (motus) devient même synonyme d'acte (actus). Enfin, la manière d'avoir n'offre pas moins de variété. On peut avoir une chose comme inhérente (ainsi le corps a telle forme, telle couleur), ou comme contenue (ainsi un vase contient sa liqueur), ou comme possédée (ainsi l'ouvrier a son salaire), ou en vertu d'une autre relation (ainsi le père a son fils), ou en vertu d'une juxtaposition, d'une application (ainsi nous avons les vêtements qui nous couvrent).

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65. L'absolu et le relatif. Le mode. Si l'on veut simplifier ces énumérations, on pourra dire que tout se ramène à la substance, à l'accident et à la relation. Plus simplement encore, on peut dire avec Descartes que tout se ramène à l'absolu et au relatif. Envisagés de cette manière élevée, l'absolu et le relatif excèdent les catégories et embrassent les notions transcendantales elles-mêmes : l'être, l'unité, la vérité, etc. Seul l'être est dit absolument : l'unité, la vérité, le bien impliquent déjà un ordre, des relations, ce sont des modes généraux de l'être.

Quant au mode, que nous venons de nommer, Descartes l'oppose à la substance; mais on voit qu'il n'est pas renfermé dans une catégorie comme la substance. Le mode est donc plus universel que l'accident, et il importe de ne pas les confondre. Tout mode n'est pas un accident il y a des modes substantiels, par exemple la personnalité.

66. Idée claire, idée obscure (1). Jusqu'ici nous avons divisé les idées en considérant leur objet ou leur étendue. La division suivante est tirée du plus ou moins de perfection avec laquelle les idées expriment leur objet.

Nous distinguerons d'abord l'idée claire et l'idée obscure; puis, parmi les idées claires, l'idée distincte et l'idée

(1) A proprement parler, il n'y a pas d'idée obscure. Toute idée exprime quelque chose, quoiqu'elle soit mêlée d'obscurité.

indistincte ou confuse; puis, parmi les idées distinctes, l'idée complète, et l'idée incomplète ; enfin, parmi les idées complètes, l'idée adéquate et l'idée inadéquate.

L'idée claire est celle qui nous fait distinguer son objet de tout autre ; l'idée obscure, au contraire nous laisse commettre les plus graves confusions. Ainsi celui qui prétend que l'homme ne diffère de l'animal que par des degrés d'intelligence et une plus grande perfection dans l'organisme, n'a pas une idée claire de l'homme. Il ressemble à celui qui, voyant de loin un être vivant, ne pourrait prononcer si c'est un homme ou un animal. De même celui qui prétend que la cause d'un phénomène ne diffère pas d'une pure condition antécédente de ce phénomène (et c'est ce que font tous les empiristes), n'a pas une idée claire de la cause. Autrement il verrait qu'une simple condition ne produit rien, tandis que la cause n'est telle qu'autant qu'elle produit. Ces deux idées (simple condition et cause) sont donc contradictoires, elles s'excluent mutuellement ; on ne peut les allier qu'en les obscurcissant, en les dénaturant, ou par un mensonge verbal.

67. Dans toute question il faut éclaircir et accorder les idées. Dans une foule de questions philosophiques, le principal est d'éclaircir les idées, de les accorder entre elles, de montrer si elles sont contradictoires ou si elles ne le sont pas. L'idée du mouvement est-elle contradictoire, comme le dit Zénon? Impliquerait-elle vraiment la division à l'infini de l'espace parcouru? L'idée du libre arbitre est-elle contradictoire, comme le prétendent les déterministes? Est-il vrai qu'agir librement c'est agir sans cause? L'idée d'un Dieu infini et personnel impliquet-elle contradiction, comme le prétendent les panthéistes, et la personnalité est-elle essentiellement une limitation? On le voit par ces quelques exemples, la logique tient la clef de tous les problèmes (1).

(1) Cf. RABIER. Logique du concept.

Il est facile de répondre maintenant à ceux qui se prévalent, outre mesure, de ce qu'il n'y a pas précisément d'idée obscure. Toute idée est claire et distincte, disent-ils; de même que toute lumière éclaire, ainsi toute idée instruit, et la preuve en est que nous sommes d'autant plus éclairés sur un objet que nous en avons plus d'idées. Nous répondons que l'idée est obscure non pour ce qu'elle exprime mais pour ce qu'elle n'exprime pas; elle n'exprime pas certains traits de l'objet, et c'est pourquoi celui-ci est connu obscurément, confusément, comme si nous le considérions à une lumière imparfaite. C'est ainsi que ceux qui confondent la cause avec la pure condition antécédente ont une idée obscure de la cause; ils ont vu l'antécédence de la cause, mais non pas son efficacité. Nous convenons aussi que toute idée proprement dite éclaire et instruit; mais cent idées obscures, ou même, si on le préfère, confuses, ne vaudront pas une idée claire ; cent médailles frustes, si elles manquent toutes des mêmes traits, ne nous instruiront pas autant qu'une seule médaille bien frappée et bien conservée. Il importe donc avant tout d'avoir des idées claires : la qualité, la clarté est préférable au nombre, à la quantité.

68. Idée distincte ; idée confuse. Parmi les idées claires, toutes n'ont pas la même clarté. Les unes éclairent non seulement l'ensemble de leur objet de manière à le faire distinguer entre tous, mais encore ses parties, ses éléments essentiels ; c'est pourquoi nous disons qu'elles sont distinctes. D'autres, au contraire, sont indistinctes ou confuses, malgré leur clarté relative, c'est-à-dire qu'elles ne nous permettent pas d'analyser l'objet qu'elles expriment, mais seulement de le reconnaître. Beaucoup, par exemple, ont l'idée claire de la justice, du devoir, de Dieu et de l'homme ; mais fort peu seraient en état de les définir et de les analyser nettement; leurs idées sont claires pour l'ensemble, mais confuses pour les détails. On peut même dire que toutes nos idées sont plus ou moins confuses. A

mesure que nous les analysons davantage, la clarté diminue et nous sommes toujours amenés devant l'inconnu. Qu'est-ce que l'homme? - Un composé de corps et d'âme.

Mais qu'est-ce que le corps et qu'est-ce que l'âme? Comment qualifier leur union? Et si l'on répond encore, il sera facile de poursuivre et de multiplier d'autant plus les questions difficiles qu'on reculera davantgae. Bref, << l'homme ne sait le tout de rien », bien qu'il ait ou qu'il puisse avoir des idées de tout.

69. Idée complète, idée incomplète. Idée adéquate, idée inadéquate. On comprend maintenant ce qu'il faut entendre par l'idée complète et l'idée incomplète, l'idée adéquate et l'idée inadéquate. L'idée complète est l'idée distincte qui nous fait connaître son objet dans tous ses éléments. L'idée incomplète est celle qui, n'étant distincte que jusqu'à un certain point, ne nous livre qu'une partie des éléments dont l'objet se compose (1). L'idée adéquate serait une idée complète qui exprimerait son objet non seulement tout entier, dans toutes ses parties, mais encore à la perfection et autant qu'il est exprimable. Mais . Dieu seul a l'idée absolument adéquate et compréhensive de tout l'univers et de chaque réalité en particulier. L'idée inadéquate est celle qui est imparfaite de quelque manière. Souvent on confond l'idée complète et l'idée adéquate.

Comme on le voit, toutes ces idées diffèrent par le plus ou moins de clarté. Comparons-les toutes dans un même exemple. Celui qui distingue l'homme de tout ce qui l'entoure en a l'idée claire; s'il distingue en outre dans l'homme l'âme et le corps, les principales facultés, son idée est claire et distincte; s'il connaît de plus toutes les qualités humaines, physiques et morales, son idée est

(1) M. Rabier définit l'idée distincte : « celle dans laquelle tout est tiré au clair, et où rien ne demeure obscur et enveloppé ». Mais il confond ici l'idée distincte et l'idée complète sous une même dénomination.

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