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la science dans l'âme, la couleur dans le corps (V. plus bas, n® 62).

55. Remarques: On compare les choses de même genre. -Ces cinq universaux donnent lieu à plusieurs remarques importantes. Et d'abord les choses qui ne sont pas de même genre ne sont pas, à proprement parler, comparables entre elles (1); car elles sont sans proportion les unes avec les autres. Ainsi on ne peut comparer la douceur et une ligne, ni une ligne et une odeur. Les comparaisons ont lieu entre choses de même genre, c'est-à-dire qui ont quelque chose de commun ; et plus le genre qui les comprend est prochain, plus la comparaison sera complète et aisée. Il est plus facile, par exemple, de comparer deux chevaux que de comparer un cheval et un bœuf, à moins qu'on ne s'applique à faire ressortir les différences et les contrastes plutôt que les ressemblances.

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56. Le genre et la différence sont comme la matière et la forme, la puissance et l'acte. Le genre et la différence composent l'espèce ou l'essence. L'espèce est l'essence logique de la chose. La différence détermine le genre à une espèce; elle est comme son acte et sa forme, c'est-à-dire sa perfection ainsi la raison par rapport à l'animalité dans l'homme. L'animalité est comme la matière de l'homme, et la raison en est comme la forme. De là cette proportion: Ce que la matière est à la forme dans l'ordre physique, le genre l'est à la différence dans l'ordre logique. Plus tard, en métaphysique, nous ajouterons un troisième membre à cette proportion, savoir: Ce que la matière est à la forme dans l'ordre physique, la puissance l'est à l'acte dans l'ordre métaphysique.

57. Il faut distinguer l'espèce réelle de l'espèce purement logique. L'espèce est philosophique, réelle, ou

(1) « Quæ non sunt unius generis non sunt comparabilia, sicut dulcedo inconvenienter dicitur major vel minor quam linea ». (S. Th., Ia, q. 6. a. 2).

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bien, au contraire, purement logique. L'espèce philosophique résulte d'un genre et d'une différence unis essentiellement et formant en réalité une même essence : ainsi l'es- · pèce humaine, dans laquelle le corps et l'âme font un tout essentiel. L'espèce purement logique, au contraire, résulte d'un sujet et d'une différence qui est en réalité un accident ainsi l'espèce blanche, ou l'espèce noire, ou l'espèce jaune, dans le genre humain ; il est, en effet, accidentel à l'homme d'être noir ou blanc. Une foule d'espèces animales et végétales paraissent n'être que des espèces logiques, c'est-à-dire que telles différences, tenues pour spécifiques par les naturalistes, ne sont en réalité que des qualités accidentelles acquises par la sélection naturelle, l'hérédité, la culture, la domestication etc. (V. no 619.).

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58. Les animaux forment-ils une seule espèce réelle? Le cardinal Zigliara a paru supposer que tous les animaux ne forment qu'une seule espèce réelle ou philosophique; la raison en serait que les animaux ne diffèrent que par les degrés de sensibilité (1).—Mais on ne voit pas pourquoi la sensibilité n'admettrait pas des espèces réelles. Il est certain que beaucoup d'animaux inférieurs n'ont pas tous les sens extérieurs, et il n'est pas certain que les animaux supérieurs aient tous les mêmes sens externes et internes. Or on ne saurait considérer les divers sens comme de simples degrés d'une même sensibilité fondamentale on ne saurait considérer, par exemple, la vue et l'ouïe comme de simples degrés du toucher. Et puis ce qui est dit de la sensibilité, il faudrait le dire de l'organisme; car les sens sont organiques et absolument mesurés par l'organisme. Si donc l'on admet que les sens des animaux ne diffèrent qu'accidentellement, il faudra dire qu'il n'y a que des différences accidentelles entre l'organisme

(1) Summa phil. Logica. De coord. universalium, vi. Ailleurs, et quand il l'aborde directement, le card. Zigliara se montre défavorable au transformisme. On a abusé de la concession qu'il a paru faire en logique et qui n'est, sans doute, qu'un oubli.

le plus rudimentaire (le système nerveux de l'ostracé par exemple) et l'organisme purement animal le plus développé (le cerveau d'un singe). Ne serait-ce pas là accepter le transformisme, du moins comme hypothèse possible et en ce qui concerne le règne purement animal?

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59. Le genre a plus d'extension, mais moins de compréhension que l'espèce. Le genre contient l'espèce et réciproquement, suivant le point de vue auquel on se place. Le genre s'étend à plus d'individus que l'espèce ; mais il comprend moins de notes ou d'éléments. Ainsi l'idée d'animal (genre) s'étend aux hommes et aux bêtes; mais elle est moins riche que l'idée d'homme (espèce) si on l'analyse, puisque l'homme possède tous les attributs de l'animalité, et ceux de la raison en plus. En un mot, le genre a plus d'extension que l'espèce, mais il a moins de compréhension. (V. 36.)

60. Subordination de genres et d'espèces. Classification. -L'espèce peut devenir genre par rapport à des espèces inférieures, comme aussi le genre peut devenir espèce par rapport à un genre supérieur de là les genres et les espèces suprêmes, infimes, moyens. Il arrive ainsi que les genres et les espèces se superposent comme des échelons, ou mieux qu'ils se ramifient à la manière d'un arbre. (V. vocab. Arbre de Porphyre).

Dans les classifications, on désigue les genres supérieurs et moyens par des noms collectifs plus ou moins bien choisis. Ainsi, d'après Cuvier, le règne ou genre animal comprend 4 embranchements: vertébrés, mollusques, etc. L'embranchement des vertébrés comprend 4 classes: mammifères, oiseaux, reptiles, poissons. La classe des mammifères comprend 9 ordres : bimanes, quadrumanes, carnassiers, etc. L'ordre des carnassiers forme 3 familles : chéiroptères, insectivores, carnivores. La famille des carnivores forme 2 tribus plantigrades et digitigrades. La tribu des digitigrades renferme plusieurs genres ; les chiens les chats, etc. Le genre chat comprend plusieurs espèces :

le chat commun, le lion, le tigre, etc. Viennent ensuite les races, les variétés, etc.

Plusieurs pensent, avec les idéalistes, les sceptiques et les nominalistes, que toutes les classifications sont subjectives; elles ne seraient que des cadres utiles à notre esprit pour classer les choses et mieux les étudier. Mais il n'en est rien. Les classifications sont objectives dans la même mesure que les idées, c'est-à-dire les universaux, les genres et les espèces, d'où elles résultent. Nous prouverons donc l'objectivité des classifications en prouvant l'objectivité des idées.

Quant à l'utilité et à la nécessité des classifications, elle ressort de ce qui précède et de ce qui sera dit de la définition et de la division; les classifications parfaites ne sont qu'un système complet de définitions justes et de divisions adéquates (1).

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61. Distinction, différence, diversité. Il est facile maintenant de déterminer le sens précis de ces mots : distinction, différence, diversité. La distinction est entre les individus de même espèce ; la différence, entre les espèces; la diversité entre les genres. La diversité est donc totale (2) ; la différence, partielle ; la distinction, accidentelle ou numérique. Mais en pratique, comme l'espèce devient facilement un genre, et comme d'ailleurs l'esprit multiplie à son gré les espèces logiques, ces trois mots sont synonymes, ils marquent seulement divers degrés dans la distinction.

62. Prédicables, modes d'attribution. Nous avons dit que les cinq universaux étaient désignés sous le nom de prédicables (prædicabilia) par les scolastiques. Ils marquent, en effet, les modes ou les manières dont une chose est dite d'un sujet. L'espèce est attribuée essentiellement

(1) V. le chap. XIX, sur la méthode des sciences nat.

(2) << Secundum Philosophum, diversum absolute dicitur, sed omne differens aliquo differt. » (1a, q. 3, a. 8.)

au sujet et le définit (prædicatur in quid complete). Ex. : Pierre est un homme. Le genre est attribué essentiellement au sujet, mais sans le définir, il ne le désigne que partiellement (prædicatur in quid incomplete.) Ex.: Pierre est un être animé. La différence est attribuée essentiellement au sujet, mais par manière de qualité (prædicatur in quale quid). Ex. Pierre est raisonnable. Le propre est attribué par manière de qualité, mais nécessairement (prædicatur in quale necessario). Ex.: Pierre a la faculté d'abstraire. L'accident est attribué par manière de qualité contingente (prædicatur in quale contingenter). Ex.: Pierre a du savoir-faire.

Il est facile de montrer maintenant qu'en dehors de ces cinq universaux, il ne peut y avoir d'autres. En effet, l'universel ne peut être dans le particulier et on ne peut, par conséquent, le lui attribuer que de cinq manières : 1o comme son essence complète de là l'espèce; 2o comme une partie de son essence de là le genre; 3o comme la partie déterminante de son essence de là la différence; 40 comme une réalité ajoutée à son essence et nécessairement de là le propre ; 5o enfin comme une réalité ajoutée à son essence d'une manière contingente de là l'accident.

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63. Catégories, attributs les plus généraux. A la suite des cinq universaux ou prédicables, nous devons signaler les catégories ou prédicaments. Ils diffèrent des prédicables en ce qu'ils ne sont pas précisément des modes d'attribution, mais les attributions, les attributs mêmes. Disons mieux les prédicables sont de l'ordre logique, tandis que les catégories sont plutôt de l'ordre réel; elles marquent les genres suprêmes dans lesquels se distribuent toutes les réalités, tout ce qui peut convenir à une chose, tous les modes spéciaux de l'être. Elles diffèrent ainsi des transcendantaux, qui sont des modes généraux de l'être et dépassent tous les genres, sans exception.

Aristote énumère dix catégories : la substance, la quan

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