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cienne Narbonnaise sous la domination barbare; il suffit pour que Sédat prenne rang parmi les défenseurs de la civilisation occidentale et les interprètes du message évangélique, à côté de ses contemporains et compatriotes plus célèbres, Faust de Riez, Avit de Vienne, Césaire d'Arles.

A. WILMART

TRAITÉ DE VIRTUTIBUS S. AUGUSTINI

COMPOSÉ PAR UN BÉNÉDICTIN

DU XI-XIIe SIÈCLE

Le manuscrit de Zurich Carol. C. 67 (Papier, xv s., écrit. à 2 col., format petit in-fol.) provient de quelque maison de chanoines Augustins, peut-être de Saint-Martin au Zurichberg. Parmi les pièces qu'il contient, j'en ai remarqué une (f. 230-250) qui offre un intérêt particulier pour nous autres Bénédictins, et que je ne vois signalée nulle part ailleurs. Elle est intitulée : TRACTATUS DE VIRTUTIBUS

ET MERITIS SANCTI PATRIS NOSTRI AUGUSTINI EPISCOPI YPPONENSIS, et commence ainsi :

Patri et domino in Christi amore desiderantissimo. N.N. Christi pauperum ultimus, sancte seruitutis et orationis indeclinabile munus. Regi seculorum honor et gloria, quod ego monachorum ultimus, ego, inquam, uita, genere, merito cunctis inferior, tanti pastoris cum grege so graciam promerui...

L'auteur, comme on le voit, est un moine, et, comme la suite le montre, un moine noir vivant sous la règle de s. Benoît. Il s'adresse au chef d'une communauté de chanoines blancs de l'ordre de s. Augustin. Son style, assez poli, et tout empreint de mysticisme, semble dénoter le XI-XIIe siècle ; et pourtant Vattasso l'omet dans ses Initia.

Voici ce qui avait donné lieu à la composition de l'opuscule. Au cours d'un récent voyage, l'auteur s'était arrêté quelque temps dans une maison de chanoines Augustins qui lui avaient fait le plus bienveillant accueil: là, comme on était venu à parler de s. Augustin, l'hôte de passage avait raconté à ce sujet des choses qui avaient tellement plu à ses auditeurs, qu'il n'y eut qu'une voix pour exiger de lui la promesse de les mettre par écrit :

Quod igitur, pater reuerende, iussisti, pro posse nostro peregi... Cum enim nuper haberem per uos transitum, et officiosissima dulcedine fratrum omnium emensi laboris mei suscepissem apud uos non paruum solacium, mencio serenissimi luminaris ecclesie Augustini inter nos habita est ; nobisque de sanctitate eius quedam referentibus, dilectio uestra gratanter relata suscepit, adeo ut iuberet stilo ligari.

Revue Bénédictine.

Ne pouvant reproduire ici tout le traité, à cause de sa longueur, ie me bornerai à en relever les traits principaux, à l'aide des extraits que j'en ai pris.

fol. 234 suiv. L'anonyme raconte la légende des Morales de s. Grégoire retrouvées, légende miraculeuse dans laquelle une place honorable est faite aussi à Augustin; mais, tandis que d'ordinaire la découverte est attribuée à l'évêque Taion de Saragosse (cf. Migne P. L. 75, 507-510; 80, 989 sq.), il en fait honneur, lui, à un évêque de Préneste.

f. 236. Récit de la vision d'un autre personnage, admirateur passionné de s. Augustin, auquel il fut donné de contempler quelques rayons de la gloire dont le grand évêque jouit dans le ciel.

f. 241. Il décrit les deux voies principales tracées par la tradition monastique, à savoir la Règle de s. Benoit et celle du bienheureux Augustin: «Sed qui sunt calles isti? Regula sancti patris nostri Benedicti et beati Augustini. » Et il s'étend longuement sur ces deux formes, alors seules connues, semble-t-il, de l'état religieux, la profession monacale et la vie canoniale, avec l'habit propre à chacune d'elles. A ce propos, il critique sans pitié le luxe mondain de certains religieux, abus qu'il fait remonter, comme c'était assez la mode au XIe siècle, au synode tenu à Aix-la-Chapelle sous Louis-le-Débonnaire.

f. 242. Il réprouve avec non moins d'énergie les réjouissances trop profanes, introduites dans l'Église à l'occasion de certaines solennités liturgiques. A l'Épiphanie, par exemple: < mutatur habitus clericalis, inchoatur ordo militaris... armorum strepitus, ganearum concursus, omnium uanitatum indisciplinatus excursus. » Au jeudi saint (« quod in Cena Domini in conuentu canonicorum ipsi sumus experti »), après le Mandatum, et en pleine église, << mire magnitudinis panis circumfertur, ex quo singuli sumptis partibus suis coram facie altaris comedunt et bibunt. » J'ai cherché vainement, chez les liturgistes du moyen-âge, des traces de ces deux abus.

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Vers la fin, f. 249, l'auteur prie encore, dans les termes les plus humbles, le révérendissime prélat d'agréer son modeste présent : Hoc, pater reverendissime, munusculum dum accipis, affectum filii, devocionem serui in me considerabis. » Et pour justifier davantage l'ardeur qu'il a mise à célébrer les louanges d'Augustin, il révèle une faveur particulière dont un de ses confrères, nommé Peregrinus, a été l'objet :

Nec uidebitur tibi, sanctissime pater, friuolum aut ociosum, me tantum ecclesie lumen quantulumcumque laudibus extulisse, si constiterit, qualiter eius beneficia in quodam meo collega eluxerint, te cognoscere. Quidquid enim per Augustinum clemencia diuina in amicissimo meo operata est, me per hoc non parum consolata est... Nocte quadain nescio quid de uerbis eius Peregrino (sic enim uocabatur) meditanti, etc.

Donc, l'ami en question avait, quinze ans durant, transcrit et médité les œuvres du saint Docteur, lorsqu'une nuit Augustin en personne lui apparut, comme prêt à célébrer les saints Mystères, lui oignit avec du chrême la bouche et les lèvres, et lui fit goûter en quelque sorte physiquement la suavité de ses écrits. Depuis qu'il me fit part de cette faveur, ajoute l'anonyme, chaque mention faite d'Augustin devint pour moi comme un jour de fête: « Itaque Augustini mencio cepit ex hoc tempore michi esse pro die festiuo.

En terminant, l'auteur recommande de ne pas montrer son opuscule aux lecteurs auxquels il pourrait déplaire, et sollicite les prières du Pater sanctus » et de sa communauté ; quoique séparé d'eux en ce monde par l'habit comme par la distance, il espère bien leur être associé un jour dans la patrie :

Quia igitur, sancti patres, uestre parui iussioni, uestre me committo confidenter oracioni, ut qui multum meritis et habitu, passibus eciam corporalibus distare probamur in uia, interuentu beatissimi presulis nostri Augustini consociemur in patria. Sit nomen Domini benedictum in secula. Amen.

J'ai parfois soupçonné que l'auteur de cet intéressant traité pourrait être notre Rupert de Deutz, auquel Renier, dans son De claris scriptoribus monasterii sui l. 1, c. 11 (Migne 204, 21), attribue formellement une « Vie de s. Augustin qu'il aurait écrite encore jeune, avant d'être élevé à la prêtrise, et qui est aujourd'hui perdue. Mais ce n'est pas une Vie, c'est un Panégyrique que nous avons ici. Et il se peut qu'il soit même antérieur à Rupert: s. Pierre Damien, par exemple, offre dans ses écrits plus d'un trait qui ressemble à ce que nous avons ici, et, comme celui-ci, chacun de ses nombreux traités se termine par la formule Sit nomen Domini benedictum. Il n'y a pas d'apparence que notre opuscule soit de lui, mais rien n'empêche que l'auteur ait écrit vers le même temps, sinon dans le même milieu.

D. G. MORIN.

LES DISTIQUES DE POMPONIO LETO

SUR LES

STATIONS LITURGIQUES DU CARÊME

Enfermé au château Saint-Ange, à la suite de la ‹ conjuration‣ de l'an 1468, Julius Pomponius Laetus, le chef reconnu de cette «<loge maçonnique d'humanistes qui s'était constituée à Rome au milieu du XVe siècle, adressa au pape Paul II, pour sa défense, un mémoire conservé à la bibliothèque Vaticane (cod. Vatic. lat. 2934, part. I, fol. 305-308) sous le titre Defensio Pomponii Laeti in carceribus et confessio. Dans ce mémoire, signalé d'abord par J.-B. de Rossi (Roma sotterr. 1,7), utilisé depuis par Gregorovius, Pastor et autres, le « Pontifex maximus » du collège néo-païen fait valoir divers arguments pour montrer qu'il avait, malgré tout, conservé des sentiments chrétiens: il mentionne, entre autres, un traité de lui sur l'immortalité de l'âme, des discours en l'honneur de la Vierge, puis a des distiques » qu'il avait composés sur les Stations ». Gregorovius traduit ainsi le texte latin, tandis que L. Pastor, dans sa Geschichte der Päpste 3 II, 335 ajoute un mot inspiré de certaine pratique de dévotion plutôt moderne, et qui modifie notablement le sens selon lui, il s'agirait de distiques relatifs aux Stations du chemin de la Croix (über die Kreuzesstationen) !

C'est évidemment la traduction de Gregorovius qui est la bonne : il s'agit de distiques sur ce qu'on a appelé à Rome de tout temps <«<le Stazioni », c'est-à-dire les réunions liturgiques qui se tenaient dans les différentes églises, à certains jours déterminés par la tradition romaine, spécialement durant le cours du carême. Et je crois même que ces vers de Pomponio Leto existent encore : je les ai retrouvés moi-même, et en ai procuré la publication, vingt ans avant que je n'en reconnusse l'auteur. Je les copiai à Milan, en février 1900, dans un recueil de mélanges de l'époque de la Renaissance Ambros. cod. F. 36. Sup., fol. 83-84. Comme M. Désiré Dufresne, alors économe de la procure de Saint-Sulpice à Rome, préparait, pour les Éléments d'Archéologie chrétienne de Marucchi, le IIIe volume « Basiliques et églises de Rome », je lui abandonnai ma copie, dont il publia le texte dans la première partie de son

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