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tout aux développements oratoires sur la justice de Dieu frappant le Christ, et n'a pas de peine à y montrer des exagérations, qui dénaturent le dogme. Je crains pourtant que, en forçant ces critiques, il ne diminue la pleine réalité de la substitution du Christ aux pécheurs. Admettons que le terme de châtiment ne puisse être rigoureusement appliqué qu'à la peine subie par le coupable lui-même (p. 311); il ne faut pourtant pas affaiblir (pp. 241 ss) la profonde énergie des textes scripturaires qui affirment l'action de la justice de Dieu sur celui qui s'est offert pour nous. C'est aussi, semble-t-il, une atténuation du sens naturel des paroles, que de masquer derrière les causes secondes, l'obéissance du Christ à son Père dans sa passion (pp. 254 ss., et 280 ss.) ; de même que c'est trop peu de dire le Christ « chef moral de l'humanité » (pp. 186 s.): l'influx de la grâce du Christ en nous est spirituel, sans doute, mais réel, et réelle aussi, et non pas seulement morale, sa chevance, ainsi que le dit S. Thomas S. Th. III viii 1).

Le chapitre suivant, sur la réparation morale, la clé de voûte de tout l'ouvrage, est une admirable vue d'ensemble de l'oeuvre, de toute la vie du Christ son attitude devant Dieu et en face du péché, sa liberté et son amour en présence de la souffrance. C'est de la volonté seule que pouvait venir la satisfaction: Jésus l'a obtenue, et nous a montré la voie pour nous l'appliquer. Les derniers chapitres de cette partie complètent la systématisation, en vue de la pratique chrétienne. R. l'intitule essai de systématisation » : en effet le problème est trop multiple pour être réduit à une rigide unité logique. Mais c'est dans ces synthèses vivantes et pleines qu'il développe toute sa maîtrise: son premier travail lui en a fourni les matériaux: il excelle à les disposer et mettre en valeur, sans arracher les textes ni les concepts à leur cadre, à l'ensemble de l'oeuvre ou de l'époque, sans se laisser aller à des généralisations prématurées. Et cette judicieuse. circonspection du théologien donne tout leur prix aux élévations de l'écrivain si pieux qui entraîne les âmes vers l'acte d'amour (p. 557).

D. B. LEBBE.

DOM S. LOUISMET, O. S. B. Essai sur la connaissance mystique de Dieu. Paris, Mame, 1922, p. 222. Prix: 4 Fr.

Ce petit livre ne fut pas publié pour exposer des théories sur la mystique et sur l'oraison, mais pour convaincre tout chrétien qu'il y existe trois manières de connaître Dieu : par la raison, par la foi et par l'amour. D'après l'auteur, celui qui vit en aimant, acquiert peu à peu une certaine expérience de Dieu même. Cette connaissance, fruit très intime de l'amour unitif, est souverainement désirable. L'auteur excelle à proposer sous forme concrète et positive les vérités les plus hautes. Il est très convaincu de la doctrine qu'il expose et la chaleur de son élan est communicative. ‹ Aimons Dieu, sans crainte que cela nous devienne un piège, et une illusion ▸ (p. 66). — L'auteur sait fort bien que tout mouvement de sensibilité pieuse ne relève pas nécessairement de la charité (p. 56-57); il sait qu'autre chose est de rechercher Dieu et de rechercher ses

1. Qu'on me permette d'employer ce vieux mot dérivé de chef - pour désigner l'action et les droits qui découlent de la gratia capitis. Je sais qu'il a fini par signifier simplement une propriété, un bien; mais rien n'empêche de lui rendre son sens premier et actif.

dons (p. 93); et que la connaissance mystique est le fruit de l'amour véritable de Dieu basé sur le sacrifice, l'humilité, la loyauté, la générosité, et non des contrefaçons de cet amour. Ce point de vue si important aurait pu être marqué avec plus d'insistance dans cet encourageant petit livre destiné à faire le plus grand bien aux âmes équilibrées.

Une seconde partie est consacrée à des élévations affectives sur le Pater; elles sont d'une inspiration haute et simple à la fois.

D. I. R.

P. BUYSSE. Vers la croyance. Dieu, l'âme et la religion devant la raison et le cœur de l'homme. Desclée, De Brouwer et Cie, à Paris et Bruges, 1922. In-12, 6 fr. Bien que nous craignions que l'on consacre trop souvent à l'apologétique le temps que l'on devrait donner principalement à l'étude positive de la religion, nous ne pouvons cependant manquer de signaler à nos lecteurs l'intéressant ouvrage de M. l'Abbé Buysse.

Dans ce premier volume l'auteur examine à loisir les trois grandes questions fondamentales: Dieu, l'âme, et le lien entre Dieu et l'âme : la religion.

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Prenant l'homme dans son entier, après avoir examiné le témoignage de l'humanité en général sur ces grands problèmes, l'A. a le bon esprit d'apporter, en confirmation des arguments de « raison », les aspirations de notre cœur > ce que l'on néglige trop souvent et de les distinguer nettement des premiers. Le problème de la religion catholique n'est qu'amorcé dans le présent volume. L'auteur prouve la nécessité d'une religion positive et le devoir qui s'impose à tout homme cultivé d'examiner de près les lettres de créance de notre religion. Le volume suivant : « Vers la Foi catholique présentant le Christ et l'Église devant la raison et le cœur de l'homme nous aidera à faire cette étude.

Une très bonne table des matières termine l'ouvrage et sera utilement consultée pour aider la synthèse, soit avant l'étude de chaque partie, soit après afin de la fixer dans la mémoire.

Ce livre a, sur d'autres du même genre, l'avantage d'être bien à jour tant au point de vue scientifique qu'au point de vue littéraire. L'auteur a su vulgariser en un style clair et agréable les meilleurs travaux des vingt dernières années sur la matière, et rajeunir par là les grands arguments traditionnels. Nous sommes heureux de joindre nos humbles félicitations à celles que Paul Bourget lui décerne dans sa préface, pour avoir ainsi prouvé que « l'Eglise n'est pas une puissance du passé, comme on le dit trop souvent, mais du présent ». L'appel aux âmes probes surto it, par lequel ce prêtre zélé termine son premier volume, nous montre en tous pays, et surtout en France, un renouveau de catholicisme parmi l'élite intellectuelle, littéraire ou savante, bien fait pour nous encourager et faire voir que l'Église du Christ est plus jeune et plus vivante que jamais.

Un autre mérite, bien appréciable lui aussi, surtout pour le but pratique et le public collèges, cercles, conférences que vise l'auteur, est l'excellente présentation de ce travail: la démonstration positive qui répond d'avance à l'objection; la netteté des divisions et subdivisions; la liaison des idées bien résumées en tête de chaque chapitre; et jusqu'à la disposition typographique, qui, grâce à une mise en page très soignée et au recours à des caractères variés, imprime dans l'esprit du lecteur l'importance relative et l'enchaînement des parties, sans trop nuire à l'agrément d'une lecture courante, sont autant de précieuses qualités auxquelles on reconnaît un vrai professeur rompu aux difficultés du métier.

J. GREDT, O. S. B.

D. H. D.

Elementa philosophiae aristotelicothomisticae. 2 vol. gr. in-8°, p. 443 et 393. 3e éd. Fribourg, Herder, 1922. Prix: 33 fr.

Nous avons précédemment analysé dans la Rev. Bénéd. (1909, p. 499

et 1912, p. 225) la 2ème édition de ce manuel de philosophie, que nous avons estimé alors l'un des plus approfondis qu'on ait écrits dans ces derniers. temps sur l'ensemble de la philosophie de S. Thomas et d'Aristote. Ce mérite ne lui a guère été contesté, et malgré son abord un peu difficile, il s'est fait apprécier de mieux en mieux par les spécialistes du thomisme et les professeurs de philosophie.

L'apparition de la 3ème édition est une preuve de ce succès, dont l'A. a voulu se montrer digne en multipliant dans son œuvre les améliorations de détail et en y renouvelant ses thèses sur plusieurs points importants. C'est sur quelques-uns de ceux-ci que de préférence nous nous arrêterons.

Le P. Gredt a cherché à tenir sa philosophie au courant des progrès récents des sciences physiques, tout d'abord en ce qui regarde la constitution intime de la matière. Il expose brièvement l'hypothèse des électrons, constitutifs derniers des atomes et des molécules et croit même aisé de la concilier avec la doctrine de la matière et de la forme. Il admet la possibilité de l'atomisme dynamique, pourvu que les électrons, plongés dans la réalité matérielle qui leur sert de milieu (l'éther), y perdent leur individualité sous l'emprise de la forme substantielle minérale (I, p. 195, 204-205). La masse du corps inorganique est aussi réellement continue, à travers tous ses composants, que l'est celle du vivant. Quelqu'intéressant que soit là l'effort philosophique de l'A., nous craignons qu'il ait passé sommairement sur de bien gros problèmes: notamment, les physiciens modernes jugeront-ils ses thèses (un éther matériel, etc.) compatibles avec eurs théories cinétiques si fortement appuyées sur l'expérience (mouvement brownien)?

La thèse relative à la permanence virtuelle des éléments dans le mixte parfait (I, p. 296) et l'explication du retour des éléments après la décomposition garde l'énoncé que l'A. lui a donné dans sa 2 ème édition : les qualités des éléments subsistent, tempérées, dans le mixte: mais la notion de microstructure a été utilisée à propos, pour donner à cette explication un aspect plus concret.

Une autre question qui a bien des fois mis aux prises les naturalistes et les philosophes est celle de l'origine des vivants et du transformisme: l'A. détermine ce qui est acquis à la science et en conséquence il concède la possibilité d'une transformation dans les espèces (intra singulas species I, P 441), l'organisation spécifique restant sauve. Il y a donc lieu de distinguer entre espèces naturelles, c.-à d. espèces au sens philosophique du terme, et espèces systématiques, caractérisées seulement par des types différents : ces dernières sont sujettes à transformation. La difficulté est de fixer la ligne de séparation entre les espèces systématiques et les espèces naturelles ; l'A. estime qu'au moins les classes des animaux, comme parlent les naturalistes, doivent être considérées comme espèces naturelles. En s'inspirant des raisons séminales de la philosophie augustinienne, on pourrait imaginer certains animaux demeurant de longs siècles sous une forme inférieure, pour évoluer ensuite jusqu'à leur type définitif. L'A. rejette cette hypothèse.

La psychologie (sect. 2. de anima sensitiva) a été enrichie de précisions importantes concernant l'objet des sens extérieurs : on sait que l'A. a fait

de cette matière une étude toute spéciale dont il a donné les résultats dans plusieurs publications récentes (cf. Rer. Bén., 1921, p. 163); la distinction qu'il établit (I, p. 345) entre l'image formée dans l'organe des sens (p. ex. la rétine de l'œil), et l'objet extérieur représenté par cette image, résout à merveille les difficultés que semble présenter la doctrine de l'objectivité des qualités sensibles. Une thèse spéciale de la critériologie (metaph. pars 2. II, p. 72) est consacrée à défendre le réalisme naturel: elle fait ressortir combien la véracité de toute connaissance est intéressée dans la question de l'objectivité de la connaissance sensitive.

La thèse XI de la métaphysique, dirigée contre l'idéalisme, a pris une forme nouvelle. L'A. y distingue avec plus de soin que précédemment entre le subjectif et le transsubjectif, pour les divers degrés de la connaissance, et fait ressortir nettement la différence irrécusable qui s'affirme pour la conscience entre les connaissances produites par les facultés, et celles que des objets transsubjectifs imposent à ces mêmes facultés (II, p. 64).

Plus loin, dans la métaphysique spéciale, la preuve leibnizienne de l'existence de Dieu a été ajoutée aux cinq voies de S. Thomas (II, p. 164); elle peut se résumer comme suit: le bien infini est l'objet spécificateur de la volonté humaine, donc ce bien infini est possible. Mais s'il est possible, il existe. Cet argument, d'après nous, ne s'harmonise pas fort bien avec ceux de S. Thomas, qui atteignent directement l'existence du premier être ; il est en outre assez difficile à comprendre plusieurs, après avoir concédé que l'objet de la volonté est infini, préféreront conclure en s'appuyant sur le principe que la tendance naturelle ne saurait être vaine. A côté de ces additions notables, il y aurait lieu de signaler, comme nous le disions en commençant, une foule de perfectionnements de détail : explications plus complètes, corollaires nouveaux, références utiles: il est facile d'en conclure que l'ouvrage du P. Gredt constitue un cours de philosophie bien vivant, très actuel; on y découvre en toute occasion l'activité constante du maître qui s'efforce de donner à son enseignement toujours plus de netteté dans l'exposé et de force dans l'argumentation. D. RAPHAËL PROOST.

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Chan. H. HOORNAERT. Ce que c'est qu'un béguinage. Dessins de Louis Reckelbus. Bruges, Desclée, 1921, 4o, XIV-161 pp Prix 36 fr. Celui qui voudra se rendre compte de la vie d'un béguinage n'aura pas à se plaindre de s'être mis sous la conduite de M. le chan. Hoornaert. Il n'aura pas à craindre d'être vite fatigué par de longues dissertations sur l'origine probable des Béguines, sorte de germination spontanée de la fin du XIIe siècle, correspondant à de nouveaux besoins du monde féminin, à une époque où les converseries tendent à disparaître des anciens monastères bénédictins, où celles des Prémontrés se transforment en communautés régulières, où l'ordre de Cîteaux se refuse à les recevoir dans son voisinage. L'excédant du sexe féminin, résultant des guerres incessantes qui déciment les rangs des hommes, réclame une protection contre l'insécurité de la vie et les risques de sa moralité. Liége et Nivelles, imités bientôt par de nombreuses localités, voient se grouper des femmes pieuses, que l'autorité ecclésiastique va protéger en les groupant dans un enclos et en les constituant en béguinage paroissial.

Celles de Bruges sont définitivement organisées en 1245; elles traversent heureusement la crise de défaveur de la part du St-Siège, que les excès des hérétiques ne justifiaient que trop; puis celle du XVIe siècle pendant les troubles du Protestantisme. Au sortir de cette tempête les Béguinages, protégés et réorganisés par l'autorité ecclésiastique, reprennent vie et aiment à se rattacher à la sainte fondatrice d'Andenne. La Révolution française s'acharna sur cette institution, dont le caractère éminemment social lui échappait. Ses biens furent confisqués comme relevant de la bienfaisance publique. Cette confiscation était un acte de violence. Le curé du béguinage en 1806 voulut préserver sa paroisse, et, en établissant un modus vivendi avec les Hospices civils, il essaya de sauver l'œuvre séculaire à laquelle il consacrait son zèle et son temps. Le mémoire qu'il rédigea alors méritait d'être publié; c'est ce qu'a fait M. Hoornaert en allégeant le texte.

Le libéralisme s'attaqua aussi à l'institution des Béguinages; elle revêtait un caractère trop religieux pour qu'on lui reconnût alors une raison d'être sociale. Cette façon d'interpréter la liberté est sectaire. Et, en dépit de ses spoliations, le Béguinage subsiste et l'enclos de la Vigne garde son cachet antique, reposant, d'un centre médiéval, oasis de paix, de prière et de travail. Mettez-vous à la suite de l'auteur, Cicerone aimable et fin lettré, et vous ferez la plus délicieuse des promenades que vous puissiez désirer à Bruges. Il vous racontera ce qu'était la vie des Béguines aux temps jadis, il vous contera ce que l'Enclos devint sous l'occupation allemande, bivac de troupes, lieu de refuge du Séminaire. La paix y est rentrée, et la Règle a repris tous ses droits. Puisse la « Vigne » de Bruges se maintenir et refleurir; elle est une survivance, mais en même temps une incessante réalité de l'esprit chrétien qui animait la Société qui l'a créée. Centre de vie chrétienne, mais aussi centre de vie sociale simple, paisible, laborieuse au milieu d'un monde emporté par l'esprit de lucre et de plaisir, qui semble devenu l'essence de notre civilisation moderne.

Les dessins nombreux qui illustrent le volume, inspirés par des motifs et des documents empruntés au béguinage de Bruges, rehaussent la valeur de cette intéressante publication. D. U. BERLIÈRE.

P. MANDONNET, O. P. Saint Dominique. L'idée, l'homme et l'œuvre. (Études religieuses). Gand, Veritas 1921. In-12, 186 p. Prix : 3 F.

Les Dominicains ont commencé sous le titre Études religieuses une collection de brochures très diverses. En même temps paraîtront des volumes plus considérables et plus scientifiques dont le premier vient d'être publié par le P. Mandonnet, bien connu par ses travaux sur les études Dominicaines au XIIIe siècle. En quelques pages claires et concises il présente un lumineux tableau des trois phases parcourues par l'œuvre de Saint Dominique : phase de formation, phase d'exécution expérimentale, phase de fixation constitutionnelle. Lorsqu'il délivra en faveur du Frère Dominique, prieur de Saint-Romain de Toulouse et de ses compagnons une bulle solennelle de constitution, le pape Honorius III burina en deux mots la vocation des Prêcheurs : « Ils seront, dit-il, les champions de la foi et les vraies lumières du monde. >

C'est ce que la seconde partie de l'étude du Père Mandonnet fait remarquablement ressortir par sa description du développement de l'ordre, de son organisation scolaire, de sa vie doctrinale, de son travail apostolique.

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