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PRIÈRE.

Donnez-moi, Seigneur, cet esprit intérieur et de recueillement, qui me rende attentif à vos desseins sur mon ame, et fidèle à vos grâces. Faites que le souvenir respectueux de votre présence soit l'occupation continuelle de mon esprit, mais un souvenir dominant, et une occupation souveraine, à qui tout cède dans mon cœur; et que votre présence soit en moi le supplément de votre vie et la consolation de mon ame. Il m'ennuie, ô mon Dieu ! de vivre comme exilé de votre présence,et d'être si peu louché de la vue de votre grandeur, que je ne fais rien pour vous plaire. Qui puis-je trouver au ciel et sur la terre, qui soit comparable à vous ? Vous êtes le Dieu de mon cœur! mais faites qu'il vive sous vos yeux et que toujours présent à vous, il ne respire que le bonheur de vous plaire dans le temps, afin que vous soyez son partage dans l'éternité. Ainsi soit-il.

CHAPITRE XI.

Des moyens d'acquérir la paix, et du zèle qu'il faut avoir

pour son avancement

Nous pourrions posséder une grande paix, si nous voulions ne point nous embarrasser des paroles et des actions d'autrui, et de ce qui ne nous regarde pas.

Comment celui-là peut-il demeurer long-temps en paix qui se mêle des affaires des autres, qui cherche hors de soi des occasions de s'occuper, et qui se recueille peu ou rarement en lui-mêine?

Heureux sont les simples, parce qu'ils jouiront d'une grande paix.

2. D'où vient que quelques saints sont devenus si parfaits et si élevés dans la contemplation? C'est parce qu'ils se sont appliqués à faire mourir entièrement en eux tous les désirs de la terre, et

qu'ainsi ils ont eu la force de s'unir à Dieu, de toute l'étendue de leur cœur, et de vaquer à leur salut avec liberté d'esprit.

Pour nous autres nous sommes trop occupés de nos propres passions, et nous nous mettons trop en peine pour des choses passagères.

Aussi il est rare que nous surmontions parfaitement un seul vice, et que nous ayons un désir ardent de nous avancer chaque jour. C'est ce qui fait que nous sommes toujours froidset toujours tièdes.

3. Si nous étions parfaitement morts à nousmêmes, et débarrassés de tout dans notre intérieur, nous pourrions alors goûter les choses de Dieu, et éprouver quelque chose des douceurs de la contemplation divine. Mais notre plus grand et l'unique obstacle que nous ayons, c'est que nous sommes toujours esclaves de nos passions et de nos convoitises, et que nous ne faisons point d'efforts pour entrer dans la voie parfaite des Saints.

S'il nous arrive aussi quelque petite disgrâce, nous nous laissons trop tôt abattre, et nous avons recours aux consolations humaines.

4. Si, comme des hommes de cœur, nous nous efforcions de tenir ferme dans le combat, nous verrions infailliblement le secours de Dieu descendre sur nous. Car comme c'est lui qui nous procure des occasions de combats pour nous faire vaincre, il est toujours prêt à nous secourir, quand en combattant nous espérons tout de sa grâce.

Si nous ne faisons consister notre avancement spirituel que dans les observances extérieures, notre dévotion ne durera guère.

Mais mettons la gognée à la racine de l'arbre

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afin qu'étant libres de nos passions, nous possédions la paix intérieure.

5. Si chaque année nous déracinions seulement un vice, nous deviendrions bientôt des hommes parfaits. Mais au contraire, nous éprouvons souvent que nous étions meilleurs et plus pursau commencement de notre conversion, qu'après plusieurs années de profession d'une vie religieuse.

Nous devrions chaque jour devenir plus fervens, et nous avancer de plus en plus dans la vertu ; mais à présent l'on compte pour beaucoup d'avoir conservé une partie de sa première ferveur.

Si nous nous faisions au commencement tant soit peu de violence, nous pourrions tout faire ensuite avec facilité et avec joie,

6. Il est dur de se défaire d'une habitude; mais il est bien plus dur d'avoir à combattre et à contredire en tout sa propre volonté.

Si donc vous ne surmontez pas à présent les petites difficultés ; quand viendrez-vous à bout des plus grandes?

Résistez d'abordà votre inclination, et défaitesvous de toute mauvaise habitude de peur qu'elle ne vous engage peu à peu en de plus grandes difficultés.

Oh! si vous considériez quelle paix vous vous procureriez à vous-même, et quelle joie vous donneriez aux autres, en vous comportant bien, je ne doute pas que vous ne prissiez plus de soins de votre avancement spirituel.

PRATIQUE.

Comme rien n'est plus contraire à la vraie paix, au bonheur et au repos de la vie, et à l'assurance de notre salut, que de s'abandonner à ses passions et de s'en faire

l'esclave et la victime, rien aussi n'est plus capable d'établir en nous un vrai repos de conscience, de faire ie mérite et le bonheur de cette vie, et d'assurer notre salut, que de combattre et de vaincre incessamment nos cupidités, et de résister en toute occasion aux désirs déréglés de notre cœur. Appliquez-vous donc sérieusement à mourir à vous-même, à surmonter vos répugnances, à résister à la vivacité de vos inclinations, et à renoncer en tout à votre propre volonté, et cette application, ce soin, et cette sainte violence, qui est absolument nécessaire à votre salut, vous rendra heureux dans le temps e dans l'éternité; puisqu'il n'y a de vrai repos de conscience, et de mérite certain, qu'en ce qu'on fait pour Dieu et contre soi-même.

PRIÈRE.

Que je serais heureux, content et sûr de mon salut, ô mon Sauveur! si je faisais pour satisfaire à votre justice par la pénitence, et à votre amour parla fidélité, ce que je fais incessamment pour contenter mes passions et les recherches de mon amour-propre ! Ne souffrez pas, Seigeur, que je serve d'autre maître que vous. Rompez mes chaînes, et délivrez-moi de la servitude injuste elcruelle où me retiennent mes cupidités. Mon cœur n'est tout ce qu'il est que pour vous. Ne permettez pas que la vanité, l'amour propre, la sensualité, la paresse, la colère, ces dieux étrangers, le partagent,où plutôt le dérobent à l'empire de votre amour; car je sens que partager mon cœur entre vous et moi, c'est vous l'ôter, et que vous voulez de moi tout ou rien. O mon Dieu, mon tout ! ô le Dieu de mon cœur ! soyez mon partage dans l'éternité. Ainsi soit-il.

CHAPITRE XII.

Des avantages de l'adversité.

Il nous est avantageux d'avoir quelquefois des afflictions et des traverses, parce qu'elles font rentrer souvent l'homme en lui-même, en lui faisant connaître qu'il est ici-bas dans un lieu d'exil, et

qu'il ne doit mettre son espérance, en aucune chose du monde.

C'est un bien pour nous de trouver quelquefois des gens qui nous contredisent, et que l'on conçoive de nous une opinion mauvaise ou peu favorable, lors-même que nos actions et nos intentions sont bonnes; cela contribue souvent à nous rendre humbles, et à nous préserver de la vaine gloire. Car quand les hommes nous méprisent au-dehors, et ne jugent pas bien de nous, c'est alors que nous sommes plus disposés à chercher Dieu pour témoin de notre conscience.

2. C'est pourquoi l'homme se devrait tellement affermir en Dieu, qu'il ne fùt point obligé de chercher si souvent des consolations humaines.

Quand un bomme, dont le cœur est droit, se sent affligé, ou tenté, ou combattu de mauvaises pensées, il reconnaît alors mieux que jamais le besoin qu'il a de Dieu, sans lequel il voit bien qu'il ne peut rien faire de bon. C'est alors qu'il s'altriste, qu'il gémit et qu'il prie, afin d'être délivré des maux qu'il souffre.

Alors il s'ennuie de vivre si long-temps, et il souhaite de mourir; afin qu'étant dégagé des liens du corps, il puisse être avec J.-C. Alors il s'aperçoit qu'il ne peut y avoir en ce monde de parfaite sûreté ni de paix solide.

PRATIQUE.

On doit regarder les contradictions comme des épreuves de la charité qui l'épurent, et la rendent surnaturelle en nous.Si tout le monde avait pour nous la considération et le ménagement que notre amour-propre désire, et qu'il nous fait accroire souvent que nous méritons, nou

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